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et à l'est jusqu'à Notre-Dame-de-Parlages, comprenant ainsi une étendue un peu plus considérable. Quant aux fossiles que l'on observe dans ce calcaire, ils ne different pas en général des espèces que nous avons déjà décrites, mais on remarque que les petites espèces y sont plus abondantes.

Nous pourrions ajouter aux diverses localités dont nous venons de parler, celle de Nant sur le Durson dans le département de l'Aveyron; mais comme nous n'avons pas reconnu par nousmême ce gissement, nous en dirons peu de chose, quoiqu'on nous ait annoncé que la formation d'eau douce y étoit accompagnée de fossiles qui avoient appartenu à de grands animaux. Nous attendons pour donner quelques détails à cet égard, que nous ayons vérifié ces faits. Quant à la formation d'eau douce que nous ayons signalée dans la vallée du Rhône, près de Lyon, et sur le chemin qui conduit à la Carette, nous nous bornerons à faire remarquer qu'elle doit être rapportée à la quatrième époque. En effet, les fossiles que l'on y rencontre sont semblables aux espèces actuellement vivantes, et dès-lors elles doivent avoir été englouties à une époque postérieure à l'existence des mollusques que nous trouvons aujourd'hui sur notre sol. Du reste ayant publié depuis long-temps les détails qui ont rapport cette formation, nous n'y reviendront pas de nouveau.

RECHERCHES ANATOMIQUES

Sur les SCOLIES et sur quelques autres Insectes hyménoptères;

PAR LÉON DUFOUR,

D. M., Correspondant de la Société Philomathique de Paris.

LA prodigieuse variété des insectes hyménoptères, l'histoire curieuse de leurs mœurs et de leurs métamorphoses, l'admirable industrie qui leur est plus particulièrement échue en partage, rendent l'étude de cette classe l'une des plus intéressantes de l'Entomologie. Quoiqu'illustrée par les savantes observations et les recherches multipliées de Réaumur, de Swammerdam, de Latreille, de Jurine, etc., combien n'avons nous pas encore à acquérir, soit pour la connoissance de la structure anatomique

soit pour l'exacte ap

des diverses familles qui la composent, préciation des signes extérieurs qui caractérisent les sexes, soit enfin pour la détermination rigoureuse des genres et des espèces? En attendant que de nouvelles dissections me mettent à même de faire hommage à la Science d'un travail anatomique plus complet, je vais exposer succinctement le résultat de mes recherches sur quelques Hyménoptères, et plus en particulier sur les Scolies. Je m'étois d'abord proposé d'accompagner cet opuscule du signalement des différentes espèces de ce dernier genre que j'ai rencontrées en Espagne, mais je réserve ces descriptions pour un autre temps.

La Scolie des jardins (Scolia hortorum, Latr.) est la seule espèce que j'aie disséquée. Cet insecte, l'un des plus grands Hyménoptères d'Europe, est fréquent aux environs de Valence en Espague, où j'ai fait mes observations en 1812 et 1813. La phrase suivante suffira pour exprimer ses traits les plus caractéristiques.

Atra, hirsuta, maxima; antennis, in utroque sexu, totis nigris; abdominis segmento 2°-3° que maculis 2 dorsalibus magnis, haud rarò coadunatis, flavis; alis rufescentibus apice latè violaceocoeruleis; capite, in fœmina tantum, supra antennas flavo-rufescente.

Cette Scolie, ainsi que toutes celles du même genre, se plaît dans les expositions très-chaudes, et recherche particulièrement les fleurs des plantes à odeur forte, telles que celles de Rue, d'Ail, de Psoralier, etc. Le måle, dont je joins ici la figure (voy. fig. 1), a de 14 à 15 lignes de longueur. La femelle, que Villers a représentée à la pl. 8, fig. 13, en la rapportant à la Scolia flavifrons, Fabr., en acquiert jusqu'à 18.

Nous allons examiner dans autant de chapitres distincts, 1°. le système nerveux; 2°. l'organe de la respiration; 3°. celui de la digestion; 4. celui de la génération; 5°. enfin, l'appareil destiné à la sécrétion et à l'excrétion du venin. Il eût fallu, pour le complément de ces recherches anatomiques, parler aussi de l'organe circulatoire; mais l'impossibilité où je me suis trouvé, de mettre en évidence le vaisseau dorsal et ses dépendances, par le secours des injections, me réduit à un silence absolu sur ce point.

CHAPITRE PREMIER.

Système nerveux.

(Fig. 2.) Placé le long de la ligne médiane du corps de l'in

secte, tout-à-fait au-dessous des autres organes, dont il est séparé, dans la cavité abdominale, par une toile mince, membranomusculeuse, il consiste en un cordon principal formé de l'adossement de deux nerfs contigus, mais bien distincts et en ganglions. Ceux-ci, au nombre de sept, dont cinq sont renfermés dans l'abdomen, émettent chacun trois nerfs, savoir, deux latéraux et un postérieur récurrent. Les deux ganglions qui terminent en arrière le cordon sont très-rapprochés, presque confondus. Le dernier, sensiblement plus grand que celui qui le précède, fournit plusieurs filets divergens, dont la distribution est principalement réservée aux organes de la génération. Une trachée assez forte accompagne de chaque côté le tronc du sys

tème nerveux.

L'extrême difficulté de la dissection ne m'a point permis de voir l'origine de celui-ci à la tête.

CHAPITRE II.

Organe de la respiration.

r. Stigmates. Les thorachiques sont au nombre de deux seu lement, situés, un de chaque côté, derrière l'insertion des ailes, sur cette portion du corcelet appelée métathorax par quelques entomologistes; ils sont étroits, transversaux, bilabiés. Les abdominaux s'ouvrent le long des côtés des segmens dorsaux de l'abdomen, par un pertuis bien moins alongé que ceux du corcelet, et placé dans une petite dépression ovale. Il y en a une paire pour chaque segment. Ceux des deux premiers anneaux sont habituellement à découvert sur la surface pointillée et hérissée de ceux-ci, tandis que les suivans occupent la portion de ces segmens qui est lisse, glabre et recouverte par la pièce qui précède.

2. Trachées. Ainsi que celles de tous les Hyménoptères dont j'ai étudié l'anatomie, elles ont un degré de plus de perfection que dans d'autres classes d'insectes. Au lieu d'être uniquement constituées par des vaisseaux cylindroïdes et élastiques, qui décroissent de diamètre par leurs divisions successives, elles offrent des dilatations constantes, des vésicules bien déterminées, favorables à un séjour plus ou moins prolongé de l'air, susceptibles de se distendre ou de s'affaisser suivant la quantité de fluide qu'elles admettent. De chaque côté de la base de l'abdomen, se voit une de ces vésicules, grande, ovale, oblongue, d'un blanc mat lacté, dont la périphérie émet çà et là des faisseaux

rayonnans de trachées vasculaires, qui vont se distribuer aux organes voisins. En pénétrant dans le corcelet, elle s'étrangle, se dilate de nouveau, et dégénère insensiblement en un tube dont les subdivisions se perdent dans la tête.

En arrière de ces deux vésicules abdominales, l'organe respiratoire se continue en deux tubes filiformes qui fournissent une infinité d'arbuscules aériens, et deviennent confluens vers l'anus, pour se ramifier ensuite et éluder toutes les recherches.

Telles sont les trachées dans la Scolie. Elles ont absolument la même conformation dans l'Abeille commune, d'après l'observation de Swammerdam et la mienne. Je les ai trouvées en tout semblables dans l'Anthidium florentinum et le Polistes gallica. La Xylocope perce bois et les Bombus offrent cette seule différence, que les deux grandes vésicules abdominales ont chacune à leur surface supérieure et antérieure, un corps cylin drique, grisâtre, élastique, qui, dans la Xylocope, est intimement adhérent dans toute sa longueur, tandis qu'il est libre dans le Bombus. Cette espèce de trachée-artère, qui se dirige vers l'insertion des ailes et qui aboutit peut-être au stigmate thorachique, n'est pas sans doute étrangère à la production du bourdonnement, puisque celui-ci peut avoir lieu même après la soustraction complète des ailes.

CHAPITRE III.

Organes de la digestion.

1o. Epiploon. Cet organe, bien apparent dans beaucoup d'insectes, notamment dans les Coléoptères à étuis soudés, ou dont le genre de vie est peu actif, consiste dans la Scolie comme dans la plupart des Hyménoptères, en petites granulations adipeuses rares, tantôt collées sur les muscles des parois ventrales, tantôt soutenues par un lacis de trachées capillaires.

Dans la Xylocope, ces granulations m'ont paru vesiculeuses, et en les crevant il s'échappa une liqueur d'un blanc azuré. Cette observation a besoin d'être répétée.

2°. Vaisseaux hépatiques. Ce sont des tubes filiformes, au nombre d'une vingtaine environ, blanchâtres ou jaunâtres, simples, c'est-à-dire nullement rameux, plus longs que le corps, repliés, entortillés, insérés autour du bourrelet qui termine le second estomac.

3°. Tube alimentaire. Sa longueur n'excède pas deux fois celle de tout le corps de l'insecte. Quelques trachées étalent à sa surface leurs ramifications nacrées, et servent à la maintenis

dans sa position. L'œsophage sous la forme d'un tube très-délié, se dilate après le corcelet en un premier estomac membraneux, demi-translucide, plus ou moins ovoïde, lisse à l'extérieur. Le second estomac, essentiellement musculeux, séparé du premier par un étranglement qui est le siége d'une valvule pylorique, est alongé, cylindrique ou conoïde, contourné sur lui-même, formé de bandelettes transversales plus ou moins saillantes suivant l'état de contraction de l'organe. Indépendamment de ces rides annulaires, il est hérissé de papilles d'une brièveté extrême, que la loupe seule rend sensibles. La valvule pylorique dont je viens de parler, devient très-apparente, lors de la va-. cuité du premier estomac, et a la forme d'un bouton saillant marqué d'une fente cruciale. Le second estomac se termine postérieurement par un bourrelet où s'insèrent les vaisseaux hépatiques. L'intestin brusquement distinct de ce dernier, est grêle, filiforme, lisse, glabre, flexueux, un peu plus court que dans d'autres Hymenoptères. Avant de se terminer à l'anus par un rectum, ayant à peine une ligne de longueur, il offre une dilatation plus ou moins marquée, un cœcum qui renferme les excrémens, et dont la longueur est parcourue par six rubans musculeux, tantôt presque effacés, tantôt déterminant des cannelures profondes.

Le tube alimentaire a la même forme, la même structure dans l'Abeille, le Poliste, l'Anthidie, le Bombus, excepté que dans ce dernier l'intestin proprement dit est plus long et forme deux circonvolutions sur lui-même.

Dans la Xylocope, le coecum offre une organisation toute particulière. On aperçoit à sa surface six espaces ovales irrégulièrement placés, formés par une membrane diaphane, vitrée, tantôt plane ou déprimée, tantôt convexe. Leur contour offre un léger rebord ou cerceau brunâtre qui, à la vue, semble cartilagineux, Ges espaces vitrés sont, je le présume, les points d'attache d'autant de muscles qui croisent en divers sens la largeur du cœcum, à peu près comme les cordes musculeuses qui, dans les Scorpions et les Araignées, traversent de part en part le foie, en se fixant aux parois supérieures et inférieures de l'abdomen (1). Je n'ai pas eu l'occasion de constater l'existence de ces muscles dans la Xylocope; mais voici sur quelles raisons je fonde ma

(1) Voyez Mém. anatom. sur le Scorpion roussâtre, etc., Journal de Physique, etc., juin 1817.

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