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TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE

RUE JACOB, 56

1841.

PRÉFACE

DE L'ÉDITEUR.

EN mettant sous les yeux du public le premier volume d'une collection qui doit avoir quelque étendue, il m'a paru convenable d'en faire connaître l'origine avec ses principales circonstances je satisferai ainsi la curiosité et l'intérêt que plusieurs personnes distinguées, même des compagnies savantes étrangères, ont manifestés au sujet de cette partie des travaux historiques ordonnés par le gouvernement français, qui est exécutée au département des manuscrits de la Bibliothèque Royale.

Il y a sept ans qu'un de nos plus savants écrivains, celui qui, par sa science profonde, la gravité de ses études historiques et philosophiques, la pratique attentive des hommes et des partis, par de longs services, et surtout par la moralité de sa politique, s'est placé au premier rang des hommes d'État contemporains, était chargé du département de l'Instruction publique, et qu'il exposa dans un Rapport adressé au Roi, le 31 décembre 1833, à l'occasion du budget de son ministère pour l'année 1835, l'ensemble de ses vues sur l'obligation où était le gouvernement d'entreprendre la publication générale des matériaux inédits les plus importants concernant notre histoire nationale, et sur les moyens

T. I.

a

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de réaliser une si vaste entreprise 1. Le Roi donna aussitôt son approbation à ces vues, « à cette œuvre toute libérale, si digne de la bienveillance de Sa Majesté pour la propagation de l'instruction publique et la diffusion des lumières 2. »

Dans ce même Rapport au Roi, M. Guizor désigne le département des manuscrits de la Bibliothèque Royale comme une des sources où seraient puisés les plus nombreux matériaux de cette grande publication:

« Ce département, y est-il dit, serait également fouillé, et fournirait une masse de documents originaux dont il serait difficile de calculer l'importance. Les collections dites de Colbert, de Brienne, de Dupuy, de Gaignières, et tant d'autres qu'il serait trop long d'énumérer, n'ont encore été pour ainsi dire qu'entr'ouvertes. Là sont ensevelis des correspondances, des mémoires, des écrits de toute espèce, reflets vivants de tous les siècles, répertoires des jugements que chaque époque a portés sur elle-même: aucun autre dépôt n'est plus riche que la Bibliothèque Royale en matériaux pour cette sorte d'histoire qu'on peut appeler contemporaine, histoire qui ne consiste pas moins dans la révélation des idées que dans celle des faits 3. »

Dès que l'autorité législative eut consacré l'utilité des vues du Ministre par le vote des fonds nécessaires à leur accomplissement, le Comité des travaux historiques fut créé (18 juillet 1834); M. le Ministre me fit l'honneur de m'y appeler, et bientôt après le projet de dépouillement des collections manuscrites de la Bibliothèque Royale fut repris: il fut ordonné par un arrêté du 6 novembre 1834, et rien ne pouvait être plus favorable aux progrès des études historiques.

1

Voyez le volume de la Collection générale contenant les Rapports au Roi et Pièces, p. 5, et le Moniteur du 13 janvier 1834.

. Ibid.

3 Ibid., p. 6 et 7.

On sait en effet, en France et à l'étranger, quelles ressources infinies existent dans les grandes collections manuscrites de la Bibliothèque Royale, pour l'histoire politique et administrative de l'Europe en général, et particulièrement de la France; toutes les collections imprimées en ont été extraites en très-grande partie. Mais ces volumineux ouvrages, ainsi que les travaux analogues, de dimensions ordinaires, qui ont été publiés sans le concours du gouvernement, ont embrassé une époque exclusive ou un sujet spécial; et comme nos écrivains, quoique nombreux et laborieux, n'ont épuisé ni tous les sujets ni toutes les époques de nos annales, il est encore, sans nul doute, dans les collections manuscrites de la Bibliothèque Royale, une immense quantité de documents authentiques et précieux qui sont inédits ou inconnus.

Chaque jour des recherches nouvelles y sont faites avec fruit, des ouvrages même médiocres y puisent des moyens presque imprévus de succès. D'ailleurs le goût général du public est porté, par une curiosité peut-être futile, vers les vieilleries historiques; les méditations du philosophe et celles de l'homme d'État s'exercent aussi sur ces précieux documents, et dans un double but, puisqu'ils cherchent dans la science du passé l'art d'améliorer les choses du temps présent, et même l'histoire de l'avenir. En somme, il y a en France une sorte d'affection universelle pour les vieux souvenirs: on s'en affuble même à l'envi comme pour anoblir et titrer la démocratie nouvelle.

Ce goût des souvenirs se manifesta dans l'approbation générale donnée aux vues de M. le Ministre de l'Instruction publique (M. Guizot), au sujet de la prompte et large publication des documents originaux de l'histoire nationale: et à tout ce qui se faisait à Paris et dans les départements, on voit que M. le Ministre, bien peu plus tard, ne serait peut-être pas arrivé le premier sur le champ de ces rares découvertes et pour diriger cette fouille générale dans les monuments de toutes les gloires françaises.

በ.

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