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* GAND (HENRI GOETHALS, plus connu sous le nom de HENRI de ), appelé aussi en latin Mudanus et Bonicollius, parce qu'il était seigueur de Mude et issu de l'ancienne et noble famille des Bonicolles en Italie, naquit dans cette seigneurie, située dans le district de Gand, en 1217, de Gerrem, seigneur de Mude, et de N. de Massemines. Après avoir suivi les leçons d'Albert-leGrand à Cologne, il alla fréquenter l'université de Paris, où il fut le condisciple de saint Thomas d'Aquin. Philippe Maetz ou Mouske, ayant été élu évêque de Tournay, choisit Henri de Gand pour son grand-archidiacre. Quelques missions importantes pour l'ordre des servites, faites avec gloire, répandirent le bruit de sa renommée et le firent jouir de la plus haute considération; Trithemius rapporte que Philippe-le-Bel, protecteur des sciences et des lettres, lui accordait son estime et son amitié. L'université le met au nombre de ses plus doctes professeurs et lui donne le nom de docteur solennel par excellence. Il était l'âme des délibérations de cette fameuse faculté de théologie. Il mourut le 29 juin 1293, âgé de 76 ans. Nous avons tiré ces détails, inconnus jusqu'à ce jour, d'une Notice sur cet illustre prélat, Gand, 1828, in-8°; mais on ne doit pas prendre à la lettre toutes les louanges qu'on lui prodigue. On a de lui: Quodlibeta theologica in lib. IV sententiarum, Paris, 1518, in-fol., réimprimé avec un commentaire, Venise, 1613, 2 volumes in-fol; Summa theologiæ, seu quæstiones ordinariæ, Paris, 1520, in-fol. ; de Scriptoribus ecclesiasticis, imprimé dans le recueil de Illustribus ecclesiast. scriptor. de Suffrid Petri, Cologne, 1580, in-8°, et dans les Bibliothèques ecclésiastiques d'Aubert Le Mire, Anvers, 1639, in-folio; et plusieurs ouvrages manuscrits qui se trouvaient, avant la révolution, dans quelques couvents de Flandre et des Pays-Bas. Un autre Henri de GAND, aussi chanoine de Tournay dans

le 12° siècle, est auteur d'une vie de saint Éleuthère, insérée dans les actes de Bollandus au 20 février.

* GANDELOT (L.), ecclésiastique, né à Nolay (Bourgogne) vers 1720, mort à Beaune en 1785, a introduit, dans le territoire de cette dernière ville, le plant de vigne des environs de Malaga (Espagne), et a publié l'Histoire de la ville de Beaune et de ses Antiquités, Dijon, 1772, in-4o, fig. Cet ouvrage estimé est le fruit de vingt années de recherches et d'application.

* GANDO (NICOLAS), fondeur en caractères d'imprimerie, né à Genève vers le commencement du 18e siècle, mort à Paris vers 1767, était venu établir dans cette dernière ville une fonderie qui eut dans le temps quelque célébrité. Il associa à son commerce et à ses travaux son fils, PierreFrançois, mort à Paris en 1800. Ils ont publié : Épreuves des caractères de la fonderie de N. Gando, Paris, 1745, in-4°; Recueil d'ornements et de différentes combinaisons de vignettes, ibid., 1745, in-4°; Lettre de F. Gando le jeune, etc., ibid., 1758, in-12; Observations sur le traité historique et critique de M. Fournier le jeune, sur l'origine et les progrès des caractères de fonte pour l'impression de la musique, ibid., 1766, in-4°.

* GANDOGER (N.), docteur médecin, né à Nancy au commencement du 18e siècle, fut lié intimement avec Franç. Désoteux voyez ce nom), dont il seconda le zèle pour la propagation de la méthode d'inoculation dite suttonienne. On a de lui un Traité pratique de l'inoculation, publié en 1768, et composé en grande partie des notes et observations qui lui avaient été fournies par son illustre ami.

* GANDOLFO (DOMINIQUE-ANTOINE ), religieux augustin, né à Vintimille dans l'état de Gênes, mort dans cette même ville en 1707, acquit quelque réputation par son talent pour la chaire, et fut deux fois prieur de son couvent. On connait de lui: Beneficato beneficante, Gênes, 1769, in-12: c'est un sermon sur le purgatoire ; Notizia di un opera intitolata : Frutti dell' eloquenza agostiniana, etc., ibid., 1686, in-fol. de 4 pages; Dispaccio istorico, raccolto da varie lettere e

manoscritti, Mondovi, 1695, in-4o; de Ducentis celeber. augustinianis scriptor., etc., Rome, 1704, in-4o; de Purpuratis augustinianis, etc.; Poetici flores augustiniani : ces deux derniers ouvrages sont restés manuscrits.

GANDOLPHY (PIERRE), prêtre catholique anglais, né vers 1760, mort en 1821 à East-Sheen, se fit connaître par des sermons sur l'autorité spirituelle et le pouvoir temporel, dont la publication eut quelque éclat. Son livre ayant été censuré par l'évêque catholique de Londres, il en appela de cette décision en cour de Rome, où il soutint ses principes avec vigueur. Parmi les autres écrits de Gandolphy, nous citerons: a Defence of the ancient faith, 1811, in-8°; a full Exposition of the christian religion, 1813, in-8°; a Sermon on the text: Render to Cæsar the things, etc., 1813, in-4°.

*

GANDY (JACQUES), peintre, né en 1619, mort en 1689, était élève de Van Dyck, auquel plusieurs connaisseurs n'ont pas craint de le comparer. Ses ouvrages se voient principalement en Irlande, où il avait été apelé par le duc d'Ormond, et où l'on croit qu'il termina ses jours.

* GANEAU (N.), poète français du 18e siècle, n'est connu que comme auteur des deux ouvrages suivants, publies sous le voile de l'anonyme : Étrennes pour les enfants à l'usage des grandes personnes qui voudront bien s'en amuser, Paris, 1758, in-12; Nouveaux contes en vers et épigrammes, Genève (Paris), 1765, in-12.

* GANGANELLI. Voyez CLÉMENT XIV. * GANGES (ANNE-ÉLISABETH DE ROSSAN, marquise de), dame célèbre par ses malheurs, née à Avignon en 1636, épousa dès l'âge de 13 ans le marquis de Castellane, et fut présentée à la cour de Louis XIV, où sa beauté et ses grâces lui firent décerner le surnom de la belle Provençale. Son mari étant mort, elle contracta une nouvelle union avec le jeune marquis de Ganges, et revint avec lui à Avignon. Le marquis avait deux frères (l'abbé et le chevalier de Ganges): tous deux, ayant conçu pour leur belle sœur une passion violente, essayèrent d'abord, chacun séparément, tous les moyens possibles de séduction, puis se réunirent pour perdre la femme vertueuse qu'ils avaient outragée par leur démarche coupable. Après deux tentatives infructueuses d'empoisonnement, et pendant l'absence, assez extraordinaire, de leur frère, l'abbé et le chevalier entrent un jour dans la chambre de la marquise : « Il faut mourir, lui direntils en lui présentant à la fois un pistolet, un breuvage empoisonné et une épée nue; choisissez.....» Elle prend le breuvage : les deux frères se retirent. La marquise réussit

à rejeter le poison, et se précipita par une
fenêtre élevée de 22 pieds; mais, poursuivie
par ses assassins, elle tombe percée de 7
coups d'épée que lui porta le chevalier.
Les deux frères parvinrent à s'échapper, et
leur victime survécut encore dix-neuf jours
à ce dernier attentat. Le parlement ne tarda
pas à informer contre les coupables, et con-
damna, par arrêt rendu le 21 août 1667,
l'abbé et le chevalier (contumaces) à être
rompus, le marquis à la confiscation de ses
biens, à la dégradation de sa noblesse, et à
un bannissement perpétuel. Au nombre des
complices de cet horrible attentat se trou-
vait un prêtre nommé Perrette, qui, appelé
par les meurtriers auprès de leur victime
sous le prétexte de lui offrir les secours de
la religion (mais effectivement pour aider
et en assurer le succès), déploya la plus
noire atrocité sous le masque de l'hypocri-
sie: ce monstre ne put supporter long-temps
le poids de ses remords, et mourut à la
chaîne des galériens. On trouve dans les
Causes célèbres le récit de cette affreuse
aventure, dont les détails ne sont que fai-
blement retracés dans la deuxième héroïde
de Gilbert (voyez ce nom); elle a également
fourni à MM. Boirie et Leopold le sujet
d'un mélodrame en trois actes sous ce titre:
la Marquise de Ganges, ou les Trois Frères,
Paris, 1815, in-8°. M. Fortia d'Urban a pu-
blié l'Histoire de la marquise de Ganges,
1810, in-12.

GANGRENE. (Médecine.) L'étymologic du mot gangrène n'est pas bien connue ; on pense qu'il dérive du verbe grec yaw, je mange, je dévore, que l'on aurait fait précéder de gan, mot qui vient du celte, et qui signifie entièrement. Toutefois, c'est du mot grec yyy que l'on a fait gangrène. Cette maladie peut être définie par la mort d'une partie quelconque du corps avec décomposition putride; ce qui la distingue de l'asphyxie, qui entraîne avec elle l'idée de suspension momentanée de la vie avec intégrité parfaite de l'organisation de la partie affectée. Il existe une maladie que l'on nomme pourriture d'hôpital, et qui n'est qu'une véritable gangrène; mais c'est plutôt un accident des plaies qu'une maladie particulière, car elle est toujours précédée d'une blessure; aussi en sera-t-il mention à l'article PLAIES. Une foule de causes peuvent produire la gangrene, et, comme elles influent sur les moyens curatifs que cette affection nécessite, on s'en est servi pour

établir des divisions dans cette maladie et en faire des espèces. Parmi ces causes, les unes sont externes, les autres internes. Les premières sont : l'inflammation, la contusion, la compression faible et long-temps prolongée, l'interruption du cours des fluides qui circulent dans l'économie, la brûlure et la congélation; les secondes consistent dans la vieillesse, l'abus des liqueurs spiritueuses et d'une nourriture trop succulente, l'usage du seigle ergoté, et dans la nature même de l'inflammation maligne qui produit la gangrène. Nous allons tracer d'une manière succincte ses divers modes d'invasion, les signes qui la caractérisent; nous verrons ensuite les modifications qu'elle peut présenter par rapport aux causes diverses qui peuvent y donner lieu, afin d'arriver à généraliser son traitement. Quand la gangrène est la suite d'une inflammation, elle est toujours le résultat d'un étranglement survenu dans la partie affectée, parce que la distension des tissus a été portée trop loin par l'afflux des liquides. Cet étranglement s'oppose à la circulation du sang, la partie s'engorge, les ramifications nerveuses sont comprimées, la sensibilité diminue, finit par s'éteindre, et, avec elle, la vie. Les parties mortes sont alors soumises à l'influence des forces physiques, et commencent à présenter les signes de la putréfaction; une série de phénomènes accompagne ce passage de l'état de vie à l'état de mort: la chaleur qui, par le fait de l'engorgement, avait été portée à un degré extrême, diminue pcu à peu et s'éteint; la rougeur, d'abord vive, est devenue plus foncée; elle acquiert bientôt une couleur brune, puis violacée, puis noire; la tuméfaction diminue, et les chairs qui jouissaient d'élasticité, de rémittence, deviennent compactes, pâteuses, dures; l'épiderme se détache et forme des ampoules remplies d'une liqueur noirâtre, d'une odeur fétide, tellement caractéristique que, lorsqu'il existe une personne affectée de gangrene daus une salle de malades, il est impossible qu'un odorat un peu exercé ne le reconnaisse aussitôt. Les parties vivantes qui en tourent la portion gangrénée sont enflammées et d'un rouge livide; peu à peu elles sont elles-mêmes frappées de mort, et le mal s'étend ainsi de plus en plus, tantôt en surface seulement, tantôt en profondeur, et souvent dans les deux directions à la fois, de sorte qu'il peut arriver qu'une portion

de membre, ou un membre tout entier, soit frappé de gangrène : on désigne alors cet état sous le nom de sphacèle.

Cependant le chirurgien est souvent assez heureux pour mettre un terme à la maladie, et limiter ses progrès ; la nature même peut opérer à elle seule un résultat avantageux; car, l'étranglement étant la seule cause de la gangrène, l'inflammation peut atteindre des parties qui se laissent distendre plus facilement, et parcourir ses périodes ordinaires sans amener de résultats aussi fâcheux. Quelle que soit, au reste, la cause qui arrête les progrès de la maladie, on voit une suppuration s'établir sur les bords de la partie enflammée qui environne la gangrène; cette suppuration tend à séparer et à éliminer la partie morte des parties vivantes; la partie morte se détache peu à peu, tantôt sous la forme de lambeaux, tantôt sous celle de portions de doigt on de membre même, si toutefois les forces du malade suffisent à un travail inflammatoire aussi grand; le plus souvent l'art supplée à la nature par une amputation faite à propos.

On concevra facilement comment une contusion très forte peut produire cette maladie. L'effet d'une contusion intense consiste dans la déchirure des vaisseaux et des tissus qui les environnent. Un épanchement de sang et une véritable infiltration sanguine en sont la suite. La partie s'engorge et tuméfic immédiatement, devient violette, dure, consistante; les nerfs n'ont pas échappé à l'action du corps contondant, ils ont été déchirés; la circulation de la partie affectée a été détruite, et bientôt la douleur va développer un travail inflammatoire. Dès le lendemain la sensibilité qui, par l'effet de la commotion, avait été suspendue, se réveille avec plus d'énergie; elle détermine un afflux de sang vers une partie déjà engorgée; de là une inflammation intense avec étranglement par distension des parties. Si cette distension est portée à un degré très-élevé, la gangrène s'opère comme à la suite de l'inflammation, qui reconnait une cause autre que la contusion, et suit la même marche. 11 n'est pas toujours nécessaire qu'une contusion aussi forte ait été faite pour que la gangrène survienne. Ainsi, chez les individus sanguins, pléthoriques et très-gras, on voit quelquefois se développer un travail inflammatoire trés-intense sous l'in

fluence d'une contusion qui n'a pas amené d'aussi grands désordres. Ces cas sont rares, il est vrai, mais ils peuvent cependant se présenter.

Une compression long-temps prolongée peut amener la maladie qui fait le sujet de cet article, et les exemples en sont nom breux. Il faut avoir traité ou vu traiter bien peu de fractures, pour ne pas avoir rencontré des cas de ce genre. Les attelles en bois, dont on est obligé de se servir, exercent souvent des pressions trop fortes; la peau, qui est formée d'un tissu très-dense, se trouve comprimée; les nerfs sont douloureusement affectés; le sang afflue dans le point malade, mais la pression de l'at telle s'oppose à sa circulation; la vie s'éteint bientôt, et une escarre gangréneuse se forme.

D'après ce que nous avons dit de la manière dont survenait la gangrene inflammatoire, on peut déjà prévoir comment un obstacle apporté à la circulation du sang artériel ou du sang veineux peut produire la gangrene. Des chirurgiens ignorants ou maladroits appliquent un bandage trop serré sur un point quelconque d'un membre, dans l'intention d'arrêter une hémorrhagie ou d'exercer une compression pour une cause quelconque. Les gros vaisseaux, qui sont chargés de ramener le sang au cœur, se trouvent comprimés, et la circulation est interrompue ou du moins gênée. Il en est de même de tous les vaisseaux déliés, que l'on a appelés capillaires; mais comme, parmi les gros vaisseaux, les uns conduisent le sang du cœur à toutes les parties, sous l'influence d'une contraction de cet organe masculeux, tandis que les autres le ramènent au cœur à l'aide de leur propre force et contre son poids, au moins pour la presque totalité du corps, la circulation veineuse ou celle de ces derniers vaisseaux est totalement interceptée quand la circulation artérielle persiste encore. La partie placée au dessous de la ligature reçoit du sang et n'en perd plus; elle s'engorge, se tuméfie, et il arrive un moment où la circulation est complétement interrompue; bientôt la chaleur s'éteint, la sensibilité s'anéantit, et cette portion de membre cesse d'être sous l'empire des lois de la vie. C'est de cette manière que surviennent les gangrènes qui détruisent la main et l'avantbras à la suite de saignées dans lesquelles on a ouvert l'artère brachiale, et où, effrayé

par un accident aussi grave, l'élève ou le jeune médecin qui l'a causé, tout entier à l'idée d'arrêter une hémorrhagie dont il craint de ne pouvoir pas se rendre maître, comprime fortement la plaie du bras, néglige d'appliquer un bandage qui s'étende du bout des doigts à la saignée, avant de placer celui qu'il destine à arrêter l'hémor rhagie, et devient la cause d'une perte irré parable, celle qu'entraîne l'amputation.

La gangrene par brûlure peut survenir de deux manières différentes. La première, par le fait seul de l'application d'un corps très-chaud sur une partie de la peau; c'est alors une véritable cauterisation plutôt qu'une gangrène; c'est une décomposition instantanée de nos tissus sous l'influence du calorique et alors, suivant que le corps brûlant est plus ou moins chaud, plus ou moins dense, qu'il est solide ou liquide, la désorganisation est plus ou moins étendue en largeur et en profondeur. La seconde est la suite de l'inflammation que détermine la brûlure, et survient comme la gangrène qui reconnait pour cause toute autre espèce d'inflammation.

Enfin il nous reste, pour terminer ce qui est relatif aux divers modes d'invasion de la gangrène par cause externe, à parler de celle que détermine la congélation. Lorsque l'homme est soumis à l'influence d'une atmosphère très-froide, le premier phénomène qu'il présente consiste dans une raideur des muscles, qui ne peut être la suite que d'un défaut d'énergie des nerfs. Ce phé nomène se fait surtout remarquer dans les parties les plus éloignées du corps. Si l'action du froid se prolonge, elle se fait sentir sur les organes principaux de la vie, le cerveau, les poumons et le cœur; ces organes ne réagissent plus sur l'économie avec autant d'énergie de là, une diminution dans la sensibilité générale, un engourdissement, un sentiment de lassitude et de fatigue, une tendance au sommeil; en même temps la circulation se ralentit, le sang est poussé avec moins de force dans toutes les parties; la respiration devient plus lente, la production de chaleur moius considérable; les solides et les liquides perdent bientôt plus de calorique qu'ils n'en reçoivent; et, comme le volume des parties diminue du centre du corps aux extrémités, il arrive un moment où, la chaleur étant éteinte, la sensibilité s'anéantit dans les orteils, les doigts, le nez, les oreilles, etc. :

ces parties ne sont pas encore mortes, mais dans un état de torpeur, d'où l'on peut les faire sortir par l'emploi de stimulants. De cet état à celui de mort, il n'y a qu'une faible distance. En effet, par un abaissement de température plus considérable, les liquides se congèlent, et la partie congelée n'a plus aucun rapport avec le reste de l'économie.

La gangrene, qui se développe à la suite d'une cause interne, peut dépendre de la malignité de l'inflammation qui la détermine: ou elle est très-circonscrite, comme dans le charbon, la pustule maligne, ou bien elle survient tout à coup, précédée seulement d'un engorgement plus ou moins considérable, sans symptômes inflammatoires très-prononcés, ou avec les phénomènes d'une inflammation légère. Elle peut être la suite de l'usage du seigle ergoté. On a remarqué, en effet, que, dans quelques contrées où les malheureux habitants avaient été obligés de vivre d'un pain fait avec de la farine de seigle qui avait été constamment mouillé par une saison pluvieuse, cette sorte de gangrene était devenue assez commune aussi se rencontret-elle rarement depuis quelques années, que les récoltes sont plus abondantes. Enfin les vieillards sont souvent exposés à une gangrène des orteils, que l'on appelle sèche, par opposition à la gangrène ordinaire, dans laquelle les tissus sont humides et se détachent en lambeaux.

Il est impossible de confondre la gangrène avec aucune autre maladie. Son diagnostic s'établit d'après les signes suivants: 1o Pour la gangrene humide, odeur infecte, sui generis, couleur noirâtre ou gris de fer, état humide de la partie affectée, phlyctċnes remplies d'une liqueur noirâtre; insenbilité tellement complète, que l'on peut fendre la peau sans que le malade s'en aperçoive; cercle inflammatoire d'un rouge livide autour de la partie malade. 2o Pour la gangrène sèche, elle commence presque toujours par les orteils; la partie affectée est noire, dure, compacte, exhale une odeur plus pénétrante que la précédente; elle est accompagnée de douleurs souvent intolérables, surtout lorsqu'elle est du genre de celle que l'on appelle sénile.

Le pronostic de cette maladie est toujours fâcheux; car elle entraîne nécessairement la perte d'une partie plus ou moins étendue; elle compromet souvent les jours du ma

lade: il est difficile de l'arrêter dans sa marche. On peut établir, comme propositions générales, que la gangrene sénile et celle qui est la suite de l'usage prolongé du seigle ergoté sont les plus dangereuses; que celle qui est la suite de la congélation présente le plus de chances de guérison; que, toutes les fois que la gangrène est peu étendue et qu'elle se limite, elle est facilement curable; que le sphacèle ou gangrene de la totalité d'un membre, ou d'une partie d'un membre, ne peut être guéri que par l'amputation ou la perte de la partie affectée; que les escarres gangreneuses, qui surviennent dans le cours des fièvres de manvais caractère, entraînent avec elles un pronostic fâcheux.

Il est difficile de tracer une méthode de traitement bien exacte dans un cadre aussi restreint que celui-ci ; mais il est des indications générales à remplir; nous allons les faire connaitre :

1o. Prévenir le développement de la maladie, en attaquant avec vigueur les phlegmasies lorsqu'elles sont intenses, et qu'elles ont leur siége dans des parties environnées de membranes fibreuses; ne pas craindre même d'inciser les parties enflammées, lorsque la tension est très-forte, que des petites phlyctènes surviennent, qu'une couleur violacée se manifeste à la surface de la partie malade; se hâter d'enlever les bandages qui ont pu arrêter le cours du sang, | et prédisposer la partie à une affection gangréneuse; frictionner avec la neige les organes qui ont reçu l'impression du froid; remplacer la neige par l'eau froide, puis par l'eau tiède; entretenir ensuite le membre dans une douce temperature, et bien se garder d'employer de prime abord l'eau chaude ou les corps chauds ; car ils faciliteraient l'état gangreneux.

2o. Arrêter la gangrène dans ses progrès. Lorsque la gangrène est la suite d'une inflammation, ou qu'elle est accompagnée d'un état inflammatoire local qui coïncide avec des signes de réplétion sanguine, il est important d'employer un traitement antiphlogistique général et local : ainsi, les saignées, les boissons délayantes, les sangsues à quelque distance du lieu affecté, les cataplasmes sur la partie malade, et non pas les astringents, les toniques et les styptiques, comme on l'a fait jusqu'à présent. En se conduisant ainsi, on facilitera le développement d'une suppuration qui aura pour objet

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