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fection à s'élever au-dessus de tout intérêt : comme il est clair de soi par les termes mêmes, et qu'il a été démontré ailleurs (1),

Que répondre? car ces prétendus parfaits sont en effet au-dessus du bonheur, et du malheur même éternel: ce sont des dieux indépendans de Dieu même; ou sans y être, ils s'y mettent en paroles seulement, et par un vain effort de leur esprit, ils ajoutent l'enflure à l'erreur.

II. REMARQUE.

Aussi cette indifférence à être heureux ou malheureux est inouie parmi les hommes on a bien vu des passages sur les suppositions impossibles; mais on n'a vu dans aucun auteur qu'on aimât Dieu toujours autant quand il voudroit rendre malheureux ceux qui l'auroient aimé cette supposition étant directement contraire à la bonté infinie de Dieu, et à la nature de l'amour.

III. REMARQUE.

Saint Chrytostôme dit bien que saint Paul se dévouoit aux feux éternels, si Dieu le vouloit, pour sauver les Juifs: mais il n'a garde de supposer qu'il fût malheureux, puisqu'il auroit eu ce qu'il vouloit, et que, par la définition du bonheur, on est heureux lorsqu'on a ce que l'on veut, et que l'on ne veut rien de mal: Beatus qui et habet quod vult, et nihil vult male: comme dit saint Au

(1) V. Ecrit de M. de Meaux, n. 15. Rép. à quatre Lett. n. 19, Lom. XXIX, p. 64.

gustin (1). Conformément à cette doctrine, sainte Catherine de Gênes parloit ainsi (2): « L'amour » pur non-seulement ne peut endurer, mais ne >> peut pas même comprendre quelle chose c'est » que peine ou tourment, tant de l'enfer qui est déjà fait, que de tous ceux que Dieu pourroit » faire et encore qu'il fût possible de sentir » toutes les peines des démons et de toutes les > ames damnées, je ne pourrois jamais croire » que ce fussent peines, tant le pur amour y fe>> roit trouver de bonheur ».

»

IV. REMARQUE.

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Il est étonnant que l'auteur rejette si loin l'indifférence du salut, puisqu'il admet celle de la béatitude éternelle, qui comprend en soi tous les biens et le salut même. Voilà donc, dans ces deux chapitres, deux nouvelles propositions des plus condamnables du systême, quoique l'auteur ne les compte point parmi celles qu'il entreprend de justifier.

CHAPITRE XXIII,

Notes de M. de Cambrai sur les propositions.

M. de Cambrai donne d'abord une belle idée de son livre par ces paroles: «< En justifiant ainsi,

(1) Rép. à quatre Lett. n. 15. Aug. de Trin. lib. x111, n. 8; Nom. VIII, col. 932. — (2) Vie, ch. 23. Etats d'Or. liv. ix, n. 3.

» dit-il (1), chaque proposition par une simple » comparaison de mes paroles avec celles des » saints, je ne dois pas être accusé d'éblouir le >> lecteur par de vaines subtilités ». Cela seroit vrai en partie, s'il n'omettoit pas plusieurs propositions des plus condamnables, ou qu'il n'eût point attaché à celles qu'il rapporte, une note qui les affoiblit et qui les déguise: c'est ce qui nous reste à considérer en peu de mots.

Le discours seroit infini, si nous avions à examiner parole à parole, les subtiles interprétations que donne l'auteur à l'intérêt propre éternel, à l'intérêt propre pour l'éternité, à la persuasion réfléchie, et aux autres expressions singulières et d'un sens du mois équivoque, qui composent le nouveau systême. Selon le projet du livre que nous examinons, il ne s'agit pas de savoir, si en corrigeant les propositions que nous reprenons dans les Maximes des Saints, on les fera venir, bon gré ou malgré, aux passages des pieux docteurs dont on s'autorise : il faut voir si ces saints auteurs ayant des paroles propres et même usitées, en ont cherché d'ambiguës, d'extraordinaires, et qui sonnent si mal d'abord, qu'on n'y peut trouver assez de correctifs. Par exemple, que dirons-nous du personnage qu'on fait faire à un directeur dans les Maximes des Saints? on n'en vit jamais de semblable à celui-ci, qui persuadé que dans les épreuves, les hommes incapables de tout raisonnement, ne seront point sou(1) Princ: propos. p. 3.

lagés, ni par les bonnes raisons ni par le dogme de la foi, ne trouve point d'autre parti dans la direction, que celui de laisser faire à ces malheureux un sacrifice absolu par un acquiescement simple à leur juste condamnation. Si l'on trouve un tel directeur dans les livres spirituels, qu'on nous le montre; et s'il n'y en eut jamais, pourquoi, en faisant semblant de tempérer les expressions excessives des auteurs pieux, en emploiet-on de plus excessives, auxquelles ils n'ont jamais pensé ?

Mais, dira-t-on, j'apporte mes explications. Premièrement, vos explications ne se trouvent non plus dans vos auteurs que votre texte; mais, après tout, ce n'étoit pas là ce que vous aviez promis. Vous ne vouliez que comparer vos propositions avec les passages. A entendre votre projet, nous croyons trouver dans ces passages toutes vos propositions, et nous n'y trouvons que des tours d'esprit, et pas un mot approchant.

CHAPITRE XXIV.

Les notes sur la XII. et la XIV. proposition, et leur absurdité manifeste.

Vous avez recours à vos notes sur la xii. proposition qui regarde le sacrifice absolu. « Cette » proposition a deux parties; l'une, qu'on fait le » sacrifice absolu de son intérêt propre; l'autre qu'on est dans une impression de désespoir où

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>> l'on dit comme Jésus-Christ: Mon Dieu, pour» quoi m'avez-vous délaissé (1) » ? Pour la première partie, vous la tranchez en un mot, comme étant sans difficulté. Pour la seconde, voici, dites-vous, les expressions des saints. Vous ne les employez donc que pour celle-là; la première passe toute seule à la faveur de vos notes, sans que vous osiez la soutenir d'aucune autorité.

Mais voyons encore quelles sont les notes qui vous affranchissent de la preuve que vous nous devez, par des passages des saints plus forts que les vôtres. C'est, dites-vous, que le sacrifice absolu de l'intérêt propre ne regarde pas le salut: on sacrifie seulement la propriété ou la mercenarité et vous ajoutez, c'est aussi ce qu'on avoit à sacrifier, en passant de l'état des justes imparfaits à celui des parfaits. Tel est le dernier effort de votre théologie dans vos notes. Voilà deux choses précises: Il ne s'agit pas du salut: c'est la première: elle est étonnante; consultons l'exemple que vous alléguez du sacrifice absolu, de l'acquiescement simple: vous le remarquez dans ces paroles de saint François de Sales, lorsqu'il dit, que << puisqu'il sera privé dans l'autre vie de >> voir et d'aimer Dieu, il vouloit l'aimer du >> moins pendant qu'il seroit sur la terre (2) ». Le voilà ce sacrifice que vous prétendez absolu: le voilà cet acquiescement que vous voulez être simple. Pour l'expliquer, il faut donc dire, selon vos principes, que ces expressions de voir Dieu. (1) Princ. prop. p. 54. — (2) Ibid, p. 45,

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