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Or ç'a été longtemps après avoir envoyé mon Mémoire à la Société des Sciences & après avoir remporté le prix. Et c'eft ce qui paroit par la Préface que le célèbre Profeffeur Lulofs a mise à la tête de cette Traduction, & dans laquelle il dit: Je ne doute pas que des Médecins experimentés ne puffent ajouter ici bien des choses. Il feroit même à fouhaiter qu'on imprimát féparément le Mémoire de Mr. S. de Monchy, en réponse à la queftion propofée par la Société Hollandoife des Sciences de Haarlem, & qui a rem porté le prix depuis peu.

J'avoue, que le Mémoire de M. du Ha mel a paru en France l'année 1759, & que le mien n'a été envoyé que vers le mois de Mars 1760; mais tout le monde fait combien de temps il fe paffe avant qu'on trouve chez nos Libraires les Livres qui viennent de l'étranger,_fur-tout quand ces livres fe débitent en France avec fuccès & en toute liberté.

N'eft il donc pas étrange d'avancer que j'ai pillé M. du Hamel, uniquement parce que lui & moi nous avons écrit fur la même matière ?

En quatrième lieu, fuppofé que l'Ouvra ge de M. du Hamel eût été connu en Hollande, j'aurois pu m'en paffer facilement, & n'aurois pas même été obligé de le citer; car enfin qu'a produit M. du Hamel, qui n'eût été déjà dit avant lui par quel

que

que autre, ou obfervé par moi-même? Ce que j'en dis n'eft pas pour rabaiffer l'ouvra ge de cet homme illuftre, qui mérite des louanges pour avoir raffemblé fur ce fujet tant de chofes utiles. Mais n'eft-il pas conftant, que la corruption de l'air par le défaut du renouvellement fe trouve chez M. Pringle, de même que la néceffité de la Ventilation? Et pour ce qui eft de la nature des maladies qui proviennent de l'air corrompu, perfonne n'en a mieux écrit que le même M. Pringle d'après fes propres observations.

D'ailleurs un Ecrivain n'eft pas obligé de faire honneur à un fecond ou troisième Auteur, de ce qu'il a puifé à la fource même. Au contraire cela lui feroit honte. J'ai donc allégué fidèlement les premieres fources, & pour montrer que je ne voulois pas m'approprier l'honneur ni le travail d'autrui, j'ai dit ouvertement dans la Préface de mon Effai, que faute d'expérience à l'egard des maladies de mer, je me fuis abftenu la première année de difputer le prix; que bien qu'on puiffe considérer les maladies de la Zone torride, comme étant peu différentes de nos maladies d'Eté & d'Automne, j'ai été obligé de joindre aux fecours que j'avois déjà les obfervations d'autrui; que la lecture réïterée de quelques Auteurs nommés, m'a été d'une grande utilité, & que j'aurois néceffairement ennuyé le Lec

teur

teur, fi je les avois cités plus fouvent pour confirmer mes propres obfervations, ou celles que j'avois prifes chez d'autres.

En cinquième lieu, fuppofé que nous nous foyons rencontrés fur quelques articles, qui ne fe trouvent pas chez d'autres, & qu'on peut confidérer par conféquent comme nouveaux, pourquoi m'accufer d'abord de plagiat? Ces découvertes font-elles fi merveil leufes, que je ne les eûffe pu faire auffi bien que M. du Hamel? N'arrive t-il pas fou vent que deux perfonnes qui pensent & écrivent fur la même matière, trouvent ou inventent la même chofe? M. du Hamel n'en donne t-il pas un exemple, quand il dit p. 122. &c. qu'il lui étoit venu dans l'idée en France de purifier l'air par le moyen du feu des cuifines, avant qu'il eût appris que M. Samuel Sutton en avoit fait l'expérience en Angleterre ? Eft-il plus vraifemblable que ces découvertes foient faites par un Phyficien plutôt que par un Médecin, fur-tout fi vous ajoutez, que ce dernier dans le temps qu'il écrivit avoit exer. cé la Médecine depuis plus de vingt ans; que dans les campagnes, qu'il a faites, il a eu occafion de voir par lui même nombre de chofes relatives à la matière en quef tion, & de profiter des entretiens & des lumières de M. Pringle.

Ajouterai je que ce Médecin a fait fes études dans l'Univerfité de Leiden, renommée en France, ainfi que dans toute l'Eu

rope;

tope; qu'il a jetté les premiers fondemens de fon Art fous les yeux du grand Boerhaa ve, d'un Oosterdyk Schacht, d'un Albinus d'un van Royen, d'un Gaubius & d'un s'Gravefande, & qu'il peut fort bien par conféquent écrire fur une matière de Médecine, fans la direction & l'instruction de M. du Hamel, & fans qu'il aît besoin de lui dérober & de s'approprier fes idées.

En Sixième lieu enfin, rien ne prouve que la Société de Haarlem, en propofant la queftion, aît fouhaité qu'on produifit quelque chofe de nouveau fur ce fujet; mais plutôt qu'on lui donnât en raccourci ce qu'il y avoit de plus connu, & de plus utile à dire là-deffus. Il n'étoit point queftion par conféquent de me faire paffer pour inventeur de quelque nouveauté, afin d'obtenir le prix. Et puifque j'ai cité tous les autres Auteurs, dont j'ai tiré quelque lumières; qu'eft ce qui m'auroit engagé à taire le nom de M. du Hamel? fur-tout puifque fon nom eft fi célèbre, fon mérite fi grand & fes Ouvrages fi univerfellement connus & eftimés. Je me ferois donc fait un honneur de l'alléguer, & on m'auroit blâme à juste titre, fi j'y avois manqué volontairement & de propos déliberé.

Après ce que je viens de dire, j'ose me perfuader d'avoir mis ma réputation à couvert chez toute perfonne raifonnable. Il paroît avec combien d'injuftice le Journalifte m'a accufé: qu'il montre, s'il le peut,

quel

quelque chofe que j'aie pillé de M. du Hamel, que ce dernier n'ait pas pris lui même chez les Auteurs que j'ai cités.

Je paffe fous filence la manière dont le Journaliste a propofé, ce qui fe trouve fuivant lui, dans mon Mémoire, & que je n'ai pas pris de M. du Hamel. Où trouvera t-on dans mon Effai, rien de pareil à ceci? L'Air bumide & rempli d'exbalaifons groffières interrompt ou fufpend la liberté de la circulation du fang: de là les fièvres putrides les diffenteries, le fcorbut plus funelle cent fois que la fièvre, & la diffenterie.

Où trouve-t-on chez moi? puifque la corruption de l'air eft la caufe du fcorbut, il ne refte donc plus qu'à indiquer les moyens de prévenir ce vice ou du moins de le corriger.

En verité, quand on lit l'Extrait du Journaliste on voit qu'il s'eft moins propofé de rendre compte de mon Mémoire, qu'il n'a voulu par de baffes flatteries faire fa cour à M. du Hamel, qui n'a pas befoin de fes louanges; à moins qu'on n'aime mieux conclure qu'il n'a pas compris le Mémoire, ou qu'il n'a fait que le parcourir pour voir fi M. du Hamel y étoit cité ou non.

Avant que de finir j'ajouterai ce feul exemple de l'inexactitude un Journaliste. Il dit p. 82. pour piquer vraisemblablement la Société Hollandoife des Sciences: Mais foit que la Société des Sciences de Hollande aît cru, qu'on pouvoit faire encore quelques nou. velles découvertes fur cette matière, foit qu'el Tome XXI. Part. I. L

le

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