"Aux plus forts d'après lui put donner quinze et bisque." Tu ferais violence à l'humeur la plus triste. 390 ACTE II. SCÈNE I. MÉLISSE, LYSE. Mé. (tenant une lettre ouverte en sa main). Certes, il écrit bien; sa lettre est excellente. Ly. Madame, sa personne est encor plus galante : Il est riche, et de plus il demeure à Paris, Où des dames, dit-on, est le vrai paradis ; Et, ce qui vaut bien mieux que toutes ces richesses, Enfin, Lyse, sans rire, 395 400 405 Ly. Plus que je ne puis dire. Ly. Pour lui faire en discours montrer son éloquence, 410 C'est à vous d'éprouver ce que vous demandez. Mé. Et que croit-il de moi? Ly. Ce que vous lui mandez ; Que vous l'avez tantôt vu par votre fenêtre ; Que vous l'aimez déjà. Mé. Cela pourrait bien ́être. Ly. Sans l'avoir jamais vu? Mé. J'écris bien sans le voir. Ly. Mais vous suivez d'un frère un absolu pouvoir, 415 Il s'est mis à couvert de la mort de Florange, 420 425 430 Ce qu'on met par écrit passe une amour frivole. En fournit les couleurs à ce doux enchanteur. 435 Ly. Tout comme vous l'aimez vous verrez qu'il vous aime : Si vous vous engagez, il s'engage de même, Et se forme de vous un tableau si parfait, Que c'est lettre pour lettre, et portrait pour portrait. 440 L'alliance est mignarde; et cette nouveauté, Surtout dans une lettre, aura grande beauté, Quand vous y souscrirez, pour Dorante ou Mélisse : "Votre très-humble idée à vous rendre service." Vous vous moquez, madame; et loin d'y consentir, Vous n'en parlez ainsi que pour vous divertir. 445 Mé. Je ne me moque point. Ly. Et que fera, madame, Cet autre cavalier dont vous possédez l'âme, 450 Votre amant? Mé. Qui? Ly. Philiste. Mé. Ah! ne pré sume pas Que son cœur soit sensible au peu que j'ai d'appas ; N'est qu'un amusement et qu'une raillerie. Ly. Il est riche, et parent des premiers de Lyon. 455 Qu'un seul mot de sa bouche est un rare bonheur, La sienne est un trésor qu'il fait bien d'épargner; L'avantage est trop grand, j'y pourrais trop gagner. 460 Il n'entre point chez nous; et, quand il me rencontre, 465 Il semble qu'avec peine à mes yeux il se montre, Et prend l'occasion avec une froideur Qui craint en me parlant d'abaisser sa grandeur. Ly. Peut-être il est timide, et n'ose davantage. Mé. S'il craint, c'est que l'amour trop avant ne l'engage. 470 Il voit souvent mon frère, et ne parle de rien. Ly. Mais vous le recevez, ce me semble, assez bien. S. M. 3 Mais je commence à voir que de tels cajoleurs 475 Ly. Je l'ai vu pour vous voir faire beaucoup de tours. Croit-il... Ly. Les amoureux ont chacun leur folie: La sienne est de vous voir avec tant de respect, Qu'il passe pour superbe, et vous devient suspect; 485 Pour donner votre estime, et chercher avec soin SCÈNE II. CLEANDRE, MÉLISSE, LYSE. Clé. Envers ce prisonnier as-tu fait cette feinte, Ma sœur? Mé. Sans me connaître, il me croit l'âme atteinte, Que je l'ai vu conduire en ce triste séjour, Que ma lettre et l'argent sont des effets d'amour; Qu'elle fait presque entrer l'amour par les oreilles. 490 Clé. Ah! si tu savais tout! Mé. Elle ne laisse rien; 495 Elle en vante l'esprit, la taille, le maintien, Le visage attrayant, et la façon modeste. Clé. Ah! que c'est peu de chose au prix de ce qui reste! 500 Et vous-même achever ce qu'elle a commencé? Cle. Ma sœur, à peine sais-je encor comme il se nomme, Et je sais qu'on n'a vu jamais plus honnête homme, 506 Et que ton frère enfin périrait aujourd'hui, Si nous avions affaire à tout autre qu'à lui. Afin que ce duel ne pût être éventé, Sans prendre de seconds, l'eussions faite de sorte . Que nous n'eussions ensemble été vus de huit jours, Juge quel trouble j'eus de me voir en ces lieux : 510 515 520 525 530 535 |