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l'algèbre indéterminée. Frenicle avait été reçu à l'Académie des sciences en 1666. Son éloge y fut prononcé par Condorcet. On lui doit un Traité des triangles rectangles en nombre, Paris, 1676 et 1677, in-12.

* FRENZEL (JOACHIM), médecin allemand, né en 1611 à Camentz dans la Haute. Lusace, mort à Groningue en 1669, après avoir professé pendant dix-huit ans à l'université de Franeker, n'a laissé qu'un petit opuscule sur le mésentère, titre sans doute bien insuffisant pour justifier l'honneur que voulut lui faire l'université de Leyde en l'appelant à remplacer l'illustre Jean-Anto, nides Van der Linden, et les éloges pompeux que lui ont donnés Matthæus dans son Oraison funèbre, et Abraham Sleidam dans son Programma funebre.

* FRENZEL (JEAN), dit l'Ancien, chroniqueur allemand, mort en 1624, a laissé: Generalis chron. ab initio mundi usque ad annum 1592, Leipsig, in-fol. ; l'Histoire de l'Église romaine (en allemand), Eisleben, 1600, et Leipsig, 1602, in-fol.- FRENZEL (Jean), dit le Jeune, poète allemand, né en Saxe l'an 1602, se fit de son temps une haute réputation par ses odes, sonnets, epigrammes, anagrammes, etc., dont rien n'est parvenu jusqu'à nous. Il obtint la couronne poétique, et mourut en 1674, professeur de poésie à l'université de Leipsig.

* FRENZEL (MICHEL), pasteur de l'église réformée, né dans la Lusace en 1633, tort en 1706, passa pour avoir le premier écrit avec élégance et correction dans la langue wende, l'un des dialectes du sclavon. On a de lui, entre autres ouvrages: Les trois symboles œcuméniques et les évangiles de saint Matthieu et de saint Marc, traduits en sclavon, Bautzen, 1670, in-12; une traduction dans la même langue des Épitres de saint Paul aux Romains et aux Galates, ibid., 1693, in-8°. — FRENZEL (Abraham), fils du précédent, mort en 1713, curé de Postwitz dans la Lusace, est auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels nous citerons: de Originibus linguæ sorabicæ liber primus, Bautzen, 1693; Liber secundus, Zittau, 1695, in-4o; Medicina lingua pro iis tantummodò qui contra origines sorabicas nuper disputárunt, Bautzen, 1694,in-4°.

* FRÈRE (GEORGE), lieutenant-général, né en 1764, entra au service en 1791 dans le deuxième bataillon de l'Aude, fut nommé capitaine l'année suivante, et s'éleva successivement jusqu'aux premiers grades par les

talents militaires et la bravoure qu'il déploya dans les différentes campagnes de 1793 à 1808 on cite, comme un des plus brillants faits d'armes de celle de 1807, sa défense de la tête du pont de Spandau (sur la Vassarge), où, avec un seul régiment et quatre pièces, il fit face à un corps de 10,000 Russes. Créé comte de l'empire et commandant de la Légion-d'Honneur en récompense de ses nombreux services, le général Frère continua de se distinguer dans les campagues d'Espagne et d'Autriche; il fut chargé en 1813 du commandement de la 13e division militaire, puis de la 16o, et, après la première restauration, nommé par le roi chevalier de Saint-Louis. Il est mort à Paris en 1826.

*

FRÈRES (THEODORE), peintre hollandais, né en 1643 à Enckhuysen, mort dans la même ville en 1693, alla fort jeune en Italie pour s'y livrer à l'étude des arts. De retour dans sa patrie, il exécuta plusieurs grands tableaux pour les villes d'Amsterdam et d'Enckhuysen. Cet artiste excellait plutôt dans la composition que dans le coloris, ce qui fait que les amateurs recherchent de préférence ses dessins.

* FRÉRET (NICOLAS), secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belleslettres, né en 1688 à Paris, mort dans la même ville en 1749, avait été destiné à la carrière du barreau ; mais, entraîné par un penchant irrésistible pour les sciences, il surmonta non sans peine la répugnance de son père à le voir s'y livrer tout entier. Après avoir mentionné ce fait, avoir dit qu'il fut reçu à 26 ans à l'Académie en qualité d'élève, qu'il fut mis à la Bastille pour avoir énoncé dans son discours de réception une opinion sur l'origine des Français qui parut au ministère blesser la gloire nationale, il ne restera plus rien à rapporter sur sa vie. Celle d'un savant se trouve ordinairement tout entière dans la publicité de ses ouvrages: cette ressource même manque à l'histoire de Fréret; car cet homme illustre, renonçant à sa propre gloire pour ne s'occuper que de celle du corps savant auquel il appartenait, n'a pour ainsi dire rien écrit que dans les Mémoires de l'Académie. Tour à tour chronologiste, géographe, philosophe, mythologue, grammairien et philologue, il a le premier jeté quelque clarté dans les annales obscures des Assyriens, des Chaldéens, des Égyptiens, des Indiens, des premiers habitants de la Grèce et des Chinois; il a des

édition des OEuvres de Fréret est celle qui se publie en ce moment sous le titre suivant: OEuvres complètes, mises dans un nouvel ordre, augmentées de plusieurs mémoires inédits, et accompagnées de notes et d'éclaircissements historiques, par M. ChampollionFigeac, Paris, 1824, ler vol. Cette édition doit avoir 8 vol. in-8°; elle est précédée d'une notice sur Fréret par M. Champollion.

* FRÉRON (ÉLIE-Catherine), né à Quimper en 1719, mort à Paris le 10 mars 1776. Après avoir fait des études brillantes chez les jésuites, il en prit quelque temps l'habit, et professa avec distinction au college de Louis-le-Grand; mais il le quitta, à peine âgé de 20 ans. Son goût pour la littérature l'associa à l'abbé Desfontaines, qui jouissait comme critique d'une grande réputation. Il l'aida dans la redaction d'un journal qui paraissait deux fois par mois, sous le titre de : Lettres à madame la comtesse, et qui, supprimé en 1746, reparut trois ans après sous un autre titre. A cette époque, les articles de Fréron étaient signés l'abbé Fréron. Après la mort de l'abbé Desfontaines, Fréron ne porta plus ni l'habit ni le titre ecclésiastique; il publia en son nom jusqu'en 1754 ses Lettres sur quelques écrits de ce temps, qui, à cette époque, furent remplacées par l'Année littéraire. Ce journal, dont l'auteur se montrait aussi sévère dans ses jugements littéraires, qu'adversaire redoutable des doctrines qu'on commençait à répandre, lui valut beaucoup de souscripteurs, et par conséquent beaucoup d'ennemis. Il eut souvent même besoin de la protection spéciale dont l'honorait Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine, pour continuer la publication de ses feuilles, et échapper à de ridicules persécutions. La cause de sa mort mérite d'être connue. Son journal, qu'un gouvernement juste et surtout reconnaissant aurait dû protéger, fut suspendu par la faiblesse du garde

siné 1357 cartes, contenant une description détaillée de la Gaule, de l'Italie, de la Grèce et des îles de l'archipel, de l'AsieMineure, de l'Arménie, de la Perse, de l'Afrique, etc. Versé dans toutes les parties de la philosophie ancienne, il avait surtout étudié les hypothèses des anciens sur la formation de l'univers, et l'on trouve dans ses ouvrages la plupart des cosmogonies orientales, entre autres, celles des Chaldeens, des Égyptiens et des peuples de l'Inde. Les théogonies ne fixèrent pas moins son attention; et ses savantes recherches sur les divinités anciennes, sur l'origine de leurs attributs et de leur culte, le placent au premier rang parmi les mythologues. Il possédait, outre les langues savantes, l'italien, l'anglais, l'espagnol; avait étudié la grammaire de toutes les langues du Nord et de K'Orient, connaissait à fond le chinois, et put fournir des remarques et apporter des corrections à 32 vocabulaires étrangers. Nous n'avons pu donner qu'une faible idée des connaissances de Fréret, connaissances mieux appréciécs encore par les savants al lemands et anglais que par ses compatriotes. La plus grande partie de ses ouvrages se trouve dans les Mémoires de l'Académie. Il a fait imprimer séparément: Défense de la chronologie contre le système de M. Newton, Paris, 1758, in-4o. On a imprimé à Paris, 1796, 20 vol. in-12, de prétendues OEuvres complètes de Fréret qui ne justifient pas leur titre : les premiers volumes de cette édition incomplete ont été publiés par Leclerc de Septchênes; en 1792 il a paru 4 vol. d'OEuvres philosophiques de Fréret, dont la plus grande partie n'est pas de lui (voyez le n° 13175 du Dictionnaire des Anonymes); cette collection contient l'ouvrage publié dans le siècle dernier sous le nom de Fréret, et intitulé: Examen critique des Apologistes de lareligion chrétienne: il est aujourd'hui certain qu'il a été composé par le célèbre Burigny (voyez ce nom). On trouve à ce sujet de très-longs et très-des-sceaux Miromesnil : Fréron, déjà attacurieux détails dans le Dictionnaire des Anonymes, no 6129. De tous les ouvrages philosophiques attribués à Fréret, le seul dont il soit véritablement l'auteur est le suivant: Lettre de Thrasybule à Leucippe, Londres, sans date (vers 1768), in-12; cette lettre, revue, corrigée, et refaite en plusieurs endroits par Naigeon, est insérée dans le Dictionnaire de philosophie (de l'Encyclopédie), article Fréret. La meilleure

qué de la goutte, sentit vivement cette injure et cette ingratitude; la goutte remonta, et il fut étouffé. Il n'y a plus personne aujourd'hui qui juge le caractère, les mœurs et le talent de Fréron sur les sarcasmes et sur les calomnies de Voltaire. Fréron était un des hommes les plus honnêtes et les plus aimables de Paris; dans l'exercice redoutable de la critique, jamais il ne dépassa les bornes de la décence et d'une sage mo

dération. Il ne répondit aux innombrables il eut l'air de poursuivre courageusement les restes expirants de la faction terroriste. Lors de la création du directoire, Fréron, n'ayant point été député quoique nommé par la colonie de la Guiane dont les élections furent déclarées nulles, fut envoyé de nouveau commissaire dans le midi, d'où les dénonciations vigoureuses des députés Jourdan et Isnard forcèrent promptement le directoire à le rappeler. C'est particulièrement sur cette mission que porte le Memoire apologétique dont nous avons parlé plus haut. Il borna d'abord son ambition à une place modeste d'administrateur dans les hospices de Paris. Quand Bonaparte arriva au pouvoir, la présence de Fréron, qu'il avait connu à Toulon, sembla gêner le premier consul; soit pour paraitre ne pas oublier entièrement un homme avec qui il avait eu des relations intimes, soit pour se débarrasser d'un témoin qui l'importunait, Bonaparte nomma Fréron sous-préfet de la partie sud de Saint. Domingue. Il partit avec le général Leclerc; au bout de deux mois il succomba à l'influence du climat, et peut-être à la conviction que les fonctions lointaines qu'on lui avait confiées cachaient un véritable exil. Fréron oublia sans doute ce qu'il devait à la mémoire d'un père qui avait dit en mourant : « Je suis victime de l'ingratitude; c'est un malheur particulier qui ne doit détourner personne de la défense de la monarchie. » Lui-même, en acceptant la succession littéraire de son père, avait d'abord combattu sous les mêmes couleurs; mais le gouvernement renouvela plusieurs fois contre sa personne et contre sa propriété les actes arbitraires que son père avait éprouvés. Le lieutenant de police se permit de le mander à l'occasion d'une critique uniquement relative au talent d'un comédien, et lui prescrivit, sous peine d'être envoyé à Bicêtre, une rétractation humiliante. Fréron était jeune, il obéit en frémissant, et la révolution le surprit dans cet état de fermentation. Il vengea trop cruellement son injure; mille fois plus sage et plus heureux, si, à l'exemple de son père, il eût pardonné!

attaques de Voltaire qu'en continuant à
relever dans les ouvrages de cet auteur les
fautes que sa vieillesse et le cynisme de ses
dernières opinions y accumulaient. Fréron
faisait bien les vers, et on cite encore de
lui plusieurs strophes d'une Ode sur la ba-
taille de Fontenoy. Il fut marié deux fois.
Il eut de sa première femme un fils qui sera
le sujet de l'article suivant. Sa seconde
femme était la sœur de l'abbé Royou (voyez
ce nom), et de M. Royou, avocat, auteur
et censeur dramatique, qui est aujourd'hui
vivant. Voici la liste de ses autres ouvrages:
Opuscules, 3 vol. in-12; Vie de Thamas Kou.
likan, 2 vol. in-12; les Vrais plaisirs ou les
Amours de Vénus et Adonis, traduits de
l'Adonide du cavalier Maria. La collection de
l'Année littéraire, quand elle est complète,
est recherchée dans les ventes.-FRÉRON
(Louis-Stanislas), fils du précédent, né à
Paris en 1757, mort en 1802 à Saint-Do-
mingue, avait été élevé gratuitement au
college de Louis-le-Grand, et, à la mort de
son père, il lui succéda dans la propriété
comme dans la rédaction de l'Année littérai-
re, à laquelle furent successivement associés
l'abbé Grozier, Geoffroi et l'abbé Royou,
frère de la belle-mère de Fréron. Quoique
filleul du roi de Pologne Stanislas, il em-
brassa avec chaleur, en 1789, des opinions
qui devaient être si funestes à l'arrière-
petit-fils et à toute la famille de ce prince
vertueux, et il consigna ses principes dans
un journal intitulé: l'Orateur du peuple,
journal dirigé d'une manière qui contrastait
singulièrement avec le nom de son auteur
et avec l'esprit de l'ancien journal qui l'avait
précédé. Son zèle lui valut une place de
député de Paris à la Convention nationale;
il y vota la mort du roi. Envoyé quelque
temps après en mission dans le midi, son
nom se trouve attaché aux tristes souvenirs
des événements de Toulon et de Marseille.
Il a cherché à justifier sa conduite dans le
midi par un Mémoire sur ce qu'il appelle
la Réaction royale et sur les massacres du
midi. Ce mémoire fait partie de la collec-
tion des frères Baudouin. Rappelé de sa
mission et devenu suspect à Robespierre,
il prévint sa propre perte en s'associant
avec énergie à ceux qui conspirèrent celle
de ce dictateur sanguinaire. Après le 9 ther
midor il reprit son journal de l'Orateur du
peuple, et, de concert avec Dussault qui lui
prêta sa plume en conservant l'anonyme,

Tome 11.

* FRESCHOT (CASIMIR), écrivain français, né à Morteau en Franche-Comté vers 1640, entra fort jeune dans la congrégation des bénédictins de Saint-Vannes, séjourna plusieurs années en Italie, passa ensuite en Hollande et mourut en 1720 dans l'abbaye

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de Luxeuil. Le Supplément à la Bibliothèque de Lorraine, où cet auteur est cité (à tort suivant toute vraisemblance, quoiqu'en ait dit le savant M. Weiss) sous le nom de Fraichot, contient une liste complète de ses ouvrages, au nombre de 31, tant en latin qu'en italien et en français; nous ne citerons que les suivants : Idea generale del regno d'Ungheria, etc., Bologne, 1684, in-12, Naples, 1687, in-4° ; Histoire abrégée de la ville et province d'Utrecht, Utrecht, 1713, in-8°; Actes, mémoires et autres pièces concernant la paix d'Utrecht, ibid., 1714-15, 6 volumes in-12; Histoire amoureuse et badine du congrès de la paix d'Utrecht, ibid., 1716, in-12. M. Barbier a inséré dans le Magasin encyclopédique (1815, tome 6, page 304) une Notice sur Casimir Freschot: elle a été réimprimée avec des corrections dans l'Examen critique des Dictionnaires historiques, tome ler, page 351,

FRESCHOT (Augustin), historien de Bohême, a publié : Infulæ pragensis ornamenta, seu vitæ episcoporum et archiepisc. pragensium, Nuremberg, 1716, in-folio; Ducum et regum Bohemiæ coronæ seu vitæ, ibid., 1717, in-folio.

* FRESEN (JEAN-PHILIPPE), théologien protestant, né en 1705 dans le Palatinat, mort en 1761, professeur à l'université de Giessen, a laissé un grand nombre d'écrits théologiques, parmi lesquels il suffira de citer: Pensées sur le Christ, Zullichau, 1743, in-8°; Notice exacte sur la doctrine des hernhutes, Francfort, 1746-1751, 4 parties in So.

* FRESNAIS (JOSEPH-PIERRE), litterateur français, mort vers 1789, a publié plusieurs traductions de l'allemand et de l'anglais. Les principaux sont : la Sympathie des ámes de Wieland, Amsterdam (Paris), 1768, in-12; Histoire d'Agathon, etc., du même, Paris, 1768, 4 volumes in-12; le Voyage sentimental de Sterne, Londres (Paris), 1784, in-12, souvent reimprimé ; la Vie et les opinions de Tristam Shandy, du mênie, en société avec M. de Bonnay, Paris, 1785, 4 volumes in-12.

* FRESNAYE (JEAN VAUQUELIN DE La), avocat du roi au bailliage de Caen, ensuite lieutenant-général, et enfin président au siége présidial de cette ville, né en 1536, consacra aux muses les loisirs que lui Jaissaient ses fonctions judiciaires, et mou rut en 1606. On a de lui un Art poétique français en 3 chants, 5 liv. de satires, des idylres, des sonnets, des épigrammes et des

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épitaphes : le tout a été recueilli et imprimé à Caen en 1612, in-8°. Vauquelin de la Fresnaye fut le père de Desyveteaux (voyez ce nom). Sa poésie, au jugement de M. Auger, a presque tous les vices du temps; et son style est sans force et sans élévation. * FRESNE. Voyez CANGE(du), DUFRESNE et TRICHET.

* FRESNOY (du). Voyez DUFRESNOY et LENGlet.

* FRESNY (du). Voyez DUFRESNY. FRESQUE. (Beaux-Arts.) Dès son apparition, la peinture a été chargée de répondre à un besoin, ou plutôt c'est à ce besoin qu'elle doit son origine. Obligée de recon. naître un droit d'aînesse chez la sculpture, sa sœur, elle aura été destinée, comme elle, à éterniser les époques les plus mémorables de la vie des peuples. Avant de parer les murailles domestiques, l'une et l'autre ont dû rappeler aux familles, réunies sous la protection des remparts, leurs plus beaux titres de nationalité. Ainsi, la statue des demi-dieux, defensears ou libérateurs de leurs concitoyens, s'est dressée sur le socle; ainsi, de hauts faits d'armes ont été es quisses dans l'enceinte des temples, alors que de simples particuliers ne se permettaient pas encore d'animer leur domicile par la représentation des traits d'un parent ou d'un ami.

Monumentale dès le principe, la peinture s'est donc primitivement exercée sur l'enduit grossier des édifices publics. Dans des temps postérieurs, on l'a appelée pein ture à fresque, suivant une dénomination italienne empruntée de l'un de ses principaux procédés. Il est probable que ce genre de travail n'a pas été ignoré des anciens; leurs poètes et leurs chroniqueurs en parlent. Homère et Virgile, Anacreon et Horace, Pausanias et Pline le naturaliste, nous ont laissé, sur ce sujet, des détails qui ne nous permettent pas de révoquer en doute la représentation des scènes de la vie par une entente de couleurs plus ou moins habile. Les exhumations de Pompeia et d'Herculanum, les cryptes de la Thébaïde et de la Haute-Égypte en font également foi. Ces sortes de tableaux ont été exécutés ou à la détrempe, ou à l'encaustique. Ce dernier procédé est probablement celui auquel Pausias eut recours dans l'imparfaite restauration qu'il entreprit des ouvrages du célèbre Polygnote à Thèbes ou à Thespies; car la peinture sur toile parait avoir été

inconnue de l'antiquité grecque, et n'a eu un moment d'existence, dans l'antiquité romaine, que sous le règne de Néron, où elle servit à reproduire les traits de ce prince abhorré, mais, comme il arrive toujours, entouré de flatteurs à genoux devant son image.

C'est donc sur un fond solide, c'est sur des panneaux de bois, ou sur des murailles artistement préparées, que les anciens ont procédé, par un melange de couleurs terreuses ou végétales, à l'imitation des formes naturelles. Les oxydes des minéraux étaient alors peu connus; d'ailleurs la peinture en détrempe n'en permettait guère l'usage.

Les moyens par lesquels les peintres fixaient leurs couleurs sont encore un objet de doute. On a tâtonné en vain dans cette recherche, où les essais de M. de Caïlus ont obtenu tout au plus des résultats approximatifs. Le vieux Pline cite des tableaux grecs transportés à Rome, et qui, après avoir bravé l'injure de l'air pendant quatre ou cinq siècles, tant dans le Péloponèse que sous le portique d'Auguste, avaient encore, de son temps, un reste d'existence. Certes, les ouvrages des artistes modernes ne pourraient résister à une pareille épreuve. Ne voyons-nous pas que déjà les Léonard Vinci, les Titien et les plus beaux Raphaël périssent sous les coups du temps, malgré les soins particuliers aux quels on se livre pour leur conservation dans tous les Musées de l'Europe? Les ouvrages des peintres anciens n'étaient pas toujours à couvert, ainsi que l'indique la structure de leurs temples et de leurs portiques. Si les édifices, à l'embellissement desquels ils concouraient, n'avaient subi la destinée de tout ce qui est sorti de la main de l'homme, peut-être, mieux instruits dans l'art d'assurer la durée des tableaux, dédaignerions-nous cette peinture à l'huile, qui est pourtant un des plus beaux secrets dont se soit enrichi le génie des peuples depuis la renaissance des arts et des lettres. Jean de Bruges serait moins célèbre, et, tout au plus, son procédé s'appliquerait-il aux seuls tableaux de chevalet.

Il n'en est pas moins vrai que, même après cette découverte importante, c'est la peinture à fresque qui est restée monumentale. Ses droits semblent imprescriptibles. A elle seule, sauf quelques rares exceptions, il appartient de tracer ces

grands feuillets de l'histoire du genre hu-
main, qui, ayant des voûtes et des mu-
rail!les pour supports, doivent parler aux
générations nouvelles la langue des anciens
âges. Ainsi que Phidias et ses élèves avaient
sculpté, sur les frises et les entre-colonne-
ments du Parthenon, les prodiges de la
Grèce héroïque; ainsi que, à l'intérieur ɖu
même édifice, des artistes contemporains
l'avaient orné de peintures à l'exemple de
celles que le Poecile (ou portique des Per-
ses) devait déjà au pinceau de Polygaote,
le quinzième et le seizième siècles ont vu
les temples et les palais des pays civilisés
s'enrichir des chefs-d'œuvre des plus grands
maîtres, et ces chefs-d'oeuvre ont été pres-
que tous des tableaux à fresque. C'est avec
une fresque que Michel-Auge remplissait
de terreur la chapelle Sixtine, à laquelle il
confia sa sublime et audacieuse composi
tion du Jugement dernier; la muraille d'un
réfectoire de moines, à Milan, a également
reçu, sur son enduit, un des plus beaux
tableaux des écoles anciennes et modernes,
la Cène, de Léonard Vinci, qui ne vivra
bientôt plus que dans des copies impar-
faites; et c'est de la même manière que
Raphaël d'Urbin, écrivant ses beaux poè-
mes, attachait leurs destinées aux murs et
aux voûtes du Vatican. Là, seulement,
éclate son génie dans toute sa gloire. Ja-
mais il ne fut plus grand, plus expressif, et
pourtant plus pur, que lorsqu'il s'est ma-
jestueusement promené dans cette large
carrière. De l'avis des juges les plus com-
pétents, ne le connaître que par ses ta-
bleaux à l'huile, c'est avoir perdu le droit
de l'apprécier. Ses fresques leur ont semblé
à tous tellement admirables, que plusieurs,
comme l'Albane, après en avoir rassasie
leurs yeux, ne pouvaient plus prononcer son
nom qu'en se découvrant la tête. Son Triom.
phe de Galatée et son École d'Athènes suf-
firaient pour justifier ce témoignage de res-
pect accordé au plus grand talent qui ait
peut-être brillé sur la terre.

Vers la même époque, le Corrége rendait à jamais fameuse, dans les arts, la coupole de la cathédrale de Parme. A bien dire, il y a prodigué la grâce des têtes, la science des raccourcis, le charme des formes de l'enfance et la magie de l'ombre et de la lumière, magie assez puissante pour lui faire pardonner les incorrections de son dessin. Aussi, le plus illustre des Carrache ne pouvait s'arracher à la contemplation

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