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jeunesse studieuse. J'ai entendu dernièrement un jeune homme muni du certificat d'études primaires, dire textuellement : « Je suis venu après la clef (de la maison) ousque mon cousin est demeuré ».

Que conclure de cette petite excursion dans notre vocabulaire dunkerquois ?

Travaillons à corriger nos défauts de langue, sans rougir de nos origines flamandes. Le flamand reste l'automobile de l'avenir, le véhicule le plus sûr et le plus facile pour apprendre l'anglais et toutes les langues du Nord.

(1200-1901)

PAR

M. EMILE MANCEL

Le nom des Jacobsen est resté populaire à Dunkerque et c'est justice, car l'amiral Michel Jacobsen et ses fils, principalement Jean, le héros du Saint-Vincent, furent comptés parmi les meilleurs corsaires de la marine dunkerquoise, à la fin du XVIe siècle et au commencement du XVIIe.

C'est en pensant à leurs exploits que, peu d'années après la mort de Michel Jacobsen, Sarasin, dans son Histoire du Siège de Dunkerque, disait :

« De ce havre (Dunkerque) sortaient les frégates qui >> assiégeaient l'embouchure de nos rivières, et qui » s'étaient rendues si redoutables dans toutes nos côtes >> des mers du Ponant. L'antiquité n'a point connu » d'hommes plus déterminés sur la mer que les Dun>> kerquois, et nous ne lisons point d'actions navales

plus hardies que celles qu'ils ont exécutées. En vérité >> nous aurions peine à croire que cette ville seule eût >> affaibli le commerce du plus puissant royaume de >> l'Europe, et résisté à ces flottes hollandaises, qui vont >> jusques au Nouveau Monde enlever des provinces

>> entières à l'Espagnol, si nous n'avions pour un témoi» gnage funeste, mais irréprochable, de leur fureur et » de leur vaillance, les pertes de nos marchands, et >> les vains efforts des navires des Etats; et si nous » n'écrivions ces choses, après le consentement géné>>ral de notre siècle... » (1).

Malheureusement pour l'époque où se distinguaient les Jacobsen, les Rombout, les Colaert, les Dauwère, de Koster, Dorne, Dierixsen, les Bart (Antoine, Michel, Gaspard, Cornil) et plus récemment Pieters et Maes (2), les documents nous manquent pour apprécier comme il convient les hauts faits de tous ces vaillants marins. Faulconnier lui-même n'a pu que relater des exploits

(1) Les œuvres de M. Sarasin, Paris, veuve Sébastien Mabre-Cramoysy, M.DC.XCVI, page 23. La première édition des œuvres de Sarasin a été donnée par Ménage en 1656, in-4 (Paris, Aug. Courbé).

(2) Rombout, Mathieu (Faulconnier, Histoire de Dunkerque, I, pp. 112, 132, 139, 150. De Boismélé. Histoire de la Marine, II. p. 131. Hydrographie du P. Fournier, p. 177. Biographie Dunkerquoise, 1837, p. 75).

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Rombout, Gaspard. Faulconnier I, 103, 112.

Colaert, Jacques, Faulconnier I, 110, 128, 138, 141, 142. Biographie Dunkerquoise, 33.

Colaert, Antoine. Faulconnier I, 139. Biographie Dunkerquoise, 34.

Colaert, Michel.

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I, 128,

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Bart, Antoine, arrière grand-père de Jean-Bart. Ce capitaine corsaire commandait en 1572 l'un des bâtiments qui escortaient les busses de pêche pour les défendre contre les Hollandais.

Bart, Michel, gendre de l'amiral Michel Jacobsen et grand-père de Jean Bart, mourut des suites de blessures reçues dans un combat naval. Bart, Gaspard, frère du précédent et grand-oncle de Jean Bart, survécut au désastre du Saint-Vincent (Faulconnier I, 126).

Bart, Cornil, père de Jean Bart, capitaine corsaire, décédé à la suite d'une blessure reçue dans un combat naval (enquête faite sur la famille de Jean Bart, par le lieutenant-général de l'amirauté de Dunkerque, 7 avril 1695).

Maes, Mathieu (Biographie Dunkèrquoise, 76).
Pieters, Josse (

id.

71).

dont la mémoire était conservée par la tradition locale. Toutefois, à défaut de détails qu'il aurait été précieux d'étudier, il est permis d'envisager dans leurs lignes générales, les succès répétés des hardis corsaires qui, sous le pavillon local ou sous l'étendard du roi d'Espagne, luttaient contre leurs ennemis, pour défendre leur cité avec un acharnement sans pareil.

A cette époque, il se formait une véritable marine dunkerquoise, armée soit par des particuliers, soit par l'échevinage. Destinée d'abord à protéger les busses ou bateaux de pêche du pays, elle ne pouvait tarder à prendre l'offensive contre les Anglais et les Hollandais. Ces derniers, de leur côté, faisaient les plus grands efforts pour couvrir leurs flottilles de pêche dans la mer du Nord et escorter leurs convois marchands dans la Manche.

Une lutte terrible, acharnée, commençait. Les pêcheurs flamands, devenus corsaires furent bientôt les premiers marins de l'époque et luttèrent longtemps, avec avantage, contre les puissances voisines les plus considérables, la France, l'Angleterre et la Hollande.

Legouvernement espagnol voulut avoir à Dunkerque un arsenal maritime pouvant servir à la construction, à l'armement et au ravitaillement de la flotte royale. << En Flandre, dit le Père Georges Fournier (1), l'ar>> senal d'Espagne a été longtemps à Anvers; on a vu >> autrefois en ce havre deux mille cinq cents navires, >> sans y comprendre ceux qui demeuraient à la rade >> deux ou trois semaines avant que pouvait y entrer.

(1) Hydrographie contenant la théorie et la pratique de toutes les parties de la navigation. Paris, Jean Dupuis, M. DC. LXVII, un v. in-f

p. 74.

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