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de la Mongolie. Il revint ensuite au nord jusqu'à Tomsk, ville commerçante, fondée en 1604 et bien peuplée, située sur le Tom, l'un des affluents de l'lrtich, à 4,700 kilom. sud-est de Saint-Pétersbourg. Puis il se dirigea sur Irkoutsk, chef-lieu de la Sibérie orientale, s'embarqua sur la Léna, et arriva le 6 octobre à Yakoutsk (62°, 1', 50 lat. nord, 127°, 23',45" long. est). Cochrane se prépara dans cette ville à s'aventurer dans les hautes régions septentrionales, et se munit de tout ce qui pouvait faciliter le succès de son expédition. Le 31 octobre il continua son voyage dans deux traineaux auxquels on avait attelé des chiens, le manque de fourrage rendant ce mode d'attelage nécessaire. Le thermomètre de Réaumur marquait alors 27° au-dessous de zéro. Le 31 décembre, jour de l'arrivée de Cochrane à NijneïKolymsk (70° de lat. nord, et 159° de long. est), il descendit à 42°. N'ayant pu obtenir de traverser le pays des Tchouktchis, peuple idolâtre, belliqueux, et à peu près indépendant, établi entre la mer Glaciale et le détroit de Behring, Cochrane se dirigea au sud-ouest, vers Oschotsk, qu'il atteignit le 23 juin 1821, après des fatigues inouïes. La peau de son visage, complétement gelée, tombait par lambeaux, sa barbe n'avait pas été coupée depuis quinze mois; dans un parcours de quatre cent milles, il n'avait rencontré aucun être vivant. Il s'embarqua le 24 août pour le Kamtchatka. Accueilli avec hospitalité par les fonctionnaires russes de Pétro-Pavlosk, Cochrane y épousa la fille du sacristain de cette petite ville, et renonça pour cette fois à passer en Amérique. Il revint en Angleterre par le chemin qu'il avait déjà parcouru, et revit Londres après environ trois ans et deux mois d'absence. Il resta peu de temps près de son épouse, et, tourmenté par un incessant besoin de voyager, il s'embarqua en 1823 pour l'Amérique du Sud, parcourut la Colombie, remonta le Rio-Magdalena, visita Bogota et quelques autres villes, et mourut à Valencia. Sa veuve s'est reinariée avec l'amiral russe Anjou. Les relations des voyages de Cochrane offrent des détails très-curieux et que nul autre n'a pu mieux donner. La première partie, dédiée à M. Spesanski, gouverneur général de la Sibérie, a été publiée sous le titre de Narrative of a pedestrian Journey through Russia and Siberian Tartary, frontier of China, to the frozen sea and Kamtchatka; Londres, 1824, avec cartes et planches.

ALFRED DE LACAZE. Rose, New biographical dictionary.- ConversationsLexicon.

COCHRANE (Charles STUART), marin anglais. Il était parent des précédents, et capitaine dans la marine royale anglaise. Il stationna longtemps sur les côtes de l'Amérique méridionale pendant les guerres de l'indépendance. On a de lui: Journal of a residence and travels in Columbia during the years 1823 and 1824;

Londres, 1825, 2 vol. in-8°. Les relations publiées depuis quelques années sur la Colombie n'ont pas fait oublier celle de Cochrane. Cochrane a encore fait paraître un ouvrage sur la révolution de 1830; il a été traduit en français, sous le titre de la grande Semaine, récit des événements de Paris, avec des considérations morales et politiques, traduites par Adolphe ; Paris, 1830, in-8°.

Art de vérifier les dates, XVIII, 8e partie. - Quérard, suppl. à la France littéraire.

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*COCHUT (André), publiciste français, né à Paris, en 1812. Ancien rédacteur du journal le National, il est un des plus laborieux collaborateurs de la Revue des Deux Mondes. Il fut chargé, en 1847, par le gouvernement de rédiger un Rapport général sur l'Algérie, pour être distribué aux chambres; et il venait de faire composer cet ouvrage, lorsque la révolution de Février éclata et l'empêcha de le publier. On a en outre de lui une Réaction; Paris, 1832, 2 vol. in-8°; Parvenir; Paris, 1834, in-8°; les Associations ouvrières, histoire et théorie des tentatives de réorganisation industrielle opérées depuis la révolution de 1848; Paris, 1851, in-8°.

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* COCK (Guillaume), physicien anglais, vivait dans la seconde moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Meteorologia, or the true way of foreseeing and judging the weather; Londres, 1671, in-8°.

Adelung, suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrt.-Lexicon.

COCK (Jérôme), peintre et graveur flainand, né à Anvers, vers 1510, mort dans la même ville, en 1570. Artiste laborieux, il grava un grand nombre d'estampes, forma d'excellents élèves, et reçut des marques d'estime de Charles-Quint et de Philippe II. Outre une foule de gravures, dont la plus remarquable a pour titre : Les gros poissons mangent les petits, on a de Cook des suites qui sont très-recherchées; les principales sont: Præcipua aliquot romanæ antiquitatis monumenta;- Operum antiquorum Romanorum hunc inde per diversas Europæ regiones; Divi Caroli V ex multis præcipue victoriarum imagines; 1556, in-8°; Compartimentorum quod vocant multiplex genus, lepidissimis historiolis poetarumque tabulis ornatum; 1566, in-8°;

Pictorum

aliquot celebrium Germaniæ inferioris effigies, etc.; Anvers, 1572, in-8°.

Vasari, Vite dei Pittori.

COCKAINE. Voy. COKAINE.

*COCKBURN (Jean), théologien anglican, vivait vers la fin du dix-septième siècle. On a de lui: an Inquiry into nature, necessity and evidence of christian faith, in several essays; Londres, 1696, in-8°.

Adelung, suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrt.-Lexic.

COCKBURN (Patrice), orientaliste écossais, natif de Langton, mort à Saint-André, en 1559. Il entra dans l'état ecclésiastique, et se rendit à Paris, où il professa longtemps les langues orientales. Soupçonné d'être favorable à la réforme, il retourna en Écosse, abjura le catholicisme, fut le premier pasteur protestant d'Haddington, et devint professeur de langues orientales à Saint-André. On a de lui: Oratio de excellentia et utilitate Verbi Dei; Paris, 1551, in-8°; - de Vulgari Sacræ Scripturæ phrasi; ibid, 1552, in-8°; in Orationem dominicam pia meditatio; Saint-André, 1555, in-8°. De tous les ouvrages que Cockburn a laissés en manuscrits, un seul a été publié; il a pour titre : Commentatio in symbolum apostolicum; Londres, 1561, in-4°.

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Berkenhout, Biograph. literaria, part. I, p. 171.

COCKBURN (Catherine), femme auteur anglaise, née à Londres, le 16 août 1679, morte le 11 mai 1749. Elle était fille de David Trotter, gentilhomme écossais, commandant de la flotte anglaise sous le roi Charles II. De bonne heure elle manifesta de véritables dispositions pour la poésie. Elle se convertit jeune encore à la foi catholique, qu'elle abandonna en 1707. En 1708 elle épousa le théologien et écrivain écossais Cockburn. Les œuvres de Catherine Cockburn portent sur les matières les plus diverses: politique, morale, théâtre, et critique. On a d'elle Agnes de Castro, a tragedy; Londres, 1696: cette pièce, composée à dix-sept ans, eut du succès; Fatal friendship; ibid., 1698 : la meilleure de ses productions théâtrales; Love at a Loss, a comedy; ibid., 1701;a Defence of M. Locke's Essay on human understanding; ibid., 1702; Gustavus Erikson, king of Swede, a tragedy; ibid., 1706, in-4°; Discourse concerning a guide in controversy; ibid., 1707, et 1728, à Édimbourg, avec une préface de l'évêque Burnet; a Letter to doctor Holdsworth concerning the resurrection of the same body: ouvrage également consacré à la défense des doctrines de Locke; Londres, 1726; a Vindication of M. Locke's christian principles from the injurious imputations of doctor Holdsworth; dans la collection de ses œuvres; Remarks upon Rutherforth's Essay on the nature and obligations of virtue; ibid., 1747, in-8°. Biographia britan. Cibber, Lives. dramatica.

-

Baker, Biog.

COCKBURN (Guillaume), médecin anglais, né vers 1650, mort vers 1736. Médecin de la marine, il fut l'un des premiers à observer les maladies particulières aux gens de mer, et se livra d'une manière spéciale au traitement des maladies vénériennes. On a de lui: Economia corporis animalis; Londres, 1695, in-8°; Augsbourg, 1696, in-12; an Account on the nature, causes, symptoms and cure of the distempers that are incident to seafaring people; Londres, 1696, in-12; ibid., 1739, in-8° ce traité spécial sur la médecine nautique a été traduit en plusieurs langues; -a Continuation of the account of the nature, causes, symptoms and cure of the distempers that are incident to seafaring people; ibid., 1697, in-12; Profluvia ventris; ibid., 1702, in-8°;

the Symptoms, nature, causes and cure of a gonorrhoea; ibid., 1713, 1716, 1728, in-8°; traduit en français, sous ce titre : Traité de la nature, des causes, des symptômes et de la curation de l'accident le plus ordinaire du mal vénérien; Paris, 1730, in-12. Carrère, Bibliothèque de la médecine. hist. de la médecine.

Éloy, Dict.

* COCKERAM (Henri), lexicographe anglais, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. On a de lui English dictionary, or interpretation of hard English words; Londres, 1623, in-8°; sous les initiales H. C.

Catal. de la Bibl. bodléienne. - Adelung, supplément à Jöcher, Allemgeines Gelehrten-Lexicon.

*COCKERILL (John), ingénieur belge, d'origine anglaise, né le 3 août 1790, mort en 1840. Il était le plus jeune des trois fils d'un constructeur de machines d'Haslington, dans le comté de Lancastre. A douze ans, il alla rejoindre à Verviers, en Belgique, son père, qui y était allé monter une manufacture et l'avait laissé en Angleterre, chez des parents dont le jeune Cockerill n'eut pas à se louer. En 1807 il s'établit à Liége avec son frère James, et dès lors il manifesta une grande et remarquable aptitude. Les circonstances le laissèrent bientôt seul à la tête de l'établissement. Plus tard, en 1816, John Cockerill fonda l'établissement de Seraing, qui devint bientôt le point central d'une industrie à laquelle le génie du fondateur donna de nombreuses succursales en France, en Allemagne en Espagne et même hors d'Europe, jusqu'à Surinam.

Le passage suivant, emprunté à un article intitulé Souvenirs de voyages, par M. Nisard (Revue de Paris), trace un tableau saisissant de l'étonnante activité de Cockerill. « Tel est, dit cet écrivain distingué, le prince souverain du pays de Seraing. Général, il sait choisir ses lieutenants. Il en a de toutes les nations, anglais, allemands, belges, prussiens, espagnols. Il leur donne sa pensée en partant, et il leur laisse toute liberté pour l'exécution, ne pesant point sur eux, n'outrant pas la surveillance, de sorte qu'il peut s'en aller saus cesser d'être présent, et être présent

sans avoir besoin d'être partout. Dans ses excursions industrielles par toute l'Europe, en même temps qu'il fonde les établissements, il trouve les hommes qui y conviennent, et il crée à la fois la matière et l'esprit, l'âme et le corps. On l'a vu dans la même année accourir du fond de la Prusse polonaise sur les rives du Guadalquivir, et après avoir montré aux pauvres contrées du Nord des sources inconnues de richesse et de bien-être, venir éveiller le génie industriel sur cette terre du Midi sur laquelle se couche fièrement l'Espagnol, comme s'il ne voulait ni prendre pour lui ni laisser prendre aux autres ses innombrables trésors. Pendant que nous disputons sur des chartes et que nous usons nos âmes et nos corps dans ces stériles luttes de la lettre, sous lesquelles marchent sans bruit des faits immenses, John Cockerill court les grands chemins dans sa chaise de poste, creusant çà et là des fourneaux, élevant des cheminées, étendant de vastes tentes; puis, quand tout est fait, installant sa machine à vapeur, qui l'a suivi par derrière, bien étonnée de venir par le roulage, et qui va mettre la vie dans cet amas de briques. Et le lendemain les paysans entendent sortir de la fabrique un grand bruit régulier comme la respiration de quelque monstre énorme, qui commence pour ne pas finir; et John Cockerill remonte dans sa chaise, et les gouvernements signent son passeport comme s'il s'agissait d'un commis en vins, sans se douter que cet homme qui ne dit rien, qui n'écrit rien, est un révolutionnaire bien autrement dangereux pour leur vieux Monde qu'un bel esprit qui aurait franchi leurs domaines les poches pleines de programmes et de manifestes. >>

C'est dans l'intérieur de Seraing qu'il faut surtout pénétrér pour voir à l'œuvre et juger le génie industriel de John Cockerill. « Toutes les applications du fer, dit-il, se font dans la même enceinte. Depuis la mine jusqu'à l'atelier des pièces les plus compliquées, tout se trouve, comme on dit, sous la même clé. Le fer y entre à l'état de minerai et en sort à l'état de machine. A quelque cent pas des hauts fourneaux une houillère fournit le combustible. Des femmes brouëttent des paniers pleins de minerai jusqu'au pied d'un plan incliné en charpente, où sont cloués des rails en fer; espèce de montagne russe qui monte jusqu'à la gueule d'une immense cheminée. Un appareil en bois, posé sur quatre roues, dont les deux dernières sont beaucoup plus hautes que les premières, afin de maintenir en ligne horizontale la planche de l'appareil, reçoit les paniers au bas du plan incliné, et au moyen de chaînes mues par une machine à vapeur la voiture arrive au sommet de la montagne de bois, où deux hommes la déchargént et la versent dans la cheminée béante; après quoi l'appareil redescend, et trouve en bas une nouvelle charge, laquelle est arrivée dans le temps qu'il a mis à monter; tout cela vient à la minute,

hommes et machines; il n'y a pas la moindre déperdition de la force motrice : c'est là le travail d'où s'engendrent tous les autres. Les machines en font le plus difficile et le plus pénible.... Ce ne sont pas les armes d'Achille qui sortiront de ces paniers, mais bien de pacifiques machines, qui, s'il plaît à Dieu, feront tomber l'industrie des armes de guerre; ce sont d'épaisses tôles forgées pour les chaudières à vapeur, ou des cylindres coulés dans d'immenses moules pour recevoir le piston, ou des roues d'engrainage, ou d'énormes volants, roues-mères qui en mettent en mouvement mille autres, ou des balanciers auxquels sont suspendues les tiges des pistons, grands bras de quelque dix mille livres pesant, qui semblent brasser la vapeur dans les cylindres quand c'est en réalité la vapeur qui les soulève comme plume; ce sont mille autres applications du battage et du coulage.

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Le visiteur examine ainsi une à une toutes les parties de l'établissement : « Dans l'atelier des chaudières, il faut renoncer, ajoute M. Nisard, au plaisir et à l'utilité des explications sur le lieu même. C'est un bruit clair et perçant, qui déchire l'oreille. Le marteau frappe incessamment sur ces vastes pièces creuses, en fer battu, dont les flancs gémissent et résonnent comme ceux du cheval de Troie. Il y en a de toutes les formes, etc.... L'argile n'est pas plus souple sous la main du potier que ces épaisses lames de fer battu sous le marteau intelligent du forgeron de Seraing.... Dans l'atelier des locomotives, les machines qui traineront deux mille personnes sur les chemins en fer sont toutes prêtes à partir. Vous diriez des vaisseaux qu'on va lancer à la mer. >>

L'atelier des machines à vapeur, avec ses vastes dépendances, canse surtout à l'auteur de ces notes de voyage un vif étonnement: après une description assez détaillée de tout ce qu'il y voit, et où la tête du lecteur tourne aussi bien que celle du narrateur, il continue : « C'est là que j'ai vu l'application la plus hardie qui ait été faite jusque ici d'une machine dont les résultats sont extrêmement précieux. Il s'agit de donner aux cylindrés des machines à vapeur un tel poli à l'intérieur, qu'en même temps que le fermoir mobile, qu'on appelle le piston, bouche hermétiquement le cylindre, il puisse glisser le long des parois avec le plus de jeu possible, en n'en laissant pas échapper la moindre parcelle, et en lui opposant la moindre résistance. On livre donc à la machine le cylindre brut nouvellement retiré du moule et présentant sur toute sa surface, intérieure et extérieure, ces aspérités, ce grain, qui font ressembler le fer coulé à un granit. Rien de plus simple que l'action de cette machine. C'est une combinaison de roues qui fait marcher en tournant sur elle-même, dans l'intérieur du cylindre, une forte broche en fer, espèce de moyeu où sont fixées, en manière de rayons de roue, quatre ou cinq branches de fer,

dont l'extrémité est un ciseau du plus fin acier, lequel mord les parois du cylindre et en enlève des copeaux circulaires d'une épaisseur déterminée à un cheveu près. Après chaque tour de la roue aux dents d'acier, la machine est poussée en avant, sans secousse, de la largeur de la dent des ciseaux, et aussi successivement jusqu'à ce que le cylindre ait été mis à vif dans toute sa longueur, et qu'on le retire des mains de la machine poli et égal comme l'acier de la plus belle épée. Celui qu'on polissait au moment de notre visite est le plus grand connu dans le monde industriel. Qu'on en juge par la machine à vapeur à laquelle il doit appartenir, et qui devra équivaloir à cinq cents chevaux. L'énorme récipient auquel on destinait un piston de vingt pieds de hauteur, gisait immobile sur un double massif de pierre, comme le fameux tonneau d'Heidelberg sur son chantier, pendant que la roue armée de ciscaux cheminait intérieurement, lui rongeant les flancs, sans bruit, sans mouvement visible, seule, sans spectateurs et sans surveillant, car cette machine n'a besoin de personne. »

Ces citations donnent une idée des travaux considérables qui se faisaient à Seraing. Les chiffres, les sommes qu'on y remuait, résument mieux l'importance de cet établissement. On occupait dans cette usine, qui ressemblait à une petite ville, environ deux mille ouvriers par jour. Leurs salaires s'élevaient à plus de soixantedix mille francs par semaine et la recette brute était de quinze millions par an. Seraing appartenait pour moitié au roi Guillaume de Nassau et à John Cockerill. La révolution de 1830 ayant chassé de la Belgique son royal co-propriétaire, Cokerill acheta au souverain-dépossédé sa part, et demeura ainsi maître de la totalité. Il éprouva d'abord le contre-coup des événements de cette époque, mais bientôt réussit à dominer les circonstances, et Seraing reprit jusqu'en 1838 le cours de ses prospérités. Malheureusement le sort de l'industrie dépend en grande partie du milieu dans lequel elle se meut; les affaires politiques surtout réagissent presque toujours sur elle. C'est ainsi que la cessation des payements de la banque de Belgique en 1838 contraiguit Cockerill à liquider l'année suivante, quoique sa situation fut loin d'être désespérée. Son actif était de vingt-six millions contre un passif de dix-huit. Le repos était impossible à un hontme du caractère de l'industriel belge; Cockerill se rendit en Russie pour y fonder quelque nouvel établissement; mais il mourut sur le chemin de Varsovie. Son corps fut ramené à Seraing. — John Cockerill n'a point laisse de descendants. Son nom est un des plus beaux qui aient figuré dans les annales de l'industrie moderne.

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COCLEMAN (Pierre), helléniste alleinand, vivait dans la seconde moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Opus prosodicum græcum novum; Francfort, 1668, in-8°.

Adelung, suppl. à Jöcher, Allg. Gelehrten-Lexicon. COCLES (Horatius-Publius), héros romain, neveu du consul Horatius Pulvillus, vivait en 507 avant l'ère chrétienne. Il est connu par un acte de courage dont Rome et ses historiens ont gardé la mémoire. La plupart des écrivains racontent le fait à peu près dans les termes employés par Tite-Live; ils ne diffèrent que sur le genre de mort de Coclès. Dans le récit de TiteLive, Horatius Coclès commandait le pont Publicius, par où Porsenna, roi d'Étrurie, après avoir chassé les Romains du Janicule, comptait pénétrer dans Rome. A la vue des fuyards. Coclès en arrête quelques-uns, s'oppose à leur retraite, et leur recommande de mettre en usage tous les moyens possibles de couper le pont, à la tête duquel il s'élance lui-même. Les armes en avant, il résiste aux Étrusques, les apostrophe et leur reproche d'être les esclaves d'orgueilleux tyrans et d'oublier le soin de leur propre liberté pour venir attaquer la liberté d'autrui. Les Étrusques répondent par une grêle de javelots; mais tous les traits demeurent attachés au bouclier de Coclès. On cherche alors à le précipiter dans le fleuve; mais le pont se brise sous tant d'efforts. « Dieu du Tibre, s'écrie alors Coclès', père de Rome, je t'implore; reçois avec bonté dans tes flots ces armes et ce soldat » (Tiberine pater, inquit, te sancte præcor hæc arma et hunc militem propitio flumine accipias ). Aussitôt il se jette dans le Tibre, le traverse à la nage au milieu d'une nuée de flèches, qui ne l'atteignent pas, et va rejoindre ses concitoyens après avoir osé une chose qui trouvera dans la postérité plus de célébrité que de créance (rem ausus plus famæ habituram ad posteros quam fidei). Une statue qui existait encore au temps de Pline fut érigée à Horatius Coclès sur la place des Comices, et on lui donna toutes les terres comprises dans un cercle tracé par la charrue dans l'espace d'un jour. Le peuple tout entier s'associa à ce sentiment de gratitude envers Coclès, et l'on vit durant une disette chaque particulier se retrancher une partie de sa propre subsistance pour contribuer à celle du héros. Florus, Valère Maxime et Sénèque pensent, comme Tite-Live, que Coclès ne fut pas atteint par l'ennemi; tandis que Plutarque, Dion Cassius, Servius et Denys d'Halicarnasse prétendent qu'il fut blessé à la cuisse. Polybe va plus loin; il assure que Coclés périt dans le Tibre. Au rapport de Denys d'Halicarnasse, Coclès était beau; le portrait que fait de lui Plutarque est tout l'opposé : il ajoute que ce Romain s'appelait Coclès, altération du mot Cyclope, parce qu'il était camus, et que rien ne séparait ses deux yeux. Au rapport de Varron, Coclès vient d'oculus, et signifie borgne.

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COCLES (Barthélemy della Rocca, dit), philosophe hermétique, né à Bologne, le 9 mars 1467, mort le 24 septembre 1504. Il étudia la grammaire, la médecine, la chirurgie, les mathématiques, l'astrologie; mais il se livra surtout à la chiromancie et à la physiognomonie. Il avait une telle réputation qu'on venait le consulter de toutes parts. Hermès Bentivoglio, seigneur bolonais, auquel Coclès avait prédit qu'il mourrait en exil, le fit assassiner. Coclès se cacha sous le nom d'André Corvo de la Mirandola. On a de lui: Physionomiæ ac chiromanciæ Anastasis, sive compendium ex pluribus et pene infinitis autoribus, cum approbatione Alexandri Achillini; Bologne, 1504, in-fol.; ibid., 1523, in-fol.; Compendium physiognomiæ, quantum ad partes capitis, gulamque et collum attinet; cui accedit Andreæ Corvi Chiromancia; Strasbourg, 1533, 1536, 1551, 1586, in-8°; traduit en français, Paris, 1546, 1560, in-8°. Cet abrégé, qui fut réimprimé un grand nombre de fois dans le seizième siècle, n'est plus recherché que par les amateurs de curiosités.

Tollius, de infelicit. literat. Varillas, Anecdotes de Florence. Fantuzzi, Notizie degli scrittori bolo

gnesi.

* COCLIUS ou COCLICUS (Adrien), musicographe allemand, vivait à Nuremberg dans le milieu du seizième siècle. On a de lui: Compendium musices, descriptum ab Adriano Petit Coclio, discipulo Josquini de Prés, in quo præter cætera tractantur hæc : de modo ornate canendi, de regula contrapuncti, de compositione; Nuremberg, 1552, in-4°. C'est un livre curieux et utile pour l'histoire de l'art musical.

Fétis, Biographie universelle des musiciens.

rait à la direction de l'instruction publique ; il avait même rédigé un long projet pour un nouveau système d'enseignement; Zurlo, ministre de l'intérieur, fit prévaloir un autre projet d'organisation, et l'éloigna de cet emploi. On voulut le dédommager en lui donnant la direction du trésor public; mais il ne put jamais se consoler de l'échec qu'il avait éprouvé. Dès lors il ressentit les premiers symptômes d'une aliénation mentale, qu'aggravèrent encore les événements de 1815. Il conserva toutefois sa place au trésor. Le prince Léopold, fils du roi Ferdinand IV, lui témoigna un jour le désir de lire son Histoire des révolutions de Naples. Coco, qui s'était livré dans cet ouvrage à de violentes attaques contre le roi et tous les siens, fut épouvanté de cette demande, et perdit complétement la raison, qu'il ne recouvra plus.

Tipaldo, Biografia degli Italiani illustri, t. V, p. 212 COCOLI (Dominique), mathématicien italien, né à Brescia, le 12 août 1747, mort dans la même ville, le 27 novembre 1812. Il se distingua de bonne heure par son goût pour les sciences. A la suppression de l'ordre des Jésuites, il fut nommé professeur de physique et de mathématiques au collège de Brescia, et occupa ce poste pendant plus de trente ans. En 1783 un prix double lui fut décerné par l'Académie de Mantoue pour un mémoire sur la théorie des eaux ascendantes, et peu de temps après le sénat de Venise le nomma membre de la commission chargée de trouver des moyens pour obvier aux ravages de la Brenta. Depuis 1797 Cocoli fut appelé par le gouvernement français à remplir des fonctions où ses talents étaient nécessaires; il devint en 1802 membre du collége des Dotti, et en 1805 inspecteur général des eaux et chemins du royaume d'Italie. On a de lui: Elementi di geometria e trigonometria; Brescia, 1777; Elementi di statica; ibid., 1779.

Tipaldo Biograi. degli Ital.

coco (Vincent), littérateur et homme poli- COCONAS (Annibal, comte DE), homme politique italien, né en 1770, à Campomarano, tique italien, mort le 30 avril 1574. C'est l'un de dans le royaume de Naples, mort à Naples, le ces Italiens qui vinrent chercher fortune en France 13 décembre 1823. Il prit une part active à la sous la régence de Catherine de Médicis. Il se courévolution qui éclata dans sa patrie en 1799, vrit de sang, et se distingua par ses cruautés à parvint à échapper à la réaction que le cardinal la Saint-Barthélemy. Devenu ensuite le favori du Ruffo exerça dans Naples, et se réfugia en France, duc d'Alençon, frère du roi, il fut, avec le sieur où il publia, sous le titre de Revoluzioni di de La Mole, l'agent principal de la faction des poNapoli, l'histoire de cette époque. Elle a été litiques ou malcontents, qui voulait mettre ce traduite en français; Paris, 1800, in-8°. Après prince sur le trône au préjudice de Henri III, la bataille de Marengo, Coco rentra en Italie, et alors en Pologne. Les princes, leurs courtisans, eut la direction du Giornale italiano. Il s'occupa les maîtresses des uns et des autres, organisèrent d'un roman philosophique dans le genre le complot avec la discrétion et le mystère qui jeune Anacharsis. Son Platone couvrent d'ordinaire les intrigues politiques où il y Milan, en 1806, 3 vol. in-8°. a des femmes. Aussi Catherine de Médicis en futrère de Vieusac a donné une elle bientôt informée. Elle surveilla les princes, Paris, 1807, 3 vol. in-8°, et les fit garder à vue. Le roi de Navarre, le en Italie. Joseph Bona- prince de Condé, le duc d'Alençon, fatigués de ten 1806, nomma Coco cette contrainte, résolurent de se faire enlever conseil royal, de la par leurs partisans; mais l'alarme fut donnée État. Coco aspi-l'avance: l'entreprise échoua. La cour, alarmée,

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