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NOUVELLES,

PAR M. DE FLORIAN,

De l'Académie Française, de celles de
Madrid, Florence, &c.

Non

potes in nugas dicere plura meas ipse
ego quàm dixi.

(MART. Epigramm. lib. XIII.

PREMIERE PARTIE.

SIDE LIBRAR).

NEW-YORK

A TOULOUSE,

Chez BROULHIET, Imprimeur-Libraire,

rue Saint-Rome.

1793.

SELMOURS,

NOUVELLE ANGLAISE.

C'EST une belle & respectable nation que la nation anglaise. Le poids immense dont elle fut toujours dans la balance de l'Europe, ce qu'elle a fait d'éclatant dans la politique, dans la guerre, ses sublimes découvertes dans les sciences, assureroient assez sa gloire, quand même elle n'y joindroit pas l'avantage plus précieux encore d'avoir été le premier peuple moderne qui ait possédé les deux biens les plus nécessaires au bonheur des hommes des philosophes & des loix. Les Anglais n'en ont point abusé, ce qui étoit si facile; ils ont eu l'extrême sagesse de ne pas vouloir tout d'un

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coup atteindre à la perfection, qui ne peut être jamais que le fruit de l'expérience. Ils ont pensé que la raison, peut-être même la vertu, & sans nul doute le bonheur n'étoit autre chose que la mesure; &, pour conserver le plus beau bienfait dont l'homme puisse jouir, la liberté, ils ont confondu ce grand nom, ils en ont mêlé la sublime idée avec celle d'obéissance à la loi, avec le respect des autorités établies par la loi, avec la crainte religieuse de jamais offenser la loi. De là s'est promptement formé ce soutien inébranlable de la liberté, ce principe générateur de la félicité d'un peuple, l'esprit public. C'est par lui seul que les habitans de deux isles, beaucoup moins grandes que la France se sont vus souvent les arbitres ou l'effroi des souverains, les médiateurs de l'Europe; que leurs flottes, maîtresses de l'océan sont allées dans les deux Indes porter la terreur & chercher des trésors; &

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