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but moral des productions d'Hogarth y est développé. La vie, le cours d'étude, la correspondadce, les querelles politiques de ce peintre célèbre, forment un volume supplémentaire, imprimé en 1798; c'est une compilation extraite de ses papiers, avec l'Analyse de la beauté, corrigée par l'auteur, augmentée de nouvelles notes et ornée de gravures. Le Tableau de l'enthousiasme, gravure intéressante d'Hogarth, fut aussi copiée et publiée par Ireland. Enfin on a de lui un poëme intitulé: Emigrant, 1785, in-4°. Il mcurut près de Birmingham en février 1809, ou, selon Chalmers, eu novembre 1808.

ISABEY (JEAN-BAPTISTE), peintre, membre de la légion-d'honneur, s'est créé un genre particulier, et peut passer pour le fondateur d'une école nouvelle. La miniature a reçu de son pinceau une vigueur qui tient de la peinture à l'huile. La grâce et la mollesse de ses dessins, les ont fait rechercher par toute l'Europe. Sous le gouvernement impérial, il était dessinateur du cabinet des cérémonies. A ce titre, il fut chargé des dessins du courounement, qu'il exécuta avec cette finesse de touche qui le caractérise. Chargé ensuite de la direction des théâtres pour la décoration, on lui doit celle de l'Enfant Prodigue, celle des Bayadères, et plusieurs autres, qui, par leur bel effet, prouvent un talent supérieur en ce genre. Comme peintre particulier de l'empereur, il a fait, à plusieurs époques, le portrait de Napoléon, de l'impératrice et du roi de Rome, ainsi que

les beaux dessins de la Revue du 1r consul et de la Visite des manufactures de Rouen et de Jouy. Lors de la première restauration, M. Isabey accompagna MarieLouise aux eaux d'Aix, comme maître de dessin; ce qui, à cette époque, ne fut ni un titre de proscription, ni un motif de défaveur: car il eut l'honneur d'être un des premiers appelés pour peindre le roi. Il partit pour Vienne, où il fit son beau dessin du Congrés. Revenu à Paris en mars 1815, et demandé par l'empereur, il lui présenta le portrait du jeune Napoléon, qu'il avait fait dans la capitale de l'Autriche : il reçut l'ordre de le faire graver. Depuis ce temps, il a continué de travailler dans son atelier; n'ayant plus d'emploi à la cour, il s'est livré tout entier au perfectionnement de son art et aux plaisirs du public. Son beau tableau de l'Escalier du Musée a prouvé les progrès de son talent. Son dernier ouvrage, le Voyage en Italie, en a donné une nouvelle preuve. La permission qu'il a obtenue de faire imprimer chez lui, a peut-être contribué au succès des charmantes lithographies qui composent cette publication.

ISAMBERT(FRANÇOIS-ANDRÉ), l'un de nos avocats les plus érudits, a fait preuve de grandes connaissances en droit administratif; il marche sur les traces des Laurière et des Baluze, et parmi nos contemporains, des Dupin aîné. M. Isambert est né à Aunay près Auneau, département d'Eure-et-Loir, le 30 novembre 1792. Il se livra de bonne heure à l'étude du grec et de la géogra→

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phie. Le professeur Gail et plusieurs savans le distinguèrent et le consultèrent dans leurs travaux. Il a publié plusieurs cartes de géographie ancienne dans l'Histoire universelle de M. de Ségur, pour Hérodote, pourThéocrite, et dans les œuvres de Xénophon et de Thucydide. Nommé, en 1818, avocat aux conseils du roi et à la cour de cassation, il se fit connaître par plusieurs mémoires imprimés, dont les caractères distinctifs sont l'énergie et le savoir. On remarqua particulièrement ceux pour le docteur Aubry, contre le marquis de Villeneuve - Villeneuve, préfet du département du Cher; pour le général Déjean, fils de l'un des bannis de 1815; pour le général Berton, en 1822; il fut aussi, dans la même année, le défenseur du lieutenant-colonel Caron, tous deux condamnés à mort. Ce fut en 1819, qu'il commença la publication de son Recueil complet des lois et ordonnances du royaume, à compter de la première restauration du gouvernement royal en France en 1814(1819-1822), ouvrage d'une grande érudition et d'un haut intérêt politique, où M. Isambert a fait preuve de beaucoup de savoir, et d'une honorable indépendance de pensées. Les préfaces qui précèdent chaque volume peuvent être regardées comme des modèles de discussion et de critique en matière de jurisprudence. Elles ont été imprimées en partie séparément, sous le titre d'Essai sur le pouvoir réglémentaire, in-8°. Le Recueil complet des lois et ordonnances du royaume, formant 9 vol.

in-8°, est entièrement achevé, jusques et compris 1821, et tout fait espérer que l'auteur en donnera chaque année la continuation. Il ne se borne pas à rapporter le texte des lois et des ordonnances; à l'exemple de ses prédécesseurs les plus estimés, il y joint un grand nombre de remarques et de notes intéressantes. Dans les unes, il éclaircit, en les rapprochant, les textes épars de la législation; dans d'autres, il compare les dispositions législatives portées à diverses époques; dans d'autres enfin, il exerce une critique judicieuse, mais sage et mesurée, de quelques parties de notre droit liberté dont nos jurisconsultes les plus distingués ont souvent fait usage, et dont M. Isambert use comme eux, sans en abuser jamais. Il a publié une Dissertation sur les lois maritimes des Rhodiens, dans la Thémis, tom. I°; et une notice fort savante sur les sources de l'ancien droit français et sur nos anciennes assemblées nationales, depuis les Gaulois jusqu'à la révolution de 1789. Il est aussi l'auteur d'un mémoire fort curieux sur la suppression des quatre chaires, de droit naturel, de droit des gens, et du droit public général, d'économie politique, d'histoire philosophique du droit, du droit positif et du droit administratif français à l'école de Droit de Paris, opérée par l'ordonnance du 6 septembre 1822, rendue sur le rapport de la commission d'instruction publique présidée par M. Frayssinous, évêque d'Hermopolis, 1822, in-4°. M. Isambert continue la publication de ces an

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nales si précieuses des variations de notre législation mobile. Il a publié aussi la première partie d'un Recueil général des anciennes lois françaises, ou Collection des anciennes ordonnances des rois de France, Paris, 4 vol. in-8°, 1822. Cet ouvrage, qui commence à l'an 420, époque de l'avénement de Pharamond, doit contenir tous les monumens de droit public et privé jusqu'en 1789. Il est fait en société avec MM. Jourdan et de Crusy. L'un des rédacteurs de la Thémis, et principal rédacteur du Manuel du publiciste, M. d'Isambert s'est montré avec éclat dans l'affaire des journaux, qui a donné lieu à cet arrêt remarquable du g décembre 1822, le plus long et le plus beau de ceux que la cour de cassation ait encore rendus depuis son institution en 1790. M. Isambert a aussi traité devant la même cour, pour le sieur Delius, la question neuve et intéressante de la compétence des conseils de discipline de la garde nationale. Il est l'auteur des articles insérés dans quel ques journaux de l'opposition, les 27, 28 et 29 novembre 1822, sur la suppression de l'école de Médecine. Il était l'un des concurrens pour la suppléance de la chaire de droit public et administratif français, et il a publié un Mémoire très-savant et très-énergique contre la suppression de celte chaire et de celles d'économie politique, d'histoire philosophique du droit, des élémens du droit naturel et du droit publicgénéral à l'école de droit de Paris. A 30 ans, M. Isambert s'est acquis la réputation d'être l'un

des avocats les plus érudits du royaume. Sous ce rapport, on le place à côté de M. Dupin. On voit que ce jeune légiste s'est formé à l'école de M. le comte Lanjuinais.

ISIMBARDI (LE BARON CHARLES-INNOCENT), est de tous les mécaniciens-opticiens de l'Italie, le plus ingénieux et le plus distingué par ses connaissances; celui qui a le plus reculé les bornes de son art, et lui a fait faire les progrès les plus rapides. Directeur de la monnaie de Milan depuis plusieurs années, c'est à lui que cet établissement est redevable des machines hydrauliques qu'on y voit, et dont les étrangers les plus versés dans cette science ne peuvent se lasser d'admirer et l'invention et l'exécution. Son habileté se fait surtout remarquer dans les instrumens qui remplissent son cabinet particulier : il les a presque tous inventés, et néanmoins, ce qui peut paraître incroyable, il n'étudia son art que comme amateur. La douceur de ses mœurs, l'affabilité de son caractère lui avaient concilié l'estime générale au point que, sans jamais prendre part à aucune des révolutions qui troublèrent sa patrie, il fut constamment protégé par les différens gouvernemens qui s'y succédèrent. Il avait cependant osé manifester un assez grand éloignement pour la république, en 1796. Napoléon, devenu roi d'Italie, sut apprécier ses connaissances et récompenser ses services, en le plaçant dans son conseil des mines, et en lui donnant la décoration de la Cou ronne-de-fer,avec le titrede baron.

ISMERT (PIERRE, BARON), maréchal de-camp, officier de la légion-d'honneur, chevalier de la Couronne-de-fer et de l'ordre de Saint-Louis, est né le 30 mai 1768, à Teting, département de la Moselle. Il reçut une éducation distinguée, et prit du service dans le régiment suisse de SalisSamade, le 3 octobre 1783. A une époque remarquable de la révolution, le 14 juillet 1789, il entra dans la garde nationale soldée, passa en qualité de lieutenant dans la légion Germaniquecuirassiers, le 4 septembre 1792; fut nommé capitaine le 12 mars 1793, et incorporé dans le 11 régiment de hussards, en frimaire an 3. Il devint chef d'escadron dans ce corps, le 1 thermidor an. Envoyé dans le 2e corps de carabiniers, le 11 thermidor an 9, il fut nommé colonel à la suite, le 8 mai 1807; colonel du 2* régiment de dragons, 8 jours après, et maréchal-de-camp, le 8 février 1815. Le général Ismert a fait avec distinction les campagnes de 1792, de 1793, des années 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 de la république,dans différentes armées françaises; de l'an 14, 1806 et 1807, à la grande-armée; de 1808, 1809, 1810, 1811 et 1812, en Espagne; de 1813 et 1814, à la grande-armée; il a été blessé plusieurs fois c'est une vie militaire bien remplie. Il est aujourd'hui en retraite. Nous devons rapporter l'action honorable qui le fit, de simple grenadier de la garde nationale, devenir lieutenant de cavalerie. Le 20 juin 1792, il faisait partie du bataillon de la garde nationale de la

section des Petits-Pères, qui se porta aux Tuileries. Le bataillon était placé en face de la grille et de la cour qui conduisaient au grand escalier des appartemens de la reine et de tnadame Élisabeth, pour empêcher les hommes malintentionnés, qui s'étaient introduits en grand nombre parmi le peuple en tumulte, de franchir le grand escalier, et de se porter à aucun excès. Les gardes nationales résistèrent en vain; ils furent repoussés par la multitude, et M. Ismert fut entraîné avec la foule dans la première salle des appartemens, où se trouvait le lieutenant-général baron de Wittinghoff, qui recommanda à M. Ismert et à un autre garde national de défendre la porte de la reine. En même temps ce courageux vieillard chercha à caliper la multitude. Sa voix fut couverte par des cris et des vociférations. Un misé rable, levant sa bâche sur la tête de M. de Wittinghoff, allait le frapper de mort, lorsque M. Ismert para le coup avec le canon de son fusil. Foulé aux pieds ainsi que celui à qui il avait fait un rempart de son corps, pendant que des forcenés enfonçaient les portes des appartemens de la reine et de madame Élisabeth, M. Ismert, quoiqu'il eût été cruellement maltraité, prit le général dans ses bras, et parvint à l'arracher de ce lieu de désordre. Le calme rétabli, il eut l'honneur d'être présenté par M. de Wittinghoff å la famille royale, et le mois suivant, il fut nommé lieutenant de cuirassiers dans la légion Germanique.

ISNARD (MAXIMIN), naquit à

Draguignan en Provence; son père, riche parfumeur de cette ville, lui avait fait donner une excellente éducation. Une âme de feu, une imagination exaltée, l'avaient préparé aux principes de la révolution, qu'il embrassa avec transport. Elu député, par le département du Var, à l'assemblée législative, en septembre 1791, il s'y montra ouvertement républicain, parla contre les émigrés, les prêtres, la cour et les ministres, déclarant, quant à ces derniers, qu'il n'y avait d'autre responsabilité pour eux que la mort. Vers la fin de décembre, il appuya le projet de mettre en accusation les princes émigrés, frères du roi. Le 15 mai dans un rapport sur la situation politique de la France, il soutint que la cour égarait le monarque, et accusa le comité autrichien, d'organiser un plan de contre-révolution. Le 27 du même mois, il fit la motion de détruire la garde constitutionnelle du roi. Le 20 juin, il se rendit auprès de Louis XVI, en qualité de commissaire, au moment où la multitude avait pénétré dans le château, et vint ensuite à l'as semblée rendre compte de sa mission. Le 13 juillet, il prit la défense de Pétion et de Manuel, inculpés dans les événemens du 20 juin. Le 3 août, il reprocha au roi, de n'être fidèle à la constitution que dans ses discours, et le 9, il se prononça avec plus de force que jamais contre la cour. Après le 10 août, il fut envoyé à l'armée du Nord, pour obtenir son adhésion à la révolution qui venait de s'opérer. Réélu

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au mois de septembre (1792), par le département du Var, à la convention nationale, il se rapprocha plus qu'il n'avait fait encore des députés de la Gironde, et fit cause commune avec eux, pour s'opposer au parti de Robespierre qui commençait à dominer l'assemblée, et à la tyrannie de la commune de Paris; il prononça à cette occasion un discours, où il disait avec son énergie ordinaire, que, «si le feu du ciel était entre ses »mains, il en frapperait tous ceux » qui attenteraient à la souverai»> neté du peuple. » Il vota la mort de Louis XVI sans appel et sans sursis, ajoutant que, « fidèle à ses principes, il demandait que les >>> deux frères émigrés de Louis »>fussent jugés par un tribunal criminel. Il s'écria ensuite, avec une exaltation prophétique: « O mes collègues, quelles >> que soient vos opinions, notre >> cause est commune; nous som» mes, tous passagers sur le vais» seau de la révolution; il est lan»>cé, il faut qu'il aborde ou qu'il » se brise. Il n'est qu'un moyen » de nous sauver tous: il faut que » la masse des citoyens forme un » colosse puissant qui, debout de>> vant les nations, saisisse d'un >> bras exterminateur le glaive »> national, le promène sur la terre » et sur les mers, renverse les ar»mées et les flottes, etc. » Une conspiration fut tramée dans le mois de mars, contre la convention, dont on voulait égorger les membres les plus courageux et les plus éloquens. Toute la députation de la Gironde devait être sacrifiée. Isnard était aussi du nombre des députés proscrits, mais

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