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héritages, comme les autorités locales dans les endroits publics, nous laissent apercevoir de tous côtés, beaucoup de jeunes plants dont nous jouissons au moins en espé

rance.

Les gens de lettres ont participé à ce mouvement général, dirigé vers la réparation et la plantation; et nous avons vu paraître quelques ouvrages destinés soit à répandre les lumières agricoles, soit à faire plus généralement connaître les actes de l'administration publique sur ces matières. Mais on ne peut se dissimuler que la plupart de ces derniers n'aient été rédigés trop à la hâte et dans des vues trop mercantiles. Les uns sont de simples recueils chronologiques de lois et d'arrêtés, imprimés en entier, et sans qu'on se soit donné la peine d'en retrancher les dispositions abrogées; les autres ne traitent qu'une des parties dont le régime forestier se compose, et présentent des formules idéales d'actes et de procès-verbaux pour lesquels l'administration a depuis donné des règles fixes.

Le Dictionnaire forestier que nous annonçons, à la fois plus exact, plus concis et plus complet, réunit dans un fort petit cadre toutes les notions indispensables aux agens forestiers, aux particuliers propriétaires de bois, et à ceux qui ont à démêler quelque chose avec l'administration forestière.

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Mais, dit l'auteur, à une époque où des abattis indiscrets ont tari les sources et rendu arides ces terrains autrefois si fertiles, à une époque où, dans la plus grande partie de la France, le sol redemande ces arbres majestueux qui le protégeaient de leur ombre, l'abritaient contre les vents et l'intempérie des saisons, et y entretenaient T'humidité nécessaire à sa fécondité, on ne devait pas se borner à exposer des moyens conservateurs ; il fallait mettre non-seulement les fonctionnaires publics, mais tous les propriétaires en état de concourir à la régénération des forêts. C'est pour cela qu'on a développé d'après Duhamel du Monceau, Miller, Rozier, etc., les meilleures méthodes

de semis et de plantation, en indiquant la nature des terrains les plus propres à chaque espèce d'arbres, ceux oùì ils croissent avec plus de rapidité, ou acquièrent plus de consistance; et pour que ces connaissances ne fussent plus une routine, mais devinssent le résultat d'une étude raisonnée de la physiologie végétale, on a donné les élémens de cette science et exposé les découvertes les plus récentes dont elle s'est enrichie. Les différentes espèces d'arbres ou d'arbustes forestiers indigènes, ou actuelle-ment cultivées en France, ont été rapportées à leur genre et décrites méthodiquement, avec l'exactitude que demandait l'état actuel de la botanique. . . . . . On a indiqué, en traitant de chaque arbre, ses usages dans les arts et dans l'économie domestique, et l'on a fait voir les avantages qu'on pourrait retirer suivant le terrain et les localités des diverses sortes de plantations. ».

Quel que soit le zèle réparateur qui paraît animer maintenant les particuliers et l'administration, pour les semis et les plantations, il ne peut hâter la marche de la nature; il faut toujours bien des années avant qu'une graine. une bouture, deviennent un bel arbre, et étendent ces rameaux majestueux et hardis qui font l'admiration des passans et l'orgueil du propriétaire. Ce n'est donc qu'avec une lente circonspection qu'on devrait porter la coignéa au pied d'un bel arbre :

Condamnez à regret:

> Avant d'exécuter un rigoureux arrêt,

» Ah! songez que du tems ils sont le lent ouvrage ;
> Que tout votre or ne peut réparer leur ombrage.

a dit éloquemment de Lille. On a lieu quelquefois de se demander, si malgré tant de beaux réglemens faits encore tout récemment pour la conservation des plantations nationales, on a pris des précautions suffisantes contre certains intérêts particuliers qui émondent si constamment et renversent si légèrement les arbres qui bordent nos grandes routes. On abat, par exemple, dans ce moment les arbres les plus vigoureux de la route de Paris à Saint-Denis, et

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on les remplace par des manches à balai; cette belle avenue n'offre plus aucun ensemble, n'a plus rien de majestueux.

Quand on est absolument forcé d'abattre, ne devraiton pas aussi songer quelquefois à remplacer l'orme maigre et rabougri de nos routes, par des arbres dont la croissance plus rapide, nous procurerait une jouissance plus rapprochée? L'orme est bon pour le charronage, dit-on : il semblerait que la France entière ne doit songer qu'à faire des charrettes; si l'orme est utile dans plusieurs de nos arts mécaniques, qu'on en plante dans les forêts, mais qu'on ne condamne pas nos grandes routes, si continuellement vues et fréquentées, à cet unique et triste ornement; surtout là où, sous le prétexte de l'utilité publique, mais réellement par des motifs d'intérêt privé, on a l'impitoyable soin de les émonder tous les ans jusqu'à ne laisser qu'un bouquet à la tête de l'arbre.

Enfin, si l'on veut ahsolument faire des charrettes, il est d'autres arbres propres au charronage et beaucoup plus beaux que l'orme; tel est le platane qui croit rapidement et dont la feuille grande, lisse, bien découpée et d'un beau verd, fait de cet arbre un des plus magnifiques végétaux qui se puisse voir. « Les platanes, dit notre Dictionnaire forestier, donnent une ombre fort épaisse. Ils résistent aux plus fortes gelées de nos climats, ils font un superbe effet dans les promenades publiques et sur les grands chemins. Leur bois ressemble beaucoup à celui du hétre, il en a la contexture; il est émaillé de même, quoique plus dense; son grain est plus fin, plus serré et -plus susceptible d'un plus beau poli. On en fait d'excellentes charpentes. et on l'emploie également pour le charronage et la menuiserie. »

Le hêtre lui-même, le peuplier d'Italie, l'acacia sont aussi d'excellens arbres pour border les chemins. Ce dernier a la propriété d'étre très-favorable aux plantes qui croissent sous son ombre; il les préserve de l'ardeur des

séchante des rayons solaires, sans les priver de l'air et du jour nécessaires à leur développement.

Un livre comme celui que nous avons sous les yeux, est très-propre à faire naître de très-bonnes idées du même genre, et à prévenir plusieurs abus. Son auteur, le C. Dumont, à la fois citoyen éclairé et bon citoyen, a donc fait une compilation utile. Il mérite d'être loué et surtout d'être écouté. Y.

PHYSIOLOGI E.

RAPPORTS DU PHYSIQUE ET DU MORAL DE L'HOMME, par P. J. G. CABANIS, membre du Sénat conservateur, de l'Institut national de France, etc.

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L'INFLUENCE des maladies sur la formation des idées et des affections morales, si elle n'a jamais été contestée, n'a non plus jamais été appréciée avec le soin qu'exige une étude qui peut répandre sur la connaissance de l'homme moral et intellectuel les plus vives clartés. Le C. Cabanis obtient donc la gloire d'avoir donné, le premier, une solution complette de ce problême.

L'ordre règne dans le monde moral comme dans le monde physique; une force secrette tend sans cesse, nonseulement à le conserver, mais encore à le rendre plus général et plus complet. De-là le perfectionnement progressif de l'ordre social si remarquable, quand de l'histoire des plus anciennes sociétés connues, on descend par degrés jusqu'à celle de nos jours. Si cette idée consolante de la perfectibilité indéfinie de l'espèce humaine n'a paru à quelques esprits, d'ailleurs judicieux, qu'un rêve de la philosophie, c'est que trop attentifs aux bouleversemens qui ont fait en quelque sorte rétrograder l'art social, et tomber des nations très-civilisées dans la plus profonde barbarie, ils n'ont point vu que de nouvelles institutions,

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FRA.

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de nouveaux besoins faisant sans cesse éclore de nouveaux arts, des inventions nouvelles, la masse des connaissances humaines se trouvait considérablement accrue lorsqu'à ces acquisitions des tems modernes venaient se joindre toutes les inventions des anciennes sociétés. Pour être bientôt décidée, ne suffirait-il pas que cette question, objet de tant de controverses, fût décomposée dans ses plus simples élémens? Croit-on, par exemple, qu'en demandant à ceux qui cultivent les mathématiques, la géométrie, la physique, et une foule d'autres sciences ou arts qui tous concourent d'une manière plus ou moins directe au bonheur des hommes; croit-on, dis-je, que le physicien, le géomètre, l'agriculteur, ne s'accordassent point pour convenir que les connaissances des anciens sur la théorie et la pratique des arts dont ils s'occupent, ne fussent infiniment plus imparfaites et plus bornées que celles qu'aujourd'hui l'on possède. Resteront les arts d'imagination pour lesquels la querelle ne sera pas de sitôt terminée, peut-être parce qu'elle dure depuis plusieurs siècles; arts dont, pour le dire en passant, l'importance a été de tout tems exagérée jusqu'au ridicule.

L'état de maladie, selon le C. Cabanis, dérange l'ordre des idées et des affections, en modifiant d'une manière profonde, les penchans physiques dont toutes les habitudes morales dépendent. Parmi plusieurs exemples qu'il pourrait accumuler à l'appui de cette assertion, il se borne à citer « La nymphomanie, maladie étonnante » par la simplicité de sa cause, qui pour l'ordinaire est » l'inflammation lente des ovaires et de la matrice; ma› ladie dégradante par ses effets, qui transforment la fille » la plus timide en une bacchante, et la pudeur la plus » délicate en une audace furieuse dont n'approche même > pas l'effronterie de la prostitution. »

Pour estimer avec justesse la part qu'a chaque organe dans les dérangemens que peut apporter l'état de maladie dans la faculté de penser, le C. Cabanis rappelle qu'outre le cerveau, principal organe de cette faculté, on An XI. 1er Trimestre.

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