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ftrument ou de cet organe. Or ce tambour qui a été accordé à l'âne, fe retrouve dans le mulet, & le cheval en eft privé. Ainfi le cheval deffiné en miniature dans l'ovaire de la jument, reçoit de l'impreffion du fperme de l'âne, un organe qu'il n'avoit pas originairement. La furabondance des fucs fuffit pour changer une partie à nos yeux: combien de tumeurs animales qui n'ont pas d'autre origine! Au contraire la difette des fucs appauvrit les vaiffeaux, ils s'oblitèrent enfin, la partie devient presque méconnoiffable fi même elle ne s'efface entièrement. On ne peut douter que la liqueur féminale ne foit portée aux nerfs du fujet & qu'elle ne foit très analogue aux efprits animaux dont elle est toute imprégnée. Les triftes effets de l'épuisement ne le difent que trop. Si néanmoins on doutoit que cette liqueur n'agiffe fur certaines parties, ne les faffe germer, croî tre, fe développer, meurir, qu'on penfe à la mue de la voix, à la végétation du bois des cerfs, à celle des défenfes, des cornes, des crêtes, de la barbe &c. & a tant d'autres effets du même genre que l'on ne fauroit contefter. Et fi le fperme modifie de la forte l'organe de la voix dans les adultes, quelle ne doit pas être fon efficace fur l'organe de la voix du germe, qui n'eft presque qu'une goutte de mucolité A 4

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organifée? Tout étant alors d'une délicateffe extrême, la plus petite quantité de matière, & le plus leger mouvement, peuvent changer toute l'economie d'une partie & la changer pour toujours.

Ce qui a jetté dans l'illufion fur cette matière, c'eft comme l'obferve notre Auteur, qu'on a trop légèrement cru, que la liqueur féminale fourniffoit à l'Embrion des parties intégrantes, aulieu qu'elle ne fait que modifier les parties de l'Em. brion. Le poulet entier appartient à la poule, & le mulet à la jument; mais le tambour du mulet peut imiter celui de l'àne, quoi que furement il ne foit pas celui de l'âne. Plus d'expériences fur les mulets produits par l'accouplement de diverfes efpèces, donneront là deffus les éclairciffemens dont on a befoin. On faura alors fi dans ce mulet qui de l'accouplement d'un coq avec une canne nait ayant les pieds du coq, ces pieds font effectivement de vrais pieds. On faura fi dans cette famille Malthoife dont parle M. de Réaumur, & dont les individus viennent au monde avec fix doigts aux mains & aux pieds (4), les doigts furnuméraires, font de véritables doigts dans leur ftructure tant intérieure qu'extérieure; ou fi ce

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(4) Art de faire éclorre les poulets, Tom. II. Fag. 377. 2e Edit.

ne font pas plutôt des prolongemens exceffifs de quelques parties offeufes ou membraneufes des mains & des pieds. Dire que le fperme fubftitue aux pieds ou aux doigts de l'Embrion, d'autres doigts & d'autres pieds; ou bien affirmer qu'il les transforme, ce feroit fe déclarer pour des effets, qui ne répugneroient pas moins au fens commun, que les métamorphofes des Poëtes.

On doit donc pofer pour certain, felon Mr. B. d'un côté que la préexistence du Germe eft démontrée, & de l'autre qu'encore que le Germe ne reçoive aucune partie intégrante de la liqueur féminale, ce pendant elle opère en lui de très grands changemens, ainfi qu'on le voit par l'exemple très décidé du mulet. Mais cela pofé, il refte deux chofes à faire à notre incomparable Naturalifte, pour achever de dévoiler le mystère de la génération. Il faut qu'il explique 1. comment la liqueur féminale arrive au Germe. 2. commentelle agit fur le Germe, & lui imprime ces traits ineffaçables qui caractérisent le mulet? Tâchons de faifir fes principes fur l'une & l'autre de ces queftions.

La première eft toute décidée par les obfervations des Anatomiftes & des Phyficiens. On a difféqué, obfervé, vu. Le sperme entre dans la matrice, il s'élève dans fes trompes, il parvient jufques à l'ovaire; la chofe eft avérée. On y a A S trouvé

On y a

trouvé de la liqueur féminale. découvert des Fatus tout formés. Ces expériences font connues. Celles qu'on a faites fur la fécondation des œufs des poiffons, des grenouilles, & des papillons le font auffi. L'Auteur fe contente de les indiquer.

La feconde queftion eft tout autrement difficile. Pour expliquer l'action de la liqueur féminale fur le Germe, & les effets qui en résultent, on a dit & répété en cent manières que la liqueur féminale eft un extrait du tout individuel; mais perfonnejufqu'ici n'a expliqué comment cet extrait fe prépare. Les molécules organiques de M. de Buffon, révoltent Mr. B. qui les a réfutées plus haut.,, Je choquerois, dit-il, le Lecteur judicieux, fi je m'arrêtois à combattre encore ces favantes chimères trop careffées par le favant Naturalifte". Mais voici en fubftance ce qu'il y fupplée.

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Selon lui, puifqu'il eft prouvé que la liqueur féminale modifie le Germe, dans un rapport au mâle ou à l'individu qui opère la fécondation, il eft clair que cette liqueur elle même, eft dans un rapport avec lui; c'eft à dire, qu'elle renferme des molécules, qui correfpondent à différentes parties du mâle; & il faut bien que cela foit, puifqu'elle imprime au Germe des traits de reffemblance avec différentes parties de ce mâle.

Sans

Sans doute que dans le corps animal, chaque partie a fa nature propre, & fa flructure telle qu'en n'admettant que les molécules qui lui conviennent, elle leur donne un arrangement relatif à son état & à fes fonctions. Elle les retient à elle pour fa nourriture, & fon développement particulier, tandis que les organes de la génération du mâle, féparent du fang ou de la lymphe de celui-ci, des molécules analogues aux différentes parties du corps. Pour cet effet il faut qu'il y aît dans les organes de la génération du mâle, des vaiffeaux analogues à ceux qui dans ces differentes parties, féparent les molécules qui leur conviennent. En un mot ces organes doivent être une Angiologie en petit, un fyftême de vaiffeaux fécrétoires fous des proportions relatives à celles des parties du Tout. Ainfi, par ex. la liqueur feminale de l'âne renfermeroit des molécules correspondantes aux oreilles & au larynx, qui ne fe trouveroient pas dans la liqueur féminale du cheval; & celle ci renfermeroit des molécules relatives au développement de la queue, qui ne fe rencontreroient pas dans la liqueur féminale de l'ane. La petiteffe & la délicatesse extrêmes du germe, indiquent que fes parties ont befoin pour fe nourrir & fe développer d'un fluide approprié à leur état actuel; ce fluide, c'eft la liqueur que le male fournit. Elle eft le principe de la circulation, qui,

dans

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