Avec Figu. me de Mr. Linnæus. N ne sera pas surpris de voir deux fi gros Volumes de cet ouvrage destinés à l'Histoire seule des Oiseaux, puisqu'ils forment non seulement une Classe générale, qui, jointe à celle des Animaux à, mammelles décrits dans les trois précédens Volumes, composent tout le premier Genre du Règne Animal, suivant le syfte. me de Mr. Linnæus; mais une Classe encore non moins diversifiée & bien plus nombreuse que la première: les huit 'Or. dres d'Animaux à mammelles ne contenant que 39 Classes particulières, tandis que nous trouvons ici 63 Classes d'Oiseaux rangées sous fix Ordres, dont les deux premiers font la matière du premier Vo. lume, les quatre derniers du second. Des deux Chapitres qui servent comme d'Introduction à cette Histoire des Oia seaux, le premier traite de leurs propriétés en général, & de l'usage de leurs différentes parties. On y trouve des détails a. nato patomiques curieux & intéreffans, fur-tout au sujet des organes qui forment le lon ou le cri dans les Oiseaux. Peut-être trouvera tion déplacée dans ce même Chapitre une description fort é. tendue d'une chasse très périlleuse d'une certaine espèce d'Oiseaux de rivage (Strandvogelen), qui se trouvent en Norwege & dans quelques Isles Septectrionales & Oc. cidentales de l'Ecole: naturellement ce détail devoit être renvoyé à un des premiers Chapitres du second Volume , qui traite de ces Oiseaux en particulier. Une autre digression, qui cependant paroîtra ici mieux à sa place, c'est celle que l'Auteur emploie à d truire l'étrange opinion de feu Mr. Klein. On sait que ce Naturalifte de Dantzick, ayant vu en hiver ou à l'entrée du printemps, que des Hirondelles & une Cicogne retirées à demi noyées d'un marais ou d'un étang, a. voient répris vie pour quelque temps à la chaleur d'un poële, en avoit précipitamment conclu, que ces Oiseaux ne se reti. roient pas à l'approche de l'hiver en d'autres climats, mais qu'enfoncés dans la terre ou dans le limon des marais, ils y passoient l'hiver dans un état d'engourdissement, jusqu'à ce que la chaleur du Printemps vint leur rendre le mou. vement & comme une nouvelle vie. Il étendoit même cette conjecture à tous les Oiseaux connus pour Oiseaux de passage, prés prétendant qu'il n'étoit pas vraisemblable qu'aucune sorte d'Oiseaux quittàt son pays natal pour se transporter ailleurs. Notre habile Auteur montre combien ce sentiment est absurde & contraire à l'experien. ce; il y oppose entr'autres des observa. tions de Mrs. Adanson, Collinson, Godebeu de Riville , & Halselquist: oblervations qui ou confirment simplement, ou aussi déterminent les voyages ou transmigrations des Hirondelles & de plusieurs autres Oiseaux : de passage. Dans le second Chapitre, l'Auteur après avoir nommé & caractérisé les Ecrivains qui ont traité des Oiseaux, passe à l'arrangement des Oiseaux suivant Mrs. Brisson & Linnæus, en donnant les caracteres des Ordres & des Classes dans lesquels ils les ont partagés. Belon fut le premier qui apporta quelque ordre à cette partie de l'Histoire Naturelle, en mettant ensemble les Oi. seaux qui avoient entr'eux quelque rapport, soit dans la manière de vivre , soit dans leur figure. Son Ouvrage, excellent dans un temps qui n'étoit à bien dire que l'enfance de l'Histoire Naturelle, ne peut plus être regardé que comme très imparfait. Outre que les figures sont très mauvaises, le petit nombre de defcriptions exactes qu'il donne de certains Oiseaux, n'approche pas de celui des espèces qu'il ne décrit point du tout, quoiqu'il aliure les Jes avoir vus par milliers. On doit cependant lui savoir gré d'avoir frayé la route à ses Successeurs. Gesner, qui le suivit de près, s'est à la vérité un peu plus étendu, mais ses figures ne valent pas mieux. Un autre défaut de fon Ouvrage, c'est que les Oiseaux. y sont rangés par ordre alphabétique, ce qui fait qu'on ne sauroit y trouver un Oiseau à moins qu'on ne sache déjà son nom. Aldrovande, qui vint après lui sur la scè. ne, ajouta quantité de nouvelles espèces à celles qui avoient déjà été décrites, & ses descriptions font assez exactes ; mais au lieu de s'être contenté de donner ses pro. pres observations, il en a ajouté un grand nombre fondées uniquement sur le rapport d'autrui, fans s'embarrasser de la vérité des faits. Ses desseins sont aufli mauvais que ceux de Gesner. Dans le même temps parut l'Histoire des Animaux de Silésie par Schwenkfeld. Les Oiseaux qui forment le I Ve Livre de cet ouvrage, sont assez exactement décrits, mais d'ordinaire d'une manière fi abrégée qu'on a peine à les bien reconnoître. Fobnston, qui publia ensuite son Histoi. re Universelle des Animaux, a su lire & copier. Son Ouvrage n'est proprement qu'une nouvelle Edition des Auteurs qui l'ont précédé dans ce genre; il faut ajouter qu'en copiant les figures, il les a altérées au au point de les rendre souvent méconcoissables. Enfin parut le célèbre Ray, qu'on peut regarder comme le premier fondateur d'un système méthodique d'Ornithologie. C'est à lui que l'on doit la publication de l'Ouvrage de Willougby. Il a su ranger les Oi. seaux en un nouvel ordre, & fixer des caractères qui servent à les diftinguer. Aulli décrit-il fort en détail les Oiseaux qu'il a vus lui même, mais les desseins de la Synopse Méthodique des Oiseaux, presque tous empruntés des Anciens , ne répondent pas à l'exactitude de ses descriptions. Au lieu d'avancer dans une si belle carrière sur les traces d'un li bon guide, Mr. Barrère a prouvé par son Ornithologie , pu. bliée en 1745, qu'on pouvoit aller, si on peut le dire, à reculons en fait de Scien. ce, fon Ouvrage étant souverainement mauvais; la plupart de ses Observations fausses , & ses arrangemens ridicules. Par ex. l'Outarde s'y trouve placée entre l'Hirondelle & un autre petit Oiseau: l'Oiseau de Paradis entre le Casuel & l'Autruche &c. Le célèbre Mr: Linnæus, avoit donné quelques années auparavant fon Systême de la Nature, dont il a été parlé au long dans le premier Tome de cette Histoire Naturelle. En 1752. parut l’Ornithologie de Mr. Moebring, qui au jugement de Mr. Brisson, est très inexacte dans ce qui re. garde |