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rivent dans notre atmosphère, de manière que ces substances subissent un plus ou moins grand changement par la chaleur que la compression de l'air développe. Probablement dans la poussière rouge et noire, l'oxide de fer est la principale matière colorante, et dans la poussière noire on trouvera sans doute aussi du carbone. Je regarde les pierres noires et trèsfriables tombées à Alais en 1806, comme faisant le passage de la poussière noire aux météorolithes ordinaires, la chaleur n'ayant pas été suffisante pour brûler le carbone et pour fondre les autres substances.

L'an 472 de notre ère (suivant la Chronologie de Calvisius, Plaifair, etc.), 5 ou 6 novembre, grande chute de poussière noire (probablement aux environs de Constantinople); le ciel sembloit brûler. Procope et Marcellin l'ont attribuée au Vésuve. Menæa, Menolog. Griec. Jonaras, Cedrenus, Theophanes.

652. A Constantinople, pluie de poussière rouge. Theophanes, Cedrenus, Mathieu Eretz.

743. Un météore et poussière dans différens endroits. Théophanes.

Au milieu du IX siècle. Poussière rouge et matière semblable au sang coagulé. Continuat. du Georg. Monachus, Kazwini, Elmazen.

929. A Bagdad, rougeur du ciel et chute de sable rouge. Quatremère.

1056. En Arménie, neige rouge. Matth. Eretz.

1110. En Arménie, dans la province de Vaspouragan, chute d'un corps enflammé dans le lac de Van, en hiver, dans une nuit obscure. L'eau devint de couleur de sang, et la terre étoit fendue dans différens endroits (probablement pas des pierres tombées). Matthieu Eretz (Notices et extraits de la Biblioth.; tome IX).

1416. Pluie rouge en Bohême. Spangenberg.

? Dans le même siècle, à Lucerne, chute d'une pierre et d'une masse comme du sang coagulé, avec apparition d'un dragon igné (ou météore de feu). Cysat.

1501. Pluie de sang dans différens endroits, suivant quelques chroniques.

1548, 6 novembre. (Probablement en Thuringe.) Chute d'un globe de feu avec beaucoup de fracas, où l'on a trouvé une substance rougeâtre semblable au sang coagulé. Spangenberg.... 1560, jour de Pentecôte, Pluie rouge à Emden et à Louvain, etc. Fromond.

Tome LXXXVII. OCTOBRE an 1818.

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1560, 24 décembre. A Lillebonne, météore de feu et pluie rouge. Natalis Comes.

1586, 3 décembre. A Verde (en Hanovre), chute de beaucoup de matière rouge et noirâtre, dont des planches ont été brûlées, avec éclairs et tonnerre (météore de feu et fracas). Manuscrit de Salomon, sénateur à Brême.

1591. A Orléans, à la Madeleine, pluie de sang. Lemaire. (Ln.) 1618, en août. Chute de pierres, météore de feu et pluie de sang en Stirie. De Hammer.

1637, 6 décembre. Chute de beaucoup de poussière noire dans le golfe de Volo et en Syrie. Phil. Transact., t. I, p. 377. 1638. Pluie rouge à Tournay.

1645, 23 ou 24 janvier. A Bois-le-Duc.

1640, 6 octobre. Pluie rouge à Bruxelles. Kronland et Wendelinus.

1689. Poussière rouge à Venise, etc. Valisnieri.

1711, 5 et 6 mai. Pluie à Órsion en Suède. Act. lit. Sueciæ, 1731..

1718, 24 mars. Chute d'un globe de feu dans l'ile de Léthy aux Indes où l'on a trouvé une matière gélatineuse. Barchewitz.

1719. Chute de sable dans la mer Atlantique (lat. sept 45°, longit. 322° 45') avec un météore lumineux. Mém. de l'Acad. des ·Sciences, 1719, hist., pag. 23. Il auroit fallu examiner ce sable avec plus d'attention.

1744. Pluie rouge à Saint-Pierre d'Aréna, près de Gênes. Richard.

1755, 20 octobre. Sur l'île de Getland, une des Orcades, poussière noire qui n'étoit pas venue de l'Hécla. Phil. Transact., vol. L.

1755, 13 novembre. Rougeur du ciel et pluie rouge dans dif férens pays. Nov. Act. Nat. Cur., tome II.

1763, 9 octobre. Pluie rouge à Clève, à Utrecht, etc. Mercurio historico y politico (de Madrid), octobre 1764.

1765, 14 novembre. Pluie rouge en Picardie. Richard. 1781. En Sicile. Poussière blanche qui n'étoit pas volcanique. Gioeni, Philos. Transact., tome LXXII, App., pag. 1.

1796, 8 mars. On a trouvé après la chute d'un globle de feu en Lusace, une matière visqueuse (1). Ann. de Gilbert, tome LV, pag.

(1) J'en possède une petite portion dont la consistance, la couleur et l'odeur ressemblent à un yernis brunâtre fort desséché. Je crois qu'elle consiste surtout

1803, 5 et 6 mars. En Italie. Chute de poussière rouge sèche et humide. Opuscoli Scelti, tome XXII; Journ. de Phys., avril 1804.

1813, 13 et 14 mars. En Calabre, Toscane et Frioul. Grande chute de poussière rouge et neige rouge, avec beaucoup de bruit; en même temps tombèrent des pierres à Cutro en Calabre. Bibl. Brit., octobre 1813 et avril 1814. Annals of Philosophy, 1818, pag. 466. Sémentini a trouvé dans la poussière, silice, 33; alumine, 154; chaux, 11; fer, 14; chrome, 1; carbone, 9. La perte étoit 15. Il paroît qu'il n'a pas cherché la magnésie et le nickel.

1814, 3 et 4 juillet. Grande chute de poussière noire en Canada, avec apparition de feu. L'évènement étoit très-semblabe à celui de 472. Tilloch's Phil. Mag., vol. XLIV, p. 91.

1814, 5 novembre. On a trouvé dans le Doab aux Indes, chaque pierre tombée dans un petit amas de poussière. Phil. Mag., Bibl. Brit.

1815. Vers la fin de septembre, la mer au sud des Indes étoit couverte de poussière à une très-grande étendue, probablement à la suite d'une pareille chute. Phil. Mag., juillet 1816, p. 73.

SUR UNE ANOMALIE REMARQUABLE
DU MODE DE FÉCONDATION

DANS LA CAMPANULE A FEUILLES RONDES;

PAR M. HENRI CASSINI.

DEPUIS que Linné a confirmé par d'ingénieuses expériences, et accrédité par l'autorité de son nom, T'ancienne découverte des sexes dans les végétaux, presque tous les botanistes l'ont admise comme une loi solidement établie et exempte d'exceptions, au moins dans les plantes dites Phanérogames; et il a été fait peu de recherches sur les anomalies qu'elle pouvoit présenter dans cette classe immense.

en soufre et carbone. Guiton-Morveau et Blumenbach en avoient aussi une portion.

On sait pourtant que Spallanzani a fait, sur plusieurs plantes Phanérogames, des expériences, desquelles il fait résulter que, parmi ces plantes, les unes ont besoin du concours des sexes pour être fécondes, tandis que les autres peuvent s'en dispenser. M. Desvaux va bien plus loin, car il nie absolument Î'existence des sexes dans le règne végétal.

L'opinion de ce dernier ne me semble pas soutenable; et celle de Spallanzani, quoiqu'infiniment plus sage, n'est peutêtre pas suffisamment démontrée. Il seroit à desirer que de nouvelles expériences fussent faites avec tous les soins qu'elles exigent, pour résoudre complètement cet important problème. De simples observations sur les anomalies du mode de fécondation, dans plusieurs plantes phanérogames, contribueroient aussi à éclaircir la question, et feroient au moins connoître des particularités fort curieuses.

L'observation que j'ai l'honneur de soumettre à la Société (1), n'aura peut-être pas cet avantage, parce qu'elle est isolée. Je regrette que mes occupations ne m'aient pas laissé le temps de vérifier sur d'autres espèces de Campanules, et sur d'autres genres de Campanulacées, si le fait que j'ai remarqué dans la Campanula rotundifolia, se répétoit ou non chez les plantes analogues, ou s'il y étoit modifié de manière à offrir l'explication de l'anomalie que je vais décrire.

Le style de la Campanule, très-analogue à celui des Lactucées, consiste en une tige cylindrique, divisée supérieurement en trois branches prismatiques, à trois faces, et arrondies au sommet; chaque branche offre une face extérieure convexe, violette, hérissée, ainsi que la partie supérieure de la tige, de longs poils caducs, et deux faces intérieures planes, blanchâtres, couvertes de papilles stigmatiques très-apparentes, très- distinctes, en forme de filets cylindriques, transparens, perpendiculaires au plan qui les porte, et très-serrés les uns près des autres.

Si l'on observe l'état des organes sexuels, avant l'époque où la corolle doit s'épanouir, on reconnoit que les trois branches du style sont rapprochées en un faisceau; qu'elles sont étroitement unies et presque cohérentes par leurs faces intérieures, sur lesquelles les papilles stigmatiques sont déjà manifestes;

(1) Ce Mémoire a été lu à la Société Philomathique, le 16 mai 1818; et le 23 mai, M. Aubert du Petit-Thouars a présenté sur le même sujet d'autres observations par lesquelles il prétend expliquer l'anomalie dont il s'agit.

et que les cinq anthères forment, par leur rapprochement, une sorte de tube qui engaîne exactement le faisceau des branches du style, ainsi que la partie supérieure de la tige, qui est hérissée de poils comme les branches.

Un peu plus tard, mais toujours avant l'épanouissement de la corolle, les anthères s'ouvrent sur leur face intérieure; au moment de leur déhiscence, elles semblent devenir cohérentes par l'effet d'une sorte d'agglutination peu solide et peu durable; en même temps, tout le pollen des cinq anthères s'attache à la surface hérissée de poils, des branches du style et de la partie supérieure de sa tige, de manière que cette surface se trouve entièrement couverte d'une couche très-épaisse de pollen.

Bientôt après, la corolle s'épanouit; en cet instant, les anthères déjà vides se courbent, se séparent, se roulent, abandonnant la couche épaisse de pollen, qui adhère fortement à la surface hispide du style, et qui y persiste très-long-temps.

Enfin, lorsque la fleur est très-avancée en áge, age, la couche de pollen se détache et disparoît, en même temps que les poils qui la retenoient, et dont il ne reste d'autres vestiges sur le style que de petites aspérités. C'est alors seulement que les trois branches du style, qui depuis l'épanouissement de la corolle n'étoient presque plus cohérentes, s'écartent l'une de l'autre, divergent, se courbent en dehors, se roulent en spirale, et étalent les papilles qui constituent le stigmate.

Si je me suis bien fait comprendre dans la description des organes sexuels et de leur disposition respective aux différentes époques, on conçoit qu'à aucun instant il n'a pu s'établir une communication directe entre le stigmate et le pollen. Comment donc s'opère la fécondation dans la plante dont il s'agit? On peut essayer de répondre à cette question, en proposant quatre hypothèses différentes.

D'abord on peut croire que le vrai stigmate n'est pas constitué, comme je le suppose, par les papilles qui tapissent les faces intérieures des branches du style, mais bien par les poils dont leur face extérieure est hérissée. Cette solution me semble inadmissible: l'analogie du style des Campanules avec celui des Lactucées, prouve suffisamment que, dans les Campanules, les papilles sont le stigmate, et que les poils sont ce que j'ai nommé les collecteurs, dont la fonction est de recueillir le pollen. D'ail leurs tous les caractères que présentent les papilles dont il s'agit, déterminent leur nature d'une manière si peu équivoque, qu'au

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