ARTICLE TROISIEME.

SPECIMEN HISTORIA NATURALIS Globi Terraquei, præcipue de novis e mari natis infulis, & ex his exactius defcriptis & obfervatis ulterius confirmandâ Hookiana Telluris hypothefi, de origine montium & corporum petrefactorum ; cum figuris aeneis; Autore RUDOLPHO ERICO RASPE &c. Amftelodami & Lipfiæ. Sumptibus J. Schreuder & P. Mor tier MDCCLXIII.

C'est à dire,

ESSAI DE L'HISTOIRE NATURELLE DU GLOBE TERRESTRE &c. par Mr. RUDOLPHE ERIC RASPE, A Amsterdam & à Leipfig, aux dépens de F. Schreuder & P. Mortier. 1763. Grand in 80. de 191. pages fans l'Epître Dédicatoire, la Préface, & la Table des Chapitres, avec ce qu'ils contiennent de principal.

i les Public n'étoit pas déjà inftruit,que les Oeuvres pofthumes de Leibnitz one trouvé dans M. RASPE un Editeur digne de les transmettre à la poftérité, cet Ecrit dédié à la Société Royale de Londres ne fauroit manquer de le prévenir avantageufement en fa faveur. Ce n'eft qu'un Effai fur un point d'Hiftoire naturelle que les plus habiles Phyficiens ont tâché d'approfondir; mais on y voit un Obfervateur attentif & judicieux, un Auteur réfléchi & méthodique, qui, au lieu de confulter la nature pour la foumettre à des systêmes imaginés dans le cabinet, ne l'a étudiée que pour en combiner les phénomènes, afin d'en déduire le réfultat de la manière la plus fure pour en faire découvrir le vrai mechanifme & les refforts fecrets.

L'objet général de fes préfentes recherches, c'eft la furface de la terre, ou plutôt, c'est cette croûte extérieure & prefque fuperficielle de notre Globe, dont on n'a jufqu'ici pénétré que l'écorce, puifque les mines les plus profondes defcendent à peine à la huit millième partie de fon diamètre. Encore cette croûte, cette furface, notre Auteur ne la confidère dans cet Ouvrage que fous un point de vue particulier, ou pour mieux dire, ce petit Ouvrage n'eft qu'un morceau détaché, un échantillon d'une Théorie univerfelle de l'état prefent de notre Globe, à laquelle M. RASPE travaille. Occupé à recueillir

dans

dans les Livres des Hiftoriens & des Philofophes de tous les fiècles, une histoire complette des diverfes révolutions que la face extérieure de la Terre a fucceffivement fubies, il a entrepris de dreffer une Mappemonde, fur laquelle fe verront marqués tous les changemens qui y font arrivés, tant par les tremblemens de terre les éruptions des volcans, & par les inondations, que par le renversement des digues & des rivages, par le deffechement des marais, par l'effort de la mer & des rivières, par la violence foit de la pluie foit des vents. & par d'autres évenemens de même nature. Mais comme ce Receuil demande beaucoup de temps & de loifir pour être amené à fa perfection, le Naturaliste d'Hanovre s'eft borné dans cet Effai, à tracer une defcription exacte de toutes les fles qu'on a vu durant le cours des fiècles naître dans la mer, ainfi que des montagnes qui ont été produites für le continent par des tremblemens de terre & par des éruptions enflammées. Il fait enfuite paffer en revue les principales Hypothèses tant des Anciens que des Modernes, qui ont tâché de puifer dans ces faits une théorie générale de la ftructure extérieure de notre Globe, avec tout ce que contient cette croûte, qui eft le non plus ultra de l'avarice & de la curiofité des humains. Entre ces Hypothefes il préfère celle de Hooke,célèbre parmi les Phyficiens de la grande Bretagne qui Tome XXI. Part. I. D

ont

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ont fleuri au commencement de ce fiècle; il la développe, il travaille à y repandre un nouveau jour; & affez modefte pour en reconnoître les défauts, après avoir infifte fur ceux des Théories les plus modernes, il termine fon Effai en indiquant les moyens qu'on pourroit employer, pour porter à une plus haute evidence la Théorie qu'il a adoptée.

Voilà le plan de cet Effai. C'eft un canevas fi ferré,qu'on ne fauroit prefque le decompofer pour en montrer de fuite le travail, parce que tout ce qui y entre se tient de près. Il faut donc fe borner à en donner une idée générale.

Dans un premier Chapitre, l'Auteur crayonne une courte defcription de la furface intérieure de notre Globe, tant par rapport à la matière & à l'arrangement des lits ou des couches dont elle eft compofée, qu'à l'égard des divers corps tant homogènes qu'étrangers, connus & inconnus, metaux, mineraux, animaux, coquillages, plantes &c. qui s'y rencontrent. A l'aide d'une Planche à fimples traits, M. RASPE parle fur tout cela aux yeux comme à l'ef prit. Dans une autre il communique un foffile inconnu; & dans une troisième, il donne la figure d'un morceau de bois retiré des décombros des anciennes mines. de Goslar, tellement imprégné & incrufté de cuivre, qu'on ne peut douter après l'avoir vu, que les métaux ne croiffent &

ne

ne s'étendent par juxte-appofition dans les veines & dans les cavernes des montagnes, indépendamment des couches plus ou moins étendues & profondes qui s'en trouvent en divers lieux.

II. De cette théorie générale notre Phyficien s'élève à des réflexions plus particulières, fur les accidens qui ont altéré & changé la ftructure originale de notre Globe, & qui indépendammens de la grande révolution du Déluge, ont concouru à le mettre dans l'état où nous le voyons. Pour ne parler que des tremblemens & des feux fouterrains, & en laiffant à l'écart le trifte, l'effrayant récit de ce qu'ils ont ou englouti ou renverfé, c'eft un fait, que dans le cours des fiècles, ils ont élevé & pour ainfi dire crée fur le continent des montagnes, & des ifles au fein des mers. Or de là quels changemens & qui ne fent à quel point il importeroit d'en être bien inftruit, non feulement pour parvenir à une bonne hiftoire naturelle de la furface extérieure de notre Globe, mais encore de la ftructure intérieure de cette furface qu'il nous importe tant de connoître ? Divers Naturaliftes y ont porté leur attention, & après avoir arrêté leurs regards curieux fur ces ifles & fur ces montagnes de nouvelle création, ils n'ont pas manqué de faire part au public des réflexions que ces évenemens leur avoient fait naître. Mais jufqu'ici nous ne connoiffons

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