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toute doctrine des Saints; et qui posséderait son esprit, y trouverait la manne cachée.

Mais il arrive que plusieurs, à force d'entendre l'Évangile n'en sont que peu touchés, parce qu'ils n'ont point l'esprit de Jésus-Christ. Voulez-vous comprendre parfaitement et goûter les paroles de Jésus-Christ: appliquezvous à conformer toute votre vie à la sienne. 3. Que vous sert de raisonner profondéinent sur la Trinité, si vous n'êtes pas humbles, et que par là vous déplaisiez à la Trinité? Certes les discours sublimes ne font pas l'homme juste et saint; mais une vie pure rend cher à Dieu.

J'aime mieux sentir la componction, que d'en savoir la définition.

Quand vous sauriez toute la Bible et toutes les sentences des philosophes, que vous servirait tout cela, sans la grâce et la charité?

Vanité des vanités, et tout n'est que vanité1, hors aimer Dieu, et le servir lui seul.

La souveraine sagesse est de tendre au royaume du Ciel par le mépris du monde.

4. Vanité donc, d'amasser des richesses périssables, et d'espérer en elles.

Vanité, d'aspirer aux honneurs, et de s'élever à ce qu'il y a de plus haut.

Vanité, de suivre les désirs de la chair, et de rechercher ce dont il faudra bientôt être rigoureusement puni.

1 Eccl. I, 2.

Vanité, de souhaiter une longue vie, et de ne pas se soucier de bien vivre.

Vanité, de ne penser qu'à la vie présente, et de ne pas prévoir ce qui la suivra.

Vanité, de s'attacher à ce qui passe si vite, et de ne se pas hâter vers la joie qui ne finit point.

5. Rappelez-vous souvent cette parole du Sage: L'œil n'est pas rassasié de ce qu'il voit, ni l'oreille remplie de ce qu'elle entend1.

Appliquez-vous donc à détacher votre cœur de l'amour des choses visibles, pour le porter tout entier vers les invisibles.

Car ceux qui suivent l'attrait de leurs sens souillent leur âme, et perdent la grâce de Dieu.

RÉFLEXION.

Nous n'avons ici-bas qu'un intérêt, celui de notre salut 2, et nul ne peut être sauvé qu'en Jésus-Christ et par Jésus-Christ 3 ; la foi en sa parole, l'obéissance à ses commandements, l'imitation de ses vertus, voilà la vie, il n'y en a point d'autre tout le reste est vanité, et j'ai vu, dit le Sage, que l'homme n'a rien de plus de tous les travaux dont il se consume sous le soleil 4 : richesses, plaisirs, grandeurs, qu'est-ce que cela, lorsqu'on jette le corps dans la fosse, et que l'âme s'en va dans son éternité? Pensez-y dès aujourd'hui, dès ce moment même, car, demain peut-être, il ne sera plus temps. Travaillez pendant que le jour luit: hâtez-vous d'amasser un trésor qui ne périsse point 5 la nuit vient où l'on ne peut rien faire 6. De stériles désirs ne vous sauveront pas ce sont des œuvres que Dieu veut. Or donc, imitez Jésus, si vous voulez vivre éternellement avec Jésus.

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CHAPITRE II.

Avoir d'humbles sentiments de soi-même.

1. Tout homme désire naturellement de savoir mais la science sans la crainte de Dieu, que vaut-elle ?

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Un humble paysan qui sert Dieu, est cerlainement fort au-dessus du philosophe superbe qui, se négligeant lui-même, considère le cours des astres.

Celui qui se connaît bien, se méprise, et ne se plaît point aux louanges des hommes.

Quand j'aurais toute la science du monde, si je n'ai pas la charité, à quoi cela me servirait-il devant Dieu, qui me jugera sur mes œuvres?

2. Modérez le désir trop vif de savoir; on ne trouvera là qu'une grande dissipation et une grande illusion.

Les savants sont bien aises de paraître et de passer pour habiles.

Il y a beaucoup de choses qu'il importe peu ou qu'il n'importe point à l'âme de connaître; et celui-là est bien insensé qui s'occupe d'autre chose que de ce qui intéresse son salut.

La multitude des paroles ne rassasie point l'âme; mais une vie sainte et une conscience pure donnent le repos du cœur et une grande confiance près de Dieu.

3. Plus et mieux vous savez, plus vous serez sévèrement jugé, si vous n'en vivez pas plus saintement.

Quelque art et quelque science que 'vous possédiez, n'en tirez donc point de vanité : craignez plutôt à cause des lumières qui vous ont été données.

Si vous croyez beaucoup savoir, et savoir bien, souvenez-vous que c'est peu de chose près de ce que vous ignorez.

Ne vous élevez point en vous-même1: avouez plutôt votre ignorance.

Comment pouvez-vous songer à vous préférer à quelqu'un, tandis qu'il y en a tant de plus doctes que vous, et de plus instruits en la loi de Dieu ?

Voulez-vous apprendre et savoir quelque chose qui vous serve? Aimez à vivre inconnu et à n'être compté pour rien.

4. La science la plus haute et la plus utile est la connaissance exacte et le mépris de soimême.

Ne rien s'attribuer et penser favorablement des autres, c'est une grande sagesse et une grande perfection.

Quand vous verriez votre frère commettre ouvertement une faute, même une faute trèsgrave, ne pensez pas cependant être meilleur que lui car vous ignorez combien de temps vous persévérerez dans le bien.

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Nous sommes tous fragiles; mais croyez que personne n'est plus fragile que vous.

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RÉFLEXION.

L'orgueil a perdu l'homme, l'humilité le relève et le rétablit en grâce avec Dieu. Son mérite n'est pas dans ce qu'il sait, mais dans ce qu'il fait. La science sans les œuvres ne le justifiera point au tribunal suprême; elle aggravera plutôt son jugement. Ce n'est pas que la science n'ait ses avantages, puisqu'elle vient de Dieu mais elle cache un grand piége et une grande tentation. Elle enfle, dit l'Apôtre 1; elle nourrit la superbe, elle inspire une secrète préférence de soi, préférence criminelle et folle en même temps car la science la plus étendue n'est qu'un autre genre d'ignorance, et la vraie perfection consiste uniquement dans les dispositions du cœur. N'oublions jamais que nous ne sommes rien, que nous ne possédons en propre que le péché, que la justice veut que nous nous abaissions au-dessous de toutes les créatures, et que, dans le royaume de Jésus-Christ, les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers 2.

CHAPITRE III.

De la Doctrine de vérité.

1. Heureux celui que la vérité instruit ellemême, non par des figures et des paroles qui passent, mais en se montrant telle qu'elle est. Notre raison et nos sens voient peu et nous trompent souvent.

A quoi servent ces disputes subtiles sur 2 Matth. XIX, 30.

1 I Cor. VIII, 1.

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