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fources qu'il indique où l'on peut puifer plus abondamment.

Le troifième objet dont Mr. CANNEGIETER S'occupe dans l'Ouvrage que nous avons fous les yeux, eft une infcription trouvée depuis quelques années à Domburg dans la Province de Zélande, qui lui a été communiquée par feu Mr. Oudendorp Profeffeur en Hiftoire & en Belles Lettres de l'Univerfité de Leyde. Voici cette Infcription

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que Mr. CANNEGIETER lit ainsi, Dee Burorine quod votum eft Malius votum folvit pro fe fuisque. Il faut voir dans l'Ouvrage même, les raifons fur lesquelles il fonde cette façon de lire. Nous nous bornons ici à rendre compte en très peu de mots des conjectures de Mr. CANNEGIE TER fur cette Déeffe Burorina. C'étoit dit-il, une Déeffe Locale (2). On fait qu'el

les

(2) Dea Topica, on appelloit ainfi les Divinités Tutélaites de certains Lieux.

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les étoient en grand nombre, chaque lieu prefque avoit fa Divinité protectrice ou Tutélaire. Les Grecs & les Romains les nommoient Nymphes. Les Gaulois, les Germains, & d'après eux les Bataves les défignoient par les noms Latins de Matres ou Matrona, ou dans leur langue par celui de Maires qu'on voit aifément avoir été corrompu des premiers. On a plufieurs exemples de ces dénominations; Mr. CANNEGIETER en a donné lui même dans fa Differtation de Brittenburgo C. 3. p. 21, 31 & 38. Il ne connoit à la verité point de lieu, dont le nom indique qu'il aît pu être fous la protection de Burorina; peut-être cependant y en a-t-il en Zélande, fingulièrement dans les environs de Domburg, & qui ne feront pas inconnus aux habitans de ces quartiers de la Province. En attendant qu'on les lui indique, notre Savant a recours à l'Etymologie. Buur fignifie en Hollandois, voifin; buren, verbe actif être voifin, vifiter, fréquenter fes voifins, ou fimplement vifiter en general (3), delà burer ou en latin corrompu buror vifiteur, d'où en ajoutant la terminaifon ine, fort commune dans les noms féminins Hollandois, on a fait Burorina. A cecompte cette Déeffe auroit été la Patrone d'un cer

(3) Ce mot n'eft cependant plus aujourd'huide l'ufage Ordinaire en ce sens,

certain quartier ou voifinage; Mr. CANNEGIETER produit des exemples de vœux adreffés, ou d'autels confacrés à de telles Divinités (4).

Cet Article au refte, contient plus qu'il n'annonce, car outre l'infcription qu'on vient de voir Mr. CANNEGIETER, y en explique encore deux, dont l'une eft fort peu connue, & l'autre n'avoit pas encore été publiée. Ce n'eft point une digreffion inutile, car elles ont quelque rapport avec le fujet de cet article. Et quand elles n'en auroient point du tout, le goût & le favoir que l'Auteur répand dans leur explication non feulement font fon apologie, mais lui donnent droit à la reconnoiffance de fes Lecteurs. En général cette petite Differtation eft curieufe, remplie de recherches & d'érudition, très bien faite élégamment écrite, digne de l'Auteur & du favant Magiftrat auquel il la dédie. Si les Gens de Lettres euffent toujours été auffi judicieux dans le choix de leurs Mécènes, auffi fages & auffi juftes dans les louanges qu'ils leur donnent, les Dédicaces ne feroient jamais tombées dans le difcrédit où nous les voyons.

(4) P. 41.

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ARTICLE ONZIEME.

TRAITE SUR LA TOLERANCE, à l'occafion de la mort de Jean Calas. M. DCC. LXIII grand 8o. de 211. pp.

Q

Uoique cet Ouvrage foit anonyme, nous ne croyons pas que perfonne en méconnoiffe l'Auteur. Le ftyle de Mr. DE VOLTAIRE, & fa façon de penfer ont quelque chofe de fi caractéristique qu'il est impoffible de s'y méprendre, & toute fa manière, fon efprit, fes principes, la magie de fon coloris fe retrouvent fi bien dans cette nouvelle production, qu'il auroit été très fuperflu d'y mettre fon nom. Pourquoi faut-il qu'en y reconnoiffant la beauté du génie & les talens fupérieurs de cet Homme illuftre, qui depuis près d'un demi fiècle tient d'une main toujours également ferme le fceptre de la Littérature Françoife, on y reconnoiffe auffi l'abus qu'il n'a que trop fouvent fait de fon génie & de fes talens, fes préjugés contre la Révélation & fon indécente affectation à jetter, s'il étoit poffible, du ridicule fur nos Sts. Livres & particulièrement fur ceux de l'Ancien Teftament! Nous ne

diffimulerons pas les fentimens douloureux que nous avons éprouvés, en lifant divers morceaux de ce Traité fur la Tolérance, morceaux choquans, qui déparent ce bel Ouvrage, qui le feront peut-être défendre dans les Pays où il importeroit le plus qu'il fut lu, & qui détruiront ainsi les excellens fruits qu'on en auroit pu attendre.

Que Mr. DE VOLTAIRE eût feulement fupprimé trois ou quatre Chapitres de fon Livre, il auroit fait un bien infini; & ce Livre feul, quand il n'en auroit jamais fait d'autres, auroit fuffi pour l'immortalifer de la manière la plus honorable.

Dans le compte que nous allons rendre de ce Traité, nous omettrons tous les paffages où la Religion n'eft pas affez refpectée. Il faudra même vu le peu d'efpace qui nous refte, que nous paffions quantité d'excellens morceaux; mais pour que nos Lecteurs perdent le moins qu'il fera poffible, nous laifferons parler Mr. DE V. lui même, & déformais nous ne ferons prefque que tranfcrire.

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CHAPITRE I. Hiftoire abrégée de la mort de Jean Calas. Le meurtre de Calas, commis dans Touloufe avec le glaive de la Juftice, le 9. Mars 1762, eft un des plus finguliers évenemens qui méritent l'attention de notre âge, & de la postérité. On oublie bientôt cette foule de morts qui a péri dans des batailles fans nombre; non

feu.

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