tions de tiges, 3. des feuilles, 4. des fruits. Parmi les nombreuses empreintes de feuilles que recèle ce calcaire, on peut démêler quelques espèces; ainsi les feuilles de vignes sont trèsreconnoissables, et leur nombre est fort considérable. Les feuilles de laurier, de chêne vert, de Nérium, d'orme et d'olivier, sont également assez bien conservées pour avoir peu de doute sur leur détermination. J'ai, du reste, consulté à cet égard mon savant collègue M. de Candolle, qui pense que l'on ne peut pas faire d'objection fondée à celui qui considéreroit ces empreintes comme ayant été laissées par les espèces dont nous venons de parler. Quant aux empreintes de fruits que l'on observe dans ce calcaire, il affirmeroit avec plus d'assurance qu'elles ont dû se mouler sur les espèces auxquelles on est fondé à les rapporter. Le grand nombre d'empreintes de cônes de Pins que l'on rencontre dans ce calcaire, joint à ces énormes troncs près desquels ces fruits se trouvent, laissent d'autant moins de doute, que le fruit du Pin a une forme qu'il n'est guère possible de confondre avec aucun autre genre de coniferes. On trouve encore souvent dans les masses de ce tuf, un fruit à quatre valves ovales, concaves et aiguës. Dans leur intérieur, ces valves sont marquées par trois sillons profonds, et leur réunion présente vers leur base, un cercle relevé vers l'intérieur du fruit. Quant à la grandeur de ces fruits fossiles, elle est la même que celle des fruits du Convolvulus arvensis. Quoique nos fossiles se rapprochent assez du genre Convolvulus, ils me paroissent différer de toutes les espèces connues par les sillons profondément imprimés dans l'intérieur de leurs valves. Malgré cette différence évidente, M. Duhamel jeune, botaniste de Montpellier, connu par son excellente Dissertation sur les Solanum, n'est pas très-éloigné de regarder notre fossile comme ayant appartenu au Convolvulus sepium. M. de Candolle, dont le suffrage dans ces sortes de matière, est d'un bien grand poids, n'ose pas émettre une opinion aussi affirmative, et paroît, au contraire, plus porté à regarder ces fruits fossiles comme n'ayant pas d'analogues trèsévidens. Quant aux tiges si abondantes dans cette formation, on en reconnoît qui paroissent avoir appartenu à des plantes monocotylédones et dicotylédones. Parmi les premières, on y rencontre assez souvent des tiges d'Arundo. Enfin, on découvre aussi quelquefois entre les masses du calcaire friable, des empreintes d'insectes, principalement des Aptères. Mais on ne peut guère déterminer le genre auquel ces empreintes appar tiennent; une seule cependant m'a paru se rapprocher des Jules. D'après les faits que nous venons de rapporter, la formation d'eau douce de Castelnaud annonce qu'il doit y avoir eu des bouleversemens dans de certaines parties de nos couches, postérieurs à l'existence des espèces qui vivent aujourd'hui, soit dans nos couches, soit dans le bassin de nos lacs et de nos fleuves. Ces bouleversemens partiels, à la vérité, doivent être considérés, ce me semble, comme tous ceux qui ont englouti des êtres vivans. Si je ne décris ici aucun débris d'animal d'un: ordre supérieur, c'est peut-être uniquement faute d'avoir pu faire les fouilles que leur recherche exigeroit. J'ai, en effet, appris des paysans qu'en creusant profondément, ils avoient quelquefois rencontré des ossemens; mais comme personne ne m'en a montré, je ne puis rien dire de positif à cet égard. Quoi qu'il en soit, cette formation doit être distinguée de celles déjà décrites, d'autant qu'elle n'est point accidentelle aux environs: de Montpellier, et que ses caractères sont aussi tranchés que constans. Ainsi, pour nous, la formation des Lignites seroit la plus ancienne des formations d'eau douce. Celle qui, recouvrant le calcaire marin grossier ou à Cérithes, se compose de gypse à ossemens et de marnes calcaires blanches, seroit la seconde. Quant à la troisième, elle est fort bien caractérisée par la présence des silex et du calcaire, ou bien lorsque les silex manquent, par le mélange du calcaire siliceux et du calcaire poreux, ainsi que par les fossiles d'eau douce qu'elle renferme. Ces, fossiles, tous ou presque tous semblables pour les geures à ceux que nous connoissons vivans, sont aussi presque toujours différens des espèces qui vivent encore aujourd'hui sur notre globe. Les couches ou les formations marines subordonnées à cette troisième formation d'eau douce, servent encore à la faire reconnoître. Quant à la dernière formation, les fossiles semblables pour les espèces à celles qui vivent maintenant, et la nature même du calcaire qui la compose, la caractérisent assez pour qu'on ne puisse pas la confondre avec les autres formations d'eau douce d'une date plus ancienne. La quatrième formation d'eau douce se rencontre avec les mêmes caractères et presque les mêmes circonstances, dans deux points de la vallée de l'Hérault, près de Gange et de SaintGuillem-le-Désert. Les couches du calcaire sédimentaire y sout moins tourmentées, mais également remplies d'empreintes de végétaux et de coquilles fluviatiles ou terrestres. Comme c'est toujours les mêmes espèces, nous ne les nommer ons pas de nouveau. Dans ces deux localités, la formation d'eau douce im médiatement superposée au calcaire ancien, ne s'élève pas audessus du niveau de la rivière de plus de deux cents pieds. Quant à cette même formation que l'on observe dans la vallée de Coudoulous, près du bourg d'Avèze, dans le département du Gard, elle est remarquable en ce qu'elle repose sur les schistes argileux, et qu'elle se trouve isolée au milieu d'un sol ancien. Elle reste ici constamment dans la vallée, formant au-dessus de son niveau des collines peu élevées, dont les plus hautes n'ont guère plus de soixante toises. Ces collines ont cela de commun avec les autres collines calcaires, d'avoir leurs sommets aplatis et disposés en vastes plateaux. Le pourtour de cette formation peut avoir au plus deux lieues. Quant au calcaire sédimentaire de cette vallée, il est généralement compacte et contenant peu de débris de végétaux. Il alterne souvent avec des couches de marne calcaire, d'argile plastique et de sable, et cela dans le même ordre que le calcaire sédimentaire de Castelnaud. Je n'y ai vu que des Lymnées et des Helices fossiles. On retrouve également cette même formation dans la vallée calcaire d'Arres, qui forme comme un angle droit avec celle, de Coudoulous. Ici la formation d'eau douce repose, non sur le schiste, mais bien sur le calcaire à Ammonites, et se prolonge parallèlement sur les deux côtés de la petite rivière d'Arres, pendant un espace d'environ deux petites lieues. Peut-être. s'étend-elle encore plus loin, ce que je ne puis dire, ne l'ayant pas suivie au-delà. Mais ici elle ne forme pas des collines particulières, comme dans la vallée de Coudoulous, et probablement à cause du resserrement de la vallée d'Arres, qui se trouve bordée par des montagnes caleaires escarpées, dont l'élévation au-dessus du niveau de la rivière, se maintient constamment au-delà de deux cents toises. Cette formation d'eau douce est ici presque uniquement composée par un calcaire sédimentaire compacte, où l'on voit peu de débris de végétaux et de coquilles fossiles. J'y ai observé une Hélice de la grosseur de la Némorale, qui me paroît nouvelle, mais dont je n'ose donner la description, les individus que je possède étant très-dégradés. Quant aux autres espèces, elles ne diffèrent pas de celles dont nous avons déjà donné la liste, en parlant de la formation d'eau douce. Je remarquerai seulement en passant, que l'Helix cristallina est assez commune dans le calcaire de Las Fons. J'ai encore retrouvé la quatrième formation d'eau douce dans trois autres vallées des Cévennes. On la voit surtout bien caractérisée dans la vallée du Gardon, entre Saint-Jean de Gar donenque et Anduze. Le calcaire sédimentaire y alterne avec une argile plastique rougeâtre, qui est exploitée par les paysans. Le calcaire d'eau douce est ici superposé au calcaire ancien étant comme adossé aux coupes perpendiculaires et abruptes, que présente cette roche des deux côtés de la rivière de Gardon. Aussi, le calcaire d'eau douce n'y a-t-il pas une grande élévation, et il ne monte guère au-delà de deux cents pieds audessus du niveau de la rivière. Cette roche alternant, ainsi que nous l'avons déjà dit, avec des couches puissantes d'argile fortement colorée, est recouverte par intervalles par des poudingues calcaires, restes d'anciennes alluvions; ces poudingues sont euxmêmes revêtus par la terre végétale, mais d'une très-petite épaisseur. C'est dans cette seule localité que j'ai observé l'Helix algira fossile au milieu des autres espèces, soit terrestres, soit fluviatiles dont j'ai déjà fait connoître les noms. Gette même formation se montre avec ses caractères distinctifs dans plusieurs points de la vallée du Lot, mais surtout auprès de la ville de Mende, où elle est entourée par des montagnes de calcaire ancien, caractérisé par la présence des Bélemnites et des Ammonites. C'est principalement dans le lieu nommé Lavabre, où la formation d'eau douce est la plus prononcée. On y reconnoît un ordre de superposition à peu près semblable à celui que nous avons déjà indiqué. Ainsi, au-dessous de la terre végétale et du sol d'alluvion dont l'épaisseur est fort considérable, on voit un calcaire sédimentaire un peu friable, d'un jaune pâle, rempli d'empreintes de végétaux, et contenant quelques coquilles fossiles. Au-dessous de ce calcaire, paroissent les marnes calcaires superposées à une argile plastique rougeâtre, qui recouvre enfin un calcaire sédimentaire coloré de la même manière par des oxides de fer. Ce dernier a une grande épaisseur et repose sur le calcaire ancien à Ammonites. Du reste, cette formation d'eau douce n'offre ici ni une grande étendue ni une grande élévation. Elle ne paroît pas s'étendre à plus d'une lieue; à la vérité souvent interrompue, elle se rencontre dans d'autres parties de la vallée du Lot, n'abandonnant jamais les terrains calcaires. Nous remarquerons enfin, que plusieurs des fossiles particuliers à cette formation, ne se trouvent plus maintenant vivans dans les environs de Mende; tel est entre autres le Cyclostoma truncatulum. Quant aux Cyclostoma impurum, Bulimus lubricus, acicula, et aux Helix carthusiana, striata, cristallina, vivant encore dans le département de la Lozère, il n'y a rien d'étonnant à les y voir fossiles, comme à y observer de de nombreuses empreintes de feuilles du Fagus sylvatica. J'ai encore rencontré dans le même lieu, une Hélice fossile de la grosseur du Ramondi qui me paroîtroit nouvelle; mais comme elle n'est pas entière, je n'ose en hasarder la description. Les vallées de l'Ergue et du Brez, près Lodève, m'ont encore présenté la dernière ou quatrième formation d'eau douce. Le point central de ce nouveau gissement est la colline de Soubez, sur laquelle se trouve bâtie le village qui porte le même nom. Elle commence à trois quarts de lieue au nord de Lodève, après les carrières de grès. Cette formation, recouverte seulement dans le bas de la vallée par les alluvions de la plaine, se prolonge vers le nord d'une manière fort irrégulière, en suivant par intervalles les bords de la rivière de l'Ergue et du Brez. Mais dans les parties où les dépôts d'eau douce ont été beaucoup plus considérables, ils ont formé diverses collines qui s'élèvent plus ou moins au-dessus du niveau de la plaine. La plus haute de ces collines peut avoir de soixante à soixante-dix toises, et il est à remarquer que toutes sont couronnées par un plateau uni et d'une assez grande étendue. Le calcaire sédimentaire dans l'ordre de superposition, est semblable à celui que nous avons déjà indiqué; il offre ici cette particularité remarquable, que ses masses les plus supérieures semblent n'avoir pas été déposées d'une manière horizontale et successive, comme toutes les autres couches, mais en quelque sorte à la manière des Stalactites. Toutes les portions que l'on en détache ont une forme si constamment pyramidale, qu'il est difficile de ne pas avoir cette idée, quoique certainement il n'en a pas été ainsi. Ces calcaires recèlent un grand nombre de débris de végétaux, mais peu de ces débris sont reconnoissables. En grand comme en petit ils offrent entre leurs masses de nombreuses cavités dont la partie supérieure présente comme des Stalactites. Aussi ces cavités, lorsqu'elles sont un peu grandes, ont un aspect trèspittoresque, et les curieux s'empressent de recueillir les masses les plus bizarres qu'offre leur intérieur. Du reste, cette formation est si étendue, que les calcaires d'eau douce qui en font, partie, sont exploités avec avantage, réunissant une grande solidité à une extrême légèreté. Les maisons de Soubez en sont presque toutes bâties, et la route de Lodève au Vigan en est en grande partie pavée. Ainsi, les deux rives et les vallées de l'Ergue et du Brez, appartiennent à cette formation, qui s'étend dans la première de ces vallées jusqu'à l'Escalette, dans un espace d'environ trois lieues, et dans la seconde, au nord jusqu'à la Roque, Tome LXXXVII. SEPTEMBRE an 1818. |