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rent dans ce port, et se rembarqua ensuite, dirigeant sa marche vers les côtes de l'Écosse. Là, il eut bientôt foriné le projet d'enlever le comte de Selkirk dans son château, voulant en faire un otage; mais celui-ci, fort heureusement pour lui,se trouvait à Londres. Paul Jones, pour satisfaire son équipage dont il redoutait le soulèvement, obligea la comtesse à lui remettre toute son argenterie, et la distribua sur-le-champ à ses matelots. Mais il la racheta ensuite de ses propres deniers, et la renvoya intacte au comte. Paul Jones montait alors une petite frégate de 18 canons, nommée le Ranger, avec laquelle il devait se rendre en Hollande pour y prendre le commandement de la frégate l'Indienne. Avec son petit bâtiment, il attaqua le Drake, de 20 canons, et le força à amener pavillon, quoiqu'il s'y trouvât un équipage double en nombre du sien. Il conduisit à Brest cette prise avec une autre qu'il avait déjà faite, et un grand nombre de prisonniers. Nous arrivons au moment le plus glorieux de la vie de notre marin. Chargé, en 1779, du commandement d'une petite escadre composée de 3 frégates, dont 2 appartenant aux États-Unis et la 3 à la France, escadre qui était destinée à croiser sur les côtes d'Irlande, il rencontra une flotte marchande venant de la Baltique, convoyée par 2 frégates anglaises, le Serapis de 44 canons. et la comtesse de Scarborough de 20. Jones ne balança pas à attaquer le convoi. Le combat qu'il eut à soutenir fut terrible resté seul, toute la flotte l'ayant aban

donné, non-seulement il résista avec son bâtiment, le bonhomme Richard, à tous les efforts de l'ennemi, mais après des prodiges de valeur, il força les 2 frégates anglaises à subir la loi du vainqueur Son bâtiment fut tout fracassé, et après avoir erré quelques jours au gré des vents, il parvint à se rendre au Texel, où il put se réparer. Il éprouva de grandes difficultés pour sortir de ce port, qui était étroitement gardé par les vaisseaux anglais. Ceux-ci avaient juré de pendre Paul Jones à la vergue du grand mât de son bâtiment, s'ils parvenaient à le prendre; le traitant de transfuge, puisque né en Ecosse, il combattait contre eux. Mais il parvint à leur échapper, et fit voile pour le port de Lorient, où il arriva au mois de février 1780 Louis XVI voulant voir ce brave marin, l'engagea à se rendre à Paris; et lorsqu'il lui fut présenté, il lui donna une épée d'or sur la lame de laquelle étaient gravés, d'un côté les armes de France, et de l'autre ces mots latins vindicati maris, Ludovicus XVI remunerator strenuo vindici. Paul Jones fut de plus décoré de l'ordre du Mérite militaire, et reçut de la part des habitans de Paris, dans les spectacles et partout où il se présenta, l'accueil le plus flatteur. En retour nant en Amérique, il eut un engagement avec la frégate anglaise le Triomphe, et arriva aux EtatsUnis au commencement de 1781. Le congrès le combla d'éloges, lui vota une médaille d'or, et lui destina le commandement de l'America, vaisseau de 74 canons. Paul Jones revint bientôt après

une seconde fois à Paris, où il ne fut pas moins bien accueilli que la première, puis il passa en Russie, et alla ensuite à Vienne. Reçu avec distinction partout, il ne put se fixer nulle part, et il revint en France, pays qu'il semblait affectionner particulièrement. Cepen dant il ne put obtenir d'y être employé comme amiral. I vécut quelque temps à Paris en simple particulier, et y mourut au mois de juillet 1792. Son corps fut enterré avec pompe au cimetière du Père La Chaise, et une députation de la convention assista à ses funérailles. Petit de taille, d'une conception vive et d'un caractère morose, dur, taciturne, impérieux, avide de gloire, brave jusqu'à la témérité, connaissant parfaitement la tactique navale, d'un grand sang-froid dans l'action, susceptible de concevoir de grands projets, et trouvant promptement les moyens de les exécuter, et surtout idolâtre de la liberté. Il nour rissait contre l'Angleterre une haine profonde qui ne s'est jamais démentie. On a de lui quelques ouvrages qui prouvent qu'il n'était pas étranger aux lettres : il a publié un Abrégé de l'histoire britannique, et des Mémoires en anglais sur sa vie publique et privée; çes mémoires traduits en français, ont été imprimés à Paris en 1798, 1 vol. in-18.

JONES (WILLIAMS), théologien anglais, naquit en 1725, à Lowick, au comté de Northampton. Il étudia d'abord à CharterHouse, et ensuite à Oxford; et après avoir été admis aux ordres, en 1749, il fut nommé à la cure de Finedon. En 1754, il devint vicaire du recteur Brook-Brid

ges, dont il épousa la fille, et en 1764, l'archevêque Becker lui donna le rectorat de Plucklen, dans le comté de Kent. Il changea quelques années après ce rectorat pour celui de Paston, au comté de Northampton, et fat bientôt nommé chapelain de l'évêque de Norwich, M. Horne son ancien ami. M. Jones fut ensuite chargé de l'éducation des enfans de lord Kengon, et en 1798, il obtint de l'archevêque de Cantorbéry, le rectorat de Hollingbourne, au comté de Kent. Ce fut dans cette dernière résidence qu'il mourut en 1801. Il a publié: 1o en 1753, Réponse à l'essai sur l'esprit, par l'évêque de Clayton; 2° Doctrine catholique de la Trinité; cet ouvrage a eu plusieurs éditions; Essai sur les premiers principes de la physique, 1762; 4o Recherches physiologiques. ou discours sur la physique des élémens, 1781. On a encore de lui d'excellens mémoires sur la vie du docteur Horne; des Sermons; le Docteur armé, 2 vol. in-8°; cet ou vrage est relatif à la révolution française. Les œuvres du recteur Jones forment 12 vol. in-8°; sa vie se trouve en tête du premier.

JONES (LE CHEVALIER WILLIAM), né à Londres le 28 septembre 1746, fut en même temps, jurisconsulte profond, poète, et prosateur élégant, orientaliste savant, enfin un des hommes les plus extraordinaires de son siècle. Son père était professeur de mathématiques; sa mère possédait aussi des connaissances très-étendue-,et s'é tait livrée avec succès à l'étude des sciences exactes. Jones ayant perdu son père à l'âge de 3 ans, eut pour institutrice sa mère, qui l'é

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leva seule jusqu'à 7 ans, et le plaça alors au collège de Harrow. Mais ne pouvant se déterminer à se séparer de lui, elle trouva moyen de s'établir dans le pensionnat même, où pendant 9 ans elle ne cessa de prodiguer ses soins à son fils. Jones fit en peu de temps des progrès si surprenans, surtout dans le grec, que M. Suenmer, son maître, avouait lui être inférieur dans l'intelligence des ouvrages écrits en cette langue. Le jeune Jones avait tant d'ardeur pour le travail, qu'il prenait fréquemment du thé et du café, afin de combattre le som meil. A l'âge de 15 ans, il avait déjà donné des essais de poésies grecques, intitulées Limon seu miscellaneorum liber, et une collection de poëmes anglais, portant pour titre Arcadia. A 17 ans, Jones alla à l'université d'Oxford, où, peu de mois après, il fut mis au nombre des 4 humanistes meritant par leurs connaissances de jouir des avantages de la fondation due au docteur Bennet. Dans un voyage qu'il fit à Londres, il rencontra un Syrien d'Alep qui lui donna des leçons d'arabe, et ce fut alors que commença à se développer le goût particulier qu'il eut toute sa vie pour les langues orientales. Cette étude et celle des différentes langues de l'Euro pe ne l'empêchaient pas de se livrer aux arts d'agréinent; il se délassait en s'occupant de l'escrime et de l'équitation. En 1767, il fut reçu agrégé à l'université d'Oxford. Choisi ensuite pour présider à l'éducation du jeune lord Althorpe, aujourd'hui comte de. Spencer, il accompagna son é

T. IX.

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lève aux eaux de Spa, et sut y distribuer son temps de manière à jouir des agrémens de ce séjour sans négliger ses études. Il concut le plus vif enthousiasme pour la liberté et pour la constitution de son pays, en lisant un ouvrage intitulé De laudibus legum Angliæ. En 1770, il publia Vie de NadirChah, vol. in-4°, avec un traité de la poésie orientale, le tout en français. Le premier ouvrage avait été fait à la demande du roi de Danemark, et était la traduction de l'histoire de Nadir-Chah, écrite en persan par Myrza Mehdy. Les éloges qu'il reçut à ce sujet, le déterminèrent à publier une grammaire de la langue persane; cette grammaire, imprimée en 1771 in-4o, a eu plusieurs éditions. Jones apprit aussi le chinois, et on a de lui une des odes de Chi-King, traduite en vers latins. Jones retourna en Angleterre en 1770, quitta son élève, et consacra quelque temps à l'étude des lois pour pouvoir embrasser l'état d'avocat. Il ne négligea cependant pas son étude favorite, car il s'occupa d'une nouvelle édition du Dictionnaire arabe, turc, et persan de Meninski. En 1772, il fut reçu membre de la société royale de Londres, et bientôt après, il prit de nouveaux grades à l'université d'Oxford. Il prononça dans cette occasion un discours qui respirait l'amour de la liberté, et annonçait son estime pour les hommes qui avaient sacrifié leur existence à l'établissement de l'indépendance. En 1774, M. Jones publia son Commentarium poëseos asiaticæ, i vol. in-4°, ouvrage réimprimé en 1776, et qui se fait remarquer par

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Ja pureté, la facilité et l'élégance du style. Tout en suivant exactement les assises du banc du roi et le barreau, il traduisit en anglais les discours d'Isée sur le droit d'hérédité à Athènes. La lettre de félicitation qu'écrivit à l'auteur le célèbre Burke, prouve suffisamment le succès de cette traduction qui parut en 1778. M. Jones désirait devenir membre du parlement; mais toutes ses tentatives à cet égard ayant été infructueuses, il donna un libre cours à son indignation, en publiant un pamphlet intitulé: Recherches sur un moyen légal d'empêcher les émeutes dans les élections, avec un plan constitutionnel de défense à l'avenir. Dans une Ode latine sur la liberté, rendue publique au mois de mars 1780, M. Jones énonce avec autant de talent que d'énergie, son opinion sur la déplorable guerre de l'Amérique. Il défendit aussi avec courage et succès la cause de l'humanité, dans différens ouvrages sur l'esclavage des Nègres et la traite. De 1780 à 1781, il fit successivement deux voyages en France, et dans le dernier il eut occasion de connaître Franklin, qui lui donna un passe-port pour l'Amérique septentrionale. Pendant qu'il se disposait à se rendre aux Etats-Unis, il publia à Londres, 1.vol. in-4°, 1782, la traduction anglaise des 7 anciens poëmes arabes, qu'on nommait Moallacah, parce qu'ils avaient été suspendus aux murailles de lá Caabah dans le temple de la Mekke. Il se présenta bientôt une place séduisante pour M. Jones, ce fut celle de juge à la cour suprê

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me du fort William à Calcutta; il l'obtint, et avant son départ pour l'Inde, il fut créé chevalier, et épousa la fille de M. Sipley, évêque de Saint-Asaph. Arrivé à sa destination où sa réputation l'avait devancé, il fut installé avec pompe, et répondit parfaitement par sa sagesse et sa prudence à l'attente générale; il parvint même à établir Calcutta une société savante dont il fut le premier président. Eu 1788, on imprima à Londres le 1 volume des mémoires de cette société. Il en existe maintenant4volumes, dont les 2 premiers ont été traduits en français. M. Jones étudia aussi la langue sanskrite, qu'il regarda comme lui étant nécessaire; et pour étendre ses connaissances, il parcourut le Bengale et le Béhâr. Sans parler de ses discours nombreux sur les Hindous, les Arabes, les Persans, les Tartares, et de ses mémoires sur l'astronomie, la chronologie, les antiquités, la littérature, etc., il a publié une traduction anglaise de Sacountalâ, pièce regardée comme la plus intéressante du théâtre hindou qui est très-nombreux. Cette traduction, qui parut d'abord à Calcutta en 1789, et qui fut ensuite imprimée à Londres, fut vendue, ainsi que l'édition du texte persan des amours de Medjenoun et Leëlah, au profit des personnes détenues pour cause d'insolvabilité. Des raisons de santé ayant forcé l'épouse de M. Jones à retourner en Angleterre, ce savant infatigable charma l'ennui que lui causa cette séparation, en faisant une traduction du Code de Menon, ouvrage imprimé en 1794. Ce fut en corrigeant les dernières

feuilles de sa traduction, que les forces de M. Jones, épuisées par le travail, l'abandonnèrent entièrement. Il mourut d'une inflammation de foie, maladie presque toujours incurable au Bengale, le 27 avril 1794; il n'avait alors que 47 ans. L'étendue de ses connaissances était telle, qu'on a peine à concevoir comment il lui a été possible de les acquérir. Il connaissait 20 langues au moins, et il en parlait 8 avec la plus gran de facilité. Outre les ouvrages que nous avons cités, M. Jones a laissé une traduction anglaise de l'Hipotadesa, qui est l'original sanskrit des fables attribuées à Pilpay. Digeste des lois hindoues: cet ouvrage qui n'était pas terminé, a été continué par M. Colebrooke, très-savant dans la littérature sanskrite. La collection des œuvres de M. Jones a été imprimée à Londres en 1799, et publiée par sa veuve, 6 vol. in4o, ou 13 vol. in-8°.

JONES (WILLIAM), ecclésiastique anglais, naquit en 1726, à Lowick, dans le comté de Northum berland. L'étude des sciences ne lui fit pas négliger les arts d'agrément, il aima et cultiva la musique, et fit même un traité sur ce sujet; il s'occupa aussi de quelques compositions pour les églises. Il a publié en anglais un assez grand nombre d'ouvrages, dont les principaux sont:1° Essai sur les premiers principes de la philosophie naturelle, 1762, in-4°; 2° Zoologia ethica, in-8°, 1771; 3° Observations faites dans un voyage à Paris, par la Flandre, en août 1776, 2 vol. in-12; 4° Recherches physiologiques, ou dis

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cours sur la philosophie naturelle des élémens, 1779, in-4o; 5o Cours de leçons sur le langage figuré des saintes Ecritures, 1787, in-8°; 6o Mémoires sur la vie, les études et les écrits de George Horne, 1795, in-8°; 2e édition,1799; on`a imprimé, en 1801 et 1810, en 6 vol. in-8°, les œuvres de M.Jones, avec une note biographique. Cet ecclésiastique mourut le 6 février 1807.

JONES (SIR), membre distingué du parlement d'Angleterre, siégeant sur les bancs de l'opposition. Il demanda, en 1796, que tous les émigrés français fussent tenus de sortir de la Grande-Bretagne, et s'opposa, en 1799, à la suppression des sociétés politiques. Désirant le rétablissement des relations avec la France, il reprocha ouvertement au ministère la manière avec laquelle il àvait rejeté les propositions qui lui avaient été faites à ce sujet. Il se montra constamment opposé à la réunion de l'Irlande, et demanda, à la fin de 1799, qu'il fût fait une enquête relativement aux affaires d'Egypte; il fut aussi d'avis qu'on examinât les causes de la rupture du traité d'El-Arich. En général, il appuya toutes les motions qui avaient pour but de ramener la paix entre la France et l'Angleterre, et combattit celles qui tendaient à perpétuer les haines et les inimitiés entre deux peuples faits pour s'estimer.

JONES ('L. J.), officier français, fut employé à l'armée des Pyrénées en qualité d'adjudantgénéral. Au mois d'octobre 1793, il périt victime de sa bravoure, car s'étant jeté un des premiers dans les retranchemens ennemis,

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