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» souverain reconnu par les puis»sances étrangères,aussi invaria >>blement que par tous les bons >> Français.... Enfin, tous les vrais >> Français n'ont qu'un cri:respect, >> amour, obéissance et amour » pour le meilleur des rois. » Ces sentimens ne conservèrent point Je général Heudelet dans le poste qu'il occupait. Lors du procès de l'illustre et infortuné maréchal Ney, il fut appelé comme témoin. Il déposa une première fois, « que quoiqu'il ne fût pas sous » les ordres du maréchal, il en » avait reçu une lettre datée du » 13 mars, par laquelle il l'invitait » à réunir ses efforts aux siens, » pour s'opposer aux progrès de Napoléon. Interrogé ensuite sur la disposition des esprits et la situation politique du pays où se trouvait le maréchal Ney, il répondit: « que n'ayant pas été auprès de lui, il ne pouvait donner des détails précis; mais qu'il a» vait entendu dire, que là, ainsi » que dans son propre gouverne»ment, les royalistes étaient en minorité. Enfin interrogé, s'il croyait qu'avec les forces à sa disposition, le maréchal Ney fût en mesure de s'opposer efficacement à Napoléon, le général Heu delet déclara avec la noble franchise d'un soldat, « qu'il regar» dait la chose comme d'autant plus difficile, que le maréchal ne pouvait nullement compter »sur la fidélité des troupes. Le général Heudelet de Bierre est aujourd'hui (1822) au nombre des lieutenans-généraux en disponibilité.

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HEURTAULT DE LA MERVILLE (JEAN-MARIE, suivant quel

ques Biographies, ct, suivant d'au tres, Louis, VICOMTE), naquit‹ à Rouen, en 1740, et mourut à Périsse, département du Cher, en décembre 1810. Il prit d'abord du service comme officier d'infanterie, et passa ensuite dans la marine. Lorsque la révolution éclata, il avait quitté la carrière des armes pour se livrer à l'agriculture: il était un des plus zélés partisans du système des économistes. Nommé, en 1789, député de la noblesse du bailliage du Berri aux états-généraux, il fut un des premiers à embrasser les nouveaux principes, et concourut puissamment aux différens travaux de l'assemblée constituante. Possédant de grandes connaissances sur l'agriculture, il en fit le principal objet de ses travaux législatifs, et, en 1790, il proposa de décréter le desséchement des marais; présenta un rapport sur le mode d'estimation du produit net des propriétés territoriales de chaque commune, pour la confection du cadastre, et obtint, en 1791, à la suite d'un rapport important sur les lois rurales, un décret à ce surjet. Il avait, dans cet intervalle, soumis un plan sur le système des impositions; fait rendre un décret sur l'exécution des moyens à prendre pour établir l'uniformité des poids et mesures; obtenu un autre décret pour la perception, comme par le passé, des droits de douanes jusqu'à la promulgation du nouveau tarif; réclamé la nomination de commissaires pour l'examen de la machine de Trouville, et proposé de reconnaître les mines comme des propriétés individuelles, excepté celles d'or

et d'argent. Quelque temps après la session de cette assemblée, il devint, en 1793, procureur-général-syndic du département du Cher, puis commissaire du directoire-exécutif près la même administration. Nommé, en l'aa 6 (1796), député au conseil des cinq-cents, il fut bientôt élu ́secrétaire. Il s'occupa de l'instruction publique, et fit une motion d'ordre à ce sujet; appuya le projet sur les fêtes décadaires, fit donner au calendrier le nom d'Annuaire républicain, présenta un rapport et un projet sur l'instruction publique et sur l'établissement des musées, appuya le projet sur le partage des biens communaux, soumit une opinion et un projet relatifs aux écoles primaires, et réfuta toutes les objections auxquelles son travail donna lieu. En qualité de président de l'assemblée, il prononça un discours en l'honneur des ininisAres français assassinés à Rastadt. La révolution du 18 brumaire an S (9 novembre 1799) mit fin à ses travaux législatifs. Heurtault de La Merville avait été nommé correspondant de l'institut, et membre de la société d'agriculture du département de la Seine. Il a publié : 1° l'Impôt territorial combiné avec les principes de l'administration de Sully et de Colbert, adaptés à la situation actuelle de la France, 1788, in-4°; 2" Opinion de Heurtault de La Merville sur le partage des biens communaux, an 7, in-8°; 3° Observations sur les bêtes à laine, dans le département du Cher, an 8, in-8". Comme collaborateur du Cours complet d'agriculture pratique, etc., il a fourni

T. IX.

un grand nombre d'articles à cette collection, formant 6 vol. in-8°, Paris, Buisson, 1809. L'éloge de Heurtault de La Merville a été inséré dans le tom. XIV, pag. 110, des Mémoires de la société d'agriculture du département de la

Seine.

HEURTELOUP (NICOLAS, BARON), premier chirurgien des armées françaises, officier de la légion-d'honneur, naquit à Tours, le 26 novembre 1750, de parens peu riches, qui ne lui donnèrent qu'une éducation incomplète; mais ses qualités aimables et ses heureuses dispositions lui firent des protecteurs, qui le mirent bientôt à même d'y suppléer. Les élémens de la chirurgie, les principes de l'art du dentiste, le maniement de la lancette et la connaissance des plantes usuelles, lui furent enseignés par une religieuse de la Charité, femme trèsinstruite. En 1770, il se rendit en Corse, en qualité de chirurgienélève. Il profita des avantages que lui offrait ce pays pour se perfectionner dans son art, et acquérir de nouvelles connaissances. Les productions naturelles qui pouvaient présenter quelque intérêt, furent d'abord l'objet de ses observations; il étudia ensuite la langue, la littérature et la musique italiennes. Le prix de ses travaux fut l'emploi de chirurgienmajor des hôpitaux de la Corse, qu'il obtint en 1782. En 1786, il passa, avec le même titre, à l'hôpital militaire de Toulon. En1792, il fut nommé chirurgien - consultant des armées, et l'année suivante, il siégea parmi les membres du conseil de santé, place

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qu'il a toujours conservée depuis. Il déploya, dans ces fonctions im portantes, toutes les vertus et les talens qu'elles exigent. Excellent administrateur, probe, équitable, ami zélé de l'humanité, il put servir de modèle à ceux qui suivaient la même carrière, et, malgré quelques chagrins particuliers qui durent influer sur son caractère, il savait, par des manières affables, attacher à la médecine militaire ceux en qui il reconnaissait du mérite. En 1800, il reçut le brevet de premier chirurgien des armées françaises, et, en 1808, il remplaça à la grande-armée M. Percy, qui y laissait les souvenirs les plus honorables. M. Sédillot lui a rendu le témoignage suivant, que nous citons ici comme l'expression de l'opinion générale du public sur le compte de cet homme de bien. Quoique sexagé »> naire, M. Heurteloup montra >> une ardeur et un dévouement » sans bornes sur le champ de ba» taille ; anima, par son exemple, » tous ses collaborateurs; se con>> fondit avec eux pour agir du con» seil et de la main, dans les oc»>casions les plus importantes et »les plus périlleuses; les étonna >> autant par son sang-froid et sa » dextérité, que par la justesse et »ła rapidité de son coup d'œil; » établit un ordre admirable dans » les hôpitaux ambulans et tem»poraires, en y portant les lumiè»res de l'art. » Un zèle aussi actif ne pouvait échapper au chef du gouvernement; Napoléon lui témoigna combien il y attachait de prix, en le créant officier de la légion-d'honneur et baron; mais ce qui lui fit peut-être plus d'hon

neur encore, c'est la preuve d'estime et d'attachement que lui donnèrent tous les chirurgiens militaires de l'armée, en faisant frapper, à Vienne en Autriche, une médaille qui perpétuât le souvenir de ses vertus et de ses talens. De retour à Paris, il ne jouit pas longtemps de sa gloire une affection paralytique générale, qui s'annonça d'abord avec les caractères les plus alarmans, l'enleva, le 27 mars 1812, à ses amis et à la chirurgie, qu'il avait illustrée. Malgré ses nombreuses occupations, M. Heurteloup a composé plusieurs mémoires et quelques écrits, où il a consigné ses savantes observations sur les traitemens usités dans certaines maladies graves. Les premiers lui méritèrent plusieurs médailles de l'académie de chirurgie, et les autres justifièrent et étendirent la réputation que ses nombreux travaux lui avaient acquise. Une foule de sociétés savantes, nationales et étrangères, s'honorèrent de l'admettre dans leur sein. Parmi ses écrits, les uns lui appartiennent en propre, les autres ne sont que des traductions; mais les savantes réflexions et les observations dont il les a enrichis, en font des ouvrages presque nouveaux. Quelques-uns étaient achevés, d'autres près de l'être, lorsqu'il termina une carrière qui pouvait encore lui promettre de longs jours.

HEVIN (PRUDENT), chirurgien distingué, naquit en 1715. Fils d'un chirurgien laborieux, qui le dirigea dans la double carrière de la science et de la pratique, Prudent Hevin fit de rapides progrès, et dut à son zèle et à ses talens la

place de chirurgien major de l'hôpital de la Charité. Reçu maître en chirurgie au collège de Saint-Côme, en 1737, il devint secrétaire de l'académie royale de chirurgie, à l'époque de l'établissement de cette société savante, et, quelques années après, professeur royal de thérapeutique aux écoles de chirurgie, où il enseigna la doctrine de Quesnay, son beau-père, doctrine qui était le résultat de 60 années d'expérience. Louis XV nom. ma Hevin chirurgien de mesdames les dauphines, et, vers 1770, M. le dauphin le choisit pour son premier chirurgien. Il obtint, peu de temps après, la même distinction de Madame. Après avoir exercé et professé son art pendant un grand nombre d'années, Hevin publia, en 1780, un Cours de pathologie et de thérapeutique chirurgicales, qu'il avait rédigé sur les manuscrits de son confrère et de son ami Simon, et fortifié des lumières de sa propre expérience. Le succès qu'obtint cet ouvrage porta l'éditeur à en donner, en 1784, une nouvelle édition, avec des additions et des augmentations importantes. Ce même ouvrage fut réimprimé, pour la troisième fois, en 1793. Hevin a fourni un grand nombre de mémoires intéressans à l'académie royale de chirurgie, et imprimés dans la collection de cette société. Les 3 principaux sont précédés d'un Précis d'observations sur les corps étrangers arrêtés dans l'œsophage ou la trachée-artère. Cet habile praticien, que les académies de Lyon et de Stockholm avaient admis au nombre de leurs membres correspondans, était depuis peu de mois

vice-directeur de l'académie de chirurgie, lorsqu'il fut atteint de la maladie dont il mourut, le 3 décembre 1789.

HEYDEN (FRÉDÉRIC, BARON VAN), né Belge, naturalisé Français avant la révolution, entra au service de Louis XVI, en 1788. Quatre ans après, il fut chargé de l'organisation d'une légion Germanique. Arrêté sous Robespierre, il recouvra la liberté par suite de la révolution du 9 thermidor an 2, (27 juillet 1794). Employé en 1797 à l'armée du général Moreau, en qualité d'adjudant-général, il fut impliqué, mais faiblement, dans l'affaire de ce général, et en 1804, mis à la retraite.. Exilé et ensuite arrêté, il fut détenu, dit-on, à Vincennes comme prisonnier d'état, jusqu'en 1814; mais il y a quelque incertitude sur ce dernier fait. M. Van Heyden, sa femme, et M. Coffin-Rony, littérateur,publièrent en 1812 un ouvrage périodique, dédié à S. M. la reine Hortense, et connu sous le titre de Bibliothèque des pères de famille. Vers le même temps, M. Van Heyden, à qui l'on ne connaissait aucun titre littéraire, fut reçu membre de la société (aujourd'hui royale) académique des sciences de Paris, ce qui prouverait qu'il n'était point prisonnier d'état à cette époque. La Biographie des frères Michaud dit que pendant les cent jours, en 1815, le baron Van Heyden fut un des délégués de M. Delandine de Saint-Esprit, commissaire du roi, et attaché au conseil d'adminis>>tration de l'armée du Centre, » formée de volontaires royaux désignés sous le nom de Chas

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»seurs d'Henri IV.» M. Van Heyden subdivisa ses pouvoirs, et s'adjoignit, dans l'exercice de ses fonctions, différens autres serviteurs de la cause monarchique; puis parcourutles départemens limitrophes de la Vendée, et rallia des détachemens bavarois et suis ses, faits prisonniers en Espagne, qu'il incorpora dans l'armée des volontaires royaux. Toutefois, il fut arrêté deux fois dans l'exercice de ses fonctions de commissaire délégué du roi. On ne sait aujourd'hui ce qu'il est devenu. HEYNE (CHRETIEN - GOTTLOB), l'un des plus illustres savans d'Allemagne, naquit à Chemnitz en Saxe, le 26 septembre 1725, d'une famille d'artisans qui s'étaient expatriés de la Silésie par suite de persécutions religieuses. Le père de Heyne, qui exerçait le métier de tisserand, ne put lui faire donner une éducation conforme aux dispositions extraordinaires qu'il montrait pour l'étude. Sans maîtres, en proie à la misère, nourri long-temps du pain de la charité, ne donnant, dit-on, pendaut six mois, que deux nuits par semaine au sommeil, ChrétienGottlob-Heyne parvint cepen dant, à force de patience, de zèle, de soins et de travail, à acquérir des connaissances très-étendues, et à se faire un nom illustre dans la république des lettres. Sou premier ouvrage fut une excellente traduction allemande des poésies de Tibulle et du Manuel d'Epictete. A peu près à cette é poque, en 1757, if fut chargé de l'éducation du comte Maurice de Bruhl; mais la guerre de sept ans le força de quitter Dresde, et de

se retirer à Wittenberg, où il se maria. L'incendie de cette ville, par suite des mêmes événemens militaires, le força encore de s'éloigner de l'asile qu'il avait choisi; réfugié dans la Lusace, il devint administrateur des biens d'un riche propriétaire. Toujours poursuivi par les désastres de la guerre, cette fois, il put, de concert avec sa femme, rendre de grands services à son protecteur, en cachant dans son modeste asile ses effets les plus précieux. A la paix de 1763, Heyne retourna à Dresde, et devint professeur à Goettingue. Satisfait de posséder une place honorable, il refusa, en 1767, de se rendre à Cassel pour y occuper la place d'inspecteur du Musée avec des appointemens considérables; il refusa avec le même désintéressement, quelques années après (en 1770), une place à Berlin, et des appointemens plus considérables encore. Professeur célèbre, savant antiquaire, littérateur distingué, membre de presque toutes les académies de l'Europe, Heyne mourut le 14 juillet 1812, à l'âge de 83 ans, comblé de tous les honneurs que la carrière littéraire peut offrir. Aussi modeste que savant, il possédait, en outre, toutes les vertus sociales. Il fut l'ami de tous les hommes de mérite de son temps, et montra pour le célèbre Winckelman, pauvre comme il l'avait été, et dont il fut le protecteur, la tendresse d'un père. Les ouvrages de Heyne, remarquables en général par la science, l'érudition, le goût, et une critique saine et modérée, sont trop nombreux pour être rappelés dans u

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