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»ment, et de produire une crise » salutaire. Il s'échauffe sur ce » texte et le commente assez longa temps. Grangeneuve, qui l'avait »écouté sans mot dire, dans la » petite société où s'était tenu ce » discours, saisit le premier instant » de parler à Chabot en secret.J'ai »été, lui dit-il, frappé de vos rai» sons, elles sont excellentes; mais » la cour est trop habile pour nous » fournir jamais un tel expédient, »>il faut y suppléer : trouvez des >> hommes qui puissent faire le » coup; je me dévoue pour la vic>> time. Quoi! vous voulez... » Sans doute. Qu'y a-t-il à cela de » si difficile? Ma vie n'est pas fort » utile; mon individu n'a rien » d'important; je serais trop heu»reux d'en faire le sacrifice à mon

>> pays. Ah! mon ami, vous ne » serez pas seul, s'écrie Chabot » d'un air inspiré; je veux parta»ger cette gloire avec vous. >> Comme vous voudrez un c'est >> assez; deux peuvent mieux fai>>re encore. Mais il n'y a pas de gloire à cela. Il faut que person>> ne n'en sache rien. Avisons donc » aux moyens. Chabot, continue >> madame Roland, se charge de >> les ménager. Peu de jours après, »il annonce à Grangeneuve qu'il

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NEUVIÈME

HERMAND (EMMANUEL-LOUISJOSEPH D'), né à Paris en 1755, après avoir fait avec distinction ses études au collège de Navarre, et son droit à l'école de Paris, entra, en 1774, dans les bureaux de la marine à Versailles. En 1778, il fut nommé vice-consul chancelier à Lisbonne, où peu de temps après il fut chargé de

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>> a son monde et que tout est prêt. »-Eh bien, fixons l'instant : nous »nous rendrons au comité demain » au soir; j'en sortirai à dix heures » et demie; il faudra passer dans » telle rue, peu fréquentée, où il faut aposter les gens: mais qu'ils » sachent s'y prendre, il s'agit de >> bien nous tirer, et non pas de »> nous estropier. On arrête les heu>>res; on convient des faits. Grange»> neuve va faire son testament, » ordonne quelques affaires do»>mestiques sans affectation, et ne » manque pas au rendez-vous don»>né. Chabot n'y paraissait point » encore; l'heure arrivée, il n'était »>pas venu. Grangeneuve en con»> clut qu'il a abandonné l'idée du >> partage; mais croyant à l'exécu>>tion pour lui, il part; il prend le >>chemin convenu, le parcourt à >>> petits pas, ne rencontre person»> ne au monde, repasse une se>> conde fois, crainte d'erreur, sur l'instant, et il est obligé de ren>> trer chez lui sain et sauf, mécon. >> tent de l'inutilité de sa prépara>>tion. Chabot se sauva des re»proches par de misérables défai» tes, et ne démentit point sa pol>>tronnerie et l'hypocrisie d'un » capucin. »

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VOLUME.

remplacer le consul-général, absent par congé. La manière dont M. d'Hermand s'acquitta de cette mission temporaire lui valut, malgré sa jeunesse, l'honneur d'être appelé au consulat - général des îles Canaries. Pendant sa résidence dans ces îles improprement appelées les îles Fortunées, il eut à recevoir et à approvisionner

la célèbre et trop funeste embarcation de M. de La Peyrouse. Les secours de toute espèce que M. d'Hermand sut, à force de zèle, procurer aux illustres voyageurs de cette expédition, lui méritèrent les marques les plus touchantes de, leur reconnaissance, et les éloges les plus flatteurs de M. le maréchal de Castries, alors ministre de la marine. M. d'Hermand passa ensuite au consulat-général de Madrid, d'où il fut rappelé à Paris, pour occuper la place de chef de division des consulats au ministère des affaires étrangères. Après avoir exercé pendant près de 15 ans cette place importante, il fut nommé inspecteur - général du commerce et des consulats, et en même temps officier de la légiond'honneur. Mais ses voyges et ses longs travaux ayant altéré sa santé, il ne put remplir l'honorable place dont on avait récom

pensé son zèle. Il fut enlevé subitement à sa famille, à ses nombreux amis, en 1818, au moment où il se proposait de mettre la dernière main à quelques ouvrages sur l'histoire politique et naturelle des îles Canaries, du Portugal et de l'Espagne. Il est à souhaiter que ces ouvrages, tout imparfaits qu'ils soient, se publient. Non seulement ils renferment d'utiles notions en matière de sta tistique, de commerce et d'économie politique, mais ils promettent aux amis des lettres une lecture aussi agréable qu'utile. Peu de personnes s'exprimaient avec autant de justesse et d'esprit que M. d'Hermand. On retrouvera sans doute dans son style tout l'agrément de sa conversation. M. d'Hermand fut non- seulement observateur judicieux et diplomate habile; il fut mieux, il fut homme intègre et bon.

FIN DES SUPPLÉMENS.

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