Page images
PDF
EPUB

cun botanisté exercé à ces sortes d'observations ne pourra hésiter à y reconnoître le vrai stigmate.

que

Une autre manière d'expliquer le fait, serait de dire dans la plante en question, les fleurs qui s'épanouissent les premières sont fécondées par le pollen des fleurs qui s'épanouissent plus tard. Mais cette explication n'est pas meilleure que la précédente, car dès avant la fleuraison, les fleurs deviennent pendantes et elles ne se redressent plus, de sorte que le pollen qui tombe d'une fleur ne peut jamais s'introduire dans une autre fleur, et atteindre son stigmate qui se trouve garanti de ce contact par la corolle en forme de cloche renversée,

En troisième lieu, on pourra, en adoptant le système de Spallanzani, supposer que notre Campanule est du nombre des plantes phanérogames, dont l'organe femelle peut-être fécond sans le concours de l'organe måle. Je ne rejette pas entièrement cette solution; mais il me semble qu'on ne doit jamais l'admettre que dans les cas où il est absolument impossible d'en

frouver une autre.

[ocr errors]

Une dernière hypothèse, à laquelle je donne la préférence, est que la fécondation peut quelquefois s'opérer par la communication du pollen avec une partie quelconque du style, et sans qu'il soit nécessaire que cette communication s'établisse par le stigmate. Cette opinion est conforme à une idée de Spallanzani et de Bonnet, qui croyoient qu'on pourroit tenter de féconder le pistil, en faisant toucher le pollen, soit à la surface non stigmatique du style, soit même aux pétales, aux feuilles, aux racines. Malgré tout le respect dû à Bonnet et à Spallanzani, je me permettrai de dire que la fécondation sexuelle sur les racines, les feuilles ou les pétales, me paroît une absurdité. Mais il n'est pas également absurde, selon moi, de présumer que la fécondation peut quelquefois s'opérer à la surface d'une partie quelconque du style, presqu'aussi facilement qu'à la surface du stigmate lui-même.

En effet, le style et son stigmate sont, en général, com→ posés l'un et l'autre, d'un tissu cellulaire presque homogène et continu dans toutes ses parties; le stigmate, qui occupe une partie déterminée de la surface du style, ne diffère ordinaire ment du reste de cette surface, que parce que les cellules qui le constituent sont plus développées, plus dilatées, et formées de membranes plus tendres, plus poreuses, plus pénétrables; de sorte que l'introduction du fluide spermatique dans l'intérieur du tissu, est plus facile sur cette partie de la surface du style

que sur toute autre. Mais il n'y a de différence que du plus au moins; et si l'on considère que l'homogénéité du tissu végétal permet très-souvent qu'une partie remplisse les fonctions d'une autre, et que la continuité de ce tissu facilite à l'intérieur la communication des fluides en divers sens, on concevra qu'il n'est pas impossible que, chez certaines plantes, les cellules de la surface non stigmatique du style soient perméables au fluide spermatique, et que ce fluide introduit ainsi par une voie insolite dans l'intérieur du style, parvienne indirectement aux conduits destinés à charrier ce fluide du stigmate aux oyules.

SUR LE CADMIUM.

LETTRE DU PROFESSEUR STROMEYER

AU DOCTEUR SCHWEIGER.

Gottingue, le 26 avril 1818.,

Vous avez eu la bonté de m'envoyer, et j'ai reçu hier le dernier cahier de votre excellent Journal, lequel, parmi plusieurs découvertes et recherches intéressantes, nous annonce un nouveau métal trouvé par M. Berzelius; c'est pour moi un devoir de vous communiquer, pour votre Journal, la découverte que j'ai faite d'un autre nouveau métal, dans le courant de cet hiver.

Pendant l'automne dernier, en ma qualité d'Inspecteur général des Pharmacies du royaume, je visitois celles de la principauté d'Hildesheim; je ne trouvai dans la plupart d'entre elles, au lieu de zinc proprement dit, que l'oxide de zinc carbonate, lequel avoit été tiré presque totalement en cet état, des fabriques chimiques de Salzgitter. Cet oxide de zine carbonaté avoit une couleur d'un blanc éblouissant; mais quand on le faisoit rougir, il prenoit une teinte jaunâtre, ou qui tournoit au jaune orange, quoiqu'il n'offrit aucune trace sensible de fer ou de plomb,

En continuant ma tournée, j'eus occasion de visiter cette fabrique de produits chimiques, d'où venoit cet oxide de zinc carbonate; comme je marquois mon étonnement de ce qu'on y vendoit du zinc carbonaté au lieu de zinc oxidé, M. Jost,

qui dirige les travaux chimico-pharmacèutiques de cette fabrique, me répondit qu'ils le faisoient ainsi, parce que leur zinc carbonate prenoit toujours une teinte jaunâtre, quand on le faisoit rougir, et que d'après cela, le zinc oxidé préparé de cette manière, passoit pour contenir du fer, malgré le soin qu'ils avoient de purifier le zinc auparavant pour en séparer le fer, et quoiqu'ensuite ils ne pussent découvrir un atome de fer dans le zinc carbonique qu'ils en retiroient.

Cette circonstance me donna occasion d'examiner cet oxide de zinc avec plus d'exactitude, et je trouvai, non sans une grande surprise, que cette couleur si singulière provenoit du mélange d'un oxide métallique tout particulier, auquel on n'avoit point fait attention jusqu'alors. Je réussis, par une opération trèssimple, à le séparer de l'oxide de zinc et même à en réduire le métal parfaitement. Au reste, j'ai trouvé aussi ce même corps dans la Tuthie et dans différens autres oxides de zinc; et, comme on devoit s'y attendre, il s'est pareillement rencontré dans le zinc métallique même; cependant il est contenu en très-petite quantité dans toutes ces substances, et ce qu'on y découvre, s'élève à peine d'un millième à un centième.

[ocr errors]

Les propriétés par lesquelles ce nouveau métal se distingue, sont les suivantes: il a une couleur d'un blanc clair qui tire un peu sur le gris, et qui approche beaucoup de celle du platine. Il a un éclat métallique très-vif, et il prend un trèsbeau poli. Son grain est parfaitement serré et sa cassure non unie. Il possède aussi une pesanteur spécifique assez considérable, elle est égale à 8,75, quand il a été fondu. En outre, il est trèsductile, et il se laisse aplatir en feuilles très-minces, sans se casser, cela tant à chaud qu'à froid. Il paroit de même avoir une cohésion assez grande et surpasser beaucoup l'étain sous ce rapport. Il appartient aux métaux qui sont aisément fusibles; il fond même avant d'être rouge, et on peut en opérer la fusion , en le tenant sur la flamme d'une lampe à esprit-de-vin avec un fil de fer chauffé jusqu'au rouge naissant. Il est pareillement très-volatil, et il se transforme en vapeurs même à une température qui ne paroit pas s'élever beaucoup au-dessus de celle à laquelle le mercure se volatilise. Cette vapeur se condense en gouttes aussi facilement que celle du mercure; ces gouttes, par l'aspect de leur surface, présentent une disposition évidente pour cristalliser.

Ce métal est permanent à l'air; mais si on le chauffe, il brûle très facilement, et se change en un oxide coloré en jaune,

qui

qui se sublime en très-grande partie sous la forme d'une fumée en vapeur jaune brunâtre. Les corps qui s'y trouvent exposés, se recouvrent d'un dépôt de couleur jaune. Fait-on cette expérience à la flamme d'un chalumeau, il se couvre pareillement d'une couche colorée en jaune tirant sur le brun. Au reste, ce métal ne répand, en brûlant, aucune odeur sensible; il se dissout facilement dans l'acide nitrique, avec dégagement de vapeurs nitreuses. Les acides sulfurique et muriatique (hydrochlorique) l'attaquent aussi et le dissolvent, en abandonnant du gaz hydrogène. Cependant l'action de ces acides sur ce métal, ne s'exerce que très-lentement. Ces dissolutions sont toutes incolores et ne sont point précipitées par l'eau.

Ce métal paroît ne former qu'une seule combinaison avec l'oxigène. L'oxide qui en provient a une couleur jaune verdâtre qui, par une forte chaleur rouge, prend une teinte jaune orange, et devient presque brunâtre, si l'on prolonge plus long-temps cette chaleur rouge. Comme l'oxide orangé et l'oxide brunâtre sont dissous par les acides sans dégagement de gaz aussi bien que l'oxide jaune verdâtre, et qu'ils forment avec eux des dissolutions qui ne sont point différentes de celles de cet oxide jaune verdâtre, ces changemens de couleur ne paroissent dépendre que de l'état d'aggrégation, et non pas avoir leur principe dans une différence d'oxigénation. Au reste, cet oxide est tout-à-fait réfractaire au feu, et on ne peut en opérer la fusion, même en le chauffant jusqu'au blanc dans un creuset de platine, garni de son couvercle, à la lampe du Dr Marcet. On le réduit très-facilement en le chauffant jusqu'au rouge avec du charbon ou avec des substances qui contiennent du charbon, et la réduction a lieu même au rouge naissant. Il ne communique point de couleur au borax; il ne se dissout point dans les alcalis fixes, mais il est attaqué un peu par l'ammoniaque. Il se comporte avec les acides comme une base salifiable. Les sels qu'il forme sont presque tous colorés en blanc. Ceux qui ont lieu avec les acides sulfurique, nitrique, muriatique et acétique cristallisent aisément et sont très-solubles; au contraire, ceux qui se font avec les acides phosphorique, carbonique et oxalique sont insolubles. Il est précipité des dissolutions des premiers acides, en blanc, par les alcalis fixes, sans que ce précipité se dissolve de nouveau par un excès du précipitant; au contraire, il est bien d'abord précipité en blanc par l'ammoniaque, mais il est redissous par cet alcali, si l'on en met en excès. Les alcalis fixes carbonatés le précipitent en blanc Tome LXXXVII. OCTOBRE an 1818. Oo

à l'état de carbonate, sans le redissoudre si on les emploie avec excès. Le carbonate d'ammoniaque qui le précipite aussi comme un carbonate, le redissout en très-grande partie, si l'on ajoute une quantité considérable de ce précipitant. Cependant si l'on expose le liquide à l'air, le carbonate déjà dissous ne tarde pas à se précipiter de nouveau presqu'en totalité, en sorte qu'on peut se servir avec avantage du carbonate d'ammoniaque pour en séparer un reste de zinc ou de cuivre qui pourroit encore s'y trouver.

Ce métal est précipité de ses dissolutions acides, en blane, par la lessive du sang (blutlangensaltz), et en jaune par l'acide hydro-sulfurique, ainsi que par les hydro-sulfates. Ce dernier précipité qui, desséché, possède une belle couleur jaune orange, est pareil à son mélange avec le sulfure d'or, et comme celui-ci est un hydro-sulfate. A cause de sa couleur, et de la manière dont il se comporte, ce même précipité, faute d'une attention convenable, peut être confondu avec l'orpiment; mais il en diffère déjà par la propriété d'être plus pulvérulent, et surtout par sa manière d'être au chalumeau et par sa grande solubilité dans les acides, en donnant lieu à une forte effervescence de gaz hydrogène sulfuré. A en juger d'après quelques essais, cette combinaison de l'acide hydro-sulfurique avec l'oxide du nouveau métal, peut devenir très-utile pour la peinture, soit à l'eau, soit à l'huile; elle fournit un jaune qui couvre très-bien, est durable et sous le rapport de la beauté, ne paroît pas inférieur au chrome. Au surplus, ce métal dissous dans les acides, est réductible par le zinc; en ce cas, il se sépare sous forme de dendrites, Au contraire, il précipite, à l'état de régule, le cuivre, le plomb, l'argent et l'or dissous dans l'acide nitrique ou dans l'acide muriatique.

Je n'ai pu encore examiner suffisamment les combinaisons de ee métal avec le soufre, le phosphore, l'iode et les autres métaux; cependant il paroit s'unir très-facilement avec plusieurs de ces substances; par exemple, on peut très-bien le fondre avec le platine, et il forme avec le mercure un amalgame solide et cristallisé. Je n'ai point réussi à le combiner avec le cuivre.

Telles sont les expériences que j'ai faites jusqu'à présent sur ce métal; quoiqu'elles soient encore imparfaites, je ne me fais aucun scrupule de regarder ce métal comme réellement nouet comme different essentiellement de tous les autres. Comme je l'ai d'abord trouvé dans l'oxide de zinc, je prends

veau,

« PreviousContinue »