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dictionnaire chinois.

<En 1808, on proposa de nouveau u mais ce ministre, vraiment attaché à sa ployer; il pensoit qu'un Français devoit s pour lequel l'État avoit déjà fait graver à l'Empereur que la publication d'un I honorable pour la France, lui dire que c littérature et qu'il étoit attendu de l'E moyen assuré d'obtenir sur-le-champ l'a aussi, quoiqu'elle fut occupée dans ce mo haute importance, elle n'en donna pas m Dictionnaire, et elle daigna me charger de

1) L. c., pp. 250-1.

2) Remarques, p. 22.

3) Emmanuel CRETET, né au Pont de Beauvoisin, 28 nov. 1809; Ministre de l'Intérieur.

4) Décret du 22 octobre 1808.

au décret de sa Majesté, je reçus de la Bibliothèque impériale le Dictionnaire Chinois-Latin, manuscrit du P. Basile 1), apporté de la Propagande à Paris, qui m'avoit été donné pour modèle, et je commençai la composition du nouveau Dictionnaire, que j'étois obligé d'avoir terminé, suivant les intentions du ministre, dans l'espace de trois années» 2).

Basilio BROLLO, dont De Guignes prononce le nom, né le 25 mars 1648 dans le Frioul, à Gemona, au Borgo della Portuzza 36, était fils de Valerio BROLLO, Docteur en droit, et de Giovannina RODISEI; âgé de dix-huit ans, il entra le 10 juin 1666 chez les Mineurs réformés du couvent de St. Bonaventure de Bassano, province de Venise. En 1680, il partit avec Bernardino della CHIESA, plus tard évêque d'Argoli et vicaire apostolique du Yun-Nan, et enfin évêque de Pe King qui mourut le 21 décembre 1721, et Giovan Francesco Nicolai da LEONESSA, plus tard évêque de Béryte et vicaire apostolique du Hou Kouang qui rentra à Rome vers 1703. Les Frères Mineurs partirent de Venise le 18 octobre 1680, et arrivèrent le 24 août 1682 au Siam où ils restèrent deux ans et où fra Basilio commença l'étude du chinois; ils arrivèrent à Canton le 27 août 1684. Le 15 octobre 1696, on détacha du diocèse de Pe King, le vicariat apostolique du Chen Si dont notre missionnaire fut le premier titulaire. Il reçut à Nan King sa bulle de nomination et il se mit en route pour gagner son siège épiscopal le 11 avril 1701; il est mort à Si-ngan le 16 juillet 1704, n'ayant que cinquantesix ans.

Il est probable que le dictionnaire qui porte son nom 葉宗賢 Ye Tsoung-hien, est la résultante du labeur de plusieurs générations

I) M. Langlès, dont le zèle et la complaisance sont connus, a bien voulu me confier en outre un Dictionnaire Latin et Chinois, un Dictionnaire Portugais et Latin, faits par les missionnaires, et le Dictionnaire Chinois et Latin de M. Fourmont.

2) DE GUIGNES, Dict., Int., pp. III-IV.

de missionnaires comme le Dictionnaire tibétain des Missions Etrangères de Paris.

Un décret de l'Empereur en date du 22 octobre 1808, c'est-à-dire plus de deux mois avant la publication du Voyage à Pe King confiait à De Guignes le soin de publier un Dictionnaire chinois. Il se mit activement à la besogne et, dès janvier 1810, il pouvait écrire: 1)

« J'ai déjà préparé des matériaux pour plus d'un tiers des caractères qui doivent le composer, et qui surpasseront vraisemblablement le nombre des caractères que contient le dictionnaire chinois et latin, manuscrit de la Bibliothèque impériale. J'ai même déjà remis, le 8 novembre 1809, au Ministre de l'Intérieur, deux cahiers contenant mille caractères entièrement achevés et prêts à être envoyés sur le champ à l'Imprimerie impériale. En faisant ce travail je transcris mot à mot le dictionnaire de la Bibliothèque, en suivant également le dictionnaire original en chinois, soit pour la traduction, soit pour mettre la véritable prononciation des caractères, soit enfin pour les écrire exactement. Quant à ce dernier article, tous les caractères nécessaires à l'impression ayant été gravés par les soins de MM. Fourmont, de Guignes et des Hauterayes, on doit être rassuré sur la bonté de leur exécution.

«

Ayant apporté avec moi, de la Chine, quatre dictionnaires chinois et latins, et plus de deux mille phrases chinoises, dont tous les caractères sont accompagnés de leur traduction et de leur prononciation; ayant en outre plusieurs dictionnaires chinois, soit des caractères antiques, soit des caractères modernes, et un grand nombre d'ouvrages chinois que m'a laissés mon père, et dont plusieurs même manquent à la Bibliothèque impériale; j'ose me flatter qu'à l'aide de tous ces secours je pourrai parvenir, dans le terme qui m'est prescrit, si toutefois je n'éprouve aucun retard ni aucune difficulté, à justifier e choix du gouvernement en mettant au jour un ouvrage que l'Europe savante attend depuis si longtemps. »

De Guignes ne copia pas servilement le P. Basile. Il composa son dictionnaire suivant l'ordre des clefs et non suivant l'ordre des tons et l'on remarquera que si le dictionnaire tonique du franciscain comprend 9959 caractères avec les doubles, le sien en renferme près de 14000, avec les doubles. On se servit des caractères de Fourmont gravés d'après les dictionnaires chinois Tching tseu t'oung2) et Tseu oey3).

1) Annales des Voyages, X, pp. 247-8. 2) 正字通. 3)字彙

D'ailleurs De Guignes avait déjà compilé un Dictionnaire qu'il avait remis en 1794 à Staunton pour le faire parvenir à sa famille, ce qui n'a été effectué qu'en 1800.

Les auteurs de la Chronique indiscrète du XIXe siècle 1) nous raconte la genèse du Dictionnaire publié par De Guignes: 2)

<< Je vous envoie le Dictionnaire chinois que vous me demandez; j'ai eu quelque peine à me le procurer, mais j'ai gagné une anecdote qui peut lui servir de preface.

<< Napoléon, dans les dernières années de son règne, pensa qu'il serait aussi utile pour la France qu'honorable pour lui de faire faire une bonne grammaire et surtout un dictionnaire chinois; dès que le projet fut connu, les journaux vantèrent l'excellence de cette entreprise; tous les synologues [sic] de l'Europe briguèrent l'honneur d'y travailler, et M. Mantucchi [sic], de Vienne, M. Klaproth, de Berlin, Hagger [sic], de Naples, s'en disputèrent la direction; il n'y eut pas jusqu'au très-petit M. Remusat qui n'est pas l'ex-préfet du palais, qui se mit sur les rangs.

« Forcé de quitter Berlin pour ses opinions politiques 3), M. Klaproth se réfugia à Paris et devint l'ami et l'apôtre de M. Remusat, qui un moment se crut sûr de la victoire et pensa que gloire et pensions allaient être la récompense du savoir que le bon M. Klaproth allait lui prêter. Mais il comptait sans son hôte; une rumeur épouvantable s'eleva dans la république savante, et journaux et brochures vomirent un tel déluge de plaintes, de criailleries, etc., que Napoléon plus effrayé de ce houra scientifique que d'une charge de dix mille cosaques, fut sur le point de renoncer à son projet. Cependant, comme il était un peu tenace par caractère, il prit la résolution de ne plus rien écouter et de confier la confection du dictionnaire et de la grammaire à M. de Guignes (fils de l'ancien académicien, et lui-même correspondant de l'Institut), lequel avait résidé pendant trente ans à Kanton, en qualité de consul français. Les synologues qui jusqu'alors s'étaient entre-déchirés, se réunirent tous pour accabler cet élu, et ils prétendirent que M. de Guignes, ayant résidé constamment à Kanton, ne pouvait et ne devait connaître qu'un mauvais dialecte chinois fort éloigné de la langue mère.

<< Napoléon n'écoutait plus rien, mais le ministre chargé de faire exécuter,

1) Par P. LAHALLE, J.-B.-J. I. REGNAULT-WARIN et J.-B.-B. de ROQUEFORT, d'après BARBIER. Paris, 1825, in-8.

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3) Voir: Henri CORDIER, Un Orientaliste allemand: Jules Klaproth. (Ctes. rendus Ac. Insc. et B. Lettres, 1917, pp. 297-308).

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