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minutieuse, et sage sans être timide. Une dissertation trop peu connue en France, c'est celle qu'il a faite sur les Poëmes d'Ossian (1763). Il ne se déclare pas, comme M. Suard l'avance, le partisan du barde écossais, et ne soutient pas l'authenticité des poëmes; au contraire, il la révoque en doute, et accuse Macpherson d'imposture. Cependant, juste ap préciateur du génie, il fait remarquer les beautés sauvages et mélancoliques de l'ouvrage, et sur tout les images hardies et souvent sublimes qui brillent principalement dans ce genre de composition. Blair passa, dans l'opulence et la paix, une vie qu'il partagea entre l'étude et la société. Kaims, Smith, Ferguson, Hume, Robertson, étaient ses amis. Sa correspondance nombreuse et choisie l'instruisait de tous les progrès et de toutes les curiosités de la littérature des autres nations. Il prêcha jusque dans l'âge le plus avancé, et ne cessa d'attirer, par son talent toujours remarquable, une foule avide d'entendre les derniers accens d'une voix presque éteinte, mais encore touchante. Il mourut dans sa 82me année, en 1800. Il ne faut pas le confondre avec Jean Blair, autre Écossais, à qui l'on doit les Tables chronologiques qui portent son nom. Celui-ci est mort en 1782.

BLAKE (N.), général, d'une famille distinguée d'Irlande. Dès son enfance, il avait été destiné à la profession des armes; pendant les premières années de la révolution française, il se fit remarquer dans la guerre de l'Espagne contre la

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France. En 1808, lorsqu'une partie de la grande-armée française entra en Espagne, il commandait une division d'insurgés, qui fut entièrement défaite à Espinosa. En 1809, il eut le commandement général des troupes réparties dans l'Arragon, la Catalogne et la Navarre. Il fut vaincu à Belchite par le général Suchet. Ces revers dans une lutte contre l'ennemi qu'on désespérait de vaincre, et qu'on se promettait seulement de fatiguer, ne détruisirent pas la réputation du général Blake; ils ne l'empêchèrent pas d'obtenir, peu de temps après, le commandement en chef de l'armée du centre, et, vers la même époque, le titre de membre du conseil de régence. A la bataille d'Albuera, il combattit sous les ordres du général anglais. Réduit à capituler à Valence, qu'il avait été chargé de défendre contre le maréchalˇSuchet, et prisonnier de guerre, ainsi que la garnison, il fut emmené en France, où il resta jusqu'à l'abdication de Napoléon, en 1814. Le général Blake a été nommé directeur-général du génie, par Ferdinand VII.

BLANC (ANTOINE), dit LE BLANC de Guillet, né à Marseille, le 2 mars 1730. Après avoir fait ses études à Avignon, il entra dans la congrégation de l'Oratoire; il y professa, pendant dix ans, ce qu'on appelait alors les humanités, ainsi que la rhétorique, et ensuite il se rendit à Paris. Il commença par travailler au Conservateur de cette époque, ouvrage périodique qui jouissait de quelque estime. Il y fit insérer des fragmens d'un poëme sur

la conquête de la Hollande par Louis XIV. En 1761, il publia les Mémoires du comte de Guines, roman qui fut assez favorablement accueilli. En 1763, il donna au théâtre Manco-Capac; cette tragédie est conduite sans art, et elle est remplie de vers durs, parmi lesquels on a cité celui-ci :

Crois-tu de ce forfait, Manco-Capac capable?

Cependant ce n'est pas une pièce dépourvue de tout intérêt; on y trouve des pensées hardies, et l'auteur s'y élève avec force con, tre le despotisme. Thomas aimait surtout le caractère du fier Huescar, et il nommait Blanc le poètecitoyen. La cour fut plus sévère, et Manco-Capac y excita beaucoup de rumeur. Les Druides, joués en 1772, furent bientôt défendus, à la demande de l'archevêque de Paris. Cette dernière tragédie avait eu douze représentations elle est pleine de bizarreries, et encore moins conforme aux règles généralement admises que Manco-Capac; mais elle renferme plusieurs morceaux d'une versification brillante. Cetauteur fréquentait peu le théâtre, et les plans de ses pièces sont faibles. On assure qu'il était dans l'habitude de faire par heure un certain nombre de vers, que d'ailleurs il ne corrigeait pas; en gé néral son style est énergique, mais plein de négligence et de rudesse. Il était de la société des Économistes, et l'on devait à sa verve les couplets qu'on y chantait les jours de réunion. En 1788, dénué de ressources, il crut que ses principes ne lui permettaient

pas d'accepter une pension que le ministre lui offrit. Les premières années de la révolution n'améliorèrent pas son sort; mais, en 1795, il reçut de la convention un secours de 2,000 livres, et, quelque temps après, il fut nommé professeur de langues anciennes dans une des écoles centrales de Paris. En 1798, il devint membre de l'institut. Il a peu joui de ces avantages; une maladie de poitrine a terminé ses jours le 2 juillet 1799. Outre les ouvrages déjà cités, ce poète a laissé 1° une comédie en trois actes et en vers, l'Heureux Événement; 2° une ode latine sur le rétablissement de la Bibliothéque de Saint-Victor, in-4°, 1765; 3° Albert I", ou Adeline, comédie héroïque en trois actes et en vers de dix syllabes (cette pièce, que l'auteur paraît avoir faite dans le dessein de se réconcilier avec la cour, ne fut pas représentée). 4° Le Lit de Justice, in-8°, 1774; 5° Discours en vers sur la nécessité du dramatique et du pathétique, en tout genre de poésie, in-8°, 1783; 6° Virginie, tragédie non représentée, 1786; 7° le poëme de Lucrèce, traduit en vers, 2 vol. in-8°, 1788 et 1791 (les notes et le discours préliminaire font tout le mérite de cette traduction). 8° Le Clergé dévoilé, ou les États-Généraux de 1305, tragédie, 1791; 9° Tarquin, ou la Royauté abolie, tragédie jouée en 1794; 10° enfin, Traduction en vers du commencement de l'Anti - Lucrèce, morceau imprimé dans le Mercure. Les ouvrages suivans sont restés manuscrits: le Philosophe à l'épreuve, comé

die en trois actes et en vers de dix syllabes; Raymond VI, ou les Albigeois; Marseille rendue; Vaodice, reine des Icènes; Zarine, reine des Scythes; traduction du Philoctète de Sophocle; Pénélope, tragédie en cinq actes; Alexandre, opéra; la traduction en vers des Géorgiques et des Bucoliques de Virgile; une traduction des Académiques de Cicéron; une Grammaire grecque, en vers techniques; des vers latins sur la Translation des cendres de Santeuil; plusieurs discours latins; des poésies fugitives; enfin deux poëmes commencés, dont l'un est intitulé Zamès, et l'autre la Ligue, ou la Henriade.

BLANC (FRANÇOIS-JOSEPH), né à Vitry. Au commencement de la révolution il fut administrateur du département de la Marne, et ensuite député à la convention. Il vota, dans le procès de Louis XVI, contre l'appel au peuple, et demanda la détention et le sursis. Avant la journée du 13 vendémiaire il donna sa démission, mais elle ne fut point acceptée : il entra avec les deux tiers conventionnels au conseil des anciens. M. Blanc fut maire de Vitry depuis 1805 jusqu'à la première abdication, en 1814; il obtint ensuite une sous-préfecture. BLANC (JOSEPH-MARIE), avocat, nommé par le roi chevalier de la légion-d'honneur; il a été secrétaire de M. le comte d'Albon, maire de Lyon en 1814. Les auteurs de la Biographie des Hommes vivans, dans un article assez étendu, le louent à leur manière, et lui font jouer un certain rôle dans les événemens de 1814 et de

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1815; mais dans le Supplément, placé à la suite du tome III. ils semblent rétracter tout ce qu'ils avaient dit à ce sujet. M. Blanc est auteur de plusieurs pamphlets, et entre autres, des Questions à, M. le colonel Fabvier, Lyon, 1818, in-8°. On assure qu'il n'a pas été étranger à la rédaction du Mémoire justificatif en réponse à la brochure du même, intitulée Lyon en 1817, qui parut peu de temps après. M. Blanc a encore publié le Manuel des chas-, seurs, ou Code de la chasse, Paris, 1820, in-8°.

BLANC DE SERVAL (N.). Avant la révolution, il était entiérement inconnu; elle excita en lui le plus grand enthousiasme, malgré son âge, et des infirmités assez graves qui semblaient devoir le rendre inaccessible aux vives impressions de la jeunesse. Il écrivit d'abord dans les journaux, sous le nom de Leblanc, et fut ensuite membre de la convention, après le 31 mai: il siégea du côté de la Montagne. En messidor an 3 (juillet 1795), il dénonça les assassinats commis dans le Midi par des hommes qui se disaient royalistes. Cependant son collègue Chambon, un de ceux qu'on soupçonnait le plus de ne pas ignorer ces crimes, les nia formellement. Vingt ans plus tard, les mêmes excès ont eu lieu dans les mêmes départemens, et on ne les a pas niés avec moins d'assurance; mais, aux deux époques, ils étaient trop avérés, pour que de semblables expédiens n'ajoutassent pas encore à l'impression qu'ils devaient faire. Après le 13 vendémiaire, M. Blanc

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de Serval renouvela cette accusation; et Chambon, vivement interpellé, fut réduit au silence. Après l'établissement des deux conseils, il ne prit plus de part aux affaires publiques.

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BLANC DE VOLX (J.), né à Lyon, fut directeur-général des douanes du royaume de Naples sous le roi Joachim. On a de M. Blanc de Volx deux comédies en vers, le Français à Madrid, en trois actes, et le Corrupteur, en cinq. Il a fait aussi différens ou vrages estimés, sur des questions relatives au commerce ou à la politique Des causes des Révolutions et de leurs effets, 2 vol. in-8°, 1800; Coup d'oeil politique sur l'Europe à la fin du 18e siè cle, 3 vol. in-8°, 1800; du Commerce de l'Inde, comparé dans ses effets avantageux ou nuisibles, et de la nécessité de se confier à une compagnie, in-4°, 1802; Etat commercial de la France au commencement du 19e siècle, 3 vol. in-8°, 1803.

BLANC-GILLY (N.). Il fut administrateur du département des Bouches-du-Rhône avant de faire partie de l'assemblée législative, où il vota avec le côté droit. Il ne parut pas à la tribune, mais il fut membre du comité de commerce. Après la journée du 10 août, le nombre et la gravité des plaintes portées contre lui l'obligèrent à s'éloigner. On lui attribuait plusieurs démarches qualifiées de contre-révolutionnaires, et on l'accusait particulièrement d'avoir livré au roi des lettres adressées par des jacobins de Marseille à ceux de Paris: il était d'ailleurs le seul député positive

ment inculpé par les papiers saisis dans l'armoire de fer. On a de M. Blanc-Gilly quelques ouvrages: Eloge du capitaine Cook, in-8°, 1787; Plan de la révolution concernant les finances, ou Découverte consolante de l'impôt unique du toisé, in-8°, 1789; enfin, Observations importantes sur les troubles de Saint-Domingue, in-8°, 1791.

BLANC-PASCAL, une des nombreuses victimes que les auteurs de la Biographie des Hommes vivans ont sacrifiées à leurs opinions politiques. Avocat au parlement de Toulouse, en 1781, M. BlancPascal ne fut pas, comme on l'avance dans cet ouvrage, rayé de la liste des avocats; il remplit, au contraire, honorablement les devoirs de cette profession près de la sénéchaussée de Nîmes, qui le

nomma électeur. Officier muni

cipal de cette ville, en 1791, il devint bientôt après accusateur public du département du Gard, et fut réélu en 1792. Quand les douze sections de Nîmes, en permanence, levèrent, contre la convention nationale et la commune de Paris, l'étendard de l'insurrection, M. Blanc-Pascal, qui présidait l'une des sections, et qui fut presque aussitôt membre du comité de salut public de la même ville, fut décrété d'accusation, mis hors la loi, porté sur la liste des émigrés, et dépouillé de ses biens; il ne put rentrer à Nîmes qu'après le 9 thermidor. Malgré le fameux rapport de Courtois sur la conjuration du Midi, à laquelle M. Blanc-Pascal avait pris part, il fut rayé de la liste des émigrés en 1795. Elu pour la troisième fois

accusateur public, il fut destitué après le 18 fructidor, comme tous les administrateurs du département du Gard. Accusé de conspiration en faveur de la royauté, mais disculpé après une longue plaidoirie et l'audition de quatrevingts témoins, il rentra à Nîmes en 1799, et reprit l'exercice de sa profession d'avocat jusqu'en 1815. Vers la fin du mois de mai de cette année, quand un pacte fédératif, à l'effet de protéger les citoyens et les propriétés, fut signé à Nîmes par plus de 3,000 personnes, et déposé à l'Hôtel-de Ville, M. Blanc-Pascal fut élu président du comité par 2,965 habitans des plus considérés, protestans et catholiques. Un arrêté du préfet vint bientôt dissoudre cette fédération, qui n'avait pas même été assemblée. M. Blanc-Pascal fut en butte à une violente persécution. On dévasta sa maison de campagne, on pilla, on incendia ses propriétés, et il ne put échapper aux massacres qu'en se hâtant de fuir. Sa famille n'est rentrée à Nîmes qu'en 1816, et lui-même a été forcé de rester à Paris jusqu'en 1819. Catholique tolérant, ami de l'ordre et d'une sage liberté, tels furent ses titres à la persécution.

BLANCARD (PIERRE), auteur du Manuel du commerce des Indes-Orientales et de la Chine, etc. (Paris, 1805; carte hydrographique par M. Lapie). Cet ouvrage, dédié à l'empereur Napoléon, est l'un des meilleurs qui traitent de ces matières. Membre du conseil d'agriculture, arts et commerce de Marseille, M. Blancard a passé la plus grande par

tie de sa vie à voyager dans l'Orient et à parcourir les factoreries, les établissemens et les comptoirs des Européens dans cette partie du globe.

BLANCHARD (CLAUDE), chevalier de Saint-Louis, décoré de l'ordre de Cincinnatus, naquit à Angers le 16 mai 1742. Nommé commissaire des guerres en 1768, il fit les campagnes de Corse cette même année et l'année suivante. Commissaire principal eu 1780, il partit pour l'Amérique avec le général Rochambeau. En 1788 et en 1789, il remplissait à Arras les fonctions de commissaire ordonnateur; s'étant acquis l'estime des habitans, il fut nommé commandant de la garde nationale, puis député à l'assemblée législative, dont il fut un des membres les plus laborieux. Blanchard, qui était grand-juge militaire depuis le 1 octobre 1791, fut destitué dans les momens les plus orageux de la lutte des partis; mais après la chute de Robespierre, il obtint sa réintégration. Il fut un des adjoints du ministre de la guerre Beurnonville, et ensuite commissaire ordonnateur en chef à l'armée de Sambre-etMeuse, à celle de l'intérieur, et dans la 1 division militaire de la Hollande. Enfin il vint occuper cette même place à l'hôtel des Invalides jusqu'à sa mort, arrivée le 11 mai 1803. On peut rémarquer, à la louange de Blanchard, que, malgré les places importantes qu'il a remplies pendant un assez grand nombre d'années, et qui ont été lucratives pour tant d'autres, il n'a laissé à sa famille qu'une fortune médiocre.

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