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roîtroit s'être permis des conjectures trop fubtiles, on ne fauroit nier qu'il n'ait fules rendre auffi plaufibles qu'il étoit poffible. Au moins ne fe plaindra-t-on pas de fa modeftie:,, Je fouhaiterois, dit il, d'avoir répandu plus de jour fur ce fujet, le plus difficile peut-être & le plus intéreffant de tous ceux qui peuvent s'offrir à la méditation d'un Phyficien. J'ai tâché d'aller auffi loin que mes principes pouvoient me conduire. Je laiffe aux Phy,, fiologiftes à juger de l'application que j'ai tenté d'en faire, & j'attends de nouvelles inftructions de leur fagacité & de leurs recherches ".

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Dans toutes celles de Mr. B. les réflexions profondes d'un judicieux Métaphy ficien, accompagnent les attentions ingénieufes d'un Obfervateur, à la pénétration duquel rien n'échappe. Quelques fois il s'élève de la contemplation des objets dont les qualités fenfibles l'occupent, aux fpéculations les plus fublimes fur la nature intime de ces objets, & fur ce qu'il y a de plus impénétrable dans les refforts qui les meuvent. Nous nous reprochons de n'avoir pas mis fous les yeux de nos Lecteurs, le précis de fes réflexions fur le merveilleux qui étonne quand on étudie la métaphyfique des Polypes à Boutures. Qu'il nous foit permis d'y revenir. La matière eft auffi curieufe qu'elle eft importante;

peu

peu de gens y ont réfléchi, & entre ces derniers combien qui ne s'en font fait que de fauffes idées, parce qu'accoutumés à difcourir plutôt qu'à penfer, ils ne font qu'effleurer légèrement les objets, fans fe donner la peine de rien approfondir?

La Polype a t'il une ame? Où en est le fiège? Qu'eft ce qui conftitue le Moi dans cet infecte? Quand on le partage, où ce Moi réfide t'il? Ces queftions ont embarraffé les Philofophes comme le Vulgaire. Prefque tous les ont regardées comme irrésolubles, pendant que d'autres en abufant, ont tâché de s'en fervir pour étayer leurs fyftêmes dangereux. Mr. B. ne promet rien, mais à la manière dont il s'explique, on reconnoit d'abord l'Auteur de l'Analyse de l'Ame.

Avant toutes chofes il pofe comme tout au moins probable par analogie, que tout ce qui eft animal a une Ame, les bêtes comme les hommes, le Polype comme l'Eléphant. Il fuppofe de même, que cette Ame réfide dans le cerveau, non à la manière des corps, mais d'une préfence affortie à la nature d'une fubftance fimple; préfence qu'il n'effaye pas de définir, parce qu'il fait profeffion d'ignorer profondément la nature intime de l'ame, & de ne connoître un peu cette substance que par quelqu'une de fes facultés.

Selon lui l'Ame du Polype a des fenfaB 4

tions

tions que lui procurent les organes dont il eft doué. Elle fent, elle s'en apperçoit, elle en a une forte de réminiscence, ou fi l'on veut de confcience fans réflexion, & c'eft cette réminifcence, ce fouvenir, qui conftitue la Personalité de l'infecte. Ce moi s'approprie toutes fes fenfations, elles s'identifient toutes à lui. Il eft le moi qui faifit le puceron, le moi qui l'avale, qui l'a faifi, & qui l'a avalé, qui y a trouvé du plaifir & qui s'en fouvient.

Coupe-t-on le Polype en deux transverfalement ? c'eft la portion où tient la tête qui conferve le moi ou la Perfonnalité. Les mouvemens que l'autre partie fait, quoique volontaires en apparence, ne font pourtant que machinaux; c'eft une fuite de l'Irritabilité des fibres mufculaires, qui fe contractent à l'attouchement de tout corps tant folide que fluide, comme on le voit dans le cœur qui continue à battre quelque temps quoique détaché de la poitrine, ou dans la queue d'un lézard dont les mouvemens font fi vifs & fi durables après qu'on l'a coupée.

Mais dès que la portion du Polype qui n'avoit nitête nibras en pouffe de nouveaux, auffitôt elle devient une nouvelle personne. En perdant fon union première à un cerveau dont on l'a feparée, elle avoit perdu tout le fouvenir de fes fenfations; à prefent qu'elle a acquis un autre cerveau, les premières impreffions qui l'affectent font dans ce Polype

lype naiffant le fondement d'un nouveau moi, d'une nouvelle Perfonnalité. Que fi fur le méme Polype il en vient par rejetton une famille, c'eft un feul tout phyfique, mais ce n'eft pas une feule & même perfonne. Chaque rejetton à fon moi puifqu'il a fon propre cerveau.

Mais d'où vient l'Ame qui s'unit à chacun de ces cerveaux? Imaginera t-on qu'à chaque coup de fcalpel, Dieu crée une Ame pour le Germe qui va fe former? Mr. B. regarde cette fuppofition comme,, très ,, peu philofophique, fur-tout fi l'on admettoit des volontés fucceffives dans la RAISON SUPREME, une fucceffion d'actes dans cette Volonté quia pu créer tout par ,, un feul Acte. Pourquoi, puisqu'il n'est ,, point de nouvelle creation dans les corps, en fuppoferoit-on dans les Ames? Si l'Au,,TEUR de la Nature, a jugé convenable

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de renfermer d'abord tous les corps or,,ganifés dans des Germes, n'eft-il pas ,, probable qu'il y a renfermé auffi dès le commencement les ames, qui y deviendront un jour le principe du fentiment & des mouvemens volontaires?

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Nous nous arrêtons fans étendre ce détail. Dès qu'on admet la fuppofition de l'Auteur, tout ce qui regarde le moi s'explique, foit par rapport aux Polypes greffés, foit par rapport aux vers à deux têtes, foit par rapport aux infectes qui fe métamorphofent. Et quelle perfpective, quelles vues que

B s

celles

26 celles qui s'ouvrent à un efprit réfléchi dans cette fuppofition! Loin de demander pardon à nos Lecteurs de les avoir retenus li longtemps fur ces objets, nous fommes perfuadés qu'ils attendront avec impatience le Troisième Volume que, M. BONNET fait efpérer & où,, après avoir expofé com. me dans un Tableau les différentes ma,,nières dont les Animaux & les végétaux ,, parviennent à l'état de perfection il tâchera d'approfondir la méchanique de l'accroiffement.

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ARTICLE

SECOND.

HISTOIRE DE FRANCE, depuis l'Etabliffement de la Monarchie jufqu'au Règne de Louis XIV. par Mr. VILLARET. Tom. XI. & XII. A Paris, chez Deffaint & Vaillant. 1763. in 8.

LE Tome X de cette Hiftoire nous a

conduit jufques à l'an 1378. Nous devons à préfent parcourir avec notre Auteur, les dernières années du Règne de CHARLES V. Elles occupent la moitié du Tome XI., dont le reftè & tout le Tome

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