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BO VIMU

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publiés en français, sur le célèbre fils de Marie-Thérèse, on peut citer un recueil d'anecdotes en 2 vol. in-12, publié par M. R...... (Rioust), sous le titre de Joseph II peint par lui-même, 1817. Néan moins, certaines anecdotes un peu douteuses, d'autres peu analogues aux principes du monarque, et le caractère de l'écrivain qui les raconte, avertissent suffisamment le lecteur de se tenir en garde contre une confiance absolue.

JOSEPH (LE PÈRE), missionnaire romain en Asie, dont le nom de famille est SEBASTIANI. Ce personnage est diversement jugé très-favorablement par les Anglais, et d'une tout autre manière par ses compatriotes et par les Français. Suivant les feuilles anglaises, le P. Joseph a longtemps habité la Perse, et a un très grand ascendant sur l'esprit du roi; il est excellent médecin ; bon horloger; il parle l'arabe, le persan, le grec et l'hindou aussi bien que sa langue maternelle; il ne parle pas avec moins d'élégance l'italien, le latin, l'anglais et le français; il interprète avec tant de force et de charmes l'esprit du nouveau Testament, selon lui fort mal traduit, qu'il fait souvent des prosélytes de ses auditeurs. Cet homme extraordinaire se rendit à Londres en 1816, pour y vendre quelques exemplaires des OEuvres du poète persan Hafiz, ouvrage magnifique qu'il a traduit du persan en latin, et qu'il a accompagné du texte. Mais les adversaires de ce bon religieux prétendent que les missionnaires en Asie ont une vie trop occupée pour s'amuser à

étudier et à traduire les poètes anacréontiques ou érotiques dugen. re de Hafiz, et pour venir vendre en Europe leurs traductions; que ce même Hafiz n'a jamais été imprimé en latin, et que la traduction que le P. Joseph a apportée en Angleterre ne peut être que manuscrite. Enfin que ce religieux est un aventurier qui pas¬ sait pour être vendu au parti an→ glais en Perse, et qui a cherché par tous les moyens possibles à entraver, à la cour de Feth-Ali, Schâh, les négociations entamées au nom de l'empereur Napoléon, d'abord par M. de Romieu, et ensuite par M. Jaubert, en 1805. Dans le voyage qu'il a publié, M. Jaubert parle de ce religieux en des termes qui ne confirment pas l'excellente opinion qu'on paraît avoir voulu faire prendre au pu→ blic sur la délicatesse, la franchise, le savoir et les brillantes qualités du P. Joseph. C'est dans cet ou¬ vrage qu'on se fera une jnste idée d'un homme mis en scène d'une manière trop extraordinaire pour être vraisemblable.

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JOSEPHINE (ROSE-TASCHER DE LA PAGERIE), impératrice des Français, reine d'Italie, née à la Martinique, le 24 juin 1763. Elle aurait pu prendre pour devise ce vers charmant :

Et la grâce plus belle encor que la beauté,

Elle était belle aussi; sa taille était élégante et majestueuse. Ses traits, sans être réguliers, formaient un ensemble à la fois noble et agréable. Ils exprimaient cette bonté constante qui n'a cessé d'embellir les jours de son règne, après avoir fait le charme de sa vie pri

vée. Peu de femmes ont mieux mérité de fixer les regards de la société, où elle fut toujours chérie et distinguée. Sur le trône, elle se souvint toujours d'elle-même, et donna, par l'affabilité et presque par la simplicité de ses manières, une parure toute nouvelle à la majesté impériale. L'association du génie et de la bonté est rare sur les trônes. Aussi laissa-t-elle de profonds souvenirs, après avoir été pendant 20 ans l'objet de l'admiration et du respect de l'Europe. Joséphine était fort jeune, quand son père la conduisit en France, pour la marier au vicomte de Beauharnais. Ce mariage était convenu entre les deux familles, lorsque le marquis de Beauharnais était gouverneur-général des Antilles. Dans tout l'éclat de la jeunesse et de la beauté, Mme de Beauharnais fut encore plus remarquée à la cour par cette grâce vraiment particulière dont la nature l'avait douée. Elle eut, ce qu'on appelait alors un grand succès à la cour. Son mari, homme très-agréable et de beaucoup d'esprit, contribuait à rendre la condition de sa femme, une des plus heureuses et des plus brillantes de la société. Elle eut deux enfans, Eugène et Hortense. Mais les affections de la nature n'avaient point été altérées dans l'âme de Mme de Beauharnais par les plaisirs du monde, ni par les délices de la cour. Sa tendresse pour une mère déjà â– gée et souffrante la rappela à la Martinique en 1787. Elle y mena sa fille, et y passa 3 ans. Les troubles dont cette colonie fut le théâtre à cette époque, furent si

subits et si périlleux, qu'elle n'eut que le temps de fuir sans avoir pu faire ses adieux à sa mère et à sa famille. Une grande destinée veillait sur elle, et l'appelait à d'autres épreuves. Elle échappa miraculeusement à une foule de dangers, et arriva en France. On a depuis, et avec raison, beaucoup parlé dans le monde d'une prédiction qui lui fut faite dans son enfance. Elle se plaisait elle-même à s'en rappeler le singulier souvenir, quand elle fut élevée à cette grandeur qu'une bonne femme lui avait prophétisée. Me de Beauharnais, échappée aux troubles de la Martinique, trouva en France les premiers orages de la révolution. Son mari, déjà connu par son dévouement aux principes constitutionnels, et justement remarqué par son influence dans la cause de la liberté naissante, attira sur sa femme une grande considération. La France était déjà en proie à l'anarchie et à tous les maux qu'elle entraîne. Les malheurs de la société vinrent tout naturellement se groupper et chercher un refuge auprès de celle. qui n'avait jamais vu couler une larme sans l'essuyer. Me de Bethisy, condamnée par le tribunal révolutionnaire, dut la vie aux courageuses sollicitations de Mme de Beauharnais. Mais la terreur s'étendit bientôt sur toute la France, et devant elle disparut aussi toute protection comme toute innocence. D'autres larmes étaient réservées à Mme de Beauharnais. Son mari, qui défendait aussi vaillamment la France à la tête des armées, qu'il avait défendu sa liberté à la tribune, du poste de gé

néral en chef de l'armée du Rhin, fut traîné dans une prison. Compris tous deux sur une liste de proscription, leur mort était certaine. Le général fut condamné, et sa femme eut la douleur de le voir entraîner au supplice. Elle tomba tout à coup dans un état de saisissement si voisin de la mort, qu'elle ne dut la vie qu'à l'impossibilité de la transporter. Robespierre périt enfin, et l'échafaud fut brisé. Tallien, qui l'y fit monter, parvint à faire sortir de prison la veuve du général Beauharnais. Elle ne l'oublia jamais, et après elle, son fils Eugène se chargea de cette portion de l'héritage de sa mère. Une pension honorable pourvut jusqu'aux derniers momens aux besoins de l'homme courageux, qui, sans l'impératrice et le prince Eugène, fût mort dans la misère. Joséphine dut à Barras sa rentrée dans une partie des propriétés de son mari. Ce fut chez ce directeur, qu'après le 13 vendémiaire, elle rencontra le général BONAPARTE, qui avait le plus grand désir de la connaître. En voici la raison. Le désarmement des citoyens ayant été ordonné par suite de cette journée, un enfant de 15 ans, c'était Eugène, se présenta chez lui, et lui demanda avec une énergie particulière, de lui faire rendre l'épée de son père. Aussitôt qu'il connut la mère d'Eugène, le général BONAPARTE s'y attacha. C'est la seule femme qui ait eu de l'empire sur lui, et pour laquelle, disait-il, il eût éprouvé une véritable passion. Il l'épousa en 1796. Elle suivit le héros d'Italie; sa mission constante fut d'enchanter le vainqueur et d'adoucir

ses triomphes. Joséphine la remplit fidèlement, et la continua quand elle fut au sommet de la puissance. BONAPARTE partit pour l'Egypte. Elle se retira à la Malmaison, où elle se plut à réunir les objets d'art les plus précieux, et où elle commença cette belle collection de plantes exotiques dont elle a enrichi la France. A l'élevation de son mari au consulat, JOSEPHINE devint la providence de la France. Elle aida puissamment le premier consul dans la consolation des malheurs, auxquels il venait de mettre un terme. Une foule d'émigrés durent à JoSEPHINE leur radiation, leur rentrée dans leurs biens, ou de grands secours. Elle encouragea les arts et l'industrie, rendit l'abondance aux premiers artistes, comme aux plus humbles artisans. Jamais personne ne s'est retiré d'auprès d'elle sans être ou enchanté, ou reconnaissant. «Si je gagne les ba› tailles, lui disait BONAPARTE, c'est >> vous qui gagnez les cœurs. » Toute espèce de malheur non mérité avait accès auprès d'elle. Sa bienfaisance ne connaissait pas les partis. La nourrice du dauphin en recevait une pension. Sans se mêler des affaires politiques, elle put souvent éclairer sur une injustice et influer pour une grâce. Ce fut à ses larmes que MM. de Polignac et de Rivière durent la vie. Elle était la femme de l'homme qui devait le plus facilement pardonner, et elle était la meilleure des femmes. Elle fut aussi la meilleure et la plus aimée des souveraines. Sa cour fut un grand asile ouvert à tout ce que la France pouvait lui offrir de malheurs à

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