Page images
PDF
EPUB

*

[ocr errors]

Mais ces empreintes sont souvent d'une dimension énorme ; ainsi dans plusieurs points de la colline de Castelnaud, on voit des moules de troncs d'arbres de la plus remarquable grosseur. Ces empreintes examinées avec soin, paroissent avoir été laissées par des Pins qui, comme l'on sait, ont l'écorce disposée en écailles ou par plaques, surtout lorsqu'ils sont vieux. Partout on observe ce calcaire traversé dans un infinité de directions différentes, par de pareils moules de végétaux, soit par des tiges, soit par des racines, dont l'intérieur est quelquefois formé par des couches calcaires concentriques, et d'autres fois se trouve entièrement vide. Le désordre qui existe dans les masses de ce tuf, presque toujours repliées de la manière la plus irrégulière et la plus sinueuse, annoncent que le liquide dans lequel il s'est déposé, devoit être violemment agité. Ce qui le prouve encore, c'est que les cavités qui existent entre les masses du tuf, sont remplies d'une sorte de poudingue calcaire composée de galets arrondis de la même nature, réunis par un ciment. C'est principalement auprès de la campagne Vialar, sur la rive droite du Lez et tout-à-fait sur la hauteur, qu'on observe ces poudingues en bancs plus ou moins étendus, qui ont l'air d'alterner avec le calcaire sédimentaire, mais qui remplissent uniquement les cavités laissées par ces calcaires après qu'ils ont été déposés. Et cependant au milieu de ces masses ainsi tourmentées, on trouve en grande abondance des coquilles fragiles très-bien conservées, et n'ayant perdu en quelque sorte que leur couleur, dont quelques-unes même en conservent encore des traces. Ce qui surprend encore davantage, c'est que ces fossiles si délicats abondent dans les lieux où le désordre est le plus manifeste; c'est surtout auprès du cimetière du village de Castelnaud, que ce point de fait est le plus évident. Ainsi, dans cette partie, certaines couches sont parfaitement horizontales; ce sont

[ocr errors]

plus inférieures: d'autres sont tellement tourmentées et fléchies, qu'elles semblent nous retracer encore les fluctuations du liquide qui les agitoit; enfin, par une irrégularité non moins remarquable, on voit quelques-unes de ces couches complètement redressées, et ayant aujourd'hui une position parfaitement verticale, quoiqu'on ne puisse douter qu'elles aient été déposées dans une pareille position, à moins cependant que s'étant formé des vides entre les couches déjà déposées, cet espace ait été rempli après coup, ce qui peut se concevoir pour des terrains de sédiment. Il est permis de se l'imaginer dans cette circonstance, où les couches verticales sont parallèles, et placées

de

de distance en distance à peu près comme les piliers d'une porte.

Si la position générale de ces conches ne paroît suivre aucune loi, il en est de même de leur retour ou de leurs relations avec celles qui les accompagnent. Ainsi lorsqu'on quitte la formation d'attérissement marin sur laquelle est bâtie la ville de Montpellier, on trouve au-dessous de la terre végétale, le calcaire tendre rempli de coquilles terrestres, dont nous avons déjà fait connoître les espèces. Plus loin, et vers le grand chemin de Paris, on voit au-dessous de la terre végétale dont l'épaisseur est très-variable, le calcaire sédimentaire ou tuf, en couches puissantes, alterner de la manière la plus irrégulière avec des couches sableuses jaunâtres et des galets calcaires. Ici le calcaire sédimentaire d'eau douce repose sur le calcaire grossier coquillier. Mais à un petit quart de lieue plus loin, et avant d'être au moulin de Castelnaud, un grand escarpement permet de reconnoître un plus grand nombre de couches, ainsi que leur ordre de superposition.

Au-dessous de la terre végétale, dont l'épaisseur n'est jamais au-delà de deux pieds, on observe une couche de tuf qui a environ six pieds de puissance. Ce tuf est traversé dans toutes sortes de directions, par des troncs et des tiges de diverses espèces d'arbres, dont il ne reste plus aujourd'hui que les moules ou les empreintes. On y voit également une grande quantité de feuilles, et cela dans toutes sortes de directions et de positions. Ce tuf paroît avoir été déposé d'une manière tranquille, car ses couches sont horizontales.

Immédiatement après, vient une couche sablonneuse mêlée de cailloux calcaires roulés; ce sable, dont l'épaisseur n'a guère plus d'un pied, recouvre une marne calcaire endurcie, jau nâtre, dont la puissance est égale à celle de la couche sableuse. Après cette marne, paroissent des couches d'argile plastique un peu calcarifère, renfermant des bois qui conservent une partie de leur tissu, n'ayant point encore passé à l'état de Lignites. Les uns sont compactes et noirâtres, d'autres, au contraire, sont pénétrés d'oxide de fer, qui les colore en jaune-brun. Cette couche d'argile est en général fort puissante; elle a, en terme moyen, de 4 à 5 pieds. Au-dessous de cette argile, on observe un calcaire très-sablonneux et assez compacte, dont les couches ont environ cinq pieds. Enfin, on revoit le calcaire sédimentaire reparoître, et faute d'excavations, je ne puis dire à quelle profondeur il parvient ni sur quelle couche il repose.

Tome LXXXVII. SEPTEMBRE an 1818.

[ocr errors]

Une fois qu'on est auprès de la rivière du Lez, la formation d'eau douce s'étend parallèlement des deux côtés de la rivière et dans les deux directions opposées du nord et de l'est. Tout semble prouver que la rivière a creusé de préférence son lit dans cette formation, ces sortes de terrains étant plus attaquables que ceux dont ils sont entourés. Aussi rongés et détruits facilement par les eaux, présentent-ils aujourd'hui des coupes perpendiculaires et abruptes des deux côtés de la rivière, où les eaux ont miné la base de ces collines.

J'ai déjà dit que les dépôts d'eau douce sur lesquels est bâti le village de Castelnaud, paroissent avoir été laissés par un fluide violemment agité; et le désordre qui existe dans la position des couches, l'annonce d'une manière aussi évidente que les rapports de ces couches entre elles. Ainsi, dans de certaines parties, on voit de puissantes couches sableuses qui n'ont pas moins de douze pieds d'épaisseur, s'étendre sans interruption au-dessous de la terre végétale, tandis qu'ailleurs on les observe par intervalles, comme déplacées de leur position primitive, et mêlées confusément et sans ordre au milieu des couches du calcaire sédimentaire. De même, tantôt ce calcaire reste compacte pendant un assez long intervalle, conservant tous ses caractères et contenant des bois fossile qui n'ont point encore passé à l'état de Lignite, et tantôt d'une manière très-brusque, ce calcaire devient tendre et comme friable, sans qu'il y ait la moindre transition entre l'altération de l'un et la compacité de l'autre. Dans ce dernier, les bois fossiles n'existent plus, et l'on n'en trouve que les moules et les empreintes. Mais outre ces bois fossiles, les deux calcaires d'eau douce, soit friable, soit compacte, sont remplis d'empreintes de fruits, de feuilles et d'autres débris de végétaux si peu altérés, que l'on reconnoît fort bien les genres auxquels ils ont appartenu, et quelquefois même les espèces. Dans de certaines parties, les couches de ce calcaire sédimentaire friable, sont tellement multipliées et ont si peu d'épaisseur, qu'elles ressemblent en quelque sorte aux feuillets d'un livre. Quant aux masses ou aux couches solides de ce même calcaire, elles out souvent jusqu'à dix ou quinze toises d'épaisseur; alors on les exploite avec beaucoup d'avantages, d'autant qu'elles réunissent une grande solidité à une extrême légèreté.

[ocr errors]

Enfin, l'ordre de superposition des couches qui appartiennent à cette formation, n'est pas toujours le même que celui dont

nous avons déjà parlé; voici l'ordre des couches d'une coupe abrupte que l'on voit près de l'église de Castelnaud.

1o. Terre végétale calcaire d'un pied et demi à deux pieds de puissance.

2o. Argile calcarifère jaunâtre, friable où l'on commence à trouver des mollusques fossiles fluviatiles et terrestres, et dont l'épaisseur est de deux à trois pieds.

3. Calcaire sédimentaire rempli d'empreintes de tiges, de feuilles, de troncs et de fruits de divers végétaux, avec des coquilles fossiles, soit fluviatiles, soit terrestres, mais en moindre quantité que les débris de végétaux. L'épaisseur de ce calcaire, quoique très-variable, n'est jamais moindre de douze à quinze pieds. 4. Argile calcarifère mêlée confusément avec le calcaire sédimentaire pulvérulent, renfermant beaucoup de coquilles fossiles, et peu de débris de végétaux. Son épaisseur ne va guère au-delà de trois pieds.

[ocr errors]

5°. Calcaire sédimentaire solide et compacte, formé en grande partie de débris de végétaux, contenant peu de coquilles fossiles. C'est dans cette couche que l'on observe les fruits les mieux conservés. L'épaisseur de ce calcaire est souvent de plus de cent pieds.

·6%. Albâtre calcaire grossier rubanné, d'un brun jaunâtre, et composé de lames éclatantes. Dans les cavités qui se sont opérées entre les masses de cet albâtre, on en trouve souvent en mamelons énormes qui annoncent qu'ils ont été déposés de la même manière que les autres Stalagmites. Quant à l'épaisseur des couches de cet albâtre, elle varie entre cinq et huit pieds.

7°. Calcaire sédimentaire ou tuf compacte solide, à peu près le même que celui de la cinquième couche, et composé, comme lui, d'un grand nombre de débris de végétaux. L'épaisseur de cette couche est souvent bien grande, puisque dans quelques parties de la haute colline de Castelnaud, ce calcaire s'étend au-dessous du niveau de la rivière. Dans les parties où l'on peut reconnoître les couches sur lesquelles il repose, on le voit tantôt superposé au calcaire marin grossier coquillier, et tantôt au calcaire dur ancien ou calcaire à Ammonites. Enfin, il n'est pas inutile de remarquer qu'entre les interstices de ce calcaire, on observe une assez grande quantité de sulfate de chaux. Ce sulfate de chaux s'y présente sous la forme d'un duvet soyeux, ou en efflorescence d'un blanc éclatant.

Il nous reste maintenant à faire connoître les espèces de fossiles de cette formation d'eau douce. Ces fossiles appartiennent,

Y ǝ

les uns à des plantes, et les autres à des mollusques. Parmi les derniers, on en voit de terrestres et de fluviatiles. Les espèces que l'on peut reconnoitre parmi celles-ci sont :

1. Lymnæus ovatus de Draparnaud, avec de nombreuses va

riétés.

2. Lymnæus corvus.

3. Lymnæus palustris.

4. Lymnæus minutus. Ces Lymnées fossiles sont en général en très-grand nombre au milieu des masses de calcaire sédimentaire, ou de couches argileuses.

5. Succinea amphibia.

6. Planorbis carinatus. 7. Planorbis marginatus, 8. Cyclostoma impurum. 9°. Nerita fluviatilis.

10°. Cyclas fontinalis. Je n'ai encore trouvé qu'un seul individu complet de cette Cyclade et une seule valve isolée. J'ai également observé au milieu de ce calcaire divers fragmens que l'on ne peut rapporter qu'à l'Unio pictorum.

Parmi les espèces terrestres en y remarque,

11. Cyclostoma elegans. Cette coquille y est extrêmement commune, et peut-être y est-elle en plus grand nombre qu'au cune autre espèce.

12°. Bulimus acutus.
13°. Bulimus lubricus.
14°. Bulimus decollatus.
15°. Helix variabilis.
16. Helix rhodostoma,
17. Helix nemoralis.
18°. Helix vermiculata.
19°. Helix ericetorum.

20°. Helix cespitum.
21°. Helix cinctella.
22°. Helix limbata.
23°. Helix striata.
24. Helix obvoluta.
25°. Helix lucida.
26°. Helix nitida.
27°. Helix rotunda.

Parmi ces différentes espèces, il n'y en a aucune qui n'existe maintenant en France; mais parmi celles que l'on trouve fossiles dans les environs de Montpellier, il en est plusieurs que T'on n'y rencontre plus vivantes. Ainsi l'Helix nemoralis si commune à vingt lieues de nous, ne vit plus aujourd'hui sur notre sol; il en est de même des Helix cinctella, limbata et obvoluta. Cependant elles ont dû vivre autrefois sur notre sol, puisqu'on les y trouve fossiles et en nombre assez considérable.

Quant aux fragmens de végétaux que l'on observe dans le calcaire sédimentaire, ils appartiennent à plusieurs parties; on y reconnoit, 1°. des portions de liber et d'écorce, 2o. des por

« PreviousContinue »