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Jean-Servais-Guillaume NYPELS.

Le 7 Juin 1885 eut lieu à la salle académique de l'université de de Liége une manifestation imposante en l'honneur du professeur Guillaume Nypels, qui avait atteint sa cinquantième année de professorat.

Les élèves de la faculté de droit, prenant l'initiative de la manifestation, avaient élu un comité d'exécution qui réussit dès l'abord à placer ses travaux sous le patronage d'un comité d'honneur, dont le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, M. Thonissen, avait accepté la présidence et dont les personnalités les plus honorables voulurent faire partie. C comité comptait parmi ses membres nos compatriotes MM. A. E. Modderman, Ministre d'Etat, E. Polis, de Maestricht, avocat-général près la Haute Cour, et deux membres de la première chambre dos Etats-Généraux, MM. W. H. Pyls, de Maestricht, bourgmestre de cette ville et G. van Tienhoven, bourgmestre de la ville d'Amsterdam.

Le comité d'organisation. avait reçu 'e concours le plus sympathique et, quoiqu'aucune participation pécuniaire n'eut été demandée à l'étranger, plusieurs savants éminents et personalités distinguées avaient réclamé la faveur de prendre part à la souscription.

Une médaille d'or, un bronze d'art et un album commémoratif seraient offerts à Nypels. La médaille était due au talent de Geerts; le bronze était l'oeuvre de Paul Dubois: Étude et Méditation.

La cérémonie de la remise était fixée à midi.

L'entrée du jubilaire dans la salle de lecture fut saluée par des applaudissements unanimes; le président de la société Momus de Maestricht, M. L. Polis, lui adressa, au nom de ses concitoyens, des paroles de félicitations et lui remit un splendide bouquet.

Dans la salle académique le Ministre Thonissen prit place au bureau comme président, ayant à sa droite le recteur de l'Université, à sa gauche le bourgmestre de Maestricht.

La séance déclarée ouverte, le recteur M. Trasenster prit la parole. Rappelant d'abord les vicissitudes de l'Université en rapport avec le jubilaire, il s'adressa ensuite plus spécialement à Nypels et finit par lui remettre une adresse de félicitations, signée par tous les professeurs et rendant un hommage solennel au caractère, au savoir et au talent du vénérable maître, doyen de tout le corps enseignant de la Belgique, professeur de droit, sans interruption, depuis un demisiècle, dans le même établissement d'enseignement supérieur.

Les fréquents applaudissements que soulèvent ce discours et la lecture et la remise de l'adresse ayant cessé, M. Prins, professeur de droit pénal à l'Université de Bruxelles, monte à la tribune et provoque de longues acclamations en appréciant d'une voix claire et vibrante et dans les termes les plus heureux, les travaux juridiques et l'enseignement du venéré jubilaire.

Ensuite la parole est donnée au président du comité organisateur, M. Charles Neef, étudiant en droit. Interprète des élèves il exprime leurs sentiments d'admiration de respect, d'affection et de reconnaissance pour le professeur sympathique et vénéré.

Enfin le Ministre Thonissen se lève, et donne lecture de l'arrêté royal par lequel le professeur émérite Nypels est promu au grade de grand-officier de l'Ordre de Léopold.

A la fin Nypels monte à la tribune; toute le monde est debout pour l'acclamer et ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'il peut enfin exprimer en des termes profondément émus les sentiments que lui font éprouver tant de marques de sympathie.

La grandiose et solennelle manifestation fut suivie par un banquet qui sous la présidence du recteur (Trasenster), réunit 120 convives. A l'heure des toasts M. Pyls, bourgmestre de Maestricht, complimenta le vénérable jubilaire au nom de sa ville natale, en d'excellents termes, qui sont fort bien accueillis.

Jean-Servais-Guillaume Nypels était un enfant de Maestricht, il naquit le 3 juillet 1803.

Il était d'une vieille souche, dont le nom a été porté par des hommes de valeur, qui ont trouvé leur chemin dans des carrières très-diverses. Son père Jean-Dominique Nypels avait épousé Marie Ide Damen (1). Il exploitait une tannerie et était engagé dans des fournitures pour l'armée française, quand il mourut, laissant sa veuve avec six enfants, dont l'aîné Guillaume, n'avait encore atteint que l'âge de onze ans.

Madame Ide Nypels-Damen, mère dévouée, d'une bonté touchante et d'un esprit cultivé, en même temps femme de courage et d'énergie, dut reprendre la conduite des affaires de son mari et se fit assister par son fils Guillaume, qui quitta le Collège impérial où il était entré des 1811 et se trouvait en troisième.

A son séjour dans cet établissement se liait un incident dont Nypels avait gardé un souvenir bien vivace et dont, après 69 ans, en 1883, il a communiqué le récit à une feuille de Bruxelles. Cet incident est un indice de l'incertidude de la situation politique de notre contrée en 1814. Un dimanche, l'un des premiers jours du mois de mai de cette année, le directeur (A. Gulickers) réunit au milieu de la cour du Collège les élèves, qui tous portaient l'uniforme avec claque et cocarde, et leur communiqua que l'Empereur avait abdiqué, que Louis XVIII avait été proclamé Roi de France, que le commandant de la forteresse (le général Merle) avait reçu l'ordre d'évacuer immédiatement la place, qu'en conséquent les élèves de

(1) Jean-Guillaume Nypels maria le 8 mars 1769, Anne-Catharine Verleers, veuve de Michel Dubien.

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