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» Des notices sur chacun des monumens, les change» mens qu'ils ont éprouvés, les événemens dont ils ont été » la scène, les personnages qui y ont eu part, seront la » matière du texte explicatif des planches et des figures. » Des vignettes jointes au texte, mettront sons les yeux, les détails moins étendus et cependant intéres»sans, et des notes rejetées à la fin, en exposeront brié»vement les sujets. »

C'est une de ces vignettes que nous avons cru devoir joindre à cet article. Elle représente un des lieux les plus féconds en souvenirs, le Jardin des Tuileries. Dans le lointain, on voit le palais qu'habite le chef du gouver nement; le palais où se préparent les destinées du monde.

L'entreprise du, C. Baltard a déjà eu l'approbation de la Société d'encouragement de Paris, et de l'Athénée des Arts. Ces deux Sociétés ont applaudi à l'utilité dont sera Fouvrage, aux talens de l'auteur qui leur mettait sous les yeux les superbes dessins que renfermé son portefeuille. Le Gouvernement lui-même a voulu montrer la protection qu'il accordait à l'entreprise, eu souscrivant pour un assez grand nombre d'exemplaires.

Après ces témoignages honorables de satisfaction, le nôtre serait sans doute superflu. Nous devons cependant prévenir nos lecteurs que, d'après la première livraison que nous avons sous les yeux, nous sommes convaincus que l'auteur remplira toutes les promesses qu'il a faites par son Prospectus. Ce n'est point là, à ce qu'il nous semble, recommander froidement un ouvrage. En effet, nos lecteurs savent bien que des écrivains qui se respectent, ne donneraient point, sans une intime conviction, de reilles assurances.

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Cette première livraison contient, outre l'Introduction, et de très-belles vignettes, un plan du Louvre, ce superbe édifice qui méritait bien la première place dans l'ouvrage; une vue de cette façade du Louvre si renommée ; une vue de l'intérieur de la colonnade prise au premier étage; les

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détails de cette colonnade et de la façade; enfin une vué du Louvre du côté du nord.

Dans les plus prochaines livraisons, on aura les vues du Musée des Arts, de la longue Galerie qui joint le Louvre aux Tuileries, du Palais du Gouvernement, etc., etc.

Combien l'on doit regretter que les anciens n'aient pas connu ce bel art de la gravure qui multiplie les images des chefs-d'œuvre de l'art, et leur donne l'immortalité! Nous connaîtrious autrement que par des ruines, leurs Prytanées, leurs Paciles, leurs Forum, enfin tous ces monumens qui faisaient leur admiration, feur orgueil, et dont nous ne pouvons avoir, malgré les explications et les dessins des voyageurs, que des idées vagues ou confuses. A. D.

MELANGES.

DE L'ORGUEIL ET DE L'EMULATION.

QUELQUES jours après la bataille de Salamine, tous les généraux furent convoqués pour déclarer sur l'autel du Dieu de la mer, celui qui s'était le plus distingué dans le combat. Chacun se nomma en assignant le second rang à Thémistocle. C'est l'histoire de tous les hommes. Rassemblez tous les états de la société, les artistes dans tous les genres, les savans, les hommes de lettres tous imiteront les généraux athéniens.

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Un maître à danser qui n'avait pu montrer au comte d'Oxford à faire une pirouette, apprenant que la reine d'Angleterre venait de le créer grand-trésorier, en témoigna la plus grande surprise. Quel mérite la reine a-t elle pu trouver à ce Harlay? s'écriait-il ; j'ai eu cet homme deux ans entre les mains " et je n'en ai pu rien faire !

On n'estime que les occupations auxquelles on se livre : la peinture est aux yeux de celui qui la cultive avec succès, le premier, le plus beau de tous les arts; à entendre un autre artiste, ce sera la sculpture, et la musique suivant un troisième. L'un vous montrera la transfiguration, l'autre l'Apollon du Bel

vedère, et le troisième vous fera entendre une symphonie d'Hayden: tous justifieront ainsi leur opinion par des exemples. Sans doute un sentiment d'orgueil serait permis quand on approche de pareils modèles; mais pour l'ordinaire l'orgueil est en raison inverse du mérite et des talens.

Nous voudrions que tous les autres réglassent leur façon de penser, leur conduite et leurs goûts sur les nôtres, et du plus au moins nous ressemblons à ce cynique autour duquel on se groupait pour examiner ses singularités. « Je ris de tous ceux , qui me trouvent ridicule, disait-il. En ce cas, lui répondit-on, personne au monde ne doit rire plus souvent que vous.

Un orgueil extrême naît toujours de l'ignorance extrême de soi-même. Il faut passer beaucoup de tems à s'étudier avant de réussir à percer le voile qui cache les vertus, les qualités, les vices ou les défauts des autres. On attache de l'estime ou du mépris aux actions d'autrui en proportion du degré d'analogie ou de dissemblance qu'on leur trouve avec les siennes. Voilà pourquoi le métier que l'on fait, l'art qu'on étudie, l'ouvrage que l'on médite est toujours le premier, le meilleur, le plus beau.

Celui qui a dit que l'amour-propre était l'ame de la nature humaine, devait avoir fait e étude particulière du cœur humain.

Ce sentiment d'orgueil influe souvent sur nos jugemens, qui dépendent d'ailleurs des objets qui nous environnent et tiennent à la sphère dans laquelle vit chacun de nous. On finit par prendre le caractère du pays que l'on habite, de l'emploi que l'on occupe, du cercle au milieu duquel on se trouve. C'est d'après cela que l'on détermine le grand, le beau, le vrai, le bon on se fait de certaines idées, on s'en pénètre, on les caresse, on les admire, on rejette avec dédain tout ce qui peut les heurter ou les combattre. C'est comme un instrument moral sur lequel nous mesurons les opinions des autres, leurs actions, leurs vertus, et même les institutions. Si nous étions les' maîtres, nous imiterions ce tyran qui, dans son ingénieuse cruauté, inventa une machine sur laquelle il appliquait tous ceux qui avaient provoqué sa colère insensée, et les faisait mu

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