me de Mr. Linnæus. Avec Figures. Tome premier, Quatrième Partie: Des Oiseaux, grand 80. de 452. pp. Et Cinquième Partie, fuite des Oifeaux de 618. pages fans la Table pour les deux Volumes. Amfterdam, chez F. Houttuyn 1762. & 1763.

ON

ne fera pas furpris de voir deux fi gros Volumes de cet Ouvrage destinés à l'Hiftoire feule des Oifeaux, puisqu'ils forment non feulement une Claffe générale, qui, jointe à celle des Animaux à,mammelles décrits dans les trois précédens Volumes, compofent tout le premier Genre du Règne Animal, fuivant le fyfte me de Mr. Linnæus; mais une Claffe encore non moins diverfifiée & bien plus nombreuse que la première: les huit Ordres d'Animaux à mammelles ne contenant que 39 Claffes particulières, tandis que nous trouvons ici 63 Claffes d'Oiseaux rangées fous fix Ordres, dont les deux premiers font la matière du premier Volume, les quatre derniers du fecond.

Des deux Chapitres qui fervent comme d'Introduction à cette Hiftoire des Oiseaux, le premier traite de leurs propriétés en général, & de l'ufage de leurs différentes parties. On y trouve des détails a

nato

natomiques curieux & intéreffans, fur-tout au fujet des organes qui forment le fon ou , le cri dans les Oifeaux.

Peut-être trouvera t-on déplacée dans ce même Chapitre une defeription fort é tendue d'une chaffe très périlleufe d'une certaine efpèce d'Oifeaux de rivage (Strandvogelen), qui fe trouvent en Norwege & dans quelques Isles Septentrionales & Oc cidentales de l'Ecoffe: naturellement ce détail devoit être renvoyé à un des premiers Chapitres du fecond Volume, qui traite de ces Oifeaux en particulier.

Une autre digreffion, qui cependant paroîtra ici mieux à fa place, c'eft celle que l'Auteur emploie à détruire l'étrange opinion de feu Mr. Klein. On fait que ce Naturalifte de Dantzick, ayant vu en hiver ou à l'entrée du printemps, que des Hirondelles & une Cicogne retirées à demi noyées d'un marais ou d'un étang, avoient répris vie pour quelque temps à la chaleur d'un poële, en avoit précipitamment conclu, que ces Oifeaux ne fe reti roient pas à l'approche de l'hiver en d'autres climats, mais qu'enfoncés dans la terre ou dans le limon des marais, ils y paffoient l'hiver dans un état d'engourdiffement, jufqu'à ce que la chaleur du Printemps vint leur rendre le mou vement & comme une nouvelle vie. Il étendoit même cette conjecture à tous les Oifeaux connus pour Oifeaux de paffage,

pre

prétendant qu'il n'étoit pas vraisemblable qu'aucune forte d'Oiseaux quittât son pays natal pour fe tranfporter ailleurs. Notre habile Auteur montre combien ce fentiment eft abfurde & contraire à l'experience; il y oppofe entr'autres des obfervations de Mrs. Adanfon, Collinfon, Godeheu de Riville, & Haffelquift: obfervations qui ou confirment fimplement, ou auffi déterminent les voyages ou transmigrations des Hirondelles & de plufieurs autres Oiseaux de paffage.

Dans le fecond Chapitre, l'Auteur après avoir nommé & caractérifé les Ecrivains qui ont traité des Oifeaux, paffe à l'arrangement des Oifeaux fuivant Mrs. Briffon & Linnæus, en donnant les caractères des Ordres & des Claffes dans lesquels ils les ont partagés.

Belon fut le premier qui apporta quelque ordre à cette partie de l'Hiftoire Naturelle, en mettant ensemble les Oifeaux qui avoient entr'eux quelque rapport, foit dans la manière de vivre, foit dans leur figure. Son Ouvrage, excellent dans un temps qui n'étoit à bien dire que l'enfance de l'Hiftoire Naturelle, ne peut plus être regardé que comme très imparfait. Outre que fes figures font très mauvaifes, le petit nombre de defcriptions exactes qu'il donne de certains Oifeaux, n'approche pas de celui des espèces qu'il ne décrit point du tout, quoiqu'il affure

les

les avoir vus par milliers. On doit cependant lui favoir gré d'avoir frayé la route à fes Succeffeurs.

Gesner, qui le fuivit de près, s'eft à la vérité un peu plus étendu, mais fes figures ne valent pas mieux. Un autre défaut de fon Ouvrage, c'eft que les Oiseaux. y font rangés par ordre alphabétique, ce qui fait qu'on ne fauroit y trouver un Oifeau à moins qu'on ne fache déjà son nom.

Aldrovande, qui vint après lui fur la scène, ajouta quantité de nouvelles espèces à celles qui avoient déjà été décrites, & fes defcriptions font affez exactes; mais au lieu de s'être contenté de donner fes pro pres obfervations, il en a ajouté un grand nombre fondées uniquement fur le rapport d'autrui, fans s'embarraffer de la vérité des faits. Ses deffeins font auffi mauvais

que ceux de Gesner.

Dans le même temps parut l'Hiftoire des Animaux de Siléfie par Schwenkfeld. Les Oiseaux qui forment le IVe Livre de cet Ouvrage, font affez exactement décrits, mais d'ordinaire d'une manière fi abrégée qu'on a peine à les bien reconnoître.

Johnston, qui publia enfuite fon Histoire Univerfelle des Animaux, a fu lire & copier. Son Ouvrage n'eft proprement qu'une nouvelle Edition des Auteurs qui l'ont précédé dans ce genre; il faut ajouter qu'en copiant les figures, il les a altérées

au

au point de les rendre fouvent méconnoiffables.

Enfin parut le célèbre Ray, qu'on peut regarder comme le premier fondateur d'un fyftême méthodique d'Ornithologie. C'eft à lui que l'on doit la publication de l'Ouvrage de Willougby. Il a fu ranger les Oifeaux en un nouvel ordre, & fixer des caractères qui fervent à les diftinguer. Aufli décrit-il fort en détail les Oifeaux qu'il a vus lui même, mais les deffeins de fa Synopfe Méthodique des Oifeaux, prefque tous empruntés des Anciens, ne répondent pas à l'exactitude de fes defcriptions.

Au lieu d'avancer dans une si belle carrière fur les traces d'un fi bon guide, Mr. Barrère a prouvé par fon Ornithologie, publiée en 1745, qu'on pouvoit aller, fi on peut le dire, à reculons en fait de Science, fon Ouvrage étant fouverainement mauvais; la plupart de fes Obfervations fauffes, & fes arrangemens ridicules. ex. l'Outarde s'y trouve placée entre l'Hirondelle & un autre petit Oifeau: l'Oiseau de Paradis entre le Cafuel & l'Autruche &c.

Par

Le célèbre Mr: Linnæus, avoit donné quelques années auparavant fon Syftême de la Nature, dont il a été parlé au long dans le premier Tome de cette Hiftoire Naturelle. En 1752. parut l'Ornithologie de Mr. Moehring, qui au jugement de Mr. Briffon, eft très inexacte dans ce qui regarde