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ITALIE.

Le pape Léon XIII vient de prendre une série de mesures libé

le service de la bibliothèque vaticane, il a augmenté le nombre d'heures rales qui lui assureront la reconnaissance du monde savant. Il a réorganisé

et de

du

jours de travail, et il vient de former un comité pour la publication Un autre comité a été formé pour la publi

cation des documents les plus importants contenus dans les archives ponti

Satalogue des manuscrits.

ales.

trava

Le nouveau comité autorisera la communication de documents aux ailleurs du dehors, pour lesquels on disposera un local. L'Accademia di Conferenze Istorico-Giuridiche, créée par Léon XIII, qui est une vraie école pratique d'histoire et de philologie semblable à notre Ecole des hautes études, contient des hommes éminents et va publier une revue trimestrielle : Studito e documenti di storia e diri (sous la direction de MM. C. Re et G. Spalti. Palazzo Spada, 22 fr.) En rompant ainsi avec les traditions mystérieuses et défiantes de ses prédécesseurs, Léon XIII est rentré dans la tradition glorieuse des pontifes de la Renaissance, amis et promoteurs des études libérales (R. H.)

-

Dans un Motu proprio du 18 janvier, le pape Léon XIII règle les conditions pratiques relatives à la publication des œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin, dont on sait qu'il a déclaré solennellement vouloir restaurer l'influence : « Pour que l'honneur en soit assuré à notre auguste ville de Rome, nous voulons que l'édition dont nous parlons soit faite par l'imprimerie de la Sacrée Congrégation de la Propagande, déjà célèbre par d'autres publications considérables et de grand mérite. Pour veiller et pour présider à ce travail nous nommons trois cardinaux de la sainte Eglise romaine (les cardinaux de Luca, Simeoni et Zigliara.) Qu'ils pourvoient à ce que tous les ouvrages sans exception du docteur Angélique soient intégralement publiés, et qu'ils les fassent suivre des célèbres commentaires de Thomas de Vio, cardinal Cajetan sur la Somme théologique et de François de Sylvestris, le Ferrarien, sur la Somme contre les gentils. Qu'ils veillent soigneusement aussi à la beauté et à la correction typographiques et à l'heureux succès de tous les détails d'exécution. Quant aux frais, Nous donnons de Notre chef trois cent mille livres italiennes pour subvenir aux dépenses immédiatement nécessaires. Pour les dépenses ultérieures, Nous voulons qu'elles soient faites par la Sacrée Congrégation de la Propagande, qui se remboursera, jusqu'à concurrence des frais, sur le produit de la vente des ouvrages. Si ce produit donne un excédant, Nous voulons qu'il soit employé tout entier à la publicité des écrits de ceux qui ont le mieux commenté les œuvres de saint Thomas. >»

PORTUGAL. Au commencement de l'année a paru à Oporto le premier numéro de la Revista das tradoçoes portuguesas. Cette revue, qui comble une lacune dans la littérature du folklore, est rédigée par MM. Adolpho Coelho et Theophilo Braga, avec la collaboration de M. Consiglieri Pedroso, tous trois professeurs à l'Ecole supérieure des lettres de Lisbonne. La nouvelle revue comprend dans son domaine la masse des productions traditionnelles et anonymes (contes, chansons, ballades, superstitions, prières magiques, jeux enfantins, etc.) non encore recueillies.

Un nouvel ouvrage de M. Théophile Braga, les Origines poétiques du Christianisme doit paraître bientôt dans la Bibliotheca das sciencias philosophicas récemment fondée à Oporto.

M. de Vasconcellos-Abreu doit publier quelques lectures faites par lui à l'Ecole supérieure des lettres de Lisbonne sur la religion des hymnes védiques.

RUSSIE. Nous empruntons au Temps (Correspondance de Saint-Pétersbourg du 7 février) de curieux détails sur des faits de possession démoniaque et de sorcellerie :

« La cour d'appel de Saint-Pétersbourg vient de reconnaître l'existence légale d'une maladie mystérieuse que le peuple continue d'attribuer à la possession démoniaque, et que la science moderne a appelée du nom d'hystéro-épilepsie. Aujourd'hui, ce n'est plus à la présence du diable, ni à l'effet d'un sort jeté par une sorcière qu'on devra attribuer les désordres nerveux produits par l'excitation démesurée de la moelle épinière. Ce progrès, car c'en est un, s'il n'avance pas la guérison des malades, leur assure au moins la protection de la loi. Jusqu'à présent les possédés pouvaient être assimilés aux imposteurs qui simulent une maladie : les plaintes qu'ils élevaient contre l'individu qu'ils soupçonnaient de leur avoir jeté un sort étaient punies comme de fausses délations. Ce n'est qu'à la suite d'une longue série d'épreuves et après avoir passé par toutes les instances qui séparent l'humble tribunal de village de la cour d'appel de Saint-Pétersbourg, que les démoniaques du village de Tipoguino ont été reconnus innocents, et que remise leur a été accordée de la peine prononcée contre eux. Voici en deux mots de quoi il s'agit dans ce district de Tichvine où la superstition semble profondément enracinée (et où il n'y a pas longtemps quelques centaines de paysans s'assemblèrent et brûlèrent en plein jour une malheureuse femme qu'ils accusaient du crime de magie) dans ce district, disonsnous, presque toute la majorité féminine d'un village fut subitement atteinte d'accès nerveux d'une violence indescriptible: les malades poussaient des hurlements, et si on les interrogeait sur la cause de leur maladie, elles donnaient toutes pour réponse que leur état était dû aux maléfices de la femme Harlamof. Un paysan, Alekseef, ne put échapper à la contagion ; lui aussi reprochait à la femme Harlamof de l'avoir ensorcelé. La population tout entière s'émut. On avait entendu la Harlamof proférer des menaces: <«< Vous vous souviendrez longtemps de moi. » Prophétie redoutable, car les personnes auxquelles ces mots s'adressaient ne tardaient pas à être frappées. Les paysans, réunis en assemblée, délibérèrent de porter plainte devant la juridiction locale. Le tribunal fit comparaître les malades et la sorcière, et décida finalement que l'affaire était du ressort du juge de paix. Ici, les choses prirent une tournure inattendue. Les plaignants devinrent les accusés, on leur reprocha d'avoir faussement déclaré que la femme Harlamof leur avait jeté un sort. Les femmes malades furent condamnées à quatre mois d'emprisonnement dans une maison de correction, et, à défaut d'un établissement de ce genre, dans une prison. Alekseef se vit condamné à recevoir cinquante coups de verges.

>> Les condamnés interjetèrent appel, représentant humblement dans leur requête que ce châtiment ne ferait qu'aggraver leur maladie, et que les soins d'un médecin leur seraient plus nécessaires que ceux d'un geðlier.

>> La cour d'appel de Saint-Pétersbourg ne resta pas sourde à leur cri de détresse. Sans s'arrêter sur un article du Code pénal (3937) qui punit de la peine du fouet ou de l'emprisonnement dans une maison de correction tout démoniaque qui accuse de maléfice un individu quelconque, elle déclara que la possession peut n'être pas feinte, et que, si elle est réelle, elle doit être rangée au nombre des maladies nerveuses et hystériques. Pendant l'audience deux femmes furent prises d'un accès violent. Les médecins appelés à constater leur état déclarèrent qu'une des malades présentait des symptômes indéniables d'épilepsie; ils furent moins affirmatifs pour la seconde. La cour acquitta tous les accusés, s'inspirant de l'esprit plutôt que de la lettre du Code.

» Il n'est pas rare en Russie que la population féminine d'un village de vienne subitement atteinte d'une série de phénomènes nerveux, dont la bizarrerie et la violence sont attribuées au pouvoir du malin esprit incarné dans une vieille femme. Chose curieuse, cette maladie si irrésistiblement contagieuse est circonscrite dans le village, et n'en franchit pas les limites. Jamais on ne voit les paysannes des villages environnants frappées du même mal, et cependant les conditions d'existence, de milieu, de climat, sont les mêmes. C'est donc dans une influence locale qui s'adresse à l'imagination superstitieuse d'un endroit particulier qu'il faut chercher la cause du mal. Le pouvoir d'une sorcière est sans doute limité à une région déterminée, au delà de laquelle il est sans force. L'exorcisme est fréquemment employé comme remède contre la possession; la mort de la sorcière est cependant considérée comme le moyen le plus efficace. »

SCANDINAVES (PAYS). Dans un discours prononcé récemment dans une séance de la société des sciences de Chistiania, M. Sophus Bugge a déclaré que la plus grande partie de la mythologie de l'Edda s'est formée par le mélange des légendes gréco-romaines et des légendes chrétiennes introduites dans le Nord par les races celtiques. C'est ainsi qu'il trouve de grandes ressemblances entre Thor et Hercule, Hymir et Oinée, Geirrad et Geryon, Utgardloki et l'Acheloüs, entre Minerve et Mimir, entre Loki et Lucifer etc; les fils d'Arngrimm sont les Argonautes (Argo-nati); la Vala est la Sibylle (Sivulla, si étant l'article vieil anglais se, fém. seo) etc. Baldr est semblable à Achille; comme le héros grec, il est, grâce à sa mère, invulnérable, sauf dans une partie du corps; le meurtrier de Baldr, Hodhr, n'est autre chose que Pâris, qui, d'après certaines traditions, a tué Achille; la femme de Hodhr, Nanna, est Oenone la première femme de Paris, et Nanna, nous dit Saro, a été, de même qu'Hélène, la cause d'une longue guerre etc. M. Bugge retrouve aussi dans la figure de Baldr des traits du Christ: Baldr et le Christ sont tous deux frappés par un aveugle (Baldr par Hædhr et le Christ par Longin) : tous deux meurent par trahison et au milieu du deuil de la nature entière; tous deux ressuscitent pour établir dans l'univers le règne de la justice. Le mémoire de M. Bugge paraîtra bientôt sous forme de volume. (R. C.)

Dans une autre séance de la même société, M. Bang a lu un mémoire sur la Voluspa (Voluspa og de Sibyllinske orakler). Le chant de la Voluspa n'est, selon lui, qu'une copie des prophéties pseudo-sibyllines répandues par le christianisme et destinées à propager les doctrines chrétiennes sous une forme païenne. M. Bang identifie, comme M. Bugge, le nom de la Vala avec Si-Bylla, Voluspa est la traduction littérale de Sibyllæ oraculum; comme les oracles sibyllins, la Voluspa est divsiée en deux parties, l'une relative au passé et l'autre qui regarde l'avenir (R. C.)

- Le bulletin historique du Danemark de M. Steenstrup, publié dans la Revue historique de janvier-février 1880, signale un ouvrage de M. Sthyr, professeur de théologie, intitulé: Les Luthériens en France dans les années 1524-1526. (Lutheranerne i Frankrig i Aarene 1524-1526, 1879). « L'auteur a travaillé dans les archives de Paris et connaît à fond les livres composés en France sur le sujet. Depuis la publication de la grande collection de Herminjard (correspondance des Réformateurs), plusieurs des faits qu'il rapporte sont moins nouveaux, mais beaucoup de ses recherches sont dignes d'attention. Le but principal de l'auteur est de prouver la fausseté de cette thèse de Merle d'Aubigné que Jacques Le Fèvre d'Etaples avait professé la doctrine. de la justification par la foi avant Luther et qu'ainsi il faut chercher les origines de la Réforme en France et non en Allemagne ou en Suisse. Certes, si Le Fèvre avait fait, en 1512, à l'Université de Paris, des cours de théologie dans un esprit protestant, il aurait fait sensation et on ne l'aurait pas totalement oublié ; mais Le Fèvre n'a jamais eu aucun grade théologique, il n'a pas été docteur en Sorbonne et n'a jamais fait de cours à l'Université. Plusieurs années après 1512 on le voit catholique bigot, zélé pour la messe et pour l'adoration des saints. En 1510 il était encore occupé à écrire une histoire des martyrs, dans un esprit tout à fait catholique : c'est en 1521 seulement qu'il rompit avec les papistes, à cause de leurs invectives contre Luther. Le Fèvre était un humaniste comme Erasme; c'est seulement l'influence de Luther qui le rendit protestant. Cette question est traitée avec perspicacité par M. Sthyr. »

SUISSE.-M. le pasteur Emile Egli vient de publier, sous les aupices du gouvernement zurichois, une importante collection de documents relatifs à l'histoire de la Réforme : Actensammlung zur Geschichte der Zürcher Reformation in den Jahren 1519-1533, un volume grand in-8 de vi-947 pages. Cette collection, qui renferme le texte ou le résumé de plus de 2,000 pièces est, pour l'histoire intérieure de Zurich durant ces quatorze années, le pendant exact de ce que le travail de M. l'Archiviste Strickler (Actensammlung zur Schweizerischen Reformationsgeschichte in den Jahren 1521-1532) est pour l'histoire de la Confédération tout entière. Quand M. Strickler aura lui-même achevé son œuvre et M. le chancelier de Stürler terminé la publication des Documents officiels de la Réformation bernoise, on possédera dans ces différents recueils, comme dans les volumes correspondants des Recés fédéraux, masse énorme de matériaux qui permettront enfin à la critique d'étudier les origines, les progrès, les conquêtes et les revers de la Réformation au temps de Zwingli. (R. H.)

une

GÉNÉRALITÉS ET DIVERS.

N. SIOUFFI. Etudes sur la religion des Soubbas ou Sabéens; leurs dogmes, leurs mœurs par M. N. Siouffi, vice-consul de France à Mossoul. Paris, imprimerie nationale (XI, 211 p. 8.)

J. MOHL.

7 fr. 50.

Vingt-sept ans d'histoire d'études orientales. Rapports faits à la Société Asiatique de Paris, de 1840 à 1867. T. 1er Paris, Reinwald. XLVII, 558 p. 8.)

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CH. WIENER. - Pérou et Bolivie, Récit de voyage suivi d'études archéologiques et ethnographiques. (Ouvrage contenant plus de 1.100 gravures, 27 cartes et 18 plans.) Paris, Hachette (XI, 800 p. 8.)

25 fr. SCHI-KING. Das Kanonische Liederbuch der Chinesen. Aus dem Chinesischen uebersetzt und erklært von Victor v. Strauss. Heidelberg C. Winter. (528 p. 8.) 17 m.

R. HARTMANN

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Die Volker Afrikas. Leipzig, Brockhaus, 1879 (XXIII, 342 p. 8 avec 94 grav). Le même, en français: Les peuples de l'Afrique. (Bibliothèque scientifique internationale.) Paris, Germer Baillière, 360 p. 7 fr. 50. A. NORDENSKIOLD. Arctic Voyages. 1858-1879. With illustrations and Maps.-London, Macmillan (440 p. 8)

16 s.

A. E. Lux. Von Loanda nach Kimbundu. Ergebnisse der Forschungsreise im æquatorialen West-Afrika (1875-1876) mit 24 holzschn. 5 lithog. Bildern, 3 Karten und 1 plan. Wien, Holzel (VIII, 219 p. 8.)

3 fr. 50.

S. BERTHELOT. Antiquités canariennes ou annotations sur l'origine des peuples qui occupèrent les îles Fortunées depuis les premiers temps jusqu'à l'époque de leur conquête. Paris, Plon. (253 p. in-4 et 20 pl.)

25 fr. H. BARTHETY. La Sorcellerie en Béarn et dans le pays basque, conférence etc. suivie des Pratiques de sorcellerie et superstitions populaires du Béarn. Ribaut (87 p. 8.)

L. P. DI CESNOLA. Cypern, seine alten Stædte, Græber, Tempel. Bericht ueber 10 jahrigen Forschungen und Ausgrabungen. Deutsche Bearbeitung v. L. Stern. Mit einleit. Vorwort v. G. Ebers. Mit mehr als 500 in den Text. u. auf 96 Taf. gedr. Holzschn. — Illust., 12 lith. Schrift-Taf. u. 2 Karten. Jena, Costenoble, 1879. In-8 (en deux parties XXII, 442 p. 40 m.

Tres relaciones de Antiguedades peruanas. Publicadas el ministerio de Fomento con motivo del Congresso internacional de americanistas que ha de celebrarse en Bruselos el presente an. Madrid. impr. y fund. de M. Tello (XLIV, 328 p. 4.)

15 fr. C. HICKISCH. Die Tungusen, Eine Ethnologische Monographie. Inaugural dissertation. St Petersburg (Dorpat, Karow) III, 120 p. in-8) 2 fr. 50. El Imperio de Marruecos, antecedentes historicos, Geografia, Razas, Religion etc. Madrid, Murillo. (296 p. et 1 cart. 8.) 3 fr. JJ. SHORT. The North Americans of antiquity: Their Origins, Migra

LLANA et RODRIGANEZ.

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