Je l'aurois rapporté entier, s'il eût été nécessaire, et si l'on n'eût pas évité de grossir un livre, en y insérant de longs actes qui n'étoient pas contestés. Si à présent M. de Cambrai y ajoute ce qu'il lui plaît, ou il l'a vu dans l'acte même, et dans quelque expédition authentique ; ou il ne l'a pas vu, et il le raconte à sa fantaisie sur la foi de madame Guyon ou de quelque autre. S'il l'avoit vu, il en auroit fait mention; il auroit produit la pièce dont il se sert: s'il n'a rien vu, comme il est certain, puisqu'il ne peut pas avoir vu ce qui n'est pas, il doit avouer que son amie ou quelque autre sur sa parole lui a menti, et qu'il adhère trop facilement à un mensonge évident, en alléguant un acte faux. 17. Par ce moyen, plus de la moitié de la Réponse tombe, puisqu'elle est fondée dans sa plus grande partie sur un acte inventé. Toutes les fois qu'on trouvera dans la Réponse de M. de Cambrai cet acte, où madame Guyon dit d'ellemême de si belles choses, c'est-à-dire cent et cent fois, (car les redites ne sont pas épargnées) qu'on se souvienne qu'il est faux d'un bout à l'autre. Si l'on en doute, je le produirai avec tous les autres, mais en attendant et pour abréger, il suffit qu'on n'ait osé ni produire ni pas même mentionner, ni l'acte ni l'expédition, comme on a fait celle de l'attestation qu'on a tant vantée. §. VI. Sur mon attestation, et sur celle de M. de Paris. M. DE CAMBRAI. 18. « C'est sur ces déclarations de ses inten>>tions faites devant Dieu, et dictées par ce pré>> lat, qu'il lui donna l'attestation suivante: Nous, évéque de Meaux, etc. (1) » 19. » M. l'archevêque de Paris a suivi la même » conduite, etc. (2) » RÉPONSE. 20. Je défendrai donc tout ensemble par une seule et même raison la conduite de ce prélat et la mienne. Pour la mienne, elle consiste en deux choses: dont l'une est ce que je condamne dans madame Guyon; et l'autre est ce que j'y excuse: ce que j'y condamne est encore subdivisé en deux points, dont l'un regarde ses erreurs, et l'autre regarde sa conduite. 21. Pour les erreurs, l'attestation porte: « que » je l'ai reçue aux sacremens au moyen des actes » qu'elle avoit signés devant moi ». Or ce qu'elle y avoit signé, c'étoit, comme l'avoue M. de Cambrai (3), la formelle condamnation de ses livres comme contenant « une mauvaise doctrine, et > toutes ou les principales propositions réprou» vées dans les articles d'Issy ». ker bo san ka ka 22. S'il y avoit quelque erreur singulièrement (1) Rép. à la Relat. ch. 1, p. 16. . (2) Ibid. p. 17. (3) Rép. pernicieuse dans la doctrine, c'étoit la suppression des demandes et des actions de grâces. Or j'avois pourvu à ce point en lui prescrivant dans l'acte qu'elle souscrivoit, « de faire au temps. >> convenable les demandes, et autres actes de » cette sorte, comme essentiels à la piété, et ex» pressément commandés de Dieu, sans que per» sonne s'en puisse dispenser, sous prétexte d'au>> tres actes prétendus plus parfaits ou éminens, >> ni autres prétextes quels qu'ils soient ». Ainsi signé dans l'original: † J. BENIGNE, évêque de Meaux, J. M. B. de la MotHE-GUYON: en date du 1. de juillet 1695. er : 23. Quiconque saura comprendre où consiste le quiétisme, verra que non seulement il étoit condamné en général, mais encore en particulier expressément proscrit par ces paroles par où aussi se justifie clairement ce qui est porté dans la Relation (1), qu'on a fait en particulier condamner par actes à madame Guyon, les principales propositions du quiétisme auxquelles aboutissoient toutes les autres. La plus sévère critique peut-elle rien opposer à cette condamnation des erreurs? 24. Pour les conduites particulières de madame Guyon, qu'y avoit-il de plus efficace pour la réprimer, «< que les défenses par elle acceptées » avec soumission, d'écrire, enseigner et dogma>> tiser dans l'Eglise, ou de répandre ses écrits imprimés ou manuscrits, ou de conduire les (1) Relat. 1re sect. n. 4. 111. sect. n. 18. >> ames dans les voies de l'oraison ou autre» ment »>? Qu'y a-t-il à craindre de ses visions, de ses prophéties, ni en général de ses livres imprimés ou manuscrits, quand on les défend tous également ? Et en général, qu'y a-t-il à craindre de la direction d'une personne, à qui «< on défend d'écrire, enseigner, dogmatiser, diriger ou con» duire sous quelque prétexte que ce soit »? Que M. l'archevêque de Cambrai, qui n'aspire plus qu'à se justifier en m'accusant, pousse sa critique où il voudra, il ne trouvera rien d'omis dans cette attestation qu'il a rapportée (1); et si madame Guyon avoit été fidèle à des soumissions si expresses, l'affaire étoit finie de son côté. Je suis donc autant irrépréhensible à réprimer sa conduite qu'à condamner ses erreurs. 25. Il y a un point où je lui ai laissé déclarer çe qu'elle a voulu pour sa justification et son excuse, et c'est celui des abominables pratiques de Molinos, où mon attestation porte que je ne l'ai «< point trouvée impliquée, ni entendu la >> comprendre dans la mention que j'en avois faite » dans mon ordonnance du 16 avril 1695 ». C'est qu'en effet je ne voulois pas entamer cette matière, pour des raisons bonnes alors, mais qui pouvoient changer dans la suite: ce qui après tout n'étoit pas tant justifier madame Guyon, que suspendre l'examen de ce côté de l'affaire. Ainsi j'ai tâché, selon la parole et l'exemple de Jésus-Christ, à garder toute justice, et à satisfaire (1) Rép. à la Relat. ch. 1, p. 16. སྐ་ également à tout ce que la charité et la vérité me demandoient. 26. De cette sorte mon attestation, que M. l'archevêque de Cambrai a produite pour me convaincre, a démontré mon entière justification; puisque ce prélat n'accuse M. de Paris que de la même conduite, il faut qu'il se taise à son égard comme au mien. J'ajouterai seulement que M. l'archevêque de Paris a plus fait que moi, et que les expresses contraventions à des paroles souscrites, dont madame Guyon a depuis été convaincue, ont obligé ce prélat à de plus grandes précautions envers cette femme en sorte que, s'il faut jamais produire les actes entiers, au lieu que M. de Cambrai les a donnés par lambeaux, et avec des additions supposées, ils le couvriront encore plus de confusion qu'il ne l'est par l'évidence de ce que j'ai dit, et par l'impossibilité de prouver la moindre chose de ce qu'il avance. §. VII. S'il est vrai que je n'aie rien répondu sur le sujet de madame Guyon. M. DE CAMBRAI 27. Tout l'artifice de M. de Cambrai est de me représenter toujours comme un homme qui ne répond rien (1), à qui ensuite il compose des réponses à sa fantaisie, en supprimant les miennes qui sont sans réplique. En voici un exemple (2) : « Pourquoi M. de Meaux se vante-t-il de me con(2) Ibid. p. 33. (1) Rép. à la Relat. ch. 1, p. 32. |