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CONCLUSION.

Nous sommes enfin arrivé au terme de notre travail. Nous regrettons de n'avoir pu faire usage, eu égard au petit nombre de volumes que nous avions à remplir, d'une foule de matériaux précieux qui eussent augmenté considérablement les proportions du livre. Ainsi, a-t-il fallu abréger toute la partie consacrée aux temps antiques et concernant l'histoire des mœurs de la Grèce, de Rome et du Bas-Empire; nous avons, par exemple, laissé de côté les deux fameux passages qui sont supprimés dans les anciennes éditions de Procope (voy. dans le Menagiana, édit. de 1715, t. I, p. 347 et suiv., ces deux passages rétablis d'après les manuscrits du Vatican); mais, en revanche, nous nous félicitons du développement que nous avons donné à nos recherches sur l'histoire des mœurs en France, depuis les temps barbares jusqu'au règne de Henri IV, où s'arrête notre ouvrage. On ne perdra pas de vue que cet ou

vrage est le premier qui ait été entrepris sur un sujet qui n'intéresse pas moins le moraliste et le philosophe, que le législateur et l'archéologue. La lenteur même avec laquelle cette importante publication a été conduite, témoigne assez que l'auteur ne voulait pas devoir le succès d'une œuvre aussi sérieuse à l'impatiente curiosité des lecteurs frivoles.

Nous croyons avoir prouvé, dans cette vaste composition historique, que les philosophies et les religions anciennes étaient les auxiliaires plus ou moins coupables de la Prostitution; que la véritable morale des honnêtes gens n'existait pas avant l'établissement du christianisme; que le rôle principal de cette religion régénératrice, au milieu du monde païen et idolâtre, a été surtout de fonder le culte des mœurs, et que les mœurs, en s'épurant au creuset de la famille chrétienne, ont créé la civilisation moderne. Nous avons étudié avec impartialité les désordres terribles et secrets de la Prostitution dans le sein des sociétés; nous avons montré que de tous temps cette hideuse expression du vice s'est produite audacieusement en face des lois divines et humaines, qui s'efforçaient de l'étouffer et qui ne pouvaient que l'affaiblir et l'enchaîner; enfin, nous avons soigneusement constaté les formes diverses et multiples, que la dépravation a prises à chaque époque, sous l'empire des événements généraux et des influences individuelles qui ont pesé sur la moralité publique.

Il résulte de nos convictions, appuyées sur une

longue série de faits, que la Prostitution légale, c'est-à-dire autorisée ou plutôt tolérée par la loi, n'a jamais eu de liens ni de rapports, même indirects, avec l'état permanent des mœurs du pays, et qu'elle reste toujours enfermée dans un cercle borné qui ne s'agrandit qu'en raison de l'accroissement de la population; mais, au contraire, les mauvaises mœurs, les plus dangereuses et les plus envahissantes, qui n'ont rien de commun avec cette vile espèce de Prostitution, peuvent se développer d'une manière affreuse dans les classes élevées et gangrener, pour ainsi dire, le cœur de la nation, si le gouvernement et les hommes qui le représentent ne travaillent pas à combattre l'émulation du vice parmi la jeunesse et ferment les yeux sur la pire des prostitutions, sur cet amour féroce et insatiable de l'argent, qui dévore la génération actuelle.

De notre ermitage de Saint-Claude, 1er janvier 1854.

PIERRE DUFOUR.

TABLE DES
DES MATIÈRES

DU SIXIÈME VOLUME.

FRANCE.

SOMMAIRE.

CHAPITRE XXXV.

· La Prostitution dans les modes. - Histoire du costume, au point de vue des mœurs. L'amour du luxe mène à la débauche. Les ordonnances somptuaires des rois. - Simplicité du costume national des Français. - Commencements de la licence des habits. Les moines de Saint-Remi de Reims

-

Souliers à la poulaine.

La poulaine « maudite de Dieu. »> Anathèmes ecclésiastiques contre cette mode obscène. Les becs de canne. Les croisades apportent en France les modes orientales. Le culte de la Mode, selon Robert Gaguin. -L'homme s'efforce de ressembler au démon. - Les cornes et les queues sous Charles VI. Exagérations du moule de Définition du vêtement honnête, suivant Christine de Pisan. - Les modes d'Isabeau de Bavière. Robes à la grand'gore. - Préjugés contre les femmes qui se lavent. Les muguettes. Les tirebrayes. — Les bains et les étuves. — Modes des hommes au quinzième siècle. Mahoitres. Braguettes. Les basquines et les vertugales. Leur origine et

l'habit.

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