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Surveillant, et d'où il se rendit avec son fils aux États-Unis. Là, il fut chargé par une société de Français, de prendre la direction de la colonie d'Aigle-Ville, comté de Marengo. C'est là enfin qu'il paya bien cher l'imprudence de s'être embarqué avec son fils dans un léger bâtiment, sur l'Ohio, dont il ne connaissait pas la navigation; il partait de LouisVille, qui est sur cette rivière, pour se rendre par le Mississipi à la Nouvelle-Orléans, pour reprendre la rivière la Mobile, et remonter jusqu'au lieu de la colonie. »

GAUTHEROT (CLAUDE), peintre d'histoire, est né à Paris, en 1769. Il reçut les premières leçons de dessin de son père, qu'un goût naturel pour les arts d'imitation aurait rendu célèbre, s'il eût sérieusement étudié. Admis dans la société des grands hom mes de la fin du dernier siècle, il modela, d'après nature, les por traits de Voltaire, de J.-J. Rous seau, du comte d'Argental, de Turgot, de Sacchini, de Gluck, de Bailly, etc. Vingt fois surmoulés, ces portraits, dont la signature a disparu, se trouvent dans tous les cabinets de médailles. M. Gautherot père destina son fils aîné, celui objet de cet article, à la carrière des beaux-arts, et son plus jeune à l'état militaire. Celui-ci mourut des suites de ses blessures, en 1814; il était officier de la légion d'honneur, et major du 58 régiment, dont le dépôt était à Paris. CLAUDE GAUTHEROT fut admis, en 1787, à l'âge de 18 ans, dans la grande école du célèbre peintre David; ce maître l'ho

nora de son amitié. En 1794, M. Gautherot gagna la première médaille des prix académiques. L'année suivante, il obtint ceux de la figure de Torse, de la statue an tique dessinée, et de la tête d'expression. Le gouvernemeut rétablit, en 1797, le concours pour la pension de Rome. M. Gautherot fut, en 1798, reçu le premier à ce concours; mais son tableau, représentant le Jugement de ManliusTorquatus,ne mérita pas l'honneur du grand prix. Père de famille, et âgé de plus de 50 ans, il ne put essayer une nouvelle lutte. M. David lui conseilla d'ouvrir une école, et offrit de lui envoyer ceux des élèves qui, se présentant à son atelier, ne seraient point encore en état de dessiner d'après le modèle vivant. Un assez grand nombre de peintres, sculpteurs et graveurs distingués aujourd'hui, ont fort avancé leurs études dans cette école primaire, et plusieurs n'ont fait que s'inscri re momentanément sur la liste des élèves du grand maître, et seulement afin d'acquérir le droit de se donner, dans le monde, pour disciples de David. En 1796, M. Gautherot exposa, pour sou début au salon, le tableau de Marius à Minturnes; quelques éloges des hommes de lettres, et beaucoup de critiques des praticiens peintres, laissèrent indécise l'opinion qu'il pouvait en avoir lui-même. Le maître trancha ces indécisions. Courage, dit-il, >>mon cher Gautherot; il y a dans »le sentiment de ton tableau un » mérite historique, que l'on n'ap»prend pas dans les écoles. Va t'on »chemin; je réponds maintenant

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»brillante. Dans l'analyse des » meilleurs ouvrages qui ont pa>>ru dans cette époque, le jury doit se borner à ceux qui remplissent la condition du con» cours. M. Gautherot, jeune »peintre déjà connu par des ta-, » bleaux d'un vrai mérite, a ex»posé au salon de 1808 un grand »> tableau, auquel il a donné le » nom d'Allocution. Le sujet est

» de ton avenir,et je t'attends à l'ex» position prochaine. » Electrisé par cet encouragement, M. Gautherot exécuta un grand tableau de Pyrame et Thisbé; il fut jugé avan tageusement, sous les rapports de la composition, de l'expression, et d'une heureuse direction vers les belles formes antiques. En 1800, il exposa le tableau du Convoi d'Atala. Cette production touchante, et qui rappelait le style moment de la campagne de

le de Lesueur, fixa l'opinion publique sur son talent. Ce tableau, acheté par Lucien Bonaparte, est aujourd'hui à Rome; il a été gravé en taille-douce par M. F. Lignon. L'exécution de la planche fait le plus grand honneur au graveur, et honore le talent du peintre. Il exécuta successivement les portraits du maréchal d'Avout (et non d'Avoust, comme on l'écrit communément), et du ministre des cultes, Portalis. Ces portraits en pied n'ont point été exposés, et furent placés dans les palais des Tuileries et de Compiègne. En 1808, il exposa un tableau de très-grande dimension, représentant une Allocution près du pont du Lech à Augsbourg. Cette vaste composition fut choisie dans le très-petit nombre des ouvrages de peinture historique, jugés dignes de concourir pour les prix décennaux en 1810. Voici l'opinion émise par le jury: Beaucoup de grands tableaux, >> dont les sujets sont puisés dans >> notre histoire, ont été composés » dans les dix années du con»>cours; et l'on peut assurer, à »l'honneur de l'école française, » que, depuis plus d'un siècle, »elie ne s'était montrée aussi

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» 1805, où l'empereur harangua » son armée près du pont de Lech, » pour la préparer à la bataille qui »allait se donner. M. Gautherot a » montré dans ses ouvrages, de la »sagesse dans la composition, de » la correction dans le dessin, et » du talent pour l'expresion, cette partie si précieuse de l'art. Si, »à la disposition générale qu'of» fre le tableau de l'Allocution; si, » à la vérité des mouvemens qu'il » a donnés à ses personnages, l'ar»tiste eût joint une plus heureuse disposition des masses de lu»>mière et d'ombre, que les ob»jets eussent été moins confus, »que la couleur eût été moins » monotone et plus riche dans » les premiers plans, il y aurait » peu de chose à désirer dans ce »tableau, qui a d'ailleurs un

grand mérite d'expression. » M. Gautherot fit paraître également l'empereur Napoléon blessé devant Ratisbonne, de la grandeur du précédent, et de même destiné à décorer la galerie de Diane aux Tuileries, où ils furent exposés jusqu'en 1814; et l'Entrevue des empereurs Napoléon et Alexandre, sur le radeaut du Niemen, figures demi-nature. Le jugement porté sur les divers

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ouvrages de M. Gautherot, l'avait fait placer, en 1810, en tête de la liste des artistes pour lesquels la décoration de la légiond'honneur était demandée. Les événemens de la Prusse et de la Russie firent ajourner cette décision, qui reste au néant, puis que aucun des ouvrages principaux de cet artiste ne sont plus vus par ceux qui pourraient aujourd'hui acquitter les promesses du gouvernement d'alors. Ils sont cependant rappelés au souvenir des amis et des protecteurs des arts, par des lithographies exécutées d'après les gravures des prix décennaux, et les traits des Annales de peinture, sculpture, etc., de M. Landon. En 1815, M. Gautherot fut chargé de peindre un tableau pour la chapelle du roi, représentant Saint-Louis pansant les malades, et un autre tableau de Saint-Louis donnant la sépulture aux soldats de son armée, pour l'église de la Madelaine. Le second de ces ouvrages n'a paru

HUITIEME

au salon de 1822 que pendant quelques jours. Il a fait connaître la variété des moyens de M. Gautherot, qui lui fait représen ter avec un égal succès, les héros anciens et les héros modernes. Quelques esquisses: l'Heroisme d'Élisabeth Cazotte; l'Éducation d'un fils de Constantin, et l'Origine de la vaccine, ou la Beauté préservée par la médecine, commandées par M. Cazotte fils, et par M. de Sommariva, célèbre amateur des arts, nous font encore espérer de belles productions de cet estimable artiste, qui s'occupe en outre d'un très-bel ouvrage, dont il est éditeur, sous le titre de Galerie française. Déjà 100 portraits et autant de no. tices ont paru, et formeront, dans 3 vol. in-4o, un ensemble complet de l'Histoire de France, tracée à grands traits, en se servant des circonstances principales de la vie des personnages illustres qui auront exercé quelque influence sur leur siècle.

VOLUME.

Suite de l'article GRANGENEUVE (J. A.), pag. 286, 2o colonne. Dans l'article Grangeneuve, nous avons oublié de rapporter une anecdote qui fait mieux connaître l'âme de ce patriote que tous ses travaux législatifs. Madame Roland la raconte ainsi dans ses Mémoires: « Grangeneuve est >> bien le meilleur humain qu'on

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à d'autres que lui. Dans le cou»rant de juillet 1792, la conduite » et les dispositions de la cour an» nonçant des vues hostiles, cha» cun raisonnait sur les moyens de » les prévenir ou de les déjouer. >> Chabot disait à ce sujet, avec l'ardeur qui vient de l'exalta» tion, qu'il serait à souhaiter que >> la cour fît attenter aux jours de quelques députés patriotes; que » ce serait la cause infaillible d'une » insurrection du peuple, le seul » moyen de le mettre en mouve

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Mid Hormand.

Bonnemaison pine,

Prany del et Sculp

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