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seconde, c'est le poids du vase rempli d'eau. Les raisons que je vais indiquer tout-à-l'heure nous firent donner la préférence à la seconde méthode.

Lorsqu'une boule de verre, qui de tous les corps solides est la plus propre à cet usage, est pesée dans un fluide spiritueux ou aqueux quelconque, l'adhésion du fluide à la boule donne lieu à quelques inexactitudes, et rend conséquemment la balance lente et paresseuse. J'ignore jusqu'à quel degré cette inexactitude peut avoir lieu; mais d'après quelques expériences que M. Gilpin a entreprises dans cette vue, il paroît qu'elle est très-sensible; outre cela, comme dans cette expérience, on est obligé d'exposer à l'air ouvert une très-grande surface de la liqueur que l'on pèse, il doit en résulter une altération très-marquée dans la force des mélanges, causée par l'évaporation, qui sur-tout dans des températures plus chaudes doit être très-considérable. Il paroît donc que la température du fluide pendant ce travail, peut être déterminée avec beaucoup plus d'exactitude en remplissant une fiole, qu'en suivant l'autre méthode; car le fluide ne peut pas être secoué pendant que la boule de verre y est plongée; et comme pour faire l'opération de peser il faut un certain tems, le changement de cha

leur, qui aura lieu durant cette période, sera naturellement inégal dans la masse entière, et occasionnera par conséquent des erreurs sensibles; de l'autre côté, il faut avouer, qu'en suivant la méthode de remplir un vase, on ne peut pas déterminer, avec toute l'exactitude nécessaire, la température de l'atmosphère, à cause du col du vase que l'on avoit employé; car celui-ci contenant à-peu-près dix grains, fut rempli jusqu'à l'endroit marqué avec de J'esprit, dont la température n'étoit pas exactement la même, comme nous allons le voir tout-à-l'heure; toutefois l'erreur qui en résulte n'est pas à beaucoup près égale à l'autre, et la plus grande quantité en peut être déterminée avec beaucoup de justesse. Enfin il fut trouvé bien plus facile de communiquer au fluide la température que l'on désiroit lorsqu'il étoit contenu dans un vase, que lorsque ce dernier renfermoit un corps solide; car, dans le premier cas, la quantité de fluide pouvoit être moins grande, le vase plus maniable, il pouvoit donc être ou chauffé avec la main ou rafraîchi dans de l'eau froide, et la seule circonstance, qu'il ne falloit qu'une plus petite quantité de fluide pour achever ce travail, est déjà un avantage réel. Un inconvénient particulier dans la méthode de peser un vase,

c'est

c'est la difficulté de le remplir avec la plus grande exactitude; cependant, lorsque le vase est pourvu d'une marque faite avec précision et jugement, l'erreur, en le remplissant, ne peut être que de très peu d'importance. Cette même expérience ayant été répétée plusieurs fois, M. Gilpin l'a cru être sûre; qu'il n'importoit que le Té P. du poids entier de la masse. Les considérations indiquées m'ont déterminé, aussi bien que les personnes que l'on a employées pour ces expériences, à donner la préférence à la méthode de peser immédiatement le fluide; méthode qui avoit été également suivie par MM. Dollfus et Gilpin.

Le vase que l'on avoit choisi comme le plus propre pour faire cette expérience, étoit une boule creuse de verre, se terminant en un col à ouverture étroite. Celui. que M. Dollfus avoit choisi pour son travail contenoit 5800 grains d'eau distillée; mais comme notre balance étoit de la dernière exactitude, il fut jugé convenable par M. Gilpin, qui avoit répété cette expérience plusieurs fois, de se servir d'un vase dont la capacité n'étoit que de 2965 grains comme plus capable de retenir la chaleur, et de la déterminer avec exactitude. La boule de notre vase, que nous nommerons bouteille à peser, étoit à-peu-près de pouces de diamè Tome XV.

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we et de forme sphérique, tant soit peu applatie à la partie opposée au col, ce qui servoit en même temps comme pied pour la peser; le col de cette bouteille étoit fait d'un bout de tube de thermomètre de 1 de pouce de long, le diamètre de l'ouverture étoit d'un 25° de pouce. Ce col étoit parfaitement cylindrique, et marqué en dehors, vers le milieu de sa longueur, d'un circle ou raie très-fine, coupée à l'aide d'un diamant; cette marque servoit à fixer l'endroit jusqu'où le vase devoit être rempli. Pour tracer cette marque sur l'extérieur du col, on avait fixé la bouteille sur un tour, et en la tournant avec exactitude pour recevoir ainsi l'impression de la pointe du diamant. Le verre de cette bouteille n'étoit pas trop épais; elle ne pesoit que 916 grains, et avec son couvercle d'argent 936 grains.

Lorsqu'on vouloit déterminer la pesanteur spécifique d'une liqueur quelconque, à l'aide de cette bouteille, on commençoit par communiquer à la liqueur la température nécessaire, et alors on n'en remplissoit la bouteille que jusqu'au commencement du col, pour avoir assez de vuide pour secouer la liqueur. Un thermomètre extrêmement sensible et fin (dont nous donnerons la description ci-après) fut alors plongé par le col de la bouteille dans la li

queur qu'elle contenoit, par lequel on voyoit si la liqueur étoit au-dessus ou au dessous de la température. Dans le premier cas, la bouteille fut portée à l'air froid, ou bien plongée pendant un moment dans de l'eau froide; en attendant le thermomètre fut plongé plusieurs fois de suite dans la liqueur, jusqu'à ce qu'elle fût arrivée au point de température nécessaire. Lorsque la liqueur étoit trop froide, la bouteille fut portée dans un air plus chaud, plongée dans de l'eau chaude; mais ordinairement on se contentoit de la tenir entre les mains, jusqu'à ce que le thermomètre, après plusieurs essais répétés, fut trouvé à la température que l'on desiroit. On comprend facilement, que pendant que l'on chauffoit ou rafraîchissoit la bouteille, elle fut souvent secouée entre chaque iminersion de thermomètre; l'ouverture du col fut en même tems bouchée aussi exactement que possi→ ble, ou avec le doigt, ou avec le couvercle d'argent fait exprès à cet usage. L'eau chaude fut employée lorsqu'on vouloit pousser la température de la chaleur à 80 et plus de degrés, les degrés inférieurs furent obtenus, en tenant la main contre la bouteille; lorsqu'on se servoit de l'eau chaude, le ventre de la bouteille fut plongé, mais promptement retiré et se coué aussi souvent qu'il étoit nécessaire, pour

y

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