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puisse motiver son jugement.» Ce passage n'est pas le seul remarquable de cette brochure. Ayant échappé à force d'obscurité à toutes les persécutions pendant le régime de la terreur, il resta tout aussi obscur sous le gouvernement impérial. Cependant un petit poëme de circonstance lui valut, de la part du ministre de la police Fouché (duc d'Otrante), un exil de 2 ans. Depuis la première restauration, en 1814, il a publié quelques brochures sur la liberté de la presse, entre autres une intitulée Ermite de Steenvoorde, où l'on remarque des idées sages annonçant un homme ami d'une noble indépendance, et qui, est versé dans l'ancienne et dans la nouvelle législation. Étranger à l'intrigue, inhabile à solliciter des faveurs, M. Huet de Guerville, après s'être sacrifié à la cause royale, n'a demandé ni reçu de récompense. Il est resté pauvre, et n'a jamais désiré que l'estime, des gens de bien il l'a obtenue, et s'en est toujours montré digne.

HUEZ (CHARLES), membre de l'assemblée des notables et doyen des conseillers, était en 1789 lieutenant-criminel. C'était un vieillard respectable connu par la modération de ses principes; cer pendant des ennemis du nouvel ordre de choses, couverts du masque du patriotisme, parvinrent à le présenter comme un ennemi du peuple, et principalement comme un ennemi de Necker et un accapareur de blé. Cette dernière qualification était celle qui conduisait, à cette époque, le plus promptement à la mort. Assailli, le 9 septembre 1589, par une

troupe de furieux.. il succomba sous leurs coups. Une femme, ou plutôt une furie eut la férocité de lui crever les yeux avec des ciseaux. C'est par de telles horreurs qu'un machiavélisme atroce chercha d'abord à déshonorer la révolution.

HUFELAND(CHRISTOPHE-GUIL LAUME), né à Langensalza en Prusse, est devenu, par ses talens, professeur à l'université d'Iéna, directeur du collège de médecine et de chirurgie de Berlin, et premier médecin du roi. Hufeland s'est montré partisan du magnétisme animal, après en avoir été long-temps l'antagoniste. Jeune encore, il s'était fait avantageusement connaître par un Mémoire sur les écrouelles, dans lequel il indique des moyens d'abréger le traitement de cette maladie, et fait connaître les résultats heureux produits par l'emploi du baryte et du muriate. Un autre opuscule sur l'Art de prolonger la vie humaine, attira aussi l'attention du public. Parmi les principaux ouvrages que M. Hufeland a publiés, on cite: 1° Expériences sur les propriétés et les vertus du muriate de baryte dans diverses maladies, Erfurt, 1792, in-4°; 2° l' Art de prolonger la vie humaine, 1798, 2 part, in-8°, Berlin, 4 édition, 1805. Cet ouvrage a été traduit plusieurs fois en français. 3o Histoire de la santé, contenant le tar bleau physique de la génération contemporaine; 4° Système de médecine pratique, Manuel à l'usage des leçons publiques et des praticiens, Iéna, 1800, 2 vol. in-8°; 5° nouvelles Annales de médecine française, ouvrage périodique,

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in-8°, commencé en 1791; 6° Journal de médecine pratique et de chirurgie, 1795 et années suivantes, in-8°; 7 Bibliothèque de la médecine pratique du 19e siècle, nouvel ouvrage périodique dont le succès fut prodigieux en Allemagne; 8° Observations sur les fièvres nerveuses, traduit par M. Valdy, 1807, in-8°. M. Hufeland a aussi écrit sur la petite vérole, sur les signes indicatifs d'une mort prochaine, et sur le danger d'inhumer trop précipitamment les personnes crues mortes. Ce savant médecin jouit en Allemagne d'une haute réputation.

HUFFEL (VAN), peintre et directeur de l'académie de dessin de Gand, est né, en 1770, à Grammont en Belgique. Après avoir, à l'âge de 16 ans, remporté le prix du dessin à l'académie de Gand, il se livra à la peinture, passa plusieurs années à Paris pour se perfectionner dans cet art, et revint ensuite dans sa patrie, où il se fixa à Gand, premier théâtre de ses succès. Quelques principaux tableaux de la cathédrale de cette ville sont dus à son pinceau savant, et il possède plusieurs des qualités qui distinguent les bons peintres de l'école flamande. M. Van Huffel est depuis 1807 président de la société des beaux-arts, et un des directeurs de l'académie royale de dessin de Gand, où il s'est chargé de l'enseignement gratuit de la classe du modèle. Les discours qu'il a prononcés, en diver ses occasions, comme président de la société des beaux-arts, prouvent qu'il a étudié la théorie du sien avec autant de zèle, qu'il a eu de succès en sa pratique.

HUGAU (C. N.), député du département de l'Eure à l'assemblée législative, était officier de cavalerie au commencement de la révolution. Le 24 août 1792, il fit hommage à l'assemblée de sa croix de Saint-Louis. Il fit partie du comité militaire, et présenta plusieurs rapports sur la discipline et l'organisation des troupes. Il devint, depuis, juge-de-paix et commandant de la garde nationale de la ville d'Évreux.

HUGEL (LE BARON DE), après avoir suivi la carrière diplomatique, dans laquelle plusieurs membres de sa famille s'étaient déjà distingués en Allemagne, il parvint au ministère dans le duché de Wurtemberg. Mais à peine était-il arrivé à ce poste élevé. que lassé de la vie, il prit le parti de mettre lui-même un terme à son existence. Le 20 janvier, après avoir éloigné ses domestiques, il s'enferma dans son appartement et se brûla la cervelle. On trouva sur sa table, écrits de sa main, les deux vers si connus de Mérope: Quand on a tout perdu, etc. Des intrigues de cour, des espérances déçues, ou l'apparence de quelque diminution dans la faveur du prince, portèrent, dit-on, le baron de Hugel à cet acte de désespoir.

HUGEL (LE BARON DE), parent du précédent, conseiller privé de l'empereur d'Autriche, était ministre plénipotentiaire impérial à la diète de Ratisbonne, en 1803 et 1804. Il contribua à régler l'épineuse affaire des indemnités, et parvint à lever tous les obstacles qui s'opposaient à sa conclusion définitive. L'empereur, pour ré

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compenser le baron de Hugel, le décora de la grand'croix de l'ordre de Saint-Etienne, et le nomma son conseiller intime.

non-seulement à repousser l'ennemi, mais à contenir la garnison et à sauver la ville des plus grands malheurs, les soldats ayant d'abord déclaré qu'ils voulaient s'ensevelir sous ses ruines, plutôt que de se rendre. Le général Hugo a quitté la France, en 1816, pour passer aux États-Unis d'Amérique.

HUGUENIN, joua un rôle, au commencement de la révolution, parmi les plus fougueux agitateurs des dernières classes du peuple. Il avait été successivement avocat à Nanci, cavalier dans le régiment de carabiniers, commis aux barrières de Paris,et devint enfin chef de tous les mouvemens populaires du faubourg Saint-Antoine. Le 20 juin 1792,

HUGO (J. L. S.), officier-général, né à Paris le 15 novembre 1773, entra très-jeune dans la carrière des armes, où il se distingua par son talent et son courage. Il s'était élevé par son mérite au grade d'adjudant-général, et servit en cette qualité en Espagne, où le roi Joseph le nomma commandeur de l'ordre qu'il venait de créer, et lui confia le commandement de la province d'Avila. Le général Hugo parvint à y lever, en 1809, pour le service de ce prince, un nouveau régiment de chasseurs à cheval, qui fut bientôt parfaitement instruit et discipliné. Il attaqua, le 14 sep-il entra, à la tête d'un rassembletembre 1810, la ville de Cifuentes, dont il s'empara après une vive résistance. Il défit, le 18 octobre suivant, un corps ennemi près de Valdajos. Le 5 juillet de l'année suivante, il délogea l'ennemi de la forte position qu'il occupait à Hita, et le rejeta sur l'autre rive du Tage. L'empereur rappela M. Hugo en France, dans l'année 1813, le nomma général de brigade, et lui confia le commandement de la place de Thionville. Il défendit vaillamment cette place contre les armées coalisées et y soutint un bombardement. A la première rentrée du roi, en 1814, il fut conservé dans son grade et nommé chevalier de Saint-Louis. Le général Hugo commandait encore à Thionville en 1815, et resista à toutes les attaques des Prussiens, qui en formèrent alors le siége. Il parvint

ment de factieux, dans la salle des députés de l'assemblée législative, et se porta de là au château des Tuileries : le roi et la reine furent, comme on sait, indignement outragés dans cette déplorable journée. La nuit qui précéda le 10 août, même année, Huguenin, à la tête d'un rassemblement pareil, s'empara de l'Hôtelde-Ville, chassa la municipalité, qui y tenait séance, et se fit nommer lui-même président de la commune. Il signa, en cette qualité, des ordres qui remplirent les prisons de Paris d'une foule d'hommes innocens. Huguenin fit proclamer, le 2 septembre, que la patrie était en danger, mesure qui contribua puissamment à faire égorger, dans les journées d'exécrable mémoire du commencement de ce mois, les malheureuses victimes qu'on y avait

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amoncelées pour les dévouer à la mort. Nominé ensuite commis saire à Lyon, en Savoie, et en dernier lieu dans la Belgique, Huguenin, dans toutes ses inissions, se livra avec audace aux plus honteuses rapines. On assure qu'il fit charger 12 chariots de meubles, tableaux et effets précieux, qu'il fit transporter dans sa demeure à Paris. Il s'était réservé pour son usage particulier, le lit de la princesse Christine, gouvernante des Pays-Bas, meuble précieux qui vint orner l'appartement du faubourg SaintAntoine, où il réunissait ses amis pour se livrer aux plus crapuleuses orgies. Il fut cependant, après le 31 mai, obligé par le conseilgénéral de la commune de Paris, dont il ne faisait plus partie, de rendre compte de toutes ses missions. Depuis cette époque, Huguenin est rentré dans l'obscurité, et n'a plus fait parler de lui.

HUGUES (VICTOR), est né à Marseille, département des Bouches-du-Rhône, d'une famille qui se livrait au commerce. La turbulence de son enfance le fit envoyer très-jeune à Saint-Domingue, près d'un oncle dont il était héritier, et d'un frère qui y était établi. Il est faux, comme l'ont avancé plusieurs biographies, qu'il ait été ouvrier; mais il est vrai que son activité lui a fait faire beaucoup d'entreprises. Les évé nemens de Saint-Domingue l'ont trouvé propriétaire de la boulangerie qui fournissait le pain de la troupe. Après la mort de ses parens, victimes de ces premiers événemens, il est revenu en France sur le vaisseau le Léopard. Les

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mêmes biographes ont également avancé à tort qu'il avait été déporté en 1794 par les Anglais. A cette époque, au contraire, il les chassait de la Guadeloupe. Nommésecrétaire de Simondès, chargé par le comité de salut public de ramener Polverel et Santonax en France, le bâtiment qui leur fut donné à Rochefort pour remplir cette mission était en très-mauvais état. Le gros temps lui ayant fait faire eau de toutes parts, ils furent obligés de rentrer dans le port. C'est alors que les opinions bien prononcées de Victor Hugues, le firent nommer accusateur public près des tribunaux de Rochefort et de Brest. Il exerçait.ces fonctions, lorsqu'au commencement de 1794 il fut nommé un des commissaires de la convention aux Iles, à la place des représentans Coronaire et AntonelÎe. Peu après le départ de la commission expédiée de Rochefort avec 800 hommes seulement, on apprit à Paris que les planteurs de la Martinique, de la Guadeloupe et de Sainte-Lucie avaient livré leurs îles aux Anglais, et qu'ils leur avaient envoyé des commissaires, à la tête desquels se trouvait le chevalier Dubac, porteurs d'une cotisation qu'ils avaient faite afin de les rembourser des frais de l'expédition qui devait s'en emparer. Le gouvernement n'ayant eu l'intention que de nommer des successeurs aux généraux Rochambeau, Collot et Ricard, aurait envoyé des forces plus imposantes aux Iles-du-Vent, s'il les avait crues envahies les enpar nemis. En attérant à la Guadeloupe, les commissaires apprirent

qu'elle était au pouvoir des Anglais ainsi que toutes les Iles-duVent. Les combattre et les chasser fut le cri unanime de cette poignée de braves. Les commissaires tirèrent au sort pour savoir ce lui d'entre eux qui commanderait les troupes de débarquement,etce lui qui resterait à bord pour donner des ordres en cas d'événemens ultérieurs. Victor Hugues fut ainsi désigné pourle commandement de l'attaque. Il repoussa les Anglais qui étaient venus s'opposer à la descente. Profitant de ce premier avantage, il prit d'assaut le fort Fleur-d'Epée, qui domine la rade de la Basse-Terre. Après plusieurs actions très-vives et très-opiniâtres, il parvint à s'emparer de cette ville, et à chasser dans la partie de l'île nommée Guadelou pe, les Anglais et les planteurs qui servaient sous leurs ordres. Maître de la portion de l'île appelée la Grande-Terre, Victor Hugues fit reposer. sa petite troupe, et chercha à en augmenter le nombre en invitant les colons restés fidèles à la France à se joindre à lui pour repousser l'ennemi commun. Les Anglais de leur côté, ayant réparé leurs pertes en retirant des trou pes des îles voisines, se portèrent de nouveau sur la Grande Terre, et vinrent assiéger la ville de la Poin te-à-Pître. Pour en rendre les approches plus faciles, ils s'éta blirent sur une presqu'île conqué sous le nom de Camp-Saint-Jean, d'où ils la foudroyaient. Repous sés de tous côtés, ils s'y trouvèrent cernés, et d'assiégeans ils devinrent assiégés. Obligés de capituler, le général Graham et son armée mirent bas les arines, et

T. IX.

furent faits prisonniers. Ce fait d'armes, ainsi que beaucoup d'autres qui eurent lieu dans les colonies et qui sont ignorés ou peu connus en France, peut être comparé à la capitulation imposée à Cornwalis par le maréchal de Rochambeau. Poursuivant ses avantages, Victor Hugues alla attaquer le fort de la Basse-Terre, qui ne fut évacué par le général Prescott et lesAnglais maîtres de la iner,qu'après un siége aussilong que meurtrier. Le gouvernement français, informé de la reprise de la Guadeloupe, et que le collègue de Victor Hugues avait succombé aux fatigues de la guerre, donna les ordres les plus précis pour qu'une expé dition destinée pour les colonies qui restait depuis long-temps inactive dans le port de Brest, mît enfin à la voile sous les ordres de 2 nouveaux collègues qu'il lui adjoignit. Leur heureuse arrivée avec les forces qui les accompa gnaient, fit perdre aux Anglais l'espoir de mettre une seconde fois le pied dans la Guadeloupe; ils se virent contraints de se tenir sur la défensive, de se borner à bloquer l'île, et de chercher à intercepter les secours qu'elle pourrait recevoir de la métropole. A peine arrivés, les commnissaires s'occuperent de l'organisation de la colonie, que les travaux de la guerre n'avaient point encore permis à Victor Hugues d'effectuer, et ils avisèrent au moyen à employer pour faire rentrer sous la domination française les îles dont la trahison l'avait privée. La conquête de la Guadeloupe fut suivie de celle de la Désirade, de celle des Saintes, et de celle de Marie

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