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GÉNÉRAL

DE MÉDECINE,

DE CHIRURGIE ET DE PHARMACIE,

FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES;

οὐ

RECUEIL PÉRIODIQUE

DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE
DE PARIS;

Rédigé par C. E. S. GAULTIER DE CLAUBRY, l'un
de ses Membres.

TOME LXXXIX®, XXVIII DE LA II° SÉRIE.

A PARIS,

Chez CROULLEBOIS, libraire de la Société de médecine, rue

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SOCIÉTÉ DE MÉDECINE.

Arrêté du 2 mai 1823.

La Société sait que la lumière sort du sein des discussions impartiale, elle entend toutes les opinions, et n'imprime son cachet, d'une manière particulière, à aucune.

Le secrétaire-général, NACQUART.

IMPRIMERIE DE A. BELIN,

Rue des Mathurins Saint-Jacques, Hôtel de Cluny.

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8-12-38

25237

JOURNAL

GÉNÉRAL

DE MÉDECINE,

DE CHIRURGIE, DE PHARMACIE, etc.

ου

RECUEIL PÉRIODIQUE

DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE DE PARIS.

Observations sur les effets de l'extrait de noix vomique dans les paralysies; par M. CHAUFFARD, associé national, à Avignon.

(Séance du 4 juin 1824.)

Marguerite M**., âgée de cinquante-cinq
femme de chambre de madame ****.

avait éprouvé un profond chagrin, en voyant
mourir cette dame d'un cancer à la langue
et au milieu des plus cruelles angoisses. Elle
la servait depuis plus de trente années. Quel-

Noix voniique.

Noix

vomique.

que temps avant cette époque, Marguerite avait été 'atteinte d'un petit ulcère rebelle, situé sur le côté droit de la langue, semblable en tout, jusque dans son siége, à celui qui, chez sa maîtresse, avait dégénéré en cancer. L'imagination de cette femme s'exalta singulièrement. Des sucs d'herbes, des bouillons de grenouilles, un traitement adoucissant, des paroles de consolation, l'extraction de quelques dents cariées, furent les moyens que nous employâmes avec assez de succès.

Le petit ulcère s'étant cicatrisé, Marguerite continua néanmoins de s'abandonner à la plus sombre mélancolie; et, sans force contre les fantômes effrayans qui la poursuivaient, elle tomba insensiblement dans un état scorbutique des plus prononcés. A peine ses forces commençaient-elles à se relever, que le chagrin devenant plus amer que jamais, nous la vîmes peu à peu perdre le mouvement des extrémités abdominales et ensuite des thoraciques, sans que le quinquina, le musc, les consommés, les préparations martiales, les frictions excitantes, pussent prévenir ou du moins arrêter les progrès de cette paralysie. C'est dans ce fâcheux état que Marguerite entra à l'hôpital.

Nous la fîmes environner de toutes les

consolations morales imaginables, nous la flattâmes du doux espoir de la guérison, et nous lui indiquâmes l'usage de l'extrait de noix vomique comme l'infaillible moyen de voir cet espoir se réaliser. Elle en vint bientôt à solliciter l'administration de ce remède; c'est ce que nous désirions. Nous le lui donnâmes d'abord à la dose d'un demi-grain, et nous la conduisîmes en peu de temps à en prendre quatre grains le matin et autant le soir, sans qu'il en résultât d'autre accident qu'une roideur tétanique et des tressaillemens brusques, involontaires, souvent répétés, des membres et de tout le corps, qui se manifestaient une heure après l'ingestion du médicament. Au reste, il commençait déjà à se manifester une amélioration sensible; la malade pouvait soulever ses jambes et même se soutenir debout pendant quelques minutes. Peu à peu, nous augmentâmes la dose du remède, et nous la portâmes successivement jusqu'à celle de douze, quinze, et enfin de dix-huit grains dans les vingt-quatre heures. La malade ne prit jamais ce médicament, sans en ressentir les effets d'une manière immédiate. Quelquefois aux roideurs et au tressaillement général, se joignait un léger délire ou une espèce de coma vigil qui n'avait rien d'alarmant, et qui s'évanouissait au bout de

Noix vomique.

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