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les points, de la circonférence en même tems, l'on voyoit que chacune de ces molécules accéléroit la marche à mesure qu'elle s'approchoit davantage du noyau, quelquefois trois ou quatre fe réuniffoient en route & faifoient chemin enfemble; alors leur rapidité étant plus confidérable, la pellicule moyenne par qui elles étoient attirées s'allongeoit au-devant d'elles & reprenoit enfuite fa forme ronde. Ce phénomène manifeftement produit par l'attraction, a duré pendant quelques minutes, & formoit un spectacle piquant pour l'obfervateur.

L'alcool entièrement évaporé a laiffé 3 gros d'une matière jaune beaucoup plus foncée que celle qui s'est déposée par le refroidiffement, elle avoit l'odeur de l'extrait animal, & une faveur falée bien fenfible. Elle étoit molle àpeu-près comme du favon noir. Elle fe délayoit dans l'eau affez facilement & formoit un liquide laiteux, mais il ne faut pas pour cela dire que c'est un savon, car elle rougiffoit fortement le papier de tournefol, & jamais favon n'a rougi ce papier, au contraire il lui fait reprendre fa première couleur quand il a été rougi. Elle ne devenoit huileufe & ne fe fondoit comme les autres fubflances de ce genre, que lorsqu'il s'en étoit dégagé de l'ammoniaque & qu'il s'en étoit féparé du carbone.

EXPÉRIENCE X.

Cerveau humain traité par la potaffe.

La potaffe caufique très-concentrée mise fur une portion de cerveau humain l'a diffoute quoiqu'il fût très-folide, en dégageant beaucoup de calorique & d'ammoniaque. Cette ainmoniaque n'étoit pas libre dans le cerveau, car celui-ci avant d'être mêlé à la potaffe rougiffoit fortement le papier de tournefol; propriété que nous avons déja notée plus haut. Le cerveau dans cette combinaison prend une couleur gris-de-lin.

Cet effet a lieu fur les cerveaux les plus frais, ainfi que fur toutes les matières animales. On donnera la théorie de ce phénomène dans un autre tems dans un mémoire plus détaillé fur cet objet.

EXPÉRIENCE X I.

Cerveau humain traité par l'huile de térébenthine.

Deux gros de cerveau humain defféché ont été mis avec une once d'huile volatile de térébenthine & chauffés enfemble pendant un quart- d'heure au degré qui fait bouillir ce réactif; la liqueur filtrée avoit acquis une cou

leur jaunâtre & une confistance affez grande, qui a augmenté par l'évaporation d'une partie de l'huile de térébenthine; la portion non diffoute pefoit 100 grains, elle avoit donc diminué de 44 grains.

EXPÉRIENCE XII.

Cerveau humain traité par l'huile d'olive.

Un gros du même cerveau que ci-deffus a été chauffé avec une once d'huile d'olive, une grande partie de la matière cérébrale a été diffoute & l'huile a pris une confiflance beaucoup plus forte que celle qu'elle a dans fon état naturel. Ce qui reftoit avoit une couleur brune, répandoit une odeur empyreumatique, odeur que l'huile chaude lui avoit fait prendre en l'altérant par la chaleur. On n'a pu s'affurer quelle quantité avoit été diffoute, parce qu'il refloit beaucoup d'huile entre les molécules de la matière cérébrale qu'on n'a pas pu féparer, mais il y en avoit au moins la moitié.

EXPÉRIENCE XIII.

Expreffion du cerveau defféché à deffein d'en Séparer l'huile.

Une livre de cerveau bien defféché & roti

légérement dans un vafe de fayence, a été expofée entre deux plaques de fer chaud, à l'effort d'une preffe dont le levier mû par deux hommes avoit 3 pieds de long, & quoiqu'on eût pris le foin d'envelopper cette fubflance dans une toile imbibée d'huile d'amande, il n'a pas été possible d'en faire fortir un atôme de matière liquide, foit graffe, foit d'une autre nature. Cependant M. Thouret rapporte dans fon mémoire que Burrhus avoit retiré par la preffe, du cerveau defféché, une huile concrefcible par le froid & qu'il a comparée au blanc de baleine. Il faut que la méthode de cet auteur foit différente de la nôtre. Il eft vraisemblable qu'il aura féparé les principes de cette fubftance par l'adion d'une chaleur forte, qu'une portion de carbone & d'azote s'en fera féparée & qu'enfuite une partie du résidu devenu plus huileux aura coulé par l'effort de la preffe ; mais ce n'eft pas ainfi qu'il faut opérer pour s'affurer qu'il exifte une huile ou une graiffe toute formée dans un corps quelconque, car de cette manière, on en retireroit de tous ceux qui contiennent les principes qui forment les huiles, quoiqu'ils n'en contiennent pas de réellement formée.

La matière que l'on retire du cerveau par l'alcool, quoiqu'étant fort voifine d'une huile épaiffe,

épaiffe, ne doit cependant pas être confidérée comme telle, , car elle auroit coulé dans cette expérience, & se seroit féparée du refte de la matière.

Nous penfons donc qu'avec les moyens qu'on emploie ordinairement pour extraire les huiles & les graiffes contenues naturellement dans les fubftances végétales ou animales, on ne peut pas en retirer de la matière du cerveau, & que ce n'a été qu'en altérant les principes de cette substance, que quelques perfonnes auront pu en obtenir.

Réfumé & Conclufion.

Il eft, ce femble, clairement démontré par ces expériences que le cerveau, qutre la pulpe animale, est compofé de phosphates de chaux, d'ammoniaque & de foude, que chacune de ces substances n'y entre que dans une très-petite proportion, qu'il ne contient point d'alcali à nud & que fur-tout il n'y exifte pas un atôme de potaffe, quoique cet alcali y ait été admis par M. Thouret dans un mémoire imprimé parmi ceux de la fociété de médecine de Paris,

Quant à la matière de la pulpe cérébrale nous penfons qu'elle forme parmi tous les organes des animaux une claffe ou plutôt un genre à Tome XVI.

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