Page images
PDF
EPUB

versalement et verruqueuses, un peu inclinées en dehors; la partie supérieure lisse, recourbée; le sommet rentrant en dedans et pointu; un fourchon (prong) sub-sagitté; les yeux grands et placés très-haut sous la base des cornes.

Les oreilles sont pointues et éloignées du dos, blanchâtres, et bordées de rougeâtre; les jambes sont grêles; il y a une touffe de poils entre les cornes; la face et le nez sont chatain foncé; la couleur des parties supérieures du cou et des parties extérieures des jambes, est buffle rougeâtre; le croupion, les parties inférieures, la poitrine, le dedans des membres, le sommet et les côtés de la tête et de la face, ainsi que les lèvres, sont blancs; la partie antérieure du cou a aussi une tache blanche; la queue est d'une couleur de buffle rougeâtre en dessus et blanchâtre en dessous; le cou, ainsi qu'une crinière considérable qui l'orne, est de couleur de terre d'ombre foncée, et marqué derrière les oreilles de chaque côté d'une tache blanche. La fourrure est très épaisse et grossière; chaque poil comme moelleux, est aplati et ondulé (1); la longueur des cornes, prise en suivant la courbure antérieure, est de douze pouces (2), et au-delà du fourchon (prong), de deux pouces seulement; la longueur du corps de la partie antérieure des épaules au croupion, est de deux pieds neuf pouces ; la hauteur au garrot est aussi de deux pieds neuf pouces; longueur de la queue, quatre pouces; tout cela sur un individu måle.

perficiellement. L'étui corné, ou la corne proprement dite, est fournie en dedans de poils roides, dispersés.

[ocr errors]

Le savant auteur de l'ouvrage intitulé, le Règne animal, fait observer que les Antilopes ont la substance osseuse de l'axe de leurs cornes solide et sans pores ou sinus, comme dans les bois des Cerfs. Gela m'a conduit à faire un examen comparatif du bois du Cerf de Virgine, et de l'axe osseux des cornes de l'Antilope cervicapra. Le premier, à l'exception de sa partie centrale, est entièrement dépourvu de pores, tandis que le second en a plusieurs de differentes grandeurs, se portant de la base au sommet où se terminent les plus considerables. Ces pores peuvent-ils être le résultat de l'action des insectes?

(1) Cette respèce de poils aplatis et ondulés, se trouve dans plusieurs, de nos animaux ruminans de l'Amérique du nord, comme dans l'Ovis ammon? le Cervus major et le C. virginianus. Tous ces animaux et celui qui vient d'être décrit plus haut, ont une légère enveloppe de poils très-fins, qui se trouve tout-à-fait sur la peau, pour les protéger de l'inclémence des saisons.

(2) Une corne de cette espèce qui se trouve dans le cabinet de l'Académie des Sciences naturelles, a 14 pouces de longueur prise de même; sa pointe est recourbée comme un hameçon.

Je n'ai pas vu la femelle, mais le capitaine Lewis dit qu'elle est plus petite que le mâle, et que ses cornes sont plus grêles et plus courtes.

Je vous envoie une figure gravée de ce quadrupede (1); elle doit faire partie d'un petit ouvrage de Zoologie, auquel je travaille pour l'illustration du voyage de Lewis et Clarke. Ma figure et ma description ont été faites d'après un individu rapporté par Lewis, et maintenant dans le Muséum de Péale. (Je dois vous avertir qu'il y a dans cette figure une petite imperfection qui doit être soigneusement corrigée; l'artiste, par erreur, a indiqué un sinus lacrymal que je n'ai pu observer, quelque attention que j'y aie apportée, dans l'individu bourré.)

Vous recevrez pareillement une épreuve de ma figure du Mouton à grosses cornes, Big-Orned Shup, que l'on a conjecturé être le véritable Argali. Vous, qui pouvez consulter la belle collection du Muséum du Jardin du Roi, vous pourrez déterminer si notre Mouton est l'Ovis ammon ou non. Le capitaine Lewis a rapporté un mâle et une femelle qui sont dans le Muséum de Peale. Je n'ai point encore une figure de cette dernière, mais je vous en promets une du pinceau de M. Lesueur. Ses cornes different d'une manière remarquable de celle du mâle; elles sont plus grêles et se courbent en arrière et en dehors, un peu comme dans quelques variétés de la Chèvre commune. La détestable figure de notre Bélier de montagne, telle qu'elle

est insérée dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle pour 1803, a trompé sans doute M. Geoffroy, et l'aura porté à regarder l'animal qu'elle représente comme une espèce nouvelle, sous le nom d'Ovis montana (2).

(1) M. Ord a eu la complaisance de joindre à cette Lettre, une fort bonne figure de cet animal, qui nous paroît extrêmement singulier, si c'est une véritable Antilope ou même un Cérophore, en ce que ses cornes sont bifurquées ou ont un petit andouiller comprimé vers le tiers de leur hauteur. D'après cette figure, j'ai pu voir que c'est très-probablement du même animal que provient l'espèce de bois que j'ai décrit dans l'extrait de mon Mémoire sur les Ruminans, inséré dans le Bulletin de la Société Philomathique, et que j'ai supposé avoir appartenu à un animal que j'ai nommé Cervus hamatus, parce que j'ai pensé que cette arme frontale étoit un véritable bois et non une corne. Nous aurons aussi l'occasion de revenir sur ce point, dans le Mémoire cité à la note de la page 147, et nous publierons la figure que nous a envoyée M. Ord, qui desire qu'elle soit encore quelque temps inédite en Europe. (R.)

(2) Les cornes de l'individu mâle que nous possédons empaillé, sont tron

Mon ami Lesueur a figuré pour moi la plus grande partie des quadrupèdes rapportés par Lewis, ou du moins ceux dont les peaux étoient dans un parfait état de conservation, comme le Bagger, Ursus labradoricus de Linnæus; la Marmotte de la Louisiane, Arctomys Ludoviciana; le Viverra alba; le Columbia grey Squirrel; sciurus griseus; le Red Breasted Squirrel, S. rubricatus; le Rocky mountain ground Squirrel, S. troglodytus; le Great grizzly Bear, Ursus horribilis; j'ai de ce dernier deux figures d'après deux beaux individus existant dans le Muséum.

Vous recevrez peut-être avec intérêt, un exemplaire de la figure que j'ai donnée du Lacerta orbicularis Linn., Tapayaxin, Lacerto orbiculari Nove-Hispania Hernand., Hist. Mex., ch. xvi. -Séba, tome I, pag. 154, tab. 83, fig. 1-2.- Bufo americanus, spinosus, sive Salamandra orbicularis, idem., tab. 109, n° 6? (1). Elle a été faite d'après un superbe individu rapporté par le capitaine Lewis, du Missouri, où cet animal est commun. L'examen attentif de cette figure vous montrera la source de la déñomination impropre d'orbicularis sous laquelle cet animal est connu. Les figures données par Hernandez ont le corps orbiculaire, ainsi que la première de Séba, ce qui provient certainement de ce qu'elles ont été faites d'après une peau mal bourrée. Les naturalistes subséquens ont copié ces mauvaises figures; et quoiqu'il y ait une très-foible ressemblance entre leurs figures et la mienne, je n'ai cependant presque pas de doute qu'elles ont été faites d'après la même espèce. Cette Lettre ne me permet pas de vous donner une description de ce singulier Saurien.

Je me propose de publier un Mémoire sur le Cerf américain, Cervus major, enrichi de figures, d'après de très-beaux dessins de Lesueur; ces dessins ont été faits sur un individu mâle vivant, qui appartient à M. C. W. Peale, propriétaire du Muséum de Philadelphie. On a beaucoup parlé dernièrement de cette majestueuse espèce, à laquelle on a donné la dénomination barbare

quées, comme vous le verrez dans la figure; cela n'est pas naturel, mais le résultat de l'habitude; les mâles, d'après les détails particuliers que nous devons au capitaine Lewis, ayant pour coutume de frotter la pointe de leurs cornes contre les rochers; aussi tous les individus mâles tués par la troupe de Lewis et Clarke avoient ainsi leurs cornes mutilées. [Il nous paroît extrêmement probable que le Mouton à grosses cornes de M. Ord, ne diffère point de l'Ovis montana de M. Geoffroy. (R.)]

(1) Ne se pourroit-il pas que cette dernière figure de Séba et l'Agama orbicularis de Daudin, fussent la même espèce, et sont-elles de la même que celles d'Hernandez que nous venons de citer?

de

de Wapiti; mais ce nom, quand même il seroit bien appliqué, est inadmissible, parce qu'il y a long-temps que ce Cerf a été décrit par Artorby sous le nom de C. major, et par Gmelin sous celui de C. canadensis. D'après les règles de la priorité, la justice veut qu'on lui rende son premier nom. Il me semble que c'est un véritable manque de goût, en même temps qu'une inconvenance, d'employer en Histoire naturelle, les noms des barbares, au lieu du langage philosophique tiré du grec ou du latin, que la prescription a sanctionné, et qu'il semble que le temps ait rendu respectable. Les naturalistes qui emploient ainsi des dénominations de patrie dans une nomenclature scientifique, s'exposent justement à être censurés; mais cela est encore beaucoup plus reprochable de choisir parmi les souvenirs traditionnels d'une nation obscure de sauvages, des noms qui ne servent à autre chose qu'à flatter la vanité pédantesque des collecteurs. Quel avantage retirons-nous de savoir sous quels noms les Delawares, les Mohegans, les Narrugansets indiquent les animaux? Des connoissances de cette espèce, peuvent-elles aider à reculer les bornes de la Science ou à en faciliter l'étude? ou bien ces dénominations expriment-elles quelques qualités particulières à l'espèce? S'il en est ainsi, avant que nous puissions espérer d'en tirer aucun bénéfice, il faut nous instruire dans les langues élégantes dont ces noms sont tirés. Certainement, pour une oreille classique, les termes Ischihoapekelis, Gigitschimnis, Squeteaque, Checouts et WupuskaPethaxisch sonnent très-mélodieusement; bientôt, peut-être la supériorité de cette nomenclature sera évidente, et l'habitude que l'on appelle ordinairement Linnéenne, de dériver les noms triviaux des sources de nos connoissances modernes, sera rejetée comme entièrement inutile et sans usage. Alors, au lieu de classer le chef-d'œuvre de la nature, sous la vague dénomination de Homo sapiens, nous lirons, dans toute la majesté du caractère italique, dans un Synopsis méthodique, Homo pashisheook, ce qui signifie parmi les Clatsops, Chinnooks, etc., un bipède qui porte des vêtemens! (Voyez Transactions of the lit. and Phil. Society of New-York, art. Fishes; Journal de Lewis et Clarke, tome II, pag. 132, etc., etc.)

Mais, Monsieur, pour parler plus sérieusement, je ne puis exprimer suffisamment ma désaprobation de l'abus dont je viens de parler; et c'est pour moi une véritable cause de regret que de voir que plusieurs naturalistes européens aient assez perdu de vue la dignité de la Science, pour dériver quelquefois même Tome LXXXVII. AQUT an 1818.

[ocr errors]

leurs noms génériques de la langue de nations auxquelles les Sciences et les Lettres sont tout-à-fait inconnues.

Par la complaisance polie de M. Lesueur, j'ai vu les deux premiers volumes du Dictionnaire des Sciences naturelles, et j'y ai trouvé avec plaisir la preuve évidente du zèle des savans de Paris, et de leur détermination à se maintenir dans le rang prééminent qu'ils ont obtenu depuis long-temps.

J'ai l'honneur d'être, etc.,

Philadelphie, le 21 juiu 1818.

GEORGES ORD.

Note du Rédacteur. Dans mon travail sur les Animaux ruminans à cornes, que j'ai proposé de réunir sous le seul nom générique de Cerophorus, ou de Cornifere, et dont un extrait seulement a été publié dans le Bulletin de la Société Philomathique, j'ai en effet proposé de former un petit sous-genre du Chamois d'Europe, Rupicapra europaea, et de celui dont parle M. Ord dans cette Lettre, et que l'on pourroit nommer R. americana, tout justement parce qu'ils n'ont pas les caractères des Antilopes, que leur corps plus lourd, moins svelte, porté sur des jambes beaucoup plus épaisses, est couvert de poils longs recouvrant une bourre plus ou moins considérable, etc. Je suis donc d'accord avec M. Ord, que cet animal n'est pas une véritable Antilope, non pas cependant que je croie que la légèreté à la course, l'habitation des montagnes et même la solidité de l'axe qui porte les cornes, puissent jamais donner de bons caractères zoologiques; les deux premiers' n'étant pas inhérens à l'objet, et l'autre étant profondément anatomique, et d'ailleurs offrant certainement des passages dépendans peut-être de l'âge, du sexe et de l'espèce, comme tous les autres caractères des ruminans. En effet, M. Ord lui-même en donne la preuve plus bas, en traitant de son Antilochèvre, puisqu'il dit que non-seulement les axes osseux de ses cornes sont celluleux, mais qu'ayant examiné attentivement ceux de l'Antilope proprement dite, il les a également trouvées poreuses, ce qui rend, ce me semble évident que ce caractère que nous devons à M. Geoffroy, ne peut guère être employé pour la séparation des Cornifères. Aussi ai-je eu, dans la disposition systématique que j'ai proposée pour ces animaux, plutôt recours à l'ensemble des caractères qu'à un seul, parce qu'il m'a semblé qu'il n'y en avoit aucun d'assez important pour que les autres lui fussent subordonnés.

Quant au rapprochement que M. Ord fait de son Chamois

« PreviousContinue »