Page images
PDF
EPUB

que dans le Cyclostoma simile de Draparnaud, cette ouverture est oblique et très-peu creusée. Du reste, notre espèce, comme celle de Draparnaud, est courte, et a son sommet fort aigu. Son test très-bien conservé, n'a guère plus de deux millimètres de longueur. On trouve cette Paludine fossile en très-grand nombre dans le calcaire d'eau douce inférieur de Montredon; il paroît qu'il en est de même de toutes les petites Paludines, ce qui s'accorde parfaitement avec ce que nous savons sur l'habitation des espèces vivantes.

Les mollusques qui accompagnent le calcaire supérieur, appartiennent presque tous aux genres des Hélix ou des Planorbes. Nous décrirons d'abord ces derniers.

1°. Planorbis rotundatus? Brongniart, pl. 1, fig. 4 et 5, variété a, ou Planorbis similis, de Daudebard de Férussac. Comme je n'ai observé que des moules de cette espèce, je n'oserais assurer qu'ils appartinssent au Planorbe arrondi. Cependant nos Planorbes ayant bien leurs tours de spires arrondis et cylindriques, et ne diminuant que graduellement de grosseur, il est assez difficile de les rapporter à aucune autre espèce, et surtout au Planorbe corné, dont ils ne se rapprochent que par la taille et la grosseur. Mesurés dans la plus grande largeur, ces Planorbes ont jusqu'à 24 millimètres.

2°. Planorbis prominens. Cette espèce seroit la même que le Planorbis cornu de Brongniart, si elle n'avoit pas ses quatre tours de spire bien complets, et si le dernier n'offroit pas une largeur telle, qu'à lui seul il forme presque la coquille. Enfin, notre fossile ne peut pas être le Planorbis prevostinus de Brongniart, parce que ses tours sont déjà plus saillans que le cornu, tandis que ceux de ce dernier sont plus aplatis. Ce Planorbe ne peut, du reste, être confondu avec aucune autre espèce. Ses caractères principaux sont d'avoir quatre tours de spire complets et saillans, surtout le dernier qui, à cause de sa saillie et de sa grandeur, paroît comme envelopper tous les autres. Sa saillie est si considérable, que les autres tours quoique cylindriques et assez élevés, paroissent enfoncés et l'ombilic fort profond. Sa grandeur est de 5 millimètres.

3. Planorbis compressus. Cette espèce est remarquable par le grand aplatissement des tours de sa spire, et la grandeur du dernier. Cet aplatissement seroit-il dû à la position dans laquelle s'est trouvée cette coquille? c'est ce qui pourroit être, sans que j'osasse cependant l'affirmer. Elle offre cinq tours de spire complets, et l'ombilic peu profond, Ces caractères, joints à sa

grandeur de 16 à 17 millimètres, empêchent de la confondre

avec aucune autre.

On trouve encore différentes espèces de Planorbes dans le calcaire, mais ils ne sont pas assez bien conservés pour qu'on soit sûr de l'espèce à laquelle ils appartiennent. J'ai cru cependant y reconnoître, 4°. le Planorbis rotundatus de Daudebard, et 5o. le Planorbis cornu de Brongniart. Ce dernier se trouve également dans le calcaire supérieur.

6. Ancylus deperditus, Desmarest, Bulletin de la Société Philomathique, année 1814, pag. 19. Notre fossile a, comme celui décrit par M. Desmarest, son sommet beaucoup plus excentrique que celui des Ancylus fluviatilis et riparius. Sa hauteur est aussi bien moins considérable. Cette espèce est beaucoup moins alongée que l'Ancylus lacustris, et en diffère encore par son sommet moins élevé et sa plus petite taille. Quant à ce sommet, il est un peu acuminé et très-légèrement recourbé. Cette coquille est parfaitement lisse; sa forme générale est celle d'une ellipse dont le grand diamètre est de 5 millimètres, et le petit de 2 millimètres, en sorte que cette coquille n'est pas trèsalongée. Ces caractères la rendent essentiellement différente de toutes les Ancyles connues, et c'est avec raison que M. Desmarest en a fait une espèce particulière. Il n'est pas également fondé à placer, à l'exemple de Draparnaud, parmi les Ancyles, une espèce que ce dernier a nommée Spina rosa, car cette coquille, vraiment bivalve, ne peut être classée parmi les Ancyles. La méprise vient de ce que les observateurs que nous venons de citer, n'ont connu et décrit qu'une seule des valves de cette coquille.

7°. Le calcaire d'eau douce supérieur offre un grand nombre d'Hélices fossiles; mais comme il ne reste plus que les moules brisés de la plupart de ces Hélices, il est assez difficile d'en reconnoître les espèces. J'en compterai cinq ou six, mais aucune n'est assez bien conservée pour pouvoir être caractérisée d'une manière exacte. Je n'y ai encore observé d'entière que 'Helix coquii de M. Brongniart. Je remarquerai enfin, que parmi ces Hélices, il y en a plusieurs dont les dimensions sont au moins égales à celles de l'Helix ramondi.

Telles sont les différentes espèces de mollusques que l'on observe dans la formation d'eau douce de Montredon. Il paroîtroit, d'après la manière dont ces fossiles sont placés dans les deux sortes de calcaire de cette formation, que lors de la première précipitation, il n'existoit pas encore surce point des espèces terrestres,

celles-ci ne se trouvant en effet que dans les couches du calcaire supérieur. Le calcaire inférieur recèle, au contraire, un grand nombre d'espèces fluviatiles, et même de ces espèces que nous considérons comme intermédiaires entre celles qui vivent dans l'eau salée, et celles qui ne se plaisent que dans les eaux douces. Mais il est à remarquer que, quoiqu'on ne puisse pas douter que ces calcaires n'ont pas été précipités à la même époque, il n'y a pas eu d'autres êtres existans entre le temps qui a pu s'écouler entre ces deux dépôts de couches calcaires, aussi différentes par leur nature chimique que par l'espèce de fossiles qu'elles renferment. Enfin, ici comme dans les autres formations d'eau douce, les espèces fluviatiles, ou pour mieux dire, aquatiques, sont en nombre plus considérable que les terrestres. Il est donc évident que les lacs, les étangs ou les fleuves' ont été les causes immédiates du dépôt de ces êtres, qui ne pouvoient vivre que dans le sein des eaux; aussi l'étendue de la formation particulière que nous venons de décrire, est-elle en rapport avec celle de la vallée ou du bassin du Vidourle.

[ocr errors]

Toutes ces circonstances réunies prouvent, ce me semble que les calcaires de Montredon doivent être rapportés à la seconde des formations d'eau douce, si bien décrite par MM. Cuvier, et Brongniart, formation supérieure au calcaire marin grossier coquillier. Quoique je n'aie pu reconnoître ici d'une manière' positive cette superposition, les couches du calcaire d'eau douce étant plus basses que le niveau du Vidourle, je suis d'autant plus porté à l'admettre, que les couches du calcaire marin exploité dans les carrières de Boisseron, baissent extrêmement dans la même direction.

Quatrième formation d'Eau douce.

J'ai annoncé qu'il existoit une formation d'eau douce encore plus moderne que celles déjà décrites. Cette formation est, ce me semble, le dernier dépôt de ce genre qui ait eu lieu sur le globe, puisque ce dépôt recouvre tous les autres terrains, et n'est recouvert que par le dernier sol d'alluvion. La quatrième formation d'eau douce se montre immédiatement superposée aux terrains primitifs, comme aux calcaires de tous les âges. Quoique toujours superficielle, elle se trouve dans toutes les situations, avec cette différence cependant, que dans les grands bassins, on la voit plutôt vers le sommet des collines et sur les grands plateaux, que dans le bas ou le fond des vallées, tandis qu'il en est tout le contraire dans les vallées

profondes et resserrées. Dans ces sortes de vallées, elle est adossée aux formations de tous les âges, même les plus anciennes, auxquelles elle est quelquefois superposée. Mais en général cette formation ne paroit s'être déposée que d'une manière partielle et accidentelle; aussi n'occupe-t-elle jamais un espace aussi étendu que les autres formations calcaires. On la voit s'interrompre brusquement, et se remontrer avec la même promptitude, sans que l'on puisse reconnoître aucune loi bien précise sur ses retours et ses interruptions.

J'ai déjà observé cette formation dont je viens d'indiquer les principaux caractères dans un assez grand nombre de vallées; ainsi je l'ai reconnue, 1°. aux environs de Montpellier dans la vallée du Lez; 2°. dans deux points différens de la vallée de l'Hérault, à Ganges et à Saint-Guillem-le-Désert; 3°. dans la vallée de Coudoulous près du bourg d'Avèze; 4°. dans la vallée d'Ares près du village de Las Font; 5°. dans la vallée du Gardon, entre Saint-Jean de Gardonenque et Anduze; 6°. dans la vallée du Lot, près de la ville même de Mende; 7°. dans la vallée de l'Ergue, près de Lodève; 8°. enfin, dans la vallée du Rhône, près de Lyon.

La formation d'eau douce que nous avons dit exister dans la vallée du Lez, commence presqu'aux portes de Montpellier, et les fouilles que l'on a faites à un quart de lieue au nord-est de la ville, près la campagne Draparnaud, l'ont mise parfaitement à découvert. Cette formation succède, ou, pour mieux dire, est limitrophe vers le sud et à l'est, à la formation d'atterrissement marin qui compose les environs de Montpellier, formation caractérisée par des couches sableuses de la plus grande épaisseur, traversées dans une infinité de directions par des bancs coquilliers, principalement par des bancs d'Huîtres. Le calcaire grossier coquillier entoure, au contraire, cette formation au nord et à l'ouest; on remarque même que dans quelques points toujours dans la même direction, la formation d'eau douce est limitrophe au calcaire ancien, sur lequel elle est tantôt superposée, comme dans d'autres parties, au calcaire grossier coquillier. Dans toute la partie nord-est de la vallée du Lez nommée la Plaine de Soret, on observe au-dessous de trois pieds d'une terre végétale rougeâtre, une couche fort épaisse d'un calcaire jaunâtre mêlé assez intimement avec un calcaire rougeâtre. C'est dans les masses de ce calcaire que l'on commence à trouver des fossiles; ce sont presque toujours des espèces terrestres, principalement des Hélices. Ces Hélices sont entiers, et leur test n'a

perdu que ses couleurs. Quant aux espèces que l'on y observe, elles ne paroissent pas différer de celles qui existent encore aujourd'hui sur notre sol. Ainsi, les Helix variabilis, neglecta et striata de Draparnaud abondent dans les couches calcaires; elles n'ont pas éprouvé assez d'altération pour qu'on puisse douter de leur identité avec les espèces vivantes.

[ocr errors]

En se dirigeant toujours vers le nord, et gagnant un peu à l'est vers les rives du Lez, on traverse un sol d'eau douce caractérisé par les mêmes fossiles, au milieu desquels on observe en grande abondance le Cyclostoma elegans. Mais une fois qu'on a traversé la rivière, en se dirigeant vers le village de Castelnaud, on voit la formation d'eau douce s'élever tout à coup et former alors des collines, dont les unes ont une quarantaine de toises et les autres environ soixante au-dessus du niveau de la rivière; c'est sur la principale de ces collines qu'est bâti le village de Castelnaud. Ces collines sont formées par un calcaire sédimentaire, ou tuf rempli de coquilles fossiles et d'empreintes de végétaux; cette roche repose sur des lits d'Albâtre calcaire, ou de calcaire compacte d'eau douce. On voit dans la massé de ce dernier, un grand nombre de fossiles, mais presque toujours et uniquement des Lymnées. Le test de ces coquilles a totalement disparu, et il ne reste plus aujourd'hui que les moules. Aussi est-il fort difficile d'en déterminer les espèces ; cependant j'en ai trouvé deux assez bien conservés pour pouvoir les rapporter, l'un au Lymnæus palustris, var. B. de Draparnaud, et l'autre au Lymnæus minutus. Ce calcaire compacte forme les dernières assises de la formation d'eau douce, qui repose, ainsi que nous l'avons déjà dit, tantôt sur le calcaire grossier et tantôt sur le calcaire assez analogue à celui du Jura, dans lequel on voit à peine quelques fossiles, si ce n'est quelques ammonites. Enfin, dans de certaines parties de la colline de Castelnaud les couches du calcaire d'eau douce caractérisé par la présence des Lymnées, alternent avec le calcaire sédimentaire ou tuf qui offrant les mêmes fossiles, doit avoir eu la même origine. Evidemment ces deux calcaires ont dû être déposés à la même époque, puisqu'on voit leurs couches alterner les unes avec les autres. Quant au calcaire sédimentaire, il est aussi remarquable par le nombre et l'espèce de fossiles qu'il renferme, que par la manière dont il paroît avoir été formé. Il présente un si grand nombre d'empreintes de végétaux, que l'on doit naturellement supposer que ses molécules ont dû se déposer sur ces végétaux qui ayant totalement disparu, n'ont laissé que leurs empreintes.

« PreviousContinue »