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terminées chez les jésuites de Rouen, il revint dans la capitale, où son père le plaça chez un procureur. Cette profession n'était pas celle qui lui convenait, et ses dispositions lui faisaient désirer ardemment celle de chirurgien. La mort de M. Jourdain père le laissa entièrement libre de suivre le penchant qui le dominait. Il se livra au travail avec une ardeur infatigable, qui le fit dislinguer des autres élèves, par Moreau, chirurgien en chef de P'Hôtel-Dieu. Ce chirurgien habile se chargea spécialement de l'instruire, et le jeune Jourdain profita des leçons qu'il reçut d'un si excellent maître. Il avait acquis les connaissances les plus étendues sur la chirurgie en général, quand il se décida, après 6 ans d'étude, pour l'art du dentiste, et entra, pour s'y perfectionner, chez le fameux Lécluse. Reçu dentiste en 1755, il ajouta bientôt à la réputation qu'il s'était déjà acquise dans les autres branches de l'art de guérir, celle du plus habile dentiste de Paris. Jourdain a publié les ouvrage suivans: 1° Nouveaux élémens d'odontalgie, 1756, in-12; 2° Traité des dépôts

dans le sinus maxillaire, des fractures et des caries de l'une et l'autre mâchoires, 1760, in-12; 3o Essais sur la formation des dents, comparée avec celle des os, 1766, in-12; 4° le Médecin des dames, ou l'Art de les conserver en santé, 1771, in-12; 5° le Médecin des hommes, depuis la puberté jusqu'à l'extrême vieillesse, 1772, in-12; 6° Préceptes de santé, ou Introduction au Dictionnaire de santé, 1772, in-8°; 7° Traité des maladies et des opérations réellement chirurgicales, de la bouche et des parties qui y correspondent, 1778, 2 vol. in-8°. Jourdain a aussi fait insérer plusieurs articles dans le Journal de médecine et dans l'Année littéraire; il a fourni à M. Portal des notes pour son Histoire de l'anatomie, et a fait une traduction, non publiée, du Traité du scorbut de Bachstrom. On lui doit l'invention de quelques instrumens, dont un pour l'extirpation des polypes dans l'arrière-bouche, et un pour l'opération de la pierre. Une Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Jourdain, a été publiée en 1816 par M. Duval.

FIN.

DEUXIÈME

BARRAL (PIERRE), colonel du génie, né à Seyssein, près de Grenoble, département de l'Isère, le 12 juin 1742. A la suite de ses premières études, il entra dans une école d'élèves pour les pontset-chaussées, établies par l'ingénieur en chef de la province, M. Bouchet, qui le prit en affection et lui servit de père. Il passa ensuite à Lyon, chez le célèbre architecte Morand, qui l'employa dans la construction de ses bâtimens et de ses travaux des Brotteaux. Lejeune Barral resta 5 ans avec cet homme d'un génie supé. rieur, et s'étant rendu à Paris, il entra à l'école des ponts-et-chaus sées. En 1769, nommé ingénieur en Corse, avec le grade de lieutenant, il fut attaché à l'état-ma. jor, et envoyé à Corté, qui venait d'être pris par M. le comte de Vaux. Ce général obtint de M. de Choiseul plusieurs ingénieurs, dont M. Barral fut nommé chef, et ensuite inspecteur - général. Des communications à ouvrir sur les points principaux de la Corse, furent confiées à ses soins; il bâtit des ponts, creusa des ports, el construisit à Bastia une salle de spectacle d'une forme nouvelle, éclairée par un réverbère invisible, dont la lumière sortait du plafond: invention qu'on a voulu imiter ensuite à Paris. Tous ces travaux le mirent à même de cul tiver son goût pour l'histoire na

VOLUME.

turelle, et de faire de bonnes observations. En 1782, M. Barral publia, à Paris, un Mémoire sur l'histoire naturelle de la Corse, qui mérita l'approbation, et fut imprimé aux frais de l'académie. En 1789, M. Dupuget, sous-gouverneur du dauphin, le chargea d'envoyer à ce prince une collection de minéraux de l'île d'Elbe, et plusieurs productions de la Corse. Il reçut en échange le portrait du prince et un necessaire chimique. En 1791, la révolution s'était annoncée à Bastia d'une manière effrayante pour les Français; et Paoli, de retour d'Angleterre, ne tarda pas à montrer sa haine pour eux. Il fit cependant à M. Barral l'accueil le plus obligeant, et voulut se l'attacher. Arrivé à Paris, M. Barral, au lieu d'obtenir sa retraite, qu'il demandait, et la croix de SaintLouis qui lui était due, ne put être placé comme inspecteur-général des ponts-et-chaussées, quoique son brevet eût été signé par le roi. Il lui fallut, en attendant, prendre la place d'ingénieur en chef des Bouches-du-Rhône, à Aix. Nommé président de sa section, il empêcha d'émettre le vœu de la mort du roi, et fut ensuite mis hors la loi et incarcéré. En 1794, il prit la fuite, et des amis corses le firent embarquer pour Gènes, dont le gouvernement l'employa à de grands cu

vrages, et voulut lui donner la place du colonel du génie Médicis, mis à la grande tour, qu'il refusa. C'est à Gènes qu'il rejeta avec indignation la proposition que lui fit faire le gouvernement anglais, par Drack, d'accepter du service et un grade supérieur dans ses armées, s'il voulait employer pour lui son savoir et l'influence qu'il avait en Corse. Mis en réquisition, en 1796, pour l'armée d'Italie, le général en chef Bonaparte le chargea d'organiser un corps d'ingénieurs, et le nomma chef de brigade, directeur des ponts de l'armée. Ilen construisit plusieurs sur le Pô, le Tésin et l'Adige, avec une célérité surprenante. Ce lui de Séga, sur l'Adige, où était en position la division Victor, fut établi en 4 jours; et la cavalerie napolitaine, qui devait quitter les Autrichiens, passa dessus pour prendre ses cantonnemens auprès de Brescia. C'est encore lui qui fut chargé de la reconnaissance du Simplon, pour le rapport à faire sur la route qu'on y voulait construire. A la retraite de Schérer, le général Moreau, qui avait sauvé l'armée et l'avait ralliée entre Acqui et Gènes, voulut rendre à M. Barral le service des ponts; mais sa santé l'empêcha d'accepter, et il ne put que donner un mémoire sur l'organisation du nouveau service. Rentré en Fran. ce après sa radiation, qui éprouva des difficultés, il se rendit à Paris pour prendre sa retraite; et l'année suivante, le ministre Chaptal lui écrivit que le premier consul l'avait nommé préfet de la Corse, en réunissant les deux départe→ mens. Il refusa, disant qu'il ne

se croyait pas administrateur. Peu de temps après, il reçut l'ordre du même ministre de se rendre à Paris auprès du premier consul, qui lui demanda un mémoire sur une administration particulière qu'il voulait donner à la Corse, conforme aux localités et au caractère connu des habitans, ainsi que les moyens d'utiliser 5 ou 6,000 colons venus de Saint-Domingue. Il satisfit à ces demandes, et de nouveau, il lui fut of fert des places. Il les refusa, préférant les jouissances du repos au sein de sa famille. A la suite de ce travail donné au premier consul, M. Barral joignit des observations sur l'île d'Elbe, conseillant de diriger les mines de fer de cette îlé sur la Corse, afin de tirer parti de ses vieilles forêts nonexploitées, en établissant des fournaux à la catalanne, mieux perfectionnés que ceux qui existaient. Il fit connaître la belle madrague de Porto-Ferrajo, les salines; il parla avec tant d'avantages de l'île d'Elbe et de la Pianosa (île Plate), que 10 ans plus tard, son mémoire vu dans les mains de Napoléon, à l'île d'Elbe, put faire penser qu'il l'avait peut-être décidé à la choisir pour lieu de sa retraite. Dans le cours de sa vie, M. Barral se lia d'amitié avec beaucoup de savans. Son cœur plaça au nombre de ses amis, le commandeur Dolomieu, qui le regardait comme un des meilleurs observateurs en géologie. M. Barral est auteur 1o d'un Mémoire sur l'histoire naturelle de Corse, publié en 1783; 2° d'un Mémoire sur les trapps et les roches volcaniques, 1789; 3o d'un Mémoire géo

en prose

logique sur les roches coquillières
du sommet des Alpes dauphinoises,
1812; 4° d'Observations sur le
temple de Serapis près de Naples;
5° d'Expériences sur la lumière
considérée dans ses couleurs consti-
tuantes, etc.; 6° sur les Minéraux
ignés météorologiques, 1822; 7°
enfin d'une traduction inédite et Paris.

de la Jérusalem délivrée: C'est encore aux travaux de M. Barral, et sur le rapport des savans Monge et Berthollet, qu'est due la collection des minéraux de l'île de Corse, que le gouvernement a achetée et fait placer au cabinet d'histoire naturelle de

QUATRIÈME VOLUME.

(De nouveaux renseignemens nous étant parvenus sur M. le baron CARDENEAU, et l'article qui lui a été consacré dans le 4 vol., pag. 97, n'étant que de quelques lignes, nous allons donner sur cet honorable citoyen, une notice plus complète et de la plus grande exactitude.) CARDENAU (AUGUSTIN, BARON DE), maréchal-de-camp, officier de la légion-d'honneur, chevalier de Saint-Louis, membre de la chambre des députés, est né en 1766, d'une famille distinguée dans le barreau. Il commença sa carrière militaire en 1791, et füt nommé lieutenant dans le régiment d'Angoumois, qui forma la 148m demi-brigade. Employé à l'armée des Pyrénées - Occidentales d'Espagne, et détaché aux avant postes de Jolimont, sous les ordres du célèbre capitaine Latour-d'Auvergne, ils contribuérent ensemble à la défense de ce poste avantageux. Les services que l'officier Cardenau rendit sur cette partie des frontières, le firent désigner an général en chef Muller, comme directeur de la colonne devant former sur ce point l'attaque de l'armée espagnole; il obtint un succès complet, et la prise des fameuses redoutes du Col-de-Baya et Bera, ouvrit l'entrée du territoire espagnol aux armées françaises.

Il fut nommé, en récompense de sa belle conduite, adjudant-général; et la loi particulière qui confirme cette nomination, est un des témoignages les plus honorables de sa bravoure. Après avoir servi dans plusieurs autres affaires, il obtint le commande→ ment du 101 régiment de ligne, avec lequel il se trouva à la bataillede Marengo. ( hargé de la défense d'un poste difficile, il soutint plusieurs charges de cavalerie, et maintint si vigoureusement sa position contre des forces bien supérieures, que l'ennemi ne put obtenir aucun succès. Il eut, dans cette affaire, 5 chevaux tués sous lui. Après avoir fait la guerre d'Italie jusqu'à la paix d'Austerlitz, il fit partie de l'armée victorieuse qui entra dans le royaume de Naples, où, après avoir fait le siége de Gsëte, il fut nommé général de brigade. Il reçut en même temps, du maréchal Masséna, la lettre la plus flatteuse sur sa belle conduite durant le siége. En ré

compense de ses services, il obtint le titre de baron de l'empire, la croix d'officier de la légion, et plus tard, la croix de chevalier de Saint-Louis. Il est aujourd'hui (1823) en disponibilité. Après avoir parcouru avec distinction la carrière militaire, où il n'a cessé de montrer des talens, de la bravoure et du sang-froid, le général baron de Cardenau a été appelé, en 1818, par ses concitoyens, à l'honneur de repré

senter le département des Landes à la chambre des députés. Il s'y est constamment montré attaché au système constitutionnel. En 1819, il se prononça contre les lois suspensives de la liberté individuelle et de la liberté de la presse, et vota en faveur du nouveau système électoral, modifié par des amendemens. Le département des Landes doit renouveler sa députation en 1823.

SEPTIÈME VOLUME.

GARNIER DE SAINTES, pag. 459 et suivantes.

(La famille de GARNIER DE SAINTES nous adresse, relativement à notre article sur cet ex-conventionnel, des observations sur différentes inexactitudes que nous n'étions pas en position d'éviter. Nous étant toujours fait un devoir d'accueillir les justes réclamations, nous allons transcrire ces observations, qu'il sera nécessaire de lire en même temps que l'article lui-même.)

<«< Il paraît d'après cet article, que la conduite de M. Garnier de Saintes, pendant sa mission dans le département de la Gironde, n'aurait pas été irréprochable, tandis que c'est par lui que Bordeaux a été délivré du représentant en mission qui en décimait les habitans. Dans cette ville, au Mans, à Rochefort, il a fait tout le bien que la rigueur de sa mission lui permettait de faire. Tous ces faits sont rapportés dans un opuscule qu'il publia à Bruxelles en 1815. Il est dit, dans la Biographie nouvelle des contemporains même, que M. Garnier de Saintes resta sans fonction après la suppression des tribunaux criminels, en 1811, tandis qu'il fut nommé par l'empereur, président de la cour impériale

des douanes à la Rochelle. A la rentrée du roi, en 1814, ces cours ayant été supprimées, il exerça, dans la même ville, sa profession d'avocat. En 1815, ce fut son département qui l'a nommé à la chambre des députés, et non celui de la Seine-Inférieure, comme le dit encore la Biographie. Par suite de la dénonciation d'un habitant du département de la Charente-Inférieure, il fut compris dans l'ordonnance du 25 juillet. Lorsqu'il se présenta au ministère de la police pour en connaître les motifs, on lui dit qu'on n'avait eu rien à lui reprocher pendant les cent jours, mais que son nom avait figūré dans la révolution. C'est à cette époque qu'il partit pour Bruxelles, où il rédigea le journal le

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