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le n'eût point connoiffance des Ouvrages de M. du Hamel, elle propofa pour fujet du difcours cette même question. Or il eft connu que cette queftion a été propofée pour la première fois en 1758, & que le Mémoire de M. du Hamel n'a été imprimé qu'en 1759.

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De lfide ad Turnacum inventa, nec non de Dea Burorina ad ampliffimum Virum Wilhelmum Pauw, Jupreme Hollandorum Zelandorum & Frifiorum Curia Senatorem. Trajecti ad Rhenum, apud Guilielm. Henr. Kroon, Bibliopolam MDCCLXIV.

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C'eft

C'eft-à-dire,

DISSERTATION fur une pierre gravée, du Cabinet de Mr. le Comte de Bentinck, fur une Statue d'Ifis trouvée. à Tournai, & fur la Déeffe Burorina, dédiée à Mr. Pauw, Confeiller au haut Confeil de Hollande, Zélande & Frife; par Mr. CANNEGIETER; à Utrecht 80. de pp. 69. fans l'Epître Dédicatoire.

A pierre qui fait le premier objet de cette Differtation, eft une Chalcédoine de Saphir, que poffede Mr. le Comte de Bentinck, Seigneur non moins diftingué par fon amour éclairé pour les Arts & les Sciences, & par la protection dont il honore ceux qui les cultivent avec quelque fuccès, que par l'éclat de fa naiffance & des dignités dont il eft revêtu dans cette République. Mr. Natter très habile gra veur en pierres fines, mort depuis peu à Pétersbourg, donna une gravure & une courte explication de cette pierre, dans fon Traité de la Méthode Antique de graver en pier res fines, publié à Londres en 1754. C'est d'après cet excellent Artifte, que Mr. CANNEGIETER a travaillé fur ce fujet, qu'il confidère en favant Littérateur & en Antiquai

re profond, au lieu que le premier ne l'avoit examiné que relativement à l'Art de la gravure. Tous deux conviennent que la pierre en queftion représente Jupiter, mais Mr. CANNEGIETER faisant attention à tous les Symboles qui lui font donnés 'conclut & prouve avec beaucoup d'érudi tion, qu'il eft ici question du Dieu suprême, maître des cieux, de la terre & des enfers, en un mot de toute la nature, de ce Jupiter que les Anciens Egyptiens adoroient fous le nom de Sérapis. Il eft affis de front fur un tronc, il a Cerbère, & l'Aigle à fes pieds, fur la tête le modius rempli de fruits de la terre. La foudre qu'il tient dans fa main droite, & l'aigle qui eft à fes pieds défignent bien clairement le Maître du Ciel; le Cerbère, celui des Enfers, & les fruits l'empire fur notre Terre. Nous ajouterions que l'air de grandeur & de majefté que l'Artiste a su donner au vifage, annoncent le fouverain Maftre des Dieux, fi l'on avoit un peu mieux rendu cet air dans les deffeins fur lesquels on a gravé les eftampes de l'ouvrage de Mr. Natter, & de celui du Savant d'Arnhem. Mais les Egyptiens ont-ils effectivement eu de fi magnifiques idées de leur Serapis Font ils regardé comme le Dieu par excellence, comme le feul Dieu? Mr. CANNEGIETER le croit: il fait plus, il le prouve, par plufieurs paffages des Anciens, par divers monumens, par des in

feriptions qu'il difcute & explique très favamment. Il cite entr'autres un ancien Oracle d'Apollon rapporté par Julien dans une de fes harangues, qui feroit feul décifif, le voici,

Εἷς Ζεὺς εἰς Αϊδής εις Ηλιος έςι Σάραπις,

Il n'y a d'autre Jupiter, d'autre Pluton, d'autre Soleil, que Serapis.

Et cette infcription,

IOVI
SOLI
SERAPI.

Ce qui perfuade à Mr. CANNEGIETER, que la figure qu'il explique eft celle du Jupiter Serapis d'Egypte, c'eft que les fruits du Modius (1) lui paroiffent être le lotus, la lentille, une forte de fève ronde, productions fi-non particulières à l'Egypte, du moins plus communes en ce Royaume, qu'en d'autres contrées, qui peut-être les en avoient originairement tirées, comme

on

(1) L'Auteur remarque que quoique le Modius foit un des attributs ordinaires de Sérapis, on ne le voit presque jamais rempli de fruits comme ici, ce qui l'a fait prendre par quelques uns pour un feau ou une urne fymbole du Nil.

on pourroit le recueillir de plufieurs expreffions des Anciens, de l'autorité desquels Mr. CANNEGIETER fait très bien faire ufage. Il remarque en finiffant, d'après Pline le Naturalifte, que ce fut du temps de ce Philofophe que l'on commença de porter en bagues des pierres gravées repréfentant ou Harpocrate, ou quelqu'autre Divinité d'Egypte.

On trouvera dans le fecond Article de cette Differtation, raffemblé ou indiqué en peu de mots, ce que divers Anciens ont dit d'Ifis, de fon culte, de fes attributs. Les Romains ne furent pas favorables au culte d'lfis, il ne put s'établir chez eux fous la Republique; mais on l'adopta fous les Empereurs, & ce fut peut-être alors qu'il paffa aux Germains, quoique Tacite avoue qu'il ne fait ni quand, ni de qui ils l'avoient reçu. Il n'en eft pas moins certairs qu'lfis étoit une de leurs Divinités, elle avoit auffi des temples chez les Gaulois, plufieurs monumens & les noms de quelques lieux en font foi. Mr. CANNEGIETER touche tous ces articles, mais il s'y étend fi peu qu'il n'eft pas poffible de l'abréger; il vaut mieux renvoyer à fon Outrage ceux de nos Lecteurs dont ces matières peuvent exciter la curiofité, ils y trouveront dans un très petit espace de quoi fe fatisfaire, tant par ce que l'Auteur y dit en très bons termes, que par les

four.

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