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tels que les aigles, les vautours, les buses, les faucons, les chouettes, les corbeaux, les pies, etc. On y trɔuve à la suite celle des oiseaux qui vivent en troupes et qui par leurs mœurs et par leurs caractères se rapprochent des choucas, des étourneaux et des martins. La vingtième et la vingt et unième livraisons traitent des oiseaux qui se nourrissent principalement d'insectes. On voit que la méthode adaptée dans cette Histoire est toute simple et naturelle; elle est fondée sur des rapports de conformation d'instinct et d'habitudes: l'auteur a réuni ou divisé les diverses espèces selon qu'elles se rapprochent ou s'éloignent par leur manière de vivre.

Les oiseaux de proie sont nombreux dans les déserts de l'Afrique. Parmi ceux qui se signalent le plus par leur instinct de destruction, il faut compter une espèce de piegrièche que les colons du Cap nomment le fiscal, à cause de l'analogie qu'ils ont cru trouver entre ses habitudes et les fonctions du fiscal chargé de la police correctionnelle de cette colonie. Il y a pourtant cette différence que la pie fait ses exécutions elle-même. - Voici ce qu'en rapporte le C. Levaillant.

Quand cette pie aperçoit une sauterelle, une manthe ou un petit oiseau, elle fond dessus et l'emporte aussitôt pour l'empaler à l'épine d'un arbre, s'il s'en trouve d'épineux dans le canton qu'elle fréquente; et elle est si adroite dans cette exécution, que l'épine passe toujours au travers de la tête de l'oiseau ou de l'insecte qui reste ainsi suspendu. Si elle ne trouve point d'épine, elle assujettit la tête de l'oiseau entre une enfourthure de deux petites branches; elle fait la même opération à tout ce qu'elle peut attraper. On la voit habituellement se percher au sommet des arbres, d'où elle se jette indifféreminent sur tout ce qui se présente à sa portée. Quand elle a faim, elle va visiter ses gibets et en décroche ce qu'elle préfère. Les Hottentots prétendent que n'aimant point la viande fraîche, elle conserve sa proie pour la laisser se putréfier. Comme elle est peu farouche, il est très-facile

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d'observer tous ses mouvemens; et pour peu que l'on veuille se donner la peine de chercher, on ne manque pas de trouver sur chaque buisson, ou sur chaque arbre, les victimes qu'elle y a accrochées, et dont souvent la plus grande partie est hors d'état de servir à sa nourriture, tant elles. sont desséchées; ce qui prouve que c'est plutôt par un instinct destructeur que pour satisfaire son appétit, qu'elle chasse sans discontinuation. — Hardie, vindicative et trèscriarde, elle ne souffre aucun oiseau de rapine dans son domaine, et chasse courageusement tous ceux qui pourraient vivre à ses dépens, en partageant sa chasse. Il est cependant beaucoup d'oiseaux qui savent très-bien profiter de ses provisions, si éparses qu'elle ne peut les conserver toutes. Cette haine s'étend jusqu'à son espèce; car les mâles se livrent entr'eux des combats cruels qui finissent quelquefois par la mort de l'un d'eux, surtout quand il s'agit de se disputer une femelle.

Le ramage de cet oiseau est très-varié, et souvent il babille des heures entières sans discontinuer, en faisant mille gestes différens, et volant d'arbre en arbre, notammeut dans la saison de l'amour. Son vol est bas et se fait toujours en plongeant et en remontant, ne suivant jamais une ligne directe. Le mâle et la femelle ne se quittent point; on les aperçoit rarement l'un sans l'autre. Ils construisent leurs nids dans l'enfourchure des branches d'arbres. La femelle y dépose quatre ou cinq ceufs que le mâle couve aussi bien qu'elle. Ils soignent leurs petits avec beaucoup d'attention, et ne les abandonnent que quand ils sont déjà très-forts.

Cette pie-grièche est très-commune au Cap de BonneEspérance; on la rencontre jusque dans la ville, où elle fréquente tous les jardins. Elle y doit être en recommandation par les services qu'elle reud aux cultivateurs en purgeant la terre d'insectes nuisibles.

Le C. Levaillant est persuadé que tous les genres d'oiseaux qui chez nous ont une voix agréable, la conservent dans les pays les plus chauds. Il cite les merles de roche

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qui ont en Afrique comme en Europe une belle voix et la faculté d'imiter le ramage de tous les oiseaux. L'Afrique seule, selon lui, possède dix fois plus d'oiseaux chanteurs que l'Europe. Tel est l'oiseau qu'il nomme le coriphée. « Cet oiseau, dit-il, mérite à beaucoup de titres le nom » que je lui ai donné; par sa belle voix et la mélodie de » son chant, il dispute le prix, à bien des égards, à notre rossignol qu'il représente parfaitement bien dans la par» tie sud de l'Afrique que j'ai parcourue, non-seulement » par l'agrément de son chant, mais encore par tous ses >> caractères extérieurs, sa forme svelte, ses mouvemens gracieux et sa taille même. Sa manière de chanter » n'est pas à la vérité si coupée, si cadencée, ni si variée; mais en revanche sa voix est bien plus égale, » plus soutenue, par conséquent plus moëlleuse, plus » touchante. L'expression de notre coriphée européen est » plus vive, plus animée; celle du coriphée africain est » plus tendre, plus voluptueuse.

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» Dans cette espèce comme dans celle de notre rossi» gnol, les mâles sont seuls doués d'un organe agréable,

» et la saison des amours est la seule où ils fassent éclater » les sons de leur belle voix, dont les accens précèdent » toujours d'une heure ou deux le lever et le coucher du » soleil. Lorsque les' vents n'agitent pas l'atmosphère, et » que le tems est serein, ils chantent aussi pendant une grande partie de la nuit ; mais quand il tombe une pluie » douce et que le ciel est couvert, sans orage, on les >> entend toute la journée.

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» La Nature en leur accordant le don de charmer par » un organe délicieux, a refusé de les orner de brillantes » couleurs. Rien de plus simple que leur plumage, qui » dans toutes les saisons est le même; mais aussi rien de plus élégant que leurs formes, et rien de plus leste que » leurs mouvemens.... J'ai rencontré ces oiseaux dans les » bois de Mimosa qui avoisinent la rivière Sondag et le » Swarte-Kop, et de-là, en revenant au Camdeboo, pays » stérile et brûlé, lieux sauvages où leurs chants m'ont

» fait passer d'agréables instans, lorsque fatigué des cha» leurs d'un jour brûlant et jouissant de la fraîcheur d'une » belle nuit, je goûtais sous le vaste toit de la Nature les » douceurs du repos! »

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C'est un préjugé assez accrédité que les oiseaux des climats chauds doivent l'éclat de leurs couleurs à une lumière plus vive, à un soleil plus ardent. Notre voyageur prouve que les différens degrés de température ne modifient point les couleurs autant qu'on le croit communément. Il compte, par exemple, cinq espèces de chouettes répandues également dans l'Europe et dans l'Afrique; et qui, habitantes de climats si divers, n'ont cependant subi aucune altération, soit dans leurs couleurs, soit dans leurs caractères. Il fait la même observation à l'égard d'autres oiseaux qui appartiennent aux deux continens. « En effet, ajoute-t-il, si la nourriture et la température influaient » si fort sur la couleur des oiseaux comme le prétend » Buffon, pourquoi trouverait-on sous la ligne des oiseaux » dont le plumage est aussi terne et aussi simple que celui » de nos oiseaux d'Europe? Non-seulement ceci a lieu, » mais il est à remarquer même que toutes les femelles » des espèces les plus brillantes, tels que les colibris, » les oiseaux mouches et les sucriers, ont des couleurs » sombres et uniformes, tandis que leurs mâles sont si » vivement colorés qu'il semble que leurs plumes soient » autant de pierres précieuses. Cependant ces femelles » prennent certainement la même nourriture et habitent >> constamment la même température que leurs mâles. » D'ailleurs, quoique nos oiseaux ne soient généralement point aussi brillans que certains oiseaux des brûpays » lans, on voit cependant sur le plumage de beaucoup d'espèces des couleurs tout aussi vives que les leurs. » Le rouge de nos pics et de notre chardonneret; le bleu » de notre martin-pêcheur et du rolier; le jaune du loriot; » l'éclat de notre étourneau et de la queue de la pie, »ne le cèdent en rien à ces mêmes couleurs dans les » oiseaux de l'Amérique ou de l'Inde; et de plus, le

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»paon, le faisan doré de la Chine, et tant d'autres oiseaux des Indes et de l'Amérique que nous sommes » parvenus à acclimater chez nous, n'y sont pas dégénérés » encore pour le brillant et l'éclat de leurs couleurs; ce» pendant il en est quelques uns dont la transplantation » date de plusieurs siècles. »

Ces citations et celles que nous avons insérées dans les premiers extraits de cet ouvrage, suffisent pour donner une idée des études de l'auteur, de sa manière de voir et d'écrire. Les rapports naturels des êtres vivans ne se montrent que dans la vie même; ce sont ces connaissances qui constituent véritablement la. science; ce sont elles aussi qui donnent du prix à l'ouvrage du C. Levaillant. Ses descriptions ne sont point d'emprunt; il n'use ni de grande érudition, ni de phrases systématiques, ni de synonymie; mais il tâche de bien voir ce qui s'offre à sa vue, et il peint d'après nature.

SCIENCE POLITIQUE.

CONSIDERATIONS sur l'organisation sociale, appliquées à l'état civil, politique et militaire de la France et de l'Angleterre, à leurs moeurs, leur agriculture, leur commerce et leurs finances à l'époque de la paix d'Amiens. A Paris, chez Migneret et chez les marchands de nouveautés. Trois volumes in-8°..

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DANS le chapitre sur l'agriculture, l'auteur s'attache à faire sentir que toutes les bonnes méthodes de culture qui augmentent la production en diminuant les dépenses, ne sauraient être mises en pratique que là où l'on peut jeter de grands capitaux sur les terres en labeur. Ce n'est donc que le systême de grandes fermes et de banx à longues années. Mais la culture ne peut qu'étre découragée par toutes ces lois prohibitives, et communes dans tous les

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