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nien, Démétrius de Phalère. Un tel choix fait également honneur à Pto. lémée et à Démétrius : celui-ci eut pour successeurs daus cette place importante des hummes du plus rare mérite.

La Bibliothèque d'Alexandrie se conserva dans toute sa splendeur pendant plusieurs siècles, jusqu'à la prise de cette ville par César

pour

les sciences , la moitié des livres qui la composaient ayant été la proie des flammes. L'autre moitié subit le même sort dans le septième siècle de l'ère chrétienne , et le premier de celle des Mahometans, par les ordres du calife Omar, l'un des successeurs de Mahomet. Il fallait que le vombre des livres fût bien considérable , puisqu'ils servirent à charffer les bains d'Alexandrie pendant six inois.

Tous les savants ont vivement déploré la perte d'un si riche dépôt des productions de l'esprit humain , et voué à l'exécration la superstitieuse ignorance du calife qui le fit livrer aux flammes, pour ne conserver dans le monde que le volume du Koran. En effet, il est à présumer que cette Bibliothèque, telle qu'elle existait encore à cette fatale époque , renfermait un très-grand nombre d'ouvrages de la plus haute antiquité, que nous n'avons plus, ou dont il ne nous

reste que les noms ou des fragınents. Que de lumières nous avons perdues sur la connaissance de l'histoire des premier's empires et des peuples de l'Asię! Que de systêmes de moins : on aurait eu à faire, au sujet des antiquités égyptiennes et grécques ! Que de poëmes, peut-être aussi beaux que l'Iliade ; que de discours , peutêtre aussi éloquents que ceux de Démosthènes, nous avons à regretter ! Aujourd'hui , quand les érudits compulsent les ouvrages des anciens pour comparer ce qu'ils ont écrit sur les peuples et les événements qui les ont précédés d'un grand nombre de siècles, il me semble les voir fouiller les cendres de la Bibliothèque d'Alexandrie.

Après la Bibliothèque d'Alexandrie, celle de Pergame , qui, selon Platarque, dans la Vie de M. Antoine, renfermait deux cent mille volumes était devenue la plus célèbre. Elle avait été fondée et successivement enrichie les Eumènes, rois de ce pays, tous zélés

pour

les progrès des arts , et à l'un desquels nous devons finvention du parchemin, Pergamena charta ; mais aucun d'eux ue montra plus de magnificence que le célèbre Attale, dont les richesses étaient passées en proverbe chez le's Romains, qu'il institua ses héritiers. Ce prince, attentif à marcher sur les traces de ses prédécesseurs , croyait ne pouvoir faire un meilleur usage de ses trésors , que d'en employer une partie à l'acquisition des chelsd'æuvre de son siècle. Aussi , quand, après la prise de Corinthe , le consul Mummius fit exposer en vente une partie des tableaux trouvés dans celte ville infortunée, ne laissa-t-il pas échapper une si belle occasion, et on acheta-t-il plusieurs qui avaient une grande réputation, pour un prix qui effrayerait aujourd'hui des têtes couronnées.

Après la conquête de la Grèce, le goût des livres ne tarda pas à faire des progrès chez les Romains. Ce peuple qui , sans oesse occupé d'expéditions guerrières, avait montré jusqu'à cette époqụe peu d'empresa sement, pour la culture des lettres, commença d'y prendre goût, par un commerce plus fréquent avec les Grecs , dont la littérature et les arts étaient bien capables d'adoucir ce qui restait de rudesse dans le caractère de ces vainqueurs du monde. Paul-Emile , après avoir vaincu Persée, roi de Macédoine , fut le premier qui enrichit la ville de Rome d'une bi. bliothèque qui, depuis , fut augmentée par Sylla.

A son retour de l'Asie, où il avait heureusement terminé la première guerre coutre Mithridate, ce général, devenu depuis si fameux par ses proscriptions , se rendit à Ath nes avec l'intention d'en emporter les livres les plus estimés. Ce fut là qu'il eut le bonheur de découvrir les (Euvres d'Aristote , qui , pendant près de trois cents ans, étaient restées enfouies

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dans un souterrain, et n'étaient passées dans la Bibliotheque d'un riche Athénien , nommé Apellicon , que par la pauvreté des descendants de Nélée, qui les avait reçues de Théophraste, disciple d’Aristote. Si quelque chose peut rendre intéressante la mémoire de l'impitoyable Sylla, c'est l'usage qu'il fit de sa Bibliothèque ; car il la rendit, pour ainsi dire, publique ; et c'est à la complaisance de son bibliothécaire Tyrannion, four Andronicus le Rhodieu , que nous sommes redevables des (Euvres d'Aristote et des sommaires que nous avons maintenant. Ce fut aussi ce même Andronicus qui restituą les endroits des écrits de

philosophe, que le temps avait dévorés. n autre vainqueur de Mithridate, Lucullus , si renommé par ses richesses et par le luxe de sa table, ne se distingua pas moins par son goût pour les livres. Ainsi que ses jardins , sa Bibliothèque était ouverte à tous les savants: les Grecs qui séjournaient à Rome , y avaient un accès facile, et y trouvaient, pendant plusieurs heures de la journée, la jouissance qu'ils préféraient à toute autre.

Jules-César, aussi bon littérateur que grand capitaine, succéda Sylla et à Lucullus daus leurs richesses littéraires, dont il confia le précieux dépôt à M. Varrou, Auguste, dout le règne est une époque si célèbre dans les Anuales de l'esprit humain, fut redevable à ses favoris, Agrippa et Mécène , de son goût pour la belle littérature, et de la Bibliothèque qui ornait son palais et faisait les délices des Romains. L'illustre Asinius Pollion était son bibliothécaire pour celle du Mont Aventin, qni était la plus nombreuse ; ct Mécène , pour celle qu'il avait nommée Octavienne , du nom de są sæur Octavie.

Après la mort d'Auguste , ses successeurs songèrent peu à de grands établissements en ce genre ; nous savons pourtant, d'après le témoignage d'Aulu-Gelle et de Suétone , que Tibère", Vespasien, Domitien , avaient for né chacun une Bibliothèque particulière, et que celle de ce dernier ainsi que

le rapporte Eusébe de Césarée , fut détruite par l'incendie qui consuma le Capitole sous l'empire de Commode.

Qatrc les Bibliothèques des empereurs, il y en avait dans les principales villes de l'Empire ; et les volumes calcinés que l'on a découverts et que l'on trouve encore de temps en temps dans les ruines d'Herculanum et de Pompeïa , prouvent que les livres étaient communs dans ces villes, et entraient dans la dépense des simples particuliers.

Les irruptions des Barbares , plus terribles et plus destructives que les inondations, les volcans et les tremblements de terre , eurent bientôt fait disparaitre de l'Italie les Bibliothèques qui s'y étaient multipliées depuis quatre ou cinq siècles. Celles de l'Orient échappèrent à ce torrent 'dévastateur ; et Constantinople ainsi qu'Alexandrie conserverent, jusqu'au temps de la domination d'une autre espèce de Barbares , leurs collections liltéraireş. Si, malgré ce désastre universel , nous lisons encore un grand nombre d'ouvrages des auteurs de l'antiquité, dans les langues grecque et latine , c'est à ces moines, aujourd'hui și méprisés, ou du moins si oubliés dans le inonde, même catholique , que nous en avons l'obligațion. Eux seuls nous ont conservé par des copies, les livres échappés aux ravages qui en avaient détruit tant d'autres; mais ces copies, faites la plupart par des hommes peu capables de bien lire les originaux, důrent présenter aux

ou beaucoup de fautes ou beaucoup de lacunes. C'est la raison pour laquelle plusieurs écrits des anciens sont en quelques endroits, ou difficiles à comprendre , ou imparfaits.

A cette cause de la conservation des livres , il faut ajouter celle qui résulte du schisme élevé entre l'Eglise grecque et l'Eglise latine, Quoique isės-funeste à la religion et à l'unité chrétiennes, ce schisme à puis

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lecteurs,

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samment contribué au maintien de la langue grecque et à la transmission des ouvrages écrits dans cette langue , par la ligne de démarcation qu'il a établie, relativement à l'enseignement religieux et littéraire , entre l'Orient et l'Occident. Il est hors de doute que si la langue latine n'a pas absorbé la langue grecque , c'est que l'Eglise latine n'a pu dominer sur l'Eglise grecque. Si la première n'avait point eu de rivale, qui oserait nier que sa langue n'eût été adoptée dans tout l'univers chrétien, et qu'un grand nombre d'originaux grecs n'eussent disparu pour faire place aux traductions latines ? Sans doute , les savants fugitifs de Constanti-. nople et de toutes les provinces de la Grèce, au quinzième siècle et au commencement du seizième au lieu d'apporter en Italie les ouvrages des auteurs païens et chrétiens, écrits en grec, n'auraient eu à préseuter aux souverains de cette contrée que ces mêmes auteurs traduits en latin. On peut dire, par la même raison, que si toute l'Europe avait einbrassé la doctrine de Luther et de Calvin , la langue latine, exclue des temples , n'aurait pas tardé à être bannie des universités et des colléges. Cette réflexion n'a peut-être pas été faite par M. de Villers.

Nous sommes arrivés à l'époque à jamais mémorable de l'invention de l'imprimerie. Que d'ouvrages ensevelis dans la poussière et l'obscurité des cloîtres vont reparaître au grand jour! Que de noms illustres , depuis long-temps oubliés, vont jeter le plus vif éclat ! La Grèce tout entière va de nouveau instruire l'Italie , et l'Italie le reste de l'Europe. C'est à Mayence qu'Athènes et Rome ressuscitent, pour devenir encore une fois les maitresses du monde et les oracles de la raison et du goût. Peu à

peu les tén.bres se dissipent, les esprits se réveillent de toutes parts et éprouvent le besoin de s'instruire par l'étude des bons modèles. Les universités se fondent , les savants se réunissent ou correspondent entre eux de tous les pays de l'Europe ; les souverains.se déclarent leurs protecteurs, et rassemblent , à leurs propres frais, les livres nécessaires aux travaux de ces hommes précieux, et à l'instruction de leurs sujets.

Un peu plus d'un siècle avant le temps dont nous parlons, le roi Charles V, fils et successeur

du roi Jean-le-Bon, jeta les fondements de la Bibliothèque royale (aujourd'hui impériale) en ajoutant neuf cents volumes environ aux

dix

que son père lui avait laissés. Le plus grand nombre de ces livres, parfaitement écrits sur vélin, furent ornés de belles miniatures de la main de Jean de Bruges, l'un des plus anciens peintres modernes.

Mais ce fut sur-tout sous le règne de François Toer, surnommé le Père des Lettres, à cause de l'éclatante protection qu'il accorda aux savants et de l'établissement d'une imprimerie royale , que la Bibliothèque royale qui avait été dissipée en grande partie pendant le séjour des Anglais en France , prit des accroissements par la réunion de plusieurs Bibliothèques des rois prédécesseurs de ce monarque , à celle de Fontainebleau.

Le siècle de François I.er est celui des Aldes et des Juntes en Italie ; des Gryphes, des colides et des Etiennes en France. Le grand nombre d'ouvrages publiés par ces savants imprimeurs est une preuve incontestable de l'empressement du public à acquérir leurs éditions, et du goût d'un grand nombre de personnes pour les Bibliothèques.

Pendant un siècle et demi au moins, les lumières eurent à lutter contre l'ignorance;

guerres de religion ne purent que détourner nos rois du goût qu'avait eu François I. er pour les lettres et les arts. Nous voyons cependant Henri IV profiter du loisir que la paix lui laissait, pour faire transférer à Paris la Bibliothèque de Fontainebleau, dont il confia la garde à l'illustre président de Thou.

Enfin le règne de Louis XIV, tel qu'un astre brillant , se lève sur la France. Colbert, digne ministre de ce nouvel Auguste , et passionné pour Fes.

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on lirres et pour les arts , porte ses regards créateurs sur la Bibliothèque royale til qui ne contenait

que dix-huit mille volumes. Il veut que cette Bibliothèdevievne digne du plus grand monarque de l'univers. A sa voix , pai Orient nous livre ses manuscrits ; les plus riches dépôts de la France sur lui sont ouverts et lui payent tribut ; et les presses royales ornent à fait l'envi ces tabletttes devant lesquelles nous nous promenons souvent

saus trop penser au monarque et au ministre auxquels nous sommes reLace devables d'une partie des trésors qu'elles supportent.

Oubliérons-nous cet illustre abbé Bignon, qui , marchant avec eclat

sur les traces de son illustre aïeul, a mérité, par son zèle infatigable or à augmenter , à enrichir le précieux dépôt qui lui avait été confié, que uses traits fussent reproduits sur le marbre par «le ciseau , pour fixer les ults regards des générations reconnaissantes ? cope Depuis cette époque si consolante si honorable pour les lettres et. lue pour ceux qui les cultivent, la Bibliothèque royale , toujours gardée par

des hommes aussi zélés qu'habiles, n'a fait que recevoir de nouveaux ac

croissements ; et c'est à leurs soins éclairés , à leurs travaux assidus qu'elle de doit la splendeur dont elle jouit aujourd'hui comme Bibliothèque impériale. doi Il faut cependant convenir que cette Bibliothèque n'a été, dans aucun guls temps, enrichie de livres plus précieux, imprimés et manuscrits, que deAre puis les dernières couquêtes des armées françaises ; car , sans parler des te nombreux et riches tributs qu'elle a levés sur les Bibliothèques des corporations monastiques supprimées, et des émigrés, qui peut apprécier les

que lui ont fournis 'les Bibliothèques du Vatican, de Venise, de Turin , de Milan, de Florence, de Wolfembutel, etc. ? Les

En même temps que la Bibliothèque royale se formait, s'augmentait, s'enrichissait

aux seizième, dix-septième et dix-huitième siècles, d'autres Bibliothèques devenaient célèbres en Europe. Celle du Vatican recevait son éclat et ses richesses des papes Nicolas V, Sixte IV , Clément VII,

et de leurs successeurs. Sans vouloir parler de toutes celles qui

en France, nous devons nommer la Bibliothèque de Sorbonne, l'une des plus riches de la capitale en manuscrits , qui fut augmentée, au dix-septième siècle , de celle de son fondateur, le cardinal de Richelieu; de celle de l'Abbaye de Saint-Victor, la preinière qui ait été publique à Paris, et dont l'origine rerontait à François 1.er, de celle du cardinal de Mazariu , dont le célèbre Naudé était bibliothécaire, et qui était la plus

belle qu'on eût encore vue en France, avant que les livres les plus rares et dre les plus précieux en eussent été en grande partie détournés. C'est sur ses 15

fut élevée celle que l'on voit aujourd'hui aux Quatre-Nations. Je,

Mais aucune Bibliothèque ne se fait plus regretter que celle du Monashete de St.-Germain-des-Près, qu'un incendie a détruite en 1794. Elle avait été formée de plusieurs Bibliothèques particulières. On y remarquait beau

coup de manuscrits de la plus haute antiquité; entre autres, plusieurs ouEe: Trages de saint Augustin, écrits sur du Papyrus d'Egypte, et dont l'âge re

montait au sixième siècle. Heureusement ces manuscrits si précieux ont

été sauvés des flammes, et transportés au Cabinet de la Bibliothèque imbût

Si les bornes d'un simple précis nous permettaient de nous étendre, nous ferions iei le dévombrement des Bibliothèques publiques et particulières

, qui embellissaient la ville de Paris avant la révolution, et qui ont changé de nom, ou n'existent plus. Nous feriuns l'éloge de celle de

Sainte-Geneviève, 'dite aujourd'hui du Panthéon; de la Bišliothèque des à Avocats, qui était située dans une des galeries de l'Archevêché, et où l'on yoyait les portraits de plusieurs

magistrats illustres et de quelques avocats fameux; de celle de la Ville , donnée à l'Institut de France ; de celle de Université, recommandable par le nombre des volumes et par la rareté

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des éditions ; de celle de la Faculté de Médecine , dont le Cabinet d'Anatomie était infiniment curieux; de celle de l'Académie d'Architecture, fendée par le grand Colbert, et placée dans une des salles du Louvre. Nous passerons soas silence les Bibliothèques des Monastères, et autres maisons religieuses , dont les plus riches étaient celles des Augustins de la Place des Victoires, des Oratoriens de la rue Saint-Honoré, des Feuillants et des Dominicains de la même rue, des Récolets du faubourg St.-Martin,

Depuis deux siècles et plus, la France, et Paris sur-tout, n'étaient pas devenus moins riches en Bibliothèques appartenant à de simples particuliers. Une des plus anciennes et des plus précieuses que l'on puisse citer, soit pour le choix des éditions, soit pour le luxe des reliures, c'est celle de Grolier de Lyon , Trésorier de France, dont le Roi Charles IX acheta le cabinet d'antiquités. Tout le monde a entendu parler de celle de MM. de Thon, fondée par Pillustre auteur de l'Histoire

universelle d'une partie du seizième siècle, et dont presque tousles livres étaient du meilleur chois, de la plus belle conservation , et la plupart reliés en maroquin. C'est encore aujourd'hui faire l'éloge d'un livre , que de l'annoncer comme ayant appartenu à cette célèbre Bibliothèque. Cet éloge s'applique à celle de Grolier dont nous venons de parler , et à celle de Colbert, dont les livres imprimés furent vendus à l'enchère en 1728, et dont les manuscrits, aussi précieux que nombreux, furent achetés par ordre de Louis XV, pour la Bibliothèque royale.

La Bibliothèque de MM. de Thou , acquise par le président de Ménars ; fut achetée , à la mort de celui-ci , par un cardinal de Rohan, en 1706, et devint le fondement de celle de Soubise, vendue , en 1989, après le decès du dernier prince de ce pom. Nous ne finirions point, si nous voulions parler de toutes les Biblio

: thèques qui avaient quelque célébrité avant la révolution , cette époque si funeste aux Bibliothèques et à la Librairie française. 'Alors les grands seigneurs , les femmes du plus haut rang (*) le disputaient, en fait de collections de livres , aux savants et aux gens de lettres les plus aisés , comme ils rivalisaient souvent avec eux pour le goût et les connaissances littéraires, Alors on ne voyait point de fils ingrats, par ignorance ou par cum pidité, livrer, aussitôt après la mort de leurs pères, à un encan public, la Bibliothèque qui avait fait leur gloire et leurs délices; mais les riches collections de livres,

souvent plus respectées qu'un domaine, et toujours plas appréciées que les tresors d'un coffre-fort, passaient inviolables d'une génération à la génération suivante, et s'enrichissaient, d'année en année, des chefs-d'oeuvre de la littérature et de l'imprimerie françaises et étrangères. Il fallait, pour ainsi dire , qu'une tempête violente s'élevåt dans le sein d'une famille, et en désunit les membres, pour que les livres, vénérables monuments du goût, de la sagesse et de la science de leurs ancêtres, fussent enlevés de leurs antiques tablettes, pour être livrés comme une proie à l'avidité des amateurs et des libraires. A peine dans l'espace de soixante années, avant l'époque que nous avons citée, compte-t-on trente catalogues de Bibliothèques un peu considérables qui soient devenues la propriété du public; encore le plus grand nombre de ces dernières avaientelles appartenu à des personnes mortes sans héritiers directs. Nous n'entrerons dans aucun détail sur les Bibliothèques privées , dans le cours du dix-huitième siècle,

dont celles du comte d'Hoym, de Rothelin , de de Boze, de Falconet, de Gaignat , du due de La Vallière , du marquis de Paulmy,

de d'Aguesseau, du prince de Soubise, de Lamoignon, du cardinal de Brienne, etc., étaient les plus nombreuses et les plus

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(*) Entre autres la comtesse de Verrnë, les duchesses de Chaiseul et de Grammont, la princesse de Lamballe, la dernière duchesse d'Orléans, mad. de Montesson,

etc.

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