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NOUVELLES SCIENTIFIQUES.

MÉTÉOROLOGIE.

Sur une nouvelle chute d'Aérolithe.

Le 29 juillet dernier, il est tombé du ciel une pierre dans le village de Slobodka (gouvernement russe de Smolensk). Sa chute a été tellement violente, qu'elle s'est enfoncée de plusieurs pieds dans la terre; son poids étoit de 7 livres, sa couleur d'un brun foncé, et elle avoit l'aspect métallique. (Journal général de France, 13 octobre 1818.)

GÉOLOGIE.

Notes sur les monts Himála, par M. FRAZER, lues à la Société Géologique (en Angleterre), le 20 février 1818, et accompagnées d'échantillons minéralogiques.

Les plaines de l'Indostan sont terminées au nord-est par une chaîne montagneuse qui court des bords du Burrampooter à l'Indus, et qui traversant cette rivière, forme, en se développant, une contrée élevée, moins circonscrite et moins imposante, dont les chainons se rattachent à la plupart des principales montagnes de l'Asie. La ceinture des montagnes qui sépare ainsi l'Indostan du Thibet, est parfaitement isolée et n'est interrompue nulle part, présentant dans son cours des hauteurs irrégulières, qui ne sont divisées par aucune vallée remarquable, allant d'une plaine à l'autre. Ces montagnes, du côté de l'Indostan, offrent des flancs roides et escarpés, qui succèdent brusquement à un terrain de niveau, tandis qu'au nord-ouest, suivant les meilleures relations qu'on a obtenues, la pente descend par degré, forme des collines couvertes de verdure, et se termine en une plaine légèrement inclinée.

Les grands monts Himålå forment le centre de ce rideau; ils 'élèvent leurs crêtes aiguës, couvertes de neiges éternelles, à une hauteur presque incroyable, absolument déserte et inaccessible. M. Colebrooke, dans le douzième volume des Recherches asiatiques (Asiatic Researches), estime la hauteur des différens pics de 26,862 pieds à 22,000 pieds (le pied anglois est à peu

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près les du pied françois). Jumnatra, la source du Jumna, s'élève, dit-on, à 25,500 pieds au-dessus du niveau de la mer. Durant le voyage, dans lequel on recueillit les échantillons mis sous les yeux de la Société, la route eut lieu sur la pente de cette montagne à 2000 pieds du sommet, autant qu'on put conjecturer, Les échantillons furent ramassés entre les rivières Bhagirutta et Sutlej. La direction générale des montagnes est, ici presque nord-ouest et sud-est; une petite colline escarpée qui s'élève de 500 à 750 pieds en hauteur, et qui s'étend de trois à six milles en largeur, court vers les plaines de Hurdwar, à moitié chemin de Sutlej. Elle consiste en sable, en argile durcie et en lits de cailloux arrondis et de gravier. Le rideau suivant de montagnes, a de 1500 à 5000 pieds de hauteur, avec des cimes étroites et aiguës, el se compose d'une argile compacte, très-décomposable, d'une couleur brune-grisâtre, et contenant de la matière siliceuse. Justement au-delà de ce rideau s'élève une montagne de pierre calcaire d'environ 7000 pieds de haut. Un courant assez considérable, et qui coule toujours, marquoit la séparation entre cette chaîne et une masse de montagnes, composées presqu'entièrement de variétés de schiste, avec beaucoup de mica, et de veines de quartz. Parmi ces substances, on observoit un grès grossier et une agglomération de sable de mica et de gravier; ayant pour ciment un spath blanc qui se cassoit aisément. A mesure qu'on approchoit des monts neigeux, on distinguoit des roches de quartz blanc et d'une pierre dure, à demi-transparente, qui présente plusieurs couleurs, le gris, le rouge, le jaune et le verdâtre. Quand on fut arrivé au centre de ces montagnes couvertes de neige, les pics éloignés paroissoient être stratifiés et s'incliner vers le nord-est sous un angle d'environ 45 degrés. A plusieurs milliers de pieds au-dessous de leurs sommets, toute végétation cesse, et on n'y voit aucun être vivant. La route en revenant, ose fit en grande partie le long du lit de la rivière Pabur, qui prend sa source dans les profondeurs de l'Himàlà; ce lit offrit des blocs d'une espèce particulière de roche. Le schiste et le calcaire composoient les roches voisines. Il se présenta une autre occasion de voir les sommets de l'Himàlà; ce fut du mont Jumnatra, d'où s'élèvent deux grands pics couverts au sud et au sud-est de neige perpétuelle, mais montrant vers le nord-ouest une face escarpée et une roche à nu La rivière Jumña, qui prend sa source en cet endroit, étoit partagée en une multitude de petits ruisseaux coulant de dessous la neige et réunis dans un étang, au fond

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d'une gorge profonde. On trouva ici presque chaque sorte de roche observée durant le voyage, particulièrement la roche qu'on a citée ci-dessus, comme se rencontrant dans la rivière Pabur; et la stratification générale étoit entrecoupée de veines de quartz blanc. De ces veines sort un courant d'eau chaude, chargé de matière calcaire, qu'il dépose sur la surface des rochers, à mesure qu'il coule dessus. Il n'y a point de glaciers en aucun endroit de ces monts couverts de neige; mais il semble qu'il gèle perpétuellement sur leurs sommets.

Après être descendu dans le lit de la rivière nommée Bhagirutta, on y voyagea aussi presque jusqu'à sa source; la vallée à travers laquelle il est tracé est plus profonde et plus sombre, et les précipices sur l'un et l'autre côtés sont plus grands que ceux qui forment le lit de la rivière appelée Jumna; la roche dans le voisinage de sa source étoit granitique, et contenoit de la tour maline noire. (Annals of Philosophy, juin, 1818.)

BOTANIQUE,

Sur l'espèce de circulation de la Charagne, Chara foetida, par M. Gazzi, et sur sa composition chimique, par MM. Chevalier et Lassaigne,

La Charagne transparente de Vaillant est une plante aquatique partagée en plusieurs parties, par des noeuds qui se trouvent le long de ses tiges, à peu près comme le sont les graminées, et qui se trouve dans les eaux douces de toutes les parties de l'Europe. Dans cette Charagne on voit, au moyen du microscope, un fluide circuler dans l'intervalle des noeuds, de telle sorte que le tube compris entre deux nœuds, présente dans sa longueur deux courans de fluide séparés et dans une direction opposée; dans l'état ordinaire, quand le fluide qui, par exemple, monte visiblement à droite est arrivé à un noeud supérieur, il redescend le long du bord gauche de la tige; et lorsqu'il est arrivé au noeud inférieur, il passe de nouveau à droite pour remonter, et ainsi de suite. Le fluide circulant n'est autre chose qu'une lymphe dans laquelle nagent des matières plus ou moins denses et colorées, qui sont transportées avec elle et qui ser vent à faire voir sa circulation. Quelquefois, si l'on vient à agiter ou à comprimer, ou à frapper le chara, elle semble suspendre elle-même le mouvement de ses fluides pour le ranimer ensuite.

L'abbé Corti, qui a fait à ce sujet un petit ouvrage fort cu rieux, en conclut, non pas d'après une observation directe,

mais d'après le raisonnement, que dans chaque entre-noeud de la plante, il y avoit deux sortes de vaisseaux analogues au double système artériel et veineux, de la plupart des animaux; il en conclut que chacun des canaux avoit deux ordres séparés de vaisseaux dirigés dans sa longueur, en sorte que le fluide ascendant restoit dans toute l'étendue d'une articulation séparé du fluide descendant. Mais les observations de M. Grossi, continuées pendant plusieurs années, l'ont convaincu que les deux mouvemens opposés de chaque entre-noeud, s'exécutent contemporainement dans un seul et même vaisseau; les preuves qu'il apporte en faveur de cette opinion, sont les suivantes:

1. Si l'on partage en deux un entre-noeud, au moyen d'une ligature faite avec un fil de soie, et si on laisse ensuite la plante se reposer, bientôt la contraction produite par le fil produit l'effet d'un noeud; c'est-à-dire que le fluide parvenu jusque là redescend et forme deux ordres de circulation parfaitement séparés et distincts l'un de l'autre, dans chaque moitié de l'entrenœud naturel. La même chose arrive lorsqu'on appuie fortement avec un corps quelconque, au milieu de l'espace qui sépare deux nœuds naturels.

2°. Bien plus, si par le premier procédé on partage l'entrenœud en trois parties, au moyen de deux fils, alors on observera trois systèmes de circulation complets, c'est-à-dire un pour chaque intervalle, quoiqu'avant l'opération il n'y en eût également qu'un seul pour le tout.

3. Quelquefois même sans avoir recours à la compression artificielle, on voit cependant naître ces circulations distinctes et multipliées, et cela parce qu'une trop grande quantité des matières plus ou moins denses et colorées, qui nagent dans la lymphe, se rassemblent dans quelque lieu du tube, et alors en diminuent le courant ou l'arrêtent tout-à-fait. Si l'obturation se fait complètement dans un ou deux endroits, il en résulte alors deux ou trois circulations, absolument comme avec les ligatures. Mais si les matières, par leur agglomération, n'arrivent pas à empêcher entièrement la circulation, mais l'embarrassent seulement, alors le fluide lui-même se divise en deux parties, l'une passe au-delà de l'obstacle et continue son cours, tandis que l'autre rebrousse chemin et constitue une circulation particulière dans une seule partie du tube. Quelquefois il arrive que l'obstacle est détruit par la partie qui suit la marche ordinaire, et alors la circulation générale se rétablit comme elle est ordinairement entre deux nœuds.

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Tous ces phénomènes soigneusement observés et décrits par M. Gorri, ne peuvent se concilier avec l'idée que chaque canal latéral est divisé dans sa longueur, par une sorte de diaphragme qui le partageroit en deux courans l'un ascendant et l'autre descendant. Il pense plutôt que les deux courans opposés, s'exécutent dans un seul et unique canal, l'un à droite et l'autre à gauche. Il trouve d'autant plus de raison pour soutenir cette opinion, qu'il est parvenu à mettre pour ainsi dire à nu le tube latéral, en le séparant de la plus grosse écorce qui l'enveloppe. Dans cet état, il lui a paru comme un boyau fermé par une tunique très-fine, transparente, dans lequel se continueroit toujours, après quelques momens de repos depuis l'opération, les deux courans; jamais il ne lui a réussi d'apercevoir aucune trace de diaphragme longitudinal; bien plus, en prenant un de ces tubes ainsi mis à découvert, et en le divisant en plusieurs petits anneaux, et en les exposant d'une manière convenable sous le microscope, il n'a pas vu davantage le diaphragme, Il a aussi observé, comme l'avoit déjà fait le professeur Amici, que dans l'intérieur de l'écorce se trouvent d'autres canaux dirigés longitudinalement, mais beaucoup plus petits que le canal inférieur, dans lequel, comme il a été dit plus haut, se continue la grande circulation après que l'écorce est enlevée. (Journal de Physique de Brugnatelli, 3 bimestre, 1818.)

Nous ajouterons à ces nouvelles observations sur la physiologie de la Charagne, les résultats principaux de l'analyse chimique que MM. Chevalier et Lassaigne en ont donnée dans le Journal de Pharmacie pour le mois d'avril de cette année. Cette plante contient, 1°. une matière particulière de nature animale; 2. une matière huileuse de couleur verte avec une odeur de poisson; 3°. du muriate de soude, du sulfate, du muriate et surtout du carbonate de chaux qui forme la moitié de la plante desséchée, et auquel est l'aspect blanc et terreux qu'elle prend quand elle a été retirée de l'eau. La grande quantité de carbonate de chaux qui recouvre la Charagne, et qui n'existe pas dans les autres végétaux qui se trouvent avec elle, a fait soupçonner à M. Vauquelin que ce pourroit bien être un polypier, ce qui se trouve en rapport avec le résultat des observations de M. Bosc sur ce singulier corps organisé.,

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De l'Imprimerie de Mm V COURCIER, rue du Jardinet, no 12.

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