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aucun Auteur qui en aît donné une noti❤ ce auffi abondante, exacte & raisonnée que celle que M. RASPE en donne à préfent. Eclairé du flambeau de la Critique & d'une critique fcrupuleufe, il a approfondi tous les faits, combiné toutes les circonftan& le Philofophe ne raifonne qu'après que la vérité des relations a été conftatée par le plus mûr examen. Auffi dans trente deux articles que cette notice contient, trouve-t-on bien des détails intéreffans raffembles, & quelquefois des méprifes affez fortes décélées.

Parmi les détails, nous ne devons pas oublier ceux que renferme une difcuffion affez vive, fur l'état préfent de la Sicile. Cluvier, Valguarnera & quelques autres y font fortement réfutés. M. RASPE fur les traces de Placide Reina (1), foutient qu'anciennement cette Ifle liée par un Ifthme à l'Italie, en fut féparée par un tremblement de terre; & en effet les preuves qu'il en allègue, nous ont paru d'une grande évidence: mais il ne s'arrête pas là. Il conjecture que la Sicile, d'abord engloutie par la Mer, fut enfuite relevée au deffus de fa furface par une explofion du mont Etna, & c'eft fur deux paffages de Strabon qu'il appuye cette conjecture (2).

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(1) Vid. Grævii Thes. Sicil. T. XIII. p. 2co. &c, (2) Strab, Lib. 1. p. 94. & VI. p. 396. Edit. Almelov.

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Nous avons parlé des méprifes que notre favant Auteur relève. Il en échappe aux Savans du premier ordre, & quelquefois ils ne fauroient prefque s'en défendre. M. de Buffon, par exemple, affure que "le 16. Juin 1628. il y eut une fi ,, horrible tempête dans l'lfle de St. Michel (l'une des Azores), que proche de là la mer s'ouvrit, & fit fortir de fon fein ,, en un lieu où il y avoit plus de 150. toifes d'eau une ifle, qui avoit plus d'une lieue & demi de long, & plus de 60. toifes de haut" (3). Pour garant du fait, l'illuftre Académicien cite les Voyages de Mandelslo, & véritablement cette anecdote fe lit dans la Traduction Françoife que Vicquefort en publia en 1678. On la trouve auffi dans la Traduction Angloife que Harris en a inférée dans fa Collection de Voyages publiée en 1705. Cependant il y a tout lieu de croire, que cette Anecdote eft une interpolation fabuleufe dans le texte de Mandelslo; On ne la trouve ni dans l'Edition Allemande de fes Ouvrages, qui parut à Sleswick en 1658. avec les notes d'Oléarius, ni dans la Traduction Hollandoife qui en fut faite. Auffi Herbert qui en 1628. avoit donné une defcription des Azores, n'y difoit-il pas le mot de cette ifle préter

(3) Hift. Nat. T. 1. Art. 16. des preuves.

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due, foudainement fortie des eaux dans leur voifinage, cette même année.

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Voici une méprife plus grave du célèbre Naturalifte François.,, Pline, dit-il, ,, rapporte qu'autrefois il y eut treize 1sles dans la Mer Méditerranée, qui fortirent en même temps du fond des eaux, & Rhodes & Délos font les », principales de ces treize Ifles nouvelles. Mais il paroit par ce qu'il en dit, & par ce qu'en difent auffi Ammian Marcellin, Philon &c. que ces treize Ifles n'ont pas été produites par un tremblement de terre, ni par une ex,, plofion fouterreine. Elles étoient au», paravant cachées fous les eaux, & la Mer en s'abaiffant a laiffé, difent-ils, ces Inles à découvert (4)". Ce langage de M. de Buffon eft bien pofitif: cependant M. RASPE y fait plus d'une critique. 1. Pline ne dit, ni que les treize Ifles fortirent en même temps du fond des eaux, ni que la Mer en s'abaiffant les laiffa à découvert (5). 2. Ammian Marcellin dit (6) précifement le contraire de ce que M. de Buffon lui fait dire. 3. Pour ce qui eft de Philon, tout ce qu'il affirme, c'eft que cet abaiffement des eaux dé

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(4) La même art. 17.

(5) Plin. H. N. II. c. 88. 89. (6) Am. Marcel. XVI, c. 7.

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la Mer, ou leur diminution ne paroiffoit pas improbables à quelques anciens (7). Nous nous fommes affurés de la vérité de ces remarques. Apparemment donc que comme l'hypothefe de la diminution des Mers, eft fort goûtée de M. de Buffon, cela même l'aura difpofé à en trouver des preuves dans une lecture rapide & fuperficielle des paffages qu'il rappelle, ou peut être (car on voit qu'il a une lecture immenfe) les aura-t-il cités de mémoire fans les avoir fous les yeux.

Le Naturalifte François n'eft pas le feul dont M. RASPE rélève ici les méprifes. Elles font inévitables dans les ouvrages où les citations abondent; on ne peut pas toujours remonter aux fources; on peut encore moins fe fouvenir de tout exactement; & puis il n'eft défendu à perfonne d'examiner avant que de croire. Notre Auteur l'a fait, & voici en deux mots le résultat de fes recherches & de fes confrontations laborieufes. Il s'enfuit. 1. Que diverfes Ifles ont été élevées du fond de la Mer. 2. Que la même chofe eft arrivée fur la terre à quelques montagnes. 3. Que ces ifles & ces montagnes font nées du fond foulevé de la Mer, & du continent, & non de quelques amas de cendres, de pierres, de

(7) Philo Oper. pag. 959. Edit. Gelezii.

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minéraux, &c. vomis & accumulés par des volcans; 4. Que prefque partout la chofe eft arrivée, dans des lieux fujets à des embrafemens fouterreins & à des tremblemens de terre.

III. Ces faits fuppofès, il ne s'agit plus que de favoir s'il y auroit moyen d'en faire ufage, pour fe former une juf te idée de l'état préfent de notre Globe, relativement à la compofition de fa furface? Pour en juger folidement, notre Auteur confacre le IIIe. Chapitre de fon Effai, à l'examen des principaux fyftêmes qui ont paru fur la formation de notre Globe.

Il commence par écarter toutes ces hypothefes imaginaires, qui ne tiennent au méchanifie de la terre que par des fuppofitions gratuites: les amês du monde, les natures plaftiques, les générations équivoques, & autres femblables chimères.

11 fe déclare de même contre toutes ces Théories de la terre, qui plus philofophiques dans la réalité, lui paroiffent néanmoins trop recherchées, trop fubtiles, trop compofées pour être l'expreffion du fyftême de la nature; Whijlon, Burnet, Woodward, le prétendu Telliamed, M. Lulofs même ne le fatisfont pas.

Son premier guide c'eft Strabon, qui d'après Xanthus Philofophe Lydien, foutenoit que le lit de la Mer très inégal, a

de

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