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vastes plateaux et de hautes montagnes recouvriroient une partie du sphéroïde terrestre.

Il est facile, sans le secours de l'analyse, de démontrer les propositions énoncées précédemment sur la pesanteur et les degrés à la surface de l'atmosphère que j'ai supposée recouvrir la mer et le sphéroïde terrestre. Pour cela, j'imagine un canal rentrant en lui-même et composé de quatre branches dont deux horizontales soient couchées, l'une sur la surface de la mer, l'autre sur la surface de l'atmosphère; les deux autres branches étant verticales. Clairaut a fait voir dans son bel ouvrage sur la figure de la Terre, qu'un fluide qui rempliroit ce canal, y seroit en équilibre. Or dans les deux branches couchées sur les deux surfaces, le fluide seroit de lui-même en équilibre, par les conditions de l'équilibre de chaque surface; les pressions des deux colonnes verticales doivent donc être égales, quel que soit l'éloignement respectif de ces colonnes. La pesanteur est la même dans chaque colonne, aux quantitésprès de l'ordre de l'ellipticité de la terre. Les longueurs des colonnes ne peuvent donc différer que de quantités de l'ordre du produit de cette ellipticité, par la hauteur de l'atmosphère, hauteur que je suppose du même ordre. En négligeant donc les quantités de l'ordre du carré de l'ellipticité, ou du second ordre; les colonnes seront égales, c'est-à-dire que les points de la surface de l'atmosphère seront tous également élevés audessus de la surface de la mer. On voit de plus que la pesanteur à la surface de l'atmosphère sera aux quantités près du second ordre, la pesanteur à la surface de la mer, réduite à la première surface, eu égard à sa hauteur on voit encore que la direction de la pesanteur à la surface de l'atmosphère formera avec la verticale, un angle qui ne différera que d'une quantité du second ordre, de l'angle que fait avec la même verticale cette direction à la surface de la mer, ou à la surface du sphé roïde; d'où il suit que les degrés mesurés sur le sphéroïde, et réduits à la surface de l'atmosphère, à raison de sa hauteur, sont ceux de la surface elle-même.

ÉCLAIRCISSEMENS

SUR PLUSIEURS POINTS D'HISTOIRE NATURELLE;

PAR J. N. VALLOT,

D. M., Correspondant de la Société royale et centrale d'Agriculture. I. CORNE RADIQUEUSE, Cornu plantabile. Č. B. Pin, p. 514, col. 2.

EN lisant, dans les anciens auteurs, des récits extraordinaires, on est, de nos jours, porté presque involontairement à les rejeter, et à regarder comme trop crédules, les auteurs qui nous disent avoir vu, touché et examiné les substances dont ils nous parlent; c'est ce qui est arrivé pour le Cornu plantabile.

Jean-Hugues de LINSCHOT, Voyageur estimable et véridique, annonce avoir vu, aux environs de Goa, et considéré de près, avec admiration, des Cornes pourvues de racines. (Hist. de la ́ navigation de J.-H. Linschot, hollandois, aux Indes orientales, 3o édition, augmentée. Amsterdam, 1638, in-fol.)

J. Eusèbe de NIEREMBERG, parle aussi de Cornes pourvues de' racines, mais seulement d'après Linschot, qu'il ne cite pas. (Hist. naturæ maxime peregrina, pag. 304, lib. xiv, cap. XXIV.)

Pierre BOREL, médecin du Roi à Castres, accusé, peut-être un peu trop légèrement, d'une grande crédulité, dit avoir vu des Cornes de Bélier et des Cornes de Boeuf, qui avoient poussé des racines comme celles dont parle Linschot (Petr. Borelli medici Regii Castrensis Histor. et Observat. medico-physicæ, centurice iv, Parisiis, 1657, in-12, pag. 318, cent. iv, obs. L11.)

Caspar BAUHIN termine son Pinax par un extrait de Linschot. Voilà des témoins positifs: cependant REDI (dans ses Observ. sur diverses choses naturelles) révoque en doute un fait attesté par deux témoins oculaires, Linschot et Borel; il s'appuie sur des renseignemens négatifs. (Voyez Collect, académ., partie étran gère, tome IV, pag. 567.)

L'opinion de Redi pourroit être d'un grand poids, si une corporation savante ne venoit pas la détruire. Mais M. de MAIRAN a fait voir à l'Académie des Sciences, ure Corne de Boeuf qui paroissoit avoir végété en terre; de sa base partoient de nombreux filets qui avoient l'air de racines; en les examinant plus

attentivement, on y distinguoit un tissu soyeux qui annonçoit l'ouvrage d'un insecte inconnu et souterrain. Voilà certes une attestation qui ne laisse plus de doute. (Mém. de l'Acad. des Sciences de Paris, 1717, Hist., pag. 11, art. v, fig. p. 12.)

Si l'on ouvre les Mémoires de l'Académie de Berlin (Miscellan Beroliniensis..., continuatio 1, 1723, pag. 34), on trouve une note intitulée, J.-L. FRISCH de erma canalicola et de Papilione qui ex ea fit. Frisch cite l'observation de Mairan, il y ajoute foi, et l'explique en rapportant que lui-même a vu, dans de grands vases remplis de terre, pour élever des insectes, des canaux soyeux, longs de neuf à douze pouces, construits par une chenille qui en occupoit l'extrémité la plus large. Frisch dit que cette larve est d'un brun presque noir, longue d'un pouce, et qu'elle a les pattes jaunâtres. Elle devient insecte parfait en mai; le Phalène qui en sort est blanc, piqueté de petits points noirs, nombreux, qui, par leur réunion, forment des taches sur les ailes supérieures.

En comparant les passages que je viens de citer, on s'assurera que les prétendues racines dout parlent Linschot et Borel ne sont que les fourreaux soyeux d'une larve de GALLERIE. Ces deux observateurs ont pu se tromper dans un temps où l'on regardoit les insectes comme le résultat d'une génération équivoque.

Jusqu'à ce que les naturalistes des Indes orientales assignent la différence entre la Gallerie des Cornes de ce pays, et la Gallerie des Cornes de France, je les confondrai sous la même dénomination, sous celle de GALLERIE DES CORNES. Voyez Insector. incunabula, etc., etc, M. S.

Peut-être en l'examinant plus attentivement, trouvera-t-on qu'elle n'est qu'une variété de la Gallerie de la cire ou de la Gallerie du miel; je laisse ce soin aux nomenclateurs.

L'explication qui précède, prouve avec quelle réserve on doit juger en Histoire naturelle, certains faits étrangers, que l'on peut avec des recherches ramener à la vérité en précisant davantage les observations.

II. CLYMENOS Dioscoridis. Col. Scorpiurus sulcata, Linn.

Sans vouloir rapporter toutes les plantes dont les anciens ont parlé, à celles décrites aujourd'hui si exactement par les botanistes modernes, on est cependant satisfait de connoître celles désignées par les anciens.

On trouve dans Fabius COLUMNA (Minus cognitarum rariorum

quo nostre cælo orientium stirpium EKOPAZIC), au chap. XLIX, intitulé CLYMENOS Dioscoridis, une dissertation très-savante très-instructive sur l'étymologie du nom, et sur l'emploi qu'en

ont fait les anciens.

Fabius COLUMNA dit que le nom de Clymenos a été donné à cette plante, parce que ses gousses sont contournées sur ellesmêmes, comme se contournent les bras des Polypes; et il dit que cette étymologie est préférable à celle indiquée par Pline, qui la tiroit du roi Clymène.

THÉOPHRASTE a employé le mot Clymenos pour désigner la plante que DIOSCORIDE a ensuite appelée Peryclymenos, à raisou de ce qu'elle se roule autour des autres ; c'est le Chèvre-Feuille.

PLINE, lib. xxv, cap. vii, en extrayant de ces deux auteurs, a confondu sous le nom de Clymenos, les deux plantes que chacun d'eux avoit désignées par le même nom; il leur a attribué les mêmes propriétés; aussi l'article Peryclymenos, lib. xxvII, XXVII, cap. xII, répète-t-il ce qu'il avoit dit précédemment.

Daprès la description exacte et la bonne figure que Fabius COLUMNA a donnée du Clymenos Dioscoridis, leon., pag 156, Clymenum, on reconnoît la CHENILLETTE Scorpiurus sulcata Linn. C. B. Pin, pag. 287, et Hermann Boerhaave, Index Plant., part. 11, pag. 52, Scorpioïdes I, sont les seuls auteurs modernes qui aient cité Fabius Columna et cependant la figure et la description méritoient de ne point être oubliées par les bota→ nistes modernes.

Dans son Phytobazanos, publié 14 ans auparavant, COLUMNA avoit donné, pag 53, le nom de Clymenos Dioscoridis, au Calendula officinalis, Linn., parce que la courbure des graines et les tiges anguleuses l'avoient décidé; c'est pour cela que C. B. Pin, pag. 274, allégue encore Clymenos Dioscoridis, Col. Comment se fait-il que JANUS PLANCUS, dans son annotation XI, pag. 47, de l'édition qu'il a donnée en 1744 du QUTOBAZANOƐ, n'annonce pas que son auteur avoit changé d'avis et démontré que le Clymenos Dioscoridis est le Scorpiurus sulcata? Je pensois qu'à l'article CLYMENOS, 2 édit., Nouv. Dictionn. d'Hist. nat., tome VII, pag. 211, je trouverois ce point éclairci; je n'y ai rien lu de convenable pour dissiper la confusion qui existe. HI. RAPUNTIUM umbellatum, Col. Trachelium cœruleum, Linn. En parcourant l'ouvrage de Columna, j'ai trouvé (pag. 22, 2e partie, cap. 1x, le titre suivant: Rapuntium umbellatum. Deux fleurs et une capsule sont représentées à la pag. 24. Columna

rappelle que Lobel Icon, tab. 473, a donné la figure de cette plante sous le nom de TELEPHIUM purpureum. Il observe que cette plante, par son port, sa saveur, ses propriétés, ayant les plus grands rapports avec les Campanulacées, ne peut être rangée avec les Orpins.

Malgré cette assurance, C. B. Pin, pag. 287, rapporte le Rapuntium umbellatum Col., au Telephium purpureum majus.

RAJ., Hist. Plant., tome I, pag. 689, à l'article Anacampseros purpurea, ajoute, an Rapuntium umbellatum, Col.?

Idem., pag. 745, à l'article Rapuntium umbellatum, Col., ajoute, an Thelephium purpureum majus, C. B.? Telephium floribus pur

Hermann BOERHAAVE, Index, pag. 288, cite le Rapuntium umbellatum Col., parmi les Orpins, à la huitième espèce désignée sous le nom de Anacampseros purpurea.

TOURNEFORT, LINNÉ, l'Encyclopédie méthodique, n'ont point cité la figure de Lobel, ni celle de Columna; en les comparant à la description très-bien faite par le dernier, on reconnoît cette jolie plante d'agrément, cultivée dans tous nos jardins, et désignée sous le nom de TRACHELIUM cæruleum.

la

Ce qui jusqu'à ce jour aura embarrassé les botanistes, c'est qu'ils n'ont pu croire que Lobel ait appelé rouge, une fleur bleue, et qu'il ait confondu une plante à corolle monopétale avec une autre plante à corolle polypétale; d'autant plus que figure donnée par LOBEL, a été copiée par tous les Commentateurs, ainsi que l'on peut s'en assurer en consultant l'Histoire générale des Plantes de Dalechamp, tome II, pag. 205, où l'on trouve sous le nom de Téléphion aux fleurs pourprées de Lobel, la Trachélie bleue. Trachelium cæruleum, Linn.

IV. Ycho. Jarava usitata. Encyclopédie méthodique, supplément, tome III, pag. 130.

Parmi les preuves de l'incurie des compilateurs, j'ai pensé qu'il ne seroit pas inutile de noter la suivante.

FRÉSIER (Relation du Voyage de la mer du Sud aux côtes du Chili et du Pérou. Paris, 1732, in-4°) dit, pag. 138: le Llama, Mouton du Pérou, ne se nourrit que d'une plante appelée Ycho, Icho, pag. 143.... La seule plante que l'on trouve dans le pays, et qui remplace le bois, pag. 165, 250,

DE

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