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scavent que lesdits quidan ou quidans malfaicteurs, estant advertiz de la poursuite criminelle que l'on faisoit contre eux, se seroient enfuis de ceste ville pour eschapper et eviter l'exécution de certain arrest de la Cour, du mois d'aoust dernier, et que, ce néantmoins, iceux quidans ou aucuns d'eux auroient dit, recité et publié en divers lieux et endroits à diverses personnes et en diverses compagnies aucuns desdits sonnets, satyres ou autres poésies ou partie, comme estans de leur œuvre et façon, et dit et proféré en divers lieux les mesmes blasphesmes et impietez contenues, comme aussi sollicité, suborné et corrompu plusieurs esprits de la jeunesse pour les induire à croire les mesmes impietez et blasphes

etc, » Mais ce monitoire ne provoqua que des dénonciations vagues et ridicules, qui ne fournirent aucune charge nouvelle contre Théophile. Celuici se défendait avec beaucoup de force et d'adresse, ce qui donna aux gens de lettres le courage de le défendre aussi dans une foule de brochures en vers et en prose; ses ennemis, et surtout les jésuites, se distinguèrent, de leur côté, dans cette guerre de plume qui ne fit qu'envenimer la question et rendre plus critique la position de l'accusé. Il était encore en prison, attendant son jugement, quand l'amour du gain poussa des imprimeurs de province à réimprimer les ouvrages satiriques qui avaient fait naître ce redoutable procès. Ce fut sans doute à Lyon et à Rouen, que l'on trouva

des presses pour reproduire subrepticement l'Espadon satyrique, le Cabinet satyrique et le Parnasse satyrique. Ces contrefaçons, mal imprimées sur un horrible papier, étaient pleines de fautes grossières et ne portaient aucun nom de libraire, avec le millésime de 1625; celle du Parnasse avait pour titre le Parnasse satyrique du sieur de Théophile, comme pour fournir une arme de plus contre le malheureux poëte qui était dénoncé ainsi publiquement sur le frontispice du livre qu'on lui attribuait. Était-ce une atroce perfidie de la part d'un ennemi caché, ou bien le honteux résultat d'une spéculation de libraire?

Quoi qu'il en soit, l'affaire de Théophile était presque oubliée, quand le procès fut revisé à l'avantage du poëte. « C'est une affaire qui, selon la coutume, fit un grand bruit à sa nouveauté, écrivait Malherbe à Racan dans une lettre du 4 novembre 1625; depuis, il ne s'en est presque point parlé. Ce qui m'en donne plus mauvaise opinion, c'est la condition des personnes à qui il a à faire (les jésuites). Pour moy, je pense vous avoir escrit que je ne le tiens coupable de rien, que de n'avoir rien fait qui vaille au mestier dont il se mesloit. S'il meurt pour cela, vous ne devés pas avoir de peur; on ne vous prendra pas pour un de ses complices. » Cette cruelle persécution eut un terme. Théophile, dans les débats de son procès, confondit les témoins qui déposaient contre lui et fit tomber la plupart des

charges, sous le poids desquelles on l'avait d'abord accablé. Le parlement révoqua la sentence et se contenta de le bannir de la capitale. Ainsi fut inaugurée la législation criminelle contre les mauvais livres, nuisibles aux bonnes mœurs et attentatoires à l'honnêteté publique. Le pauvre Théophile mourut, peu de mois après, des suites de sa longue et douloureuse captivité (le 25 septembre 1626). Il venait d'être gracié par le roi, et il avait pu revenir à Paris, au milieu de ses joyeux amis, lesquels furent bien étonnés de lui voir faire une mort édifiante, ce qui n'a pas empêché le jésuite Raynaud de soutenir que l'auteur du Parnasse satyrique était mort dans l'impénitence finale (nullis expiatus sacramentis) et s'en était allé droit en enfer (abiit in locum suum). Malgré la jurisprudence établie par le procès de Théophile Viaud, le parlement laissa passer impunément bien des livres du même genre que le Parnasse satyrique, avant de renouveler des poursuites contre les auteurs et les publicateurs de ces poésies obscènes; il n'eut pas même l'air de savoir que les réimpressions des ouvrages satiriques qu'il avait poursuivis et condamnés, se multipliaient de tous côtés. La Muse folâtre, qui ne le cédait en rien au Parnasse satyrique, était réimprimée, par exemple, tous les ans, dans le format le plus commode; les Muses gaillardes, la Quintessence satyrique, le Dessert des muses et d'autres recueils analogues, répandus à profusion, portaient gravement atteinte à la morale et réchauf

faient sans cesse les germes impurs de la Prostitution; mais nous ne voyons pas dans les annales judiciaires, que les poètes et les libraires aient été compromis à cause de leurs publications licencieuses, jusqu'à la majorité de Louis XIV, où commence, dans l'intérêt des bonnes mœurs, un déploiement inusité de mesures de rigueur contre tous les genres de corruption. Théophile n'avait pas été brûlé, Berthelot n'avait pas été pendu sous Louis XIII; mais un satirique, Louis Petit, coupable d'avoir composé des vers moins abominables que ceux du Parnasse satyrique, périt sur le bûcher en plein siècle de Louis XIV.

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sous Charlemagne. Fondation de la Confrérie de la Passion.

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La Vie de madame sainte Barbe.

Obscénité du costume et de la pantomime. Les diables et les anges. Éclairage de la salle. Les Enfants-sans-souci et les Clercs de la Bazoche. Le Jeu des pois pilés. Censure théâtrale. Désordres des comédiens. femmes ont commencé à paraître sur la scène.

- A quelle époque les

-

Les Gelosi et

les acteurs espagnols. Les plus anciennes actrices françaises.

Le parlement défend de jouer les mystères. Les farces du seizième siècle. Leur saleté.

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La plupart ont été détruites.

Le Recueil de Londres et celui du

Le Recueil de plusieurs farces, tant an-
Extraits. La Farce de frère Guille-

bert et son Sermon joyeux.

Les chausses de saint François.

- Grand nombre des farces. Tolérance de l'autorité civile à

l'égard du théâtre. - Titres de plusieurs farces graveleuses.

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