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Chez L'ÉDITEUR, rue de Vaugirard, No. 61.

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N. I.

(Ire. ANNÉE).

5 Avril 1816.

PANORAMA

D'ANGLETERRE,

JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, HISTORIQUE.

Rien n'empêche de dire la vérité....

en riant.

TANT PIS! TANT MIEUX!

PARADE D'INTRODUCTION.

(La scène se passe dans une contre allée du jardin des Tuileries.)

Sir William P***, ex-étudiant de l'université d'Oxford, s'amuse à lire le NAIN ROSE: son respectable tuteur Wilson dort un MERCURE à la main. Quelqu'un s'avance.

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SIR WILLIAM.

Eh! bon jour donc, sir William.

Mais je ne me trompe pas; c'est vous, mon cher Ch....? Ah! l'agréable rencontre! Asseyez-vous donc.

L'INCONNU.- Depuis quand à Paris?

SIR WILLIAM.

Depuis un mois. J'ai bien des choses à vous raconter depuis notre entrevue d'Oxford.... J'ai quitté l'Université........ Vous savez bien cette petite gantière....

L'INCONNU.

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Laquelle?..... car dieu merci vous autres messieurs d'Oxford accaparez toute la ganterie de Woodstock... Est-ce la grande Fanny, la petite Mary, la blonde Emma ?

SIR WILLIAM. Fi donc!... Vous rappelez-vous certaines petites promenades... au temps des vacances... Vous étiez si railleur et moi si gai!

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L'INCONNU. J'y suis, j'y suis; peste... Eh bien? SIR WILLIAM (plus bas). - La dame m'a ruiné..... j'ai fait des dettes... 5000 liv. st.; ces quatre petits chiffres placés au bas du mémoire du collège, ont effrayé mon père... Quinze jours après j'étais à Londres. Craignant de nouvelles sottises, il veut que je parcourre le Conti

nent. J'ai donc été gratifié du noble tuteur que vous voyez près de moi. Je n'ai jamais connu d'argus plus insupportable... Il dort en ce moment, oui, mais Dieu sait pourquoi; et ce journal tombé.... de ses mains, produit tout le miracle.. Mais à propos, j'ai entendu parler hier, chez Galignani, d'un certain Panorama: connaîtriez-vous?. WILSON se réveillant en sursaut. Panorama..... Qu'est-ce que cela?

L'INCONNU.- Un journal nouveau, dont le premier numéro paraît demain.

SIR WILLIAM.- Oui-dà... sitôt... De quoi parle-t-il?
L'INCONNU. De politique.

SIR WILLIAM. Tant mieux.

WILSON. Tant pis.

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L'INCONNU. C'est l'un et l'autre. La politique est triste, mais elle intéresse. Par exemple, une revue succincte des séances de votre Parlement n'est-elle pas faite pour nous éclairer en France sur la véritable situation de l'Angleterre ?

WILSON.. Tant pis... my god.

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SIR WILLIAM.

Non, non, tant mieux... Pourquoi les journaux de Londres auraient-ils sans réciprocité le droit de rapporter tout ce qui se passe en France? L'INCONNU.. Et même ce qui ne s'y passe pas? SIR WILLIAM. - Exactement ?.... Entre amis... on se doit la vérité.

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L'INCONNU (s'oubliant) - C'est donc pourquoi j'ai pris pour devise le Ridentem dicere verum....

SIR WILLIAM. Comment! vous avez pris.. seriezvous l'éd***? Ah! la bonne plaisanterie !... Wilson, écrivez aujourd'hui même à Cambray; parlez de ce journal à tous nos amis... Oh! nous autres Anglais, nous aimons les méchancetés... Le Panorama sera-t-il piquant? L'INCONNU.-Je l'espère.... Vous savez...

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SIR WILLIAM (gaîment).- Quid vetat? dit Horace. WILSON (haussant les épaules). Votre Horace entendait-il quelque chose à un journal ?.... Eh! quoi de comman ?...

SIR WILLIAM.
WILSON.

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Panorama au....

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Tant pis, vraiment.

Tant mieux.... car je voudrais voir ce

INCONNU. Grand merci, M. l'Anglais... Ecoutez au moins mon plan jusqu'au bout. Supposez que je sois à o Londres je me lève de grand matin, prends mon thé, lis Cmes journaux, m'habille, et visite d'abord le parlement...

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Un extrait de tout ce qui s'y dit d'intéressant est soigneusement inscrit sur mes tablettes... Chaque séance ne laissera pas de me fatiguer, je reutre chez moi en passant par Saint-James, dont j'admirerai quelquefois le kiosque, le canal, le gazon, les bancs et les vaches. Je dépouille alors ma correspondance... En voilà pour deux bonnes heures; car il est bon de vous dire que j'ai des amis à Dublin, à Edimbourg, à Oxford, dans les îles, chez les Indous, en Perse et même en Chine..... Je lis toutes mes lettres, et vous fais voyager ainsi en Amérique, en Asie, sans quitter le coin de votre feu.... Ma correspondance une fois réglée, je sonne Betty. Mon rosbeef, mes potatoes, mon porter m'attendent, je dine après quoi, nouveau Rambler, je quitte de nouveau mon logis. Londres est passablement grand. N'importe... je vais, je viens, d'ici, de là... A deux heures dans le Strand, à trois à la Bourse, à quatre dans Westminster, à cinq à Newbond; j'entends tout, je vois tout, rien ne m'échappe. Aujourd'hui à Greenwich, demain à Richmond. Ce matin aux Docks, ce soir à l'Opéra. La nuit venue... j'observe encore... Les étoiles, direz-vous? Quelle idée! Nos watchman? Peut-être. La police? - Nous y voilà. Une nuit de Londres a son mérite... et je rentre à minuit... c'est une heure fort honnête... Alors, quoique bien étourdi, bien fatigué, je ne me couche qu'après avoir tracé l'esquisse de mon Panorama. Plus heureux que votre sieur Baker, je renouvelle le mien tous les cinq jours. En peu de mots voici mon plan, mes projets. Sérieux par nécessité, gai par penchant, souvent malin, jamais méchant, toujours impartial, je dirai tout: Quid vetat?

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WILSON.Vous direz tout?-Tant pis, vous dis-je. SIR WILLIAM. Mon cher, vous radotez. Vous connaissez bien peu le peuple anglais, et ce qui fait rire en France....

WILSON. Ne nous divertit pas toujours.

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SIR WILLIAM.- N'importe... mon cher C..., je suis enchanté de votre entreprise... car j'aime à rire, moi; je ne ressemble pas à tout le monde... Je demeure à l'hôtel de... Venez demain, nous causerons.

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L'INCONNU. — Ainsi vous trouvez mon idée...
WILSON. Détestable.

SIR WILLIAM. Délicieuse.

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